La garde à vue de l’homme suspecté d’être impliqué dans deux affaires de meurtres non élucidés, celui d’une adolescente réunionnaise de 15 ans en 1988 et celui d’une femme de 40 ans en 2000 en Isère, a été levée ce vendredi matin. Le parquet de Nanterre a confirmé cette information, relayée par l’AFP. Les motifs de cette levée n’ont pas été détaillés, mais celle-ci peut indiquer qu’aucune charge immédiate n’a été retenue ou que des vérifications supplémentaires sont nécessaires.
Ces affaires concernent deux homicides distincts : le meurtre d’une jeune fille originaire de La Réunion Nathalie Boyer, dont le corps avait été retrouvé dans des circonstances troublantes en 1988, et celui d’une quadragénaire en Isère, 12 ans plus tard. La garde à vue de ce suspect avait ravivé l’espoir d’élucider ces crimes après des décennies de mystère.
Le soixantenaire été placé en garde à vue lundi 25 novembre, dans les locaux des gendarmes de la section de recherches de Grenoble, après avoir été identifié par son ADN comme suspect dans deux meurtres non élucidés. Il est soupçonné d’avoir tué Leila Afif, retrouvée morte en 2000 à La Verpillière, ainsi que Nathalie Boyer, une adolescente de 15 ans, égorgée en août 1988 à Saint-Quentin-Fallavier.
Les investigations ont bénéficié d’une avancée majeure grâce au pôle des crimes sériels ou non élucidés, créé en 2022 à Nanterre, qui a réactivé et joint ces deux affaires. L’ADN du suspect a été retrouvé sur des scellés liés au meurtre de Leila Afif. Une enquête approfondie menée par la section de recherches de Grenoble a ensuite permis d’établir un lien entre les deux dossiers, selon Me Corinne Herrmann, avocate de la famille de Nathalie Boyer.
Cette dernière est l’une des victimes du dossier des « disparus de l’Isère », une série de neuf disparitions et meurtres d’enfants dans le département entre 1983 et 1996. La levée de la garde à vue de l’homme ce vendredi matin marque une étape, bien que l’enquête reste ouverte pour confirmer les implications et responsabilités dans ces affaires.
Qui était Nathalie ?
Nathalie Boyer, originaire de La Réunion, était une adolescente calme, bonne élève et physiquement grande pour son âge, au point que les enquêteurs avaient initialement pensé qu’elle était plus âgée. Peu avant sa disparition en août 1988, elle venait de fêter ses 15 ans. Placée en foyer, elle était revenue chez sa mère à Villefontaine pour les vacances, souhaitant passer du temps avec son frère et ses deux sœurs cadettes.
Le jour de sa disparition, après avoir passé l’après-midi dans l’appartement familial, elle est descendue dans la cour de son immeuble vers 17h30 pour retrouver des amis. Les dernières personnes à l’avoir vue étaient des amies du quartier de la Pivolière, avant que sa trace ne soit perdue.
Le corps de Nathalie a été retrouvé, mais l’endroit de sa découverte n’était pas celui de son meurtre. Les gendarmes, basant leurs conclusions sur des indices comme l’absence de traces de sang sur le lieu, ont écarté les hypothèses d’un crime sexuel ou crapuleux. L’autopsie a confirmé qu’elle n’avait subi aucune agression sexuelle, et il a été établi qu’elle n’avait pas d’argent sur elle au moment des faits.
D’autres indices ont révélé qu’elle avait été déplacée après sa mort : des traces laissaient supposer qu’elle avait été agrippée sous les bras et traînée sur une certaine distance. Une de ses chaussures n’a jamais été retrouvée, renforçant cette hypothèse.
D’après les archives des journaux, une amie de Nathalie affirme qu’elle a été tuée « car elle savait des choses sur des gens« . Cette piste, prise au sérieux, débouchera sur l’arrestation d’un couple de voisins, accusés de diffuser des films pornographiques devant des adolescentes – dont Nathalie – et d’avoir même violé l’une d’entre elles. Mais leur emploi du temps les disculpe pour la mort de Nathalie.
Alors, faute d’éléments nouveaux, l’enquête piétine et l’affaire est classée en 1993. Elle est rouverte en 1994 lorsqu’un homme de 32 ans, ressortissant algérien, est arrêté au mois d’août près de Manchester, en Angleterre. Le 10 mai 1994, les journaux Aujourd’hui en France et France Soir relatent comment il tentait de pénétrer en Grande-Bretagne avec de faux papiers et gardait, dans son portefeuille, une coupure de presse vieille de six ans, consacrée à la mort de Nathalie. Placé en détention provisoire, il sera finalement libéré cinq mois plus tard. Le soir du meurtre, il avait un alibi solide : il travaillait dans un hôtel britannique.
On ne peut jamais dormir sur ses 2 oreilles !!! tôt ou tard sa matche !!! merci ADN !!!! courage à la famille…..