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3ème circonscription : Patrice Thien-Ah-Koon plaide « pour un Smic à 1 600 € » (INTERVIEW)

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Nous vous l’avions annoncé depuis fin 2021 : Patrice Thien-Ah-Koon est candidat dans la 3ème circonscription. Le fils d’André Thien-Ah-Koon, maire du Tampon, brigue un mandat de député. Adjoint au maire du Tampon depuis 2020, ce notaire de formation, aujourd’hui chef d’entreprise, père de famille de 57 ans, souhaite aller à l’Assemblée nationale pour défendre les dossiers prioritaires de la Réunion.

Député, un mandat qu’il connait bien pour avoir été aux côtés de son père durant les 20 ans où ce dernier avait occupé ce poste. Patrice Thien-Ah-Koon était à l’époque étudiant en Droit à Paris et il a beaucoup travaillé avec son papa surla préparation des amendements et autres propositions de loi. Il a officialisé sa candidature, hier, lundi 23 mai 2022, lors d’une conférence de presse tenue à la Ravine-des-Cabris à Saint-Pierre. Il sera candidat dans la 3ème circonscription (Tampon, Entre-Deux, Cilaos et une partie de Saint-Louis) aux élections législatives des 12 et 19 juin prochains. Sa suppléante, Annie Hoarau, est la 3ème adjointe au maire de Cilaos, Jacques Técher.

De gauche à droite : André Thien-Ah-Koon, maire du Tampon; Juliana M’Doihoma, maire de Saint-Louis; Patrice Thien-Ah-Koon et sa suppléante Annie Hoarau, et Jacques Técher, maire de Cilaos.

Raison pour laquelle, pour leur première conférence de presse, le tandem Thien-Ah-Koon/Hoarau était entouré de trois des quatre maires de cette circonscription, à savoir André Thien-Ah-Koon du Tampon, Jacques Técher de Cilaos et Juliana M’Doihoma de Saint-Louis. Rappelons que le maire de l’Entre-Deux, Bachil Valy, sera candidat lui aussi dans cette même circonscription avec l’étiquette « En Marche » car il a été investi par le Parti de la majorité présidentielle.

Lorsqu’on demande à Patrice Thien-Ah-Koon pourquoi a-t-il fait le choix d’une suppléante de gauche, il répond : « il n’y a pas de droite, il n’y a pas de gauche. Je suis candidat à la députation pour travailler, avec ma suppléante Annie Hoarau, sur un projet de territoire pour la Rivière à Saint-Louis, pour Cilaos… Bref, pour la circonscription. Nous travaillerons également sur un projet social pour la Réunion et sur un projet d’avenir. Le chômage, le problème du logement et celui de la pauvreté n’ont pas d’étiquette politique. Les personnes qui en souffrent ne cherchent pas si vous êtes de droite, de gauche ou du centre. Ils en ont ras-le-bol de souffrir de cette situation et ils veulent un élu qui puisse les défendre dignement à Paris, auprès du gouvernement et en Europe où se trouvent une grande partie des crédits de développement. Nous travaillons avec celles et ceux qui sont en responsabilité ».

Etre « le fils de », est-ce un avantage ou un inconvénient ? Réponse du candidat Thien-Ah-Koon : « je suis le fils de mon père comme Paul Vergès, pour prendre l’exemple d’un personnage illustre, a été le fils de Raymond Vergès, celui là-même qui, avec d’autres députés, ont fait de la Réunion un département français. Le fait d’être le fils de son père n’a pas empêché Paul Vergès de travailler pour la Réunion. Au contraire, il a toujours fait preuve d’une belle énergie pour défendre son île ».

Nous avons également posé la question à Jacques Técher, maire de Cilaos et conseiller régional de la majorité, sur le fait qu’en tant qu’élu de gauche pourquoi a-t-il choisi, via son adjointe, de faire équipe avec Patrice Thien-Ah-Koon et non avec le candidat de la NUPES (Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale), Alexis Chaussalet, soutenu par Huguette Bello, présidente de « PLR » (Pour La Réunion) et présidente de Région ? Sa réponse est la suivante : « les élections régionales sont terminées. Les Réunionnaises et les Réunionnais ont voté pour une équipe. Cette équipe travaille pour la Réunion sur des compétences bien précises. Nous sommes aujourd’hui sur des élections législatives; Il nous faut choisir le candidat qui, selon mon conseil municipal et moi, est le mieux placé pour représenter notre circonscription et notre île à l’Assemblée nationale afin de défendre les dossiers de fonds. Nous avons estimé que nous n’étions pas suffisamment représenté à l’Assemblée et que Patrice Thien-Ah-Koon allait faire un bon député. Donc nous avons fait le choix de le soutenir ».

Idem pour la maire de Saint-Louis, Juliana M’Doihoma, qui apportera tout son soutien au candidat Thien-Ah-Koon dans la 3ème circonscription et à Johan Guillou dans la 7ème circonscription étant donné que la commune de Saint-Louis se trouve sur les deux circonscriptions.

Au cours de sa conférence de presse, le candidat Patrice Thien-Ah-Koon a rappelé quelques uns de ses projets qui sont : un abaissement des prix par un abaissement de la taxe de l’octroi de mer; Une continuité territoriale sur les marchandises de première nécessité avec une baisse des prix de l’engrais pour les agriculteurs et des aliments pour bétails; Un SMIC à 1600 € pour des salariés qui ne gagnent pas suffisamment… Patrice Thien-Ah-Koon souhaite également faire de la Réunion un territoire décarbonné.

Rappelons que dans cette 3ème circonscription, Patrice Thien-Ah-Koon se retrouvera face à la députée sortante Nathalie Bassire et aux autres candidats qui sont : Bachil Valy (maire de l’Entre-Deux, Jean-Jacques Vlody (PS), Alexis Chaussalet (NUPES), Rémy Bourgogne (sans étiquette) pour ne citer qu’eux.

« N’attendons pas que tout doive venir du gouverement; Faison des propositions ! »

Juste après la conférence de presse d’hier, Patrice Thien-Ah-Koon nous a accordé une rapide interview. L’occasion de faire de plus amples connaissances avec celui qu’on ne fait que présenter comme étant « le fils de ».

Hormis d’être « le fils de », pourriez-vous vous présenter ? 

« J’ai 57 ans, né au Tampon sous le signe du bélier. Ma compagne est caissière dans un supermarché. Ma fille, Delphine, a soufflé ses 26 bougies récemment. Pascal, mon frère, vit à Taipei où il a son cabinet d’avocat. Juriste de formation, titulaire du Diplôme Supérieur de Notariat de l’Université de Paris 2 – Assas, j’ai exercé le métier de notaire pendant 11 ans à Paris et à la Réunion. Depuis 2020, je suis conseiller communautaire et adjoint au maire en charge des affaires juridiques et de la communication. Dans le privé, je travaille au sein du groupe fondé par ma famille et mes parents ».

Le maire du Tampon André Thien-Ah-Koon (votre père) a appelé à voter en faveur d’Emmanuel Macron lors de la présidentielle. Or, à l’instar de toutes les autres communes de l’île, c’est Jean-Luc Mélenchon qui est arrivé en tête au 1er tour, puis Marine Le Pen, au second tour. Est-ce un désaveu, selon vous, pour la majorité municipale.

« Nous nous attendions à ce que Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon devancent Emmanuel Macron. André Thien-Ah-Koon a cependant estimé qu’il fallait faire en sorte que, une fois l’élection passée, les portes du pouvoir puissent s’ouvrir à Paris pour que les dossiers de la Réunion puissent avancer ».

Comment expliquez-vous les deux votes qui se sont majoritairement exprimés localement lors des deux tours du scrutin présidentiel ?

« Ceux qui ont voté pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour ont voté pour Marine Le Pen au second tour alors que ces deux personnes et leur programme sont aux antipodes l’un de l’autre. C’est une sanction pour les partis de gouvernement qui n’ont pas su répondre à l’urgence sociale sur laquelle d’autres élus avaient pourtant déjà tiré la sonnette d’alarme ».

Vous êtes de droite, mais tout comme « LR », vous (la majorité municipale au Tampon) n’avez pas appelé à voter en faveur de la candidate de la droite à savoir Valérie Pécresse. Pourquoi ?

« C’est la droite de Madame Bassire dans laquelle personne ne s’est reconnu et dont on connaît le score ridicule réalisé à la Réunion ».

Votre père a été député. Peut-on dire que vous connaissez bien ce mandat de parlementaire ?

« Forcément, pour avoir été auprès de lui. J’étais très très loin de me douter qu’aujourd’hui je briguerai à mon tour ce mandat. Ceci dit, il ne s’agit pas, comme certains le laissent entendre, évitons les procès d’intention, quelque chose qui se transmet de père en fils selon l’expression consacrée. Ce sont les électeurs qui décident et je demande à être élu sur mon programme et non pas par rapport à mon père.EndFragment Paul Vergès est lui-même fils de Raymond … ça ne l’a pas empêché d’être un homme politique qui a incontestablement marqué l’histoire de notre pays par ce qu’il a accompli comme élu du Port, parlementaire et président de région ».

Quels sont selon vous les dossiers locaux prioritaires que devrait porter un député à l’Assemblée nationale afin de sortir la Réunion de l’impasse économique et sociale ? 

« En France, il y a eu un plan Marshall après la seconde guerre mondiale qui a sorti la France et l’Europe de l’ouest d’une impasse économique et sociale. Les baby boomers en sont les principaux bénéficiaires.

A la Réunion, avec un décalage de 25 ans environ , il y a eu un baby boom mais pas de plan Marshall. Notre économie, encore naissante, était trop faible pour donner du travail à ceux qui arrivaient sur le marché du travail, d’où la situation actuelle. Nous devrons accompagner cette génération qui n’a pas suffisamment travaillé pour toucher une retraite décente jusqu’au bout. Des verrous doivent sauter, comme la barrière des 25 ans, pour accéder à une formation qualifiante. Nous ne pouvons pas laisser une personne qui a 45 ans sur le bord du chemin sous prétexte qu’elle est trop âgée pour être formée. Si elle peut travailler jusque 60 ans ou plus, il faut lui donner cette chance.

Et ceux qui souhaitent travailler une demi-journée de plus par semaine ou une heure de plus par jour pourront toucher un smic net de 1600 euros par mois. Nous sommes en manque de main d’oeuvre dans beaucoup de métiers. Il faut faire évoluer la loi pour apporter les solutions qu’il faut.

Dans quasiment toutes les circonscriptions de l’île, droite/centre et gauches sont divisées. C’est aussi le cas dans la 3ème circonscription. Qu’est-ce que cela vous inspire ? 

« C’est le jeu de la démocratie. L’offre politique est large, laissons les électeurs trancher ».

Si vous êtes élu député, quel sera le premier dossier que vous allez défendre ?

« Mes premiers projets de loi n’auront pas d’incidences budgétaires sur les finances publiques. On ne pourra pas venir nous dire que ça i coûte trop cher! Ce sera un moyen de tester la volonté du gouvernement, voir s’il a vraiment l’ambition de nous accompagner ou nous remettre aux mains de la technocratie qui reste le meilleur moyen de se défausser. N’attendons pas que tout doive venir du gouvernement, faisons des propositions ».

Propos recueillis par Yves Mont-Rouge

 

Yves Mont-Rouge

[email protected]
Téléphone : 0692 85 39 64

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