La préfecture, la Région et le SICR se mobilisent dans le cadre de cette opération. Ils ont affrété un bateau pour le transport de ces déchets. La présentation de l’opération a été faite au Port, ce mercredi 26 octobre, par les représentants de l’Etat, de la Région, de la SICR et du Port Réunion (photo de Une). Environ 5000 tonnes de déchets, soit 245 conteneurs, provenant de Mayotte ainsi que ceux de La Réunion vont embarquer pour la métropole à destination des centres de traitement dédiés, conformément aux règlementations en vigueur sur le transfert des déchets dangereux. Le Syndicat de l’Importation et du Commerce de la Réunion (SICR), la Région Réunion et l’État se sont mobilisés pour faciliter l’affrètement d’un bateau dédié aux déchets dangereux, permettant à plusieurs opérateurs de l’île de La Réunion et de Mayotte d’exporter une part importante des stocks de ces déchets accumulés depuis 2021.
Depuis juin 2021, les déchets dangereux s’étaient accumulés sur les plateformes des opérateurs et dans certaines entreprises. La désorganisation mondiale du trafic maritime, résultant de la crise sanitaire puis des plans de relance massifs, avaient en effet engendré des difficultés majeures d’exportation de ces déchets dangereux vers la métropole.
La réglementation internationale imposée par la convention de Bâle, l’absence de ligne directe avec la métropole, le trafic inter-îles insuffisant entre La Réunion et Mayotte, le manque de disponibilité des bateaux ainsi que la réduction des capacités à prendre en charge certains types de déchets, avaient entraîné un sur-stockage de déchets, notamment dangereux sur les sites des opérateurs ainsi que sur les sites des détenteurs de déchets (entreprises, etc.). Du fait de ces difficultés, certains opérateurs n’avaient eu d’autres choix que de suspendre, voire d’arrêter les collectes proposées aux consommateurs et aux usagers. La population et les professionnels avaient alors été contraints de garder leurs déchets chez eux, avec tous les risques que cela pouvait engendrer : risques environnementaux, sanitaires, etc.
« Depuis avril 2022, le Syndicat de l’Importation et du Commerce de La Réunion (SICR) dans le cadre de son mandat relatif à l’animation de la plateforme inter filières REP – Responsabilité Elargie du Producteur océan Indien, a été mandaté par la Région Réunion et l’État pour piloter un groupe de travail et coordonner la solution d’affrètement d’un bateau dédié. On compte donc 222 conteneurs de déchets pour La Réunion et 23 conteneurs pour Mayotte qui vont embarquer sur le bateau affrété par la compagnie Mer Union pour ce projet. Le navire passera au large de l’Afrique de l’ouest, sans escale, à destination du port du Havre. À l’arrivée, le plan de cadencement défini permettra de transporter ces déchets vers leurs exutoires respectifs dans les plus brefs délais », explique Fabrice HANNI, le Président du SICR.
Mer Union, partenaire de cette opération, est une compagnie régulière de transport de marchandises conventionnelles. Elle s’est associée pour cette opération exceptionnelle à EAS International, transitaire spécialisé dans le transport de déchets dangereux. « Ce partenariat stratégique s’inscrit dans l’objectif d’offrir l’ensemble des services relatifs au transport des déchets et permet de mieux accompagner les opérateurs dans les défis que comporte la gestion de la chaîne logistique », précise Christelle GOINDEN, agent de MER UNION.
La Région Réunion a joué un rôle prépondérant conditionnant la réussite de ce projet. Sur cette opération d’un montant de 2,6 millions d’euros, la Région a financé le surcoût pour un montant de 800 000€.
En plus du SICR et de la Région, l’État, à travers différents organismes s’est lui aussi mobilisé pour trouver une issue favorable à ce problème. « La Préfecture de La Réunion, la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DEAL) et le Grand Port maritime ont mis tout en œuvre pour faciliter, encadrer et assurer les relais nécessaires en termes de logistique. La Préfecture de Mayotte a, quant à elle, financé à hauteur de 50 % les opérateurs. Pour rappel, les types de déchets concernés par cette exportation sont pour La Réunion : batteries et piles, huiles usagées, boues hydrocarburées, acides (solides/liquides), verres au plomb, panneaux photovoltaïques, toners,…et pour Mayotte : huiles usagées, médicaments, matériaux et emballages souillés, boues hydrocarburées, piles en mélange et batteries. À ce jour, tous ces déchets ne peuvent pas être traités ni enfouis localement ; ils doivent donc être exportés, ce qui représente une contrainte forte pour le développement du territoire. Au-delà de cette opération spéciale, une réflexion de fond s’impose donc pour aller vers une gestion plus résiliente et plus autonome des déchets dangereux sur nos territoires insulaires éloignés », rappelle pour sa part Emmanuel BRAUN, Directeur adjoint de la DEAL de La Réunion. Ce projet qui a mis de longs mois avant de voir le jour, n’a pu aboutir que grâce à l’investissement de chaque partie prenante.