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Aimez-vous les uns les autres…

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« Trop long », c’est le commentaire qui revient souvent concernant le « Ti Kozman ». On m’a même suggéré de l’intituler « Grand Kozman ». Bref, j’ai compris le message ; Je vais faire un effort ce matin et essayer de vous donner satisfaction. Un petit mot pour souhaiter la bienvenue à Agnès Firmin Le Bodo, la ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé qui arrive dans notre île ce matin. Au programme de sa visite : l’accès aux soins, les violences intra-familiales, la santé alimentaire, l’accès à la santé des personnes vivant avec un handicap, l’accès aux soins de ville, la santé mentale, les soins palliatifs. Tout un programme ! Pas le temps de chômer ou de faire du tourisme. Mais l’expérience me montre aussi que souvent les ministres passent et, malgré tout, les problèmes restent voire empirent. Pour rester dans le domaine hospitalier qui concerne la ministre qui débarque, les services des urgences demeurent toujours débordés, les patients doivent parfois patienter durant plusieurs heures avant d’être pris en charge, le personnel soignant manque encore de moyens; Il manque également de la main d’œuvre dans les hôpitaux, nombre d’infirmiers, des jeunes notamment, travaillent d’arrache pied mais sont toujours en CDD. Ils doivent trimer parfois durant plus de 5 ans avant de décrocher un CDI qui leur permettrait pourtant de décrocher un prêt bancaire afin de concrétiser un projet de vie, construire une maison et fonder une famille. Donc, tout cela pour vous dire, sans vouloir tomber dans le pessimisme, que je suis comme Saint-Thomas, je préfère voir pour croire !

Je voulais aussi – rien à voir avec Le Bodo – revenir un tout petit instant sur les propos tenus par l’évêque, Mgr Aubry, lundi dernier, à la messe de la Salette selon lesquels « le mariage pour tous est une aberration ». On ne peut pas dire qu’il a dérapé. Il a toujours combattu cette loi. Il n’a jamais caché son opposition. C’est son point de vue et c’est son droit de le dire en tant que Gilbert Aubry, citoyen du monde. Mais en tant qu’évêque, patron de l’Eglise à la Réunion, je pense qu’il aurait pu, qu’il aurait dû – avec tout le respect que je lui dois – se garder de remettre ce sujet sur le tapis d’autant que la loi a déjà été adoptée depuis 2013 et que parmi les milliers de fidèles chrétiens qui assistaient à la messe et qui croient en Dieu, nombreux sont les parents de fille qui a épousé (ou s’est pacsée avec) une fille, ou de garçon qui a décidé de faire sa vie avec un autre garçon. Ce sont leurs enfants, des êtres humains, des frères, des sœurs, des enfants de Dieu, lequel nous demande de nous aimer les uns, les autres, comme lui même nous a toujours aimés.

Je voulais également revenir sur le buzz qu’a entraîné la décision de la direction du Quotidien de la Réunion (le journal) de boycotter la Coupe du monde de foot au Qatar. Un joli coup de pub, faut le reconnaître ! Toutefois, une décision « prise sans concertation » selon la section SNJ du journal et qui ne fait pas l’unanimité au sein de la rédaction, qui plus est lorsque les journalistes ont appris, lundi dernier, lors d’une réunion avec la direction, que le boycott ne concernerait pas les autres activités du groupe « CKC », comme l’imprimerie, par exemple, qui imprimera les prospectus relatifs à cette même Coupe du monde au Qatar. Cherchez l’erreur !

Tout le monde veut être sénateur à droite comme à gauche en passant par le centre

Quelques nouvelles politiques à présent ou plutôt quelques bruits qui courent dans le microcosme politique. Pour vous dire que le centre se réunit ce samedi à Saint-Leu. Quel centre ? Bonne question ! Je vous en dirai plus la semaine prochaine. Pour vous dire aussi que la Cirest présidée par Patrice Selly se réunit ce samedi et que le quorum pourrait bien faire défaut vu qu’il y a des maires de cette intercommunalité qui ne sont pas d’accord avec l’augmentation de certaines taxes inscrite à l’ordre du jour.

Je vous avais parlé précédemment des sénatoriales en vous annonçant que du côté de la liste d’union régionale, Wilfrid Bertile était bien placé, activement soutenu par Huguette Bello. Idem pour Laëtitia Lebreton, médecin généraliste et conseillère régionale de la majorité. On m’apprend que Claude Hoarau, l’ancien maire communiste de Saint-Louis, compte lui aussi sur les grands électeurs de gauche et sur le soutien de la présidente de Région; Laquelle a déjà fait de son fils Fabrice un conseiller régional, faisant parti des « petits préférés » du cabinet. Décidément, tout le monde veut être sénateur. C’est pareil à droite où les sortants souhaitent re-postuler. Au centre, Michel Dennemont, aujourd’hui En Marche (qui s’appellera prochainement Renaissance), est déjà en campagne de… séduction. Voir photos ci-dessous. C’était samedi dernier à Saint-Pierre avec Michel Fontaine, paron de « LR » et faiseur de Roi mais qui sait aussi se transformer, parfois, en coupeur de tête. Et ce n’est pas Didier Robert, l’ancien président de Région, qui dira le contraire ! Dennemont et Fontaine sont de vieux amis. S’il est vrai que l’ancien maire des Avirons doit son mandat de sénateur aux socialistes de Gilbert Annette, il pourrait cette fois avoir besoin du maire de Saint-Pierre car, depuis les dernières sénatoriales, la donne politique a changé.

Les sénatoriales n’auront lieu que l’année prochaine, mais le temps passe vite. Ce qui fait que nos élus y pensent déjà. Autre bruit qui court : une possible candidature de Cyrille Melchior aux sénatoriales. Je vous l’avais déjà annoncée il y a environ quatre mois. A moi, personnellement, le président du Département m’a dit « non », mais à ses collègues conseillers départementaux et à certains maires, il laisse entendre qu’il ne sait pas encore, qu’il se tâte. Quoi qu’il en soit, la rumeur s’est déjà bien répandue et, dans les coulisses, les élus du Département ébauchent déjà des stratégies de remplacement au cas où Melchior décide de se lancer dans la bataille des sénatoriales. Dans un premier temps, il était beaucoup question de Serge Hoareau mais le maire de Petite-Ile et président de l’Association des maires de la Réunion, ne serait plus très chaud quant à l’idée de devenir président du Département. Il y a, en revanche, un nom qui revient pas mal ces temps-ci, c’est celui de Jeannick Atchapa, élu « non clivant », qui ferait un bon compromis entre la droite et la gauche, comme l’est depuis 5 ans Cyrille Melchior, c’est-à-dire au dessus des partis, du moins dans l’hémicycle du Département.A l’extérieur de l’hémicycle, Melchior est inscrit à « LR » de Michel Fontaine et milite en faveur d’En Marche d’Emmanuel Macron.

Jeannick Atchapa. Crédit photo : service Com’ de la mairie de Bras-Panon.

Pour revenir à Atchapa, reste à savoir maintenant si le maire de Bras-Panon serait prêt à quitter sa mairie. Reste à savoir aussi qui, au sein de son conseil municipal, serait prêt ou aurait les capacités nécessaires pour endosser les responsabilités de premier magistrat ? Grande question ! En tout cas, cela ne vous aura pas échappé, les partis politiques ont déjà les yeux rivés sur les échéances électorales à venir : sénatoriales de 2023, européennes de 2024 et municipales de 2026. A ce propos, il paraît que François Caillé, le patron de Peugeot et Porsche (entre autres) n’exclurait pas l’idée de se présenter à Saint-Denis aux prochaines élections municipales face à la sortante Ericka Bareigts. Info ou intox ? Caillé à Saint-Denis, Robert à Saint-Paul ? Les deux hommes se connaissent bien. Le premier est fan des tableaux (peintures) de l’épouse du second. Il en a acheté quelques uns lors des vernissages organisés jadis. Concernant ces éventuelles candidatures, l’avenir nous le dira. Pour l’instant, ce ne sont que des bruits. Mais il se trouve que, souvent, il n’y a pas de fumée sans feu.

François Caillé

Ce que l’on sait, c’est qu’Ericka Bareigts se démène sur le terrain. Pas un jour sans un rendez-vous média. La maire, hyper active, multiplie les rencontres de proximité, enchaîne avec les manifestations publiques, découpe des rubans par ci, déjeune avec les habitants par là, salue les sportifs, se transforme en musicienne pour l’occasion. Une touche-à-tout. A se demander ce qu’elle peut bien mettre dans ses vapoteuses pour tenir comme ça, à un rythme endiablé, du matin au soir. Caillé ou pas Caillé, Robert ou pas Robert, Morel ou pas Morel… Quant à Victoria (René-Paul), il a d’autres projets. Hier matin, jeudi 22 septembre, je l’ai croisé à Salazie, accompagné de Richenelle Hubert et de Mario Serviable. Pour créer une section « LR » dans le cirque ? Pour solliciter le vote des grands électeurs salaziens en vue des sénatoriales ? En fait, cela n’avait rien à voir avec la politique d’après ce que j’ai appris. Ils sont sur un projet de maison de retraite. C’est donc bien à l’image de la droite locale. A la retraite ! Bareigts (qui a déjà atteint 80% de ses engagements électoraux en 2 ans seulement; D’ici 2024, elle pourra aller en vacances ?) peut rester sur son nuage. Fé rouler ti madame !

Je vous avais parlé, la semaine dernière, de la réunion organisée par l’association « R&D.OM) au cinéma Cambaie où les militants de Didier Robert avaient mis le paquet pour essayer de remplir la salle. Une mobilisation relativement correcte, mais sans plus, pour la passation de pouvoir entre Max Dubois et Yolaine Costes, l’ancienne vice-présidente de l’ancien président de la pyramide. Max Dubois, un nom que les chefs d’entreprises connaissent bien Outre-mer car « R&D.OM », entre autres prestations, proposait aussi de l’optimisation fiscale et, dans le cadre des relations institutionnelles, défendait les intérêts de ses clients auprès des institutions pertinentes telles que l’ADEME, ATEE, la DGEC, le CRE… des organismes qui brassent des centaines de millions d’euros. Max Dubois qui a été à la tête de « R&D.OM » jusqu’à samedi dernier a été, parallèlement, nommé en juillet dernier conseiller du ministre des Outre-mer Jean-François Carenco, ancien patron du CRE (Commission de régulation de l’énergie). Patron d’une association qui officie dans le domaine économique Outre-mer et qui est en même temps conseiller économique du ministre des Outre-mer, n’y a t-il pas là un mélange des genres ? Ça reste assez flou. Et comme dirait le proverbe, là où c’est flou, y’a un loup !

Rappelons que lorsque le nouveau ministre des Outre-mer s’était rendu à la Réunion début juillet dernier, Max Dubois était à ses côtés et recevait également les entreprises à la préfecture. Lequel Max Dubois se vante de lutter contre les situations monopoles et ne rate pas une occasion de tirer à boulet rouges sur les Hayot et consorts. C’est aussi un peu le combat qu’a mené à l’époque François Caillé à la Réunion, aux côtés des Thiaw-Kine et autres patrons de la grande distribution, lorsque GBH avait des vues sur Vindémia. Et puis, en passant le relais de son association à Yolaine Costes, une fidèle de Didier Robert, en se servant des militants de l’ancien président de la Région pour tenter de rassembler, j’ai l’impression que Max Dubois – avec ou pas l’aval de Paris ? – est venu ressusciter politiquement Didier Robert. Alors que le conseiller du ministre aurait pu très bien passer par les Macronistes purs et durs que sont Cyrille Melchior, Bachil Valy (le référent d’En Marche à la Réunion), ou encore le sénateur Michel Dennemont, lequel ne jure que par Macron. Rien de tout cela. Pour sa réunion à Saint-Paul, Dubois est passé directement par Robert.

La bataille des droites réunionnaises sur l’amendement Virapoullé ?

Je ne vous cache pas que ça fait beaucoup jaser dans le landerneau politique au point de mettre certaines têtes en ébullition. Lesquelles vont jusqu’à se demander si Dubois ne serait pas venu avec la bénédiction de Paris, de son ministre et pourquoi pas même de l’Elysée pour essayer de réactiver le clan Robert adepte de « l’émancipation républicaine », une émancipation économique et fiscale synonyme « d’autonomie ». C’est la position que l’ancien président de Région a toujours défendue durant sa mandature ici et à Paris auprès de l’Elysée. Il s’est toujours dit favorable à une Réforme Constitutionnelle adaptée au projet de développement pour la Réunion. Je me rappelle d’une rencontre qu’il avait eue à l’Elysée, en mai 2018, avec le préfet Stanislas Cazelles, conseiller spécial Outre-mer du Président Emmanuel Macron. Didier Robert avait affirmé au conseiller du Président Macron que « les propositions de modifications des articles 72 et 73 de la Constitution souhaitées par le gouvernement étaient parfaitement adaptées au projet de développement pour la Réunion ».

Didier Robert et Stanislas Cazelles, ancien conseiller du Président de la République pour l’Outre-mer. C’était en mai 2018.

Je me rappelle aussi de son discours en 2018, lors de ces vœux à la presse : « les sujets qui me paraissent essentiels de pouvoir faire évoluer sont ceux de la fiscalité, de l’aménagement du territoire, de la coopération régionale, de la mobilité et de la continuité territoriale. Je plaide sur ces questions pour plus d’autonomie laissée aux territoires. Sur le choix ensuite du véhicule législatif, de savoir s’il faut supprimer ou non l’amendement Virapoullé, il appartiendra au Gouvernement de faire des propositions », avait-il dit. Il laisse au gouvernement faire des propositions. Il aurait pu d’emblée s’y opposer, comme Melchior qui se promène aujourd’hui avec son sondage sous les bras. Didier Robert n’a jamais vraiment porté dans son cœur l’amendement Virapoullé.

A l’heure où ce débat revient sur la table, Paris aurait peut-être besoin des « anti-alinéa 5 » au sein de ce qu’il en reste de la droite locale. Sur cette question, Paris n’a pas de préférence particulière. Il est prêt à se conformer au souhait des Réunionnaises et des Réunionnais. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est la Première ministre Elisabeth Borne en personne. « « Si la question institutionnelle permet plus d’efficacité, nous serons ouverts à la discussion »; C’est ce qu’elle a déclaré lors de la Conférence des régions de France la semaine dernière à Vichy. Le débat est ouvert. Faut-il ou non supprimer l’amendement Virapoullé qu’Ericka Bareitgs et nombre d’élus considèrent comme « un verrou » qui bloque le développement de la Réunion ? De toute façon, quelle que soit la décision de Paris, le dernier mot reviendra aux Réunionnais via un référendum.

Mais il va sans dire qu’au-delà de la gauche, tout laisse à penser qu’on aura droit sur cette question à une bataille des droites locales. Quelle sera par ailleurs la position de « Trait d’Union » que Michel Vergoz et Laurent Virapoullé souhaitent structurer en vue d’incarner localement « Renaissance » le nouveau parti d’Emmanuel Macron qui va remplacer « LREM/La République En Marche » ?

En parlant de Vergoz, mais surtout de sa « sortie » contre les « députés anti-tout » de la Nupes (voir communiqué ci-dessus), j’ai appris que les 6 parlementaires devraient tenir une conférence de presse commune le 2 octobre prochain afin de répondre au maire de Sainte-Rose. Et lui expliquer que leur non vote (ou abstention pour Emeline K/Bidy) constituait « un acte politique pour faire pression » sur le gouvernement car « la loi Pouvoir d’achat » tel qu’il a été conçu et rédigé ne convient pas du tout à la NUPES «puisqu’elle ne compense en rien l’inflation » et parce que les amendements présentés par l’opposition gouvernementale ont tous été « jetés ». Parmi ces amendements, celui demandant la taxation des « super profits » , c’est –à-dire de « ces milliards de bénéfices réalisés en temps de crise et que les grands patrons profiteurs de crise vont se partager sous forme de dividendes pendant que le peuple est en train de crever ». Voilà un avant-goût de la conférence de presse à venir des députés NUPES en réponse à Michel Vergoz. A suivre ! Sur ce, je vous souhaite de passer une bonne semaine !

 

 

 

 

Yves Mont-Rouge

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