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Arnaque funéraire à 10 000 € : le corps de sa femme, 80 ans, exhumé 5 fois (VIDÉO)

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J’aurai pu commencer par la réforme des retraites. Elle est passée avec force puisque, comme vous le savez depuis hier soir (jeudi 15 mars), le gouvernement a engagé sa responsabilité en ayant recours au 49.3 et en s’asseyant sur la représentation nationale. Mais ce n’est pas fini. L’Assemblée nationale devra d’ici à quelques jours voter la motion de censure déposée par les oppositions gouvernementales. Rappelons que c’est la 11ème fois qu’Emmanuel Macron et son gouvernement utilise cet article de la Constitution pour faire passer une loi. Et c’est la 100ème fois que sous la Ve République depuis cet outil constitutionnel a été créé. Dans les années 60, le Premier ministre Georges Pompidou a été contraint de démissionner après le vote d’une motion de censure mais pour ne pas perdre la face le Général De Gaulle avait, dans la foulée de cette démission, dissout l’Assemblée nationale. L’histoire va-t-elle se répéter concernant la réforme des retraites ? Réponse dans peu de temps !

J’aurai pu aussi vous parler du « Patrimoine de la Réunion », ce livre porté par la Fondation Clément qui a été présenté, ce jeudi soir, à l’usine Stella Matutina lors d’une fastueuse réception qui a accueilli pas moins de 800 personnes parmi lesquelles, outre tout le « gratin » (politique, économique, social et j’en passe) de la Réunion, Bernard Hayot le Pdg du groupe éponyme (GBH). Petits fours et champagne à volonté pour les invités s’il vous plaît. Il n’y a pas que l’inflation dans la vie !

Loin de la politique et de la jet-set, j’ai décidé de vous présenter un Ti Kozman un peu spécial aujourd’hui. Avec vidéo. Avec beaucoup de photos également concernant une histoire incroyable mais vraie. Une histoire abracadabrantesque d’escroquerie. Celle d’un gramoune de 75 ans, Jean-Marc Adelin, qui s’est fait arnaquer dans le cimetière de Primat à Saint-Denis, alors qu’il pleurait encore la mort de son épouse, 79 ans, décédée le 2 mars 2022 et enterrée dans ce cimetière le lendemain, le 3 mars. J’avais pleins d’autres sujets sous le coude pour ce Ti Kozman notamment la reprise de Korbeil d’Or, cette société de services à la personne qui a englouti plusieurs millions d’euros d’argent public avant de faire faillite, ou encore la Sicalait où, manifestement, certains ne « caressent » pas que les vaches. Il y avait aussi cette affaire d’harcèlement sexuel sur un réseau de bus mais j’ai préféré accorder mon attention à ce septuagénaire dont l’histoire m’a interpelé. Je reviendrai sur les autres sujets évoqués ci-dessus dans le courant de la semaine prochaine via des articles distincts. Promis !

Dans quel monde vit-on ? Je n’ose même pas évoquer ces tragiques faits-divers survenus mardi et samedi derniers du côté de Saint-André. Des drames qui ont plongé des familles dans une souffrance incommensurable et choqué plus d’un parmi nous. On tue comme dans les films, comme dans les jeux vidéo. Avec une violence extrême. Avec sauvagerie. Où va-t-on ? Que faire pour endiguer cette violence ? Pour l’instant, laissons la justice faire son travail.

Je reviens donc sur l’histoire de ce gramoune du cimetière Primat à Saint-Denis. Je l’ai rencontré hier matin. Il a tellement souffert – et il en souffre encore – de la disparition de sa femme que, longtemps après l’enterrement de celle-ci, il est resté des jours entiers à « veiller » sur sa tombe devant laquelle il garait son fourgon, afin de pouvoir s’y reposer de temps à autres. Bien qu’handicapé – il marche avec une béquille et ne voit pas bien clair – il passe beaucoup de son à « tenir compagnie » à sa femme.

Un jour, il a été approché par un homme, un entrepreneur « apparemment réputé pour ses frasques » dans le chef-lieu. « Il est venu me voir et m’a dit : mi trouve que ou fé pitié, laisse m’a aide à ou »… Jean-Marc explique qu’il voulait absolument faire un caveau pour sa femme. « Cet homme m’a proposé son aide. Au début, il m’avait dit que ça me coûtera 13 000 €. Je lui ai dit que c’était trop cher. Il m’a dit OK pour 10 000 €. Un devis a été fait, puis un bon de commande, daté du 12 octobre 2022, que j’ai signé ». Les deux hommes se mettent d’accord. « Attention, il a beaucoup de bagout ce monsieur. Il arrive à vous tourner cari sous d’riz en deux temps-trois mouvements », se souvient le septuagénaire.

Jean-Marc Adelin marche avec une béquille et il ne voit pas bien clair.

Le gramoune s’attend à pouvoir installer son épouse dans un vrai caveau. Il avait demandé du granit rouge indien pour la dalle. C’était aussi la préférence de sa femme avant sa disparition.

Les semaines et les mois passent. L’entreprise (sans enseigne) qui l’a démarché sous un nom (celui d’une société de pompes funèbres basée dans un quartier dans les hauts de Saint-Denis) et fait signer le bon de commande sous un autre nom (celui d’une marbrerie) se met au travail et finit par livrer, non pas le caveau, mais un bloc de béton brut recouvert d’une dalle d’occasion de couleur « gris sale », qui n’a rien du granit rouge indien demandé par Jean-Marc Adelin.

Voici le caveau qui a été livré à Jean-Marc Adelin pour 10 000 €.

Il faut savoir que le corps de son épouse a été enterré une première fois dans une concession provisoire suite à un « mic-mac » administratif, puis exhumé pour être placé dans la concession que Jean-Marc Adelin a achetée. Ce même corps a été exhumé une seconde fois de cette concession, le temps de réaliser le caveau. Puis exhumé une troisième fois pour être transporté au caveau communal du cimetière de l’Est. Et il le sera une quatrième pour être ramené dans le caveau réalisé par « l’escroc ». Et, enfin, il a été exhumé une cinquième fois ce mercredi 15 mars 2023, en présence d’un huissier cette fois, avant de reprendre le chemin du caveau communal, avant de revenir à son emplacement d’origine une fois que le nouveau caveau sera de nouveau prêt. Car Jean-Marc Adelin a fait appel à une nouvelle société de pompes funèbres installée à Sainte-Marie.

Le corps de la femme de Monsieur Adelin a dû être exhumé pour la 5ème fois ce mercredi 15 mars pour permettre la réalisation d’un nouveau caveau.

« Des vrais professionnels », dit-il, plutôt rassuré. Durant ces derniers mois, il était resté quasiment tous les jours devant ce vrai-faux caveau en pleurant. « Ce caveau était tellement mal fait que le cercueil flottait presque dans l’eau. Il n’y avait pas d’étanchéité », explique le septuagénaire. L’entrepreneur a même fait croire à un des employés du cimetière de Primat que l’étanchéité avait été faite via un produit mélangé au ciment dans le camion-toupie. L’employé lui a lors répondu : « moin lé peut-être vilain, mais moin lé pas couillon à ce point ».

L’étanchéité n’a pas été faite, le travail bâclé.

Lorsque Jean-Marc Adelin demande à l’entrepreneur de refaire son caveau ou de lui rembourser, ce dernier refuse net et hausse le ton face au gramoune vulnérable et complètement désemparé. Lequel menace d’aller déposer une plainte. L’entrepreneur lui répond qu’il n’en a rien à faire et qu’il ne craint personne car il aurait des amis bien placés au parquet et qu’il mange régulièrement avec des magistrats et des huissiers.

Jean-Marc Adelin passe une grande partie de son temps dans son fourgon garé dans le cimetière de Primat pas loin de la tombe de sa femme.

Mais le septuagénaire ne laisse pas tomber. Avec l’aide de son fils, qui vit et travaille à Paris ainsi que celle d’autres personnes, il essaye d’en savoir un peu plus sur son « arnaqueur ». « J’ai appris qu’il était, auparavant, dans le bâtiment, qu’il avait eu des problèmes avec la justice, qu’il a été interdit d’exercer durant quelques années, qu’il s’est alors reconverti dans le funéraire ou ouvrant une société de pompes funèbres et une autre de marbrerie gérées par ses deux femmes ; Des sociétés, semble-t-il, avec le même numéro de Siret. Il a même ouvert une société récemment du côté de Saint-André », explique Jean-Marc Adelin, qui interpelle la préfecture, tous les services de contrôle sur les faits commis par cet entrepreneur. Le gramoune va se faire aider afin d’entrer en contact avec la Répression des fraudes. « Je veux qu’il me rembourse mon argent ; Il a sali la mémoire de mon épouse en me livrant ce caveau qui n’en était pas un et qui ne respectait pas les normes en vigueur. La préfecture devrait faire preuve de beaucoup plus de rigueur sur ces arnaqueurs qui trainent dans les cimetières de l’île pour profiter de la douleur des gens et qui ternissent l’image des vrais professionnels du secteur funéraire. J’ai fait démolir ce caveau en présence d’un huissier». Jean-Marc Adelin, enseignant à la retraite, n’est pas content de cette personne qui a abusé de sa vulnérabilité. Son fils et lui n’ont pas du tout l’intention de laisser tomber cette affaire « pour que cet homme n’arnaque plus d’autres personnes qui, dans la douleur de la disparition d’un être cher, peuvent faire preuve de faiblesse ».

La nouvelle société de pompes funèbres basée à Ste-Marie qui a repris le dossier en main, a fait démolir le bloc de béton pour construire un vrai caveau qui respecte toutes les normes en vigueur y compris les normes sanitaires.

En attendant la livraison du nouveau caveau par la nouvelle société avec laquelle il a contracté, le septuagénaire ne reste pas loin de l’emplacement où ont lieu les travaux. Parfois dans son fourgon, parfois à l’ombre d’un arbre, dans le cimetière de Primat.

Y.M.

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Yves Mont-Rouge

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Téléphone : 0692 85 39 64

10 Commentaires

  1. A part s’offusquer, il n’y a rien à dire sur cette triste et sordide histoire. Il manque le nom de l’arnaqueur pour éviter qu’il récidive ou de ses sociétés. Une remarque cependant, la pub intempestive de « nou la fé » avec des gens qui dansent ou encore « la fibre en rose » sur un tel récit est des plus mauvais goût.

    • Lé bien triste toussa mais si li té veut mettre sa moitié dan un caveau rouge indien comme elle té veut de son vivant pourquoi li la pas adresse à li tout de suite (ou même avant out mort) à une société fiable ? 5 fois ce fanm là, la été sortie du trou ? Mes zamis y devrait avoir une raison. Est ce que la bien « regarder » si c’était elle dan le cercueil ? La Reunion d’hier et de maintenant y regorge de sensationnel ! C’est pas la modernité (na l’ éclairage partout) qui sar change un affaire surtout quand il s’agit d’ zistoire « abracadabrantesque ». M’enfin au bout lo 5e fois elle y about : Rip !

  2. Cet individu n’a aucune morale. Il à arnaqué de 120000 euro une connaissance, quand il était entrepreneur l’immobilier. Il a fait en sorte que cette personne ne puisse pas porter plainte en lui promettant pendant des mois et après des années un appartement qui n’est jamais venus. Il y a eu un article sur ce sujet… c’est Le monsieur qui est parfois avec sa pancarte en face de la boutique funéraire. Que fait la justice ? C’est pas moral, c’est HONTEUX et en plus ça lui permet de recommencer avec c des personnes fragiles et gentille.

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