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Ça pète toujours à Mayotte et… bientôt à la Réunion ?

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Ce n’est pas un souhait de ma part. Surtout pas ! Mon interrogation provocatrice est volontaire. C’est pour alerter. Je ne vous apprends rien en vous disant que Mayotte a basculé dans une violence inouïe où des jeunes et moins jeunes sèment la terreur dans les rues. Les habitants ont peur. Les élus aussi. Et plutôt que d’essayer de trouver des solutions sur place, un bon petit paquet d’entre eux, maires, parlementaires et présidents de collectivités ont pris l’avion pour aller demander de l’aide au gouvernement, notamment au ministre de l’Intérieur et à celui des Outre-mer, à savoir respectivement Gérald Darmanin et Jean-François Carenco. Lesquels ministres étaient à Mayotte il y a moins de trois mois. Ce qui veut dire qu’en étant sur place, eux mêmes, ils n’ont pas pu mesurer l’ampleur de la catastrophe dans ce 101ème département français où les comptes sont réglés à coups de sabre et de machettes dans la rue aux yeux de tout le monde.

En revanche, les élus Mahorais pensent que ces ministres seront plus sensibilisés au problème en allant directement les rencontrer à Paris dans leur bureau feutré. Du n’importe quoi ! Tout est prétexte pour aller bat’ caré (se promener) dans la capitale et, au passage, faire quelques emplettes pour Noël. Cela dit, lorsqu’un ministre se rend en visite dans un département, il faudrait l’emmener toucher du doigt les vrais problèmes quitte à se faire caillasser lui aussi (ça fait partie des risques du métier) et non le promener avec un collier de fleurs autour du cou, là où tout va bien, par exemple dans les associations où les filles dansent en tenue folklorique avec le sourire en tranche papaye et/ou dans les cocktails pour manger des samoussas et boire du jus de coco. Ce que je dis pour Mayotte est valable également pour les élus réunionnais.

Cette violence que les élus mahorais qualifient à présent de « guerre civile » gagne de plus en plus du terrain malheureusement dans l’île au parfum et nombre de Réunionnais craignent qu’elle puisse demain se « déporter » vers la Réunion. Ça commence tout doucement par des caillassages de policiers et de pompiers durant les interventions. Pas plus tard qu’hier soir, à Saint-André, un jeune homme a brisé la vitre d’un bus du réseau Car Jaunes parce que le chauffeur ne pouvait s’arrêter sur la quatre voies pour le déposer. La vidéo des dégâts m’a été envoyée par une passagère elle même mahoraise. Elle se dit très inquiète par rapport à ce qui se passe chez elle, dans son île d’origine et, surtout, par rapport à ce qui arrive petit à petit à la Réunion.

« Faites attention, il ne faudrait pas que les Réunionnais minimisent ces petits (pour l’instant,) actes de délinquance. Je travaille moi même dans un centre social dans une des collectivités locales, et je peux vous dire que de plus en plus, des jeunes violents qui ont toujours vécu que dans la rue là-bas, arrivent ici à la Réunion. Ils se droguent, n’ont aucun repère, ignorent complètement les lois françaises, tissent progressivement leur réseau dans certaines communes de l’île ; Ils s’attaquent même aux gens de la communauté. Ouvrez les yeux, réagissez tant qu’il est encore temps ! Les autorités devraient se montrer plus sévères. Demain, il sera trop tard, et ça pètera ici comme c’est déjà le cas à Mayotte ». C’est une française d’origine mahoraise qui parle ainsi. Un témoignage glaçant. Je ne dirai rien sur les Sri-Lankais qui ne cessent de débarquer (une dizaine de bateaux en un peu plus de 4 ans), si ce n’est que tout laisse à penser que les passeurs clandestins ont trouvé un bon filon et la bonne filière; Que les Mauriciens et les Américains de Diego Garcia les aident presque à s’orienter vers notre département. Après, s’il y a de la place chez nous pour accueillir les étrangers qui transitent par Mayotte, pourquoi pas quelques Sri-Lankais qui fuient la misère et qui, eux, ne caillassent ni les pompiers, ni les policiers, ni ne brisent les vitres des bus ? Ce n’est pas moi, petit-fils d’engagés Indiens dont les ancêtres sont arrivés par bateau pour « défricher » les champs de cannes qui vais monter au créneau,!

2023, le Grand Raid de la précarité ?

Revenons à la Réunion. C’est la fête. Florilèges, fête de la fraise, de l’ail et de tout ce que vous voulez… Des concerts à n’en plus finir, les rappeurs qui débarquent presque tous les week-ends… Hier soir, sur le front de mer de Saint-Pierre, noir de monde pour l’occasion, c’était la fête du sport et de la fraternité. Le départ du Grand Raid, la course mythique de la Réunion, 30ème édition du nom, a été donné dans une ambiance euphorique. Bientôt, au début du mois de novembre, ce sera le Dipavali à Saint-André, 33ème édition. Encore la fête, de la lumière et du partage, celle là ! La fin de l’année approche à grands pas. Les familles pensent déjà aux festivités de Noël et du jour de l’An ainsi qu’aux prochaines vacances. C’est normal, c’est humain. On en avait besoin après le stress du Covid.

Les hôtels affichent complet à Maurice. Idem pour ceux de la Réunion. Et c’est tant mieux. Il faut vivre, il faut s’amuser  ! Mais gardons-nous de dépenser le peu qu’on a d’un seul coup. Demain ne s’annonce pas rose du tout. Les spécialistes prévoient une augmentation à venir des prix du riz et du lait dans le monde. La guerre se poursuit en Ukraine. Elle n’est pas prête de s’achever. Les ressources vont se faire de plus en plus rares. Les experts annoncent dès à présent un réchauffement de notre planète Terre avec les conséquences qu’on connaît déjà : sécheresse, chaleur et inondations. Sans compter toutes les productions agricoles qui seront forcément impactées par tous ces aléas climatiques. Comme les coureurs du Grand Raid, il va donc falloir se préparer pour les mois qui viennent. Un futur qui ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. Nous risquons d’avoir pleins de sommets à gravir, de difficultés à surmonter. Ce qui m’amène à penser que les choses sérieuses pourraient véritablement démarrer à partir de l’année prochaine où les ménages vont vraiment sentir passer le vent de l’inflation, de la récession… D’où mon interrogation : « 2023, l’année du Grand Raid de la précarité ?». En effet, nous ne serons pas épargnés par toutes les conséquences sociales qui vont découler des problèmes économiques annoncés. Pensons à la cigale et la fourmi. Soyons prévoyants et ne nous contentons pas de vivre au jour le jour,et encore moins au dessus de nos moyens. Attention aux lendemains qui déchantent !

J’ai localement une pensée pour les centaines d’employés de Run Market qui ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés demain. Si la reprise de l’enseigne par le groupe mauricien « IBL » ne fait plus de doute, rien ne dit que la totalité des salariés actuels seront gardés. Je ne reviendrai pas sur le rapport pondu par l’OPMR et qui « charge » le groupe Hayot. Les mauvaises langues prétendent que l’auteur dudit rapport travaille sous l’influence (pour ne pas dire plus) de deux ou trois patrons de la grande et moyenne distribution locale ayant un compte à régler avec GBH. Contrairement à certains députés, je ne vais pas m’immiscer dans un domaine que je ne maîtrise pas et je ne vais pas préconiser la création d’une coopérative pour régler le problème de Run Market.

Vous aurez compris qu’il s’agit là d’une question de gros (de très gros) sous. Et il n’est pas donné à n’importe qui de jouer dans cette cour. Les familles Bédier, Barau et Boyer de La Giroday ont préféré jeter l’éponge parce qu’ils perdaient de l’argent à Run Market dans lequel ils avaient investi plusieurs dizaines de millions d’euros pensant qu’un directeur venu de l’autre côté la mer allait les transformer en rois du pétrole. « IBL », le groupe de la famille Lagesse (les sucriers de l’île sœur) ont de l’argent et ils veulent racheter l’enseigne. Peut-être parce que les industriels bénéficient d’une fiscalité avantageuse à Maurice ; Peut-être parce que les banques mauriciennes prêtent plus facilement. La Région d’Huguette Bello ne voit pas cela d’un très bon œil mais l’économie réunionnaise (française) est une économie ouverte sur le monde. « IBL » possède déjà Edena (l’eau minérale) ainsi que l’hôtel Lux chez nous ; Le groupe mauricien LEAL a BMW à la Réunion. Le cimentier local est Suisse ; Les voitures de CMM/groupe CFAO appartiennent à la maison Toyota, donc aux Japonnais. Une partie des locaux de Vindémia sont la propriété de l’assureur italien Generalli. Donc, l’économie réunionnaise est ouverte sur l’océan Indien et même au-delà. Le problème, c’en est un quand même, c’est que pour permettre de sauver Run Market et les emplois, l’Etat français va devoir passer l’éponge sur une partie des dettes de l’enseigne au profit des Mauriciens. Sauf que c’est nous, contribuables réunionnais, qui allons passer à la caisse. Ayo cousins !

« Sortir un rat d’une cave »

Allons voir à présent ce qui se passe à l’Assemblée nationale. Eh ben, c’est un peu le bordel. Macron n’a pas de majorité. Du coup Elisabeth Borne, la Première ministre, est contrainte de recourir au 49-3 pour faire passer en force une partie de son budget. Mais il va sans dire que le gouvernement n’aura pas d’autre recours que de dégainer le 49-3 pour asseoir sa politique. En face, la NUPES et le RN ne voteront jamais ensemble une motion de censure. Idem pour les « LR ». Vous l’aurez compris, le gouvernement n’hésitera pas à engager sa responsabilité, comme le lui permet la Constitution, pour contourner cette situation de blocage et faire adopter ses budgets sans être soumis au vote. Ça ne vole pas haut tout ça. Une vraie cour de récré ! Un peu comme le slogan choisi par ces deux là (voir ci-dessous) pour défendre la planète.

Désolé pour l’expression, mais c’est vraiment au ras de la touffe ! Je veux dire le niveau.

Encore un petit mot de politique, pour vous signaler que Cyrille Melchior, président du Département, a été auditionné, hier, jeudi 20 octobre, par la délégation sénatoriale des Outre-mer sur l’évolution institutionnelle des territoires ultra marins. En clair, est-ce qu’il faut changer de statut à la Réunion, comme ce fut le cas en Martinique et Guyane, deux départements où le miracle économique n’a jamais eu lieu ? Jeudi dernier, c’était au tour d’Huguette Bello d’être auditionnée par la même délégation. Pour résumer, la présidente de la Région-Réunion a répondu qu’il fallait supprimer l’amendement Virapoullé (le fameux alinéa 5 de l’article 74 de la Constitution) qui, selon certains élus, de gauche notamment, « bloque le développement » de l’île. Inutile de vous dire que Melchior a soutenu l’inverse. Le Département avait déjà commandé, il y a deux mois, une étude à SAGIS dans laquelle il est ressorti que la grande majorité des Réunionnais ne souhaitait pas un changement de statut. Est-ce réellement l’alinéa 5 qui bloque le développement de l’île ou n’est-ce pas plutôt nos élus et les hauts fonctionnaires qui ne savent pas par quel bout prendre le taureau par les cornes pour bien utiliser les milliards de crédits publics nationaux et européens attribués au profit de l’île ? Je pose la question. Si c’est vraiment l’amendement Virapoullé qui empêchait de développer la Réunion, je pense sincèrement que ça fait longtemps que le gouvernement l’aurait fait sauter.

L’actualité est si triste que je vais choisir une petite note d’humour pour finir. J’ai lu dans le JIR de samedi dernier, en page 3, une grande déclaration d’amour de Jules Bénard (un ancien qui officie aujourd’hui sur le site de Zinfos) pour le patron du journal cité juste avant. J’ai surtout retenu une phrase selon laquelle les trois plus grands journalistes à la Réunion, entendez les plus « couillus », les plus courageux, sont Jules Bénard lui-même (tant qu’à faire, on n’est jamais mieux servi que par soit même), Pierrot Dupuy (celui qui nourrit Bénard) et Jacques Tillier. Ça m’a rappelé une phrase que l’actuel patron du JIR ne cessait de rabâcher : « n’est pas bon journaliste celui qui n’a jamais sorti un rat d’une cave ». Force est de constater que, vu sous cet angle, on peut dire que lui, c’est un bon, car il vient d’en sortir un… de la cave ! A la vôtre ! Bonne semaine…

Y.M.

([email protected])

Yves Mont-Rouge

[email protected]
Téléphone : 0692 85 39 64

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