Je n’avais pas prévu, qui plus est un 24 décembre, de me fendre d’un Ti Kozman. Je pense sincèrement que vous avez, en ce jour de Réveillon de Noël, d’autres chats à fouetter. Suis convaincu que la politique, ça commence franchement, comme le disait si bien feu Jacques Chirac, à vous « en toucher une sans faire bouger l’autre ». Rassurez-vous, c’est complètement compréhensible, surtout face au spectacle pitoyable que nous affligent nos gouvernants.

Depuis hier soir, je lis dans quasiment tous les médias, y compris chez nous, « nouveau gouvernement Bayrou », du nom donc du nouveau Premier ministre François Bayrou, patron du MoDem, nommé il y a peu par le Président de la République Emmanuel Macron suite à la censure votée par les députés du NFP (Nouveau Front Populaire) et de l’extrême droite contre le précédent gouvernement, celui mené par Michel Barnier, qui n’avait tenu que trois mois et un jour. UN record sous la Ve République !

« Nouveau gouvernement Bayrou », par çi, « nouveau gouvernement Bayrou » par là. Soyons intellectuellement honnêtes un instant ! Où se trouve l’empreinte Bayrou dans cette nouvelle composition ? Vous pensez sincèrement que c’est François Bayrou qui a composé cette équipe de « revenants » : Elisabeth Borne (ancienne Première ministre de Macron, actuelle présidente de Renaissance, le parti politique présidentiel), sans oublier les Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu, Aurore Berger… Bref, des Macronistes BCBG. Par ailleurs, on reprend quasiment les mêmes et on recommence : Geneviève Darrieussecq, Catherine Vautrin, Agnès Panier-Runacher, Rachida Dati, Jean-Noël Barrot, Charlotte Parmentier-Lecoq…

Bruno Retailleau a pu sauver son poste. Il le mérite amplement. C’est un ministre bosseur qui n’a pas attendu la nomination d’un nouveau gouvernement pour se mettre au boulot. On l’a vu à l’œuvre sur le terrain, à Mayotte, après le passage dévastateur du cyclone Chido qui, c’est triste de le dire ainsi, a « rasé » tous les bidonvilles (bangas), mais pas que malheureusement; Un peu ce qu’il avait été prévu dans le cadre de l’opération « Wambushu » orchestrée par l’ancien ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin (qui se retrouve aujourd’hui à la Justice) à grands renforts, rappelez-vous, des forces de l’ordre (police et gendarmerie) venues en « grappes » depuis l’hexagone.

Manuel Valls doit connaître l’Outre-mer comme moi je connais Barcelone, c’est-à-dire Freixenet et le FC Barcelone

Quant à François-Noël Buffet, ex ministre de l’Outre-mer, qui a été au four et au moulin, façon Retailleau, jusqu’à lundi dans la journée, il a été « viré », relégué au rand de ministre délégué, rattaché au ministère de l’Intérieur. Il a été remplacé par Emmanuel Valls, l’ancien Premier ministre du socialiste François Hollande.

Manuel Valls qui, depuis l’accession de Macron au pouvoir, regarde ce dernier avec des yeux de Chimère. A en croire, qu’il en rêverait même la nuit. Il n’hésite d’ailleurs pas à faire publiquement sa déclaration au chef de l’Etat à chaque fois qu’il en a l’occasion, notamment sur les plateaux de télé sur lesquels il est invité. Buffet a été « remercié » car il fallait caser le fan du Président Macron, à savoir Valls qui, il y a peu, siégeait au conseil municipal de Barcelone.

Tout cela pour vous dire qu’Emmanuel Valls doit connaître les régions ultramarines françaises comme moi je connais Barcelone. Je ne vous cache pas qu’à part Freixenet (ce mousseux barcelonais, comme le précise la pub sur les panneaux 4X3 qui fleurissent actuellement en bordure de nos routes) et le FC Barcelone (équipe de foot), je n’aurai jamais la prétention de dire que je connais cette grande ville d’Espagne même si j’y ai séjourné une petite semaine, en tant que touriste.

Donc, je reviens à ce que je disais au tout début : ce n’est pas le gouvernement Bayrou, mais bien le gouvernement Macron imposé à Bayrou, avec l’aval du Rassemblement National de Marine Le Pen. Il faut appeler un chat, un chat ! Un gouvernement composé de copines et de copains, des compagnons de route dont certains ont toujours été serviables au Président depuis 2017. Qu’il le veuille ou non, François Bayrou n’aura ni plus, ni plus que le rôle d’une marionnette. C’est bien le Président Emmanuel Macron qui tirera les ficelles depuis l’Elysée. Si ça fonctionne, le chef de l’Etat pourra s’approprier les mérites; Mais si ça foire, si Bayrou, le fusible, qui « sautera », remplacé par un autre Premier ministre. Et ainsi de suite jusqu’en 2027, jusqu’à la fin de la mandature d’Emmanuel Macron qui, au terme de ce deuxième mandat, n’aura plus le droit de se représenter à la présidentielle.

Donc, il ne faudra pas s’attendre à des « révolutions » quant à la nouvelle politique gouvernementale qui se limitera, autant que faire se peut, à ménager la chèvre et le chou. En un mot, à ne pas trop mécontenter le peuple, de peur qu’il ne se révolte et fasse vaciller « le trône » de Macron. Telle sera la feuille de route du « nouveau » gouvernement qui n’est, en fait, pas vraiment « nouveau ». Mais il faudra faire avec.

Petit message à présent, pour finir, à mesdames et messieurs les élus ultramarins, y compris donc celles et ceux de la Réunion : va falloir ressortir vos sempiternelles fiches et préparez vos habituels « blabla » pour notre nouveau ministre des Outre-mer, Manuel Valls, qui a tout à apprendre et, surtout, à découvrir de l’Outre-mer. La politique, c’est un éternellement recommencement. Et plus on recommence, plus on ne cesse de tourner en rond. Ainsi va la vie politique !