Chemins « privés » à St-Gilles-les-Bains : « rend’ nout’ plage ! »

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L’association « Agir pour la défense du domaine public maritime et de l’environnement » (Agir DDPME), basée au Tampon,  attire l’attention des pouvoirs publics sur l’existence de plusieurs chemins dits « privés » qui interdisent l’accès des plages publiques aux touristes locaux et d’ailleurs. Voici leur communiqué intitulé : « Privatisation des chemins pêcheurs; Point de tension de la rue des Brisants Saint-Gilles-les-Bains; Trois nouveaux cas de servitudes de passage condamnées entre Boucan-Canot et le cimetière.

« Agir pour la Défense du Domaine Public Maritime et de l’Environnement (Agir DDPME) a adressé le 08 juin 2021, un nouveau courrier accompagné de 18 pièces jointes (photos et relevés cadastraux), à Madame la maire de Saint-Paul (97.4), ainsi qu’à Monsieur le directeur de l’Environnement de l’Aménagement et du Logement (DEAL) (copie au préfet, à la sous-préfète de Saint-Paul, aux ministres des Outre-mer et de la Transition Écologique, au parquet de Saint- Denis, aux députés et sénateurs de La Réunion, aux présidents des conseils régional et départemental)

1- Demande d’intervention urgente et d’enquête, rue des Brisants

Faisant suite à notre précédent courrier du 14 mai 2021 (cf. communiqué de presse du 17 mai 2021), nous avons demandé à l’édile saint-paulois et à la DEAL, de saisir l’autorité administrative et judiciaire, d’une enquête sur les circonstances de la fermeture du « chemin pêcheurs » situé entre les n° 20 et 22 de la rue des Brisants à Saint-Gilles les Bains.

Cette servitude de passage condamnée de part et d’autre par des portails métalliques verrouillés, est devenue aujourd’hui un point de tension et de rassemblement de plusieurs collectifs citoyens et associations qui protestent de la manière la plus légitime, contre la privatisation croissante du Domaine Public Maritime, les atteintes portées sur tout le littoral, à la liberté de la population d’accéder librement au rivage de la mer, et contre l’inertie de la mairie et de l’autorité de l’État face à cette injustice.

Un résident dont la propriété est mitoyenne de ce «chemin pêcheurs», aurait affirmé publiquement que « cette servitude de passage était comprise dans les bornes de sa propriété » et « qu’il avait condamné celle-ci parce que l’endroit était devenu un point de rassemblement de jeunes délinquants et drogués. Cette décision avait donc été prise pour combattre l’insécurité dans le quartier ».

Nous avons demandé à Madame la Maire et à Monsieur le directeur de la DEAL, de vérifier ces informations et de se pencher également sur des anomalies révélées par la consultation du site internet www.geoportail.gouv.fr, à savoir que deux propriétés situées à proximité immédiate du « chemin pêcheurs » en question, semblent empiéter sur le Domaine Public, côté plage, d’une surface totale d’environ 550 m2. Les mêmes anomalies apparaissent pour une quinzaine d’autres propriétés (voire plus), situées sur la même plage, entre Les Brisants et Les Filaos.

2- Signalement de trois nouveaux « chemins pêcheurs » privatisés ou fermés, entre Boucan Canot et le cimetière de Saint-Gilles les Bains

Dans notre précédent courrier du 14 mai 2021, nous avions lancé l’alerte sur cinq « chemins pêcheurs » privatisés ou condamnés sur le Domaine Public Maritime : celui de la rue des Brisants, ainsi que quatre autres à Grand Fond. Selon le témoignage de plusieurs résidents du quartier, deux des quatre servitudes de passage situées à Grand Fond, auraient été fermées très récemment.

Dans notre courrier d’avant-hier 08 juin 2021, nous avons signalé le cas de trois autres servitudes de passage fermées sur la même portion du littoral, dans des circonstances inconnues.

La première est située sur la plage Boucan Canot, après l’hôtel Le Saint-Alexis, en allant vers le sud. Condamnée côté plage par un portillon métallique verrouillée au moyen d’un antivol de vélo, ce « chemin pêcheurs » semble déboucher dans une propriété sur laquelle la construction d’un hôtel est en cours. Les abords de l’accès à ce « chemin pêcheur », sur la plage, sont dans un état d’abandon et de saleté indigne.

A ce sujet, nous avons posé aux destinataires de notre lettre, la question de savoir si les futurs clients de cet hôtel auront le privilège de bénéficier d’un accès privé à la plage, cependant que la population réunionnaise, elle, de même que les touristes qui visitent notre île, sont privés, à cet endroit, du droit qui était le leur dans le passé, d’accéder librement au rivage de la mer.

A l’instar de la rue des Brisants, un consultation du site www.geoportail.gouv.fr fait apparaître que les deux propriétés mitoyennes de ce « chemin pêcheurs » sont dotées d’une piscine qui semble avoir été construite hors des bornes cadastrales, sur la plage. C’est également le cas d’une troisième propriété située à proximité immédiate, et sur laquelle, la construction d’un autre établissement hôtelier est également en cours.

Pour ces trois propriétés, c’est une surface totale d’environ 1000 m2 qui semble avoir été accaparée, hors bornes cadastrales, sur la plage.

Il n’est pas inutile de rappeler que l’ensemble des villas construites sur les parcelles citées dans nos deux courriers, se trouvent sur le Domaine Public Maritime ou, plus précisément, dans les 50 pas géométrique qui définissent les limites de celui-ci (81,20 mètres).

La deuxième est située rue des sables, à Grand fond. Elle nous a été signalée par un couple qui a fait l’acquisition, récemment, d’une villa située dans une impasse. Fermée depuis peu, cette servitude de droit est l’objet d’un contentieux qui oppose le propriétaire d’une parcelle située en en première zone, à plusieurs de ses voisins.

La troisième servitude de passage est mitoyenne du mur Nord du cimetière. Ce « chemin pêcheurs » a été condamné côté plage, par portillon métallique. Selon les habitants historiques du quartier, il permettait autrefois d’accéder à la plage, en venant la rue du Général de Gaulle, artère principale de Saint-Gilles les Bains.

Lorsqu’on emprunte ce passage aujourd’hui, partant du rivage, il débouche étonnement sur deux portes en bois donnant directement dans l’enceinte de deux propriétés privées sur chacune desquelles est bâtie une villa. L’une d’elles semble avoir été construite très récemment.

Le portillon métallique a été descellé le 1er mai dernier, lors d’une action conduite par plusieurs collectifs citoyens et associations. Cette action a fait l’objet d’une vidéo diffusée sur le réseau social Facebook (https://fb.watch/5ZTDwxU0OL/).

Nous avons profité de ce courrier du 08 juin 2021, pour dénoncer la situation désastreuse de la plage au plan sanitaire et humain, sur ce site, à l’arrière le cimetière.

Cet emplacement est squatté (depuis plus de deux ans selon des témoins) par une dizaine de sans domicile fixe qui dorment dans des tentes ou à la belle étoile, sur des matelas posés à même le sol. Ces personnes possèdent des chiens agressifs qui errent sur la plage, sans laisse. Elles préparent leurs repas en faisant des feux de bois sur le sable.

Ces sans-abri que nous avons rencontrés à plusieurs reprises, prétendent « avoir de l’autorisation des gendarmes et de la mairie ». À l’occasion de l’un de nos passages, l’un eux qui se trouvait dans un état d’ébriété avancé, nous a affirmé « avoir le numéro personnel de Huguette BELLO » et s’est proposé de l’appeler devant nous.

Nous signalons que le mardi 25 mai 2021, lors d’une visite sur ce site, en compagnie d’une étudiante qui avait sollicité notre association dans le cadre de la préparation de son mémoire de master en droit foncier, sur le thème du Domaine Publique Maritime, un membre de notre Conseil d’Administration été attaqué par derrière, par l’un de ces chiens qui a tenté de saisir sa cuisse gauche. Fort heureusement, il a pu réagir à temps pour éviter d’être mordu. Les dents du chien ont effleuré sa cuisse, occasionnant une rougeur constatée médicalement. Le short qu’il portait a été déchiré. Cet incident fera l’objet d’un courrier séparé et d’un signalement aux autorités judiciaires.

La situation de chaos et de totale déshumanisation qui règne sur la plage, à cet endroit, à deux pas du cimetière de Saint-Gilles les bains, est indigne et scandaleuse.

Elle est une illustration du laisser-aller général constaté depuis des décennies sur le Domaine Public Maritime, des manquements de la mairie et de l’autorité de l’État dans leur devoir de protection de cet espace naturel pourtant exceptionnel, et du renoncement à préserver l’équité social, et à défendre, sur ce territoire, le bien commun et l’intérêt général.

Nous notons, au passage, que cependant que les sans-abri sont abandonnés à leur sort sur la plage, en situation de relégation sociale, que les « chemins pécheurs » encore existants sont oubliés, dans un état lamentable (nous y reviendrons), et que le droit de la population d’accéder librement au rivage de la mer est attaqué partout sur le littoral, en totale impunité, les exploitants des « restaurants de plage », quant à eux (lieux que les 40 % de réunionnais qui vivent sous le seuil de pauvreté n’ont, ni le loisir, ni les moyens de fréquenter), continuent à bénéficier des largesses de la mairie et des autorités, et à prospérer sur le Domaine Public Maritime, dans des conditions plus que douteuses au regard du droit.

« Ce dossier des « concessions de plage » ouvert par notre association en 2018 avec l’affaire paillotes de l’Hermitage, est loin d’être refermé ».

Pour l’heure, nous n’avons reçu aucune réponses à nos courriers, ni de la mairie de Saint-Paul, ni de la DEAL.

Face à ce silence, c’est le moment de rappeler à nos « autorités constituées » et à nos élus, les termes de l’Article 6 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 :

et ceux de l’article 40 du Code de Procédure Pénale :

« La loi est l’expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse. Tous les citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans

autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents »,

« Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tous les renseignements,

procès-verbaux et actes qui y sont relatifs ».

Enfin, en cette période électorale, nous rappelons que La Réunion est le département le plus

pauvre de France et le 3ème plus corrompu.

Il n’est pas discutable que pour une grande part, la situation d’inéquité sociale et d’injustice qui prévaut aujourd’hui sur le Domaine Public Maritime, coule de cette plaie, la corruption, qui

gangrène depuis des décennies la vie économique et sociale de notre île.

Aussi, c’est l’occasion de rappeler aux élus en place et à tous les candidats à un mandat, le projet de charte anti-corruption porté par le Collectif Citoyen Réunion Solidarité Ambition

Yves Mont-Rouge

[email protected]
Téléphone : 0692 85 39 64

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