Convention canne : « Croire et Oser » appelle les planteurs à manifester devant la Région ! (VIDÉOS)

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« Une belle défaite, nous n’avons pas à rougir… » Alexandre Laï-Kane-Chéong, responsable du Parti Croire et Oser (PCO), a tenu une conférence de presse, ce mercredi matin 29 juin, à la permanence du Parti à Sainte-Suzanne. A l’ordre du jour : un débriefing des dernières élections législatives, notamment dans la 6ème circonscription où Alek était candidat, puis la convention cannes dont il est actuellement beaucoup question avec la manifestation des planteurs qui dure depuis quelques jours déjà.

Concernant le débriefing des législatives, c’est l’avocate Florence Chane-Tune, qui fut suppléante d’Alek dans la 6ème circonscription, qui s’exprime. Elle répond aux questions d’Yves Mont-Rouge.

Quant à la convention cannes, la parole a été laissée à Louis Laï-Kane-Chéong, également avocat de profession. Au nom du PCO, il demande l’organisation au plus vite d’une table ronde avec tous les partenaires dont la Région « qui joue un jeu de dupes » dans les négociations. Et appelle les planteurs à manifester devant le parvis de la pyramide inversée.

Voici le communiqué de presse de « Croire et Oser » à propos de la convention cannes 2022-2027, ainsi que ses propositions :

« Depuis 2017, nous suivons les questions de la convention canne, et plus généralement celles de l’énergie. Ces dernières semaines, l’intersyndicale des planteurs (CGPER, JA, FDSEA, UPNA) s’est mobilisée pour forcer la négociation autour de la convention canne, sucre, rhum et énergie.

Pour rappel, la convention canne avait été instaurée dès 2017 pour compenser la disparition des quotas sucriers. Cette dernière est censée arrêter les modalités de détermination du prix de la canne, de la mélasse ainsi que de la bagasse, que les planteurs revendent à TEREOS s’agissant de la canne à 40,07 € la tonne (dont 22 € sont financés par l’Etat) pour une richesse de 13,8 % (taux de sucre présent dans la canne à sucre), et à ALBIOMA à 14,5 € la tonne dont 13,5 € reviennent au planteur et le reste à l’industriel sucrier.

Derrière ces négociations qui visent à assurer aux planteurs, des conditions de revenus dignes, se cachent en réalité, des problématiques liées au prix de l’énergie et de l’électricité qui intéressent tout usager.

Concrètement, se joue avec la convention canne 2022-2027, dans le cadre de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), le prix de la facture d’électricité que les consommateurs paieront dans les années à venir à EDF.

Pour quelles raisons ?

Actuellement, ALBIOMA rachète la bagasse pour produire de l’électricité qu’elle revend à EDF au prix de 180 € MwH, sans débourser le moindre euro, dans la mesure où ALBIOMA, pourtant entreprise privée soumise de plein droit aux règles de la concurrence, bénéficie de larges subventions publiques pour racheter la bagasse aux planteurs ; bagasse qu’ALBIOMA revend à EDF en faisant nécessairement une marge.

Les planteurs demandent notamment à ce que le prix de rachat de la bagasse soit revalorisé ; ce à quoi ALBIOMA répond par le renvoi de responsabilité à TEREOS, en demandant aux planteurs de négocier avec ce dernier pour une augmentation du point de fibre d’au minimum 20 % (le point de fibre étant la mesure de l’électricité pouvant être retirée par la combustion de la bagasse).

Il est donc à comprendre que plus le point de fibre augmente, plus le taux de sucre présent dans la canne et revenant au sucrier (TEREOS) diminue.

Or, TEREOS rétorque qu’une augmentation du point de fibre de 20 % lui serait préjudiciable, parce qu’elle n’est pas en capacité de broyer le supplément. En réalité, il n’est pas intéressant pour TEREOS de racheter une canne dont le point de fibre est passé de 15 à 20 %, pour la simple et bonne raison que le taux de sucre à en retirer aura mécaniquement diminué.

Parallèlement, l’autre revendication des planteurs selon laquelle, le prix de la canne revendue à TEREOS pour le sucre devrait être revalorisé, notamment avec la fixation d’un prix plancher, se heurte à un refus catégorique du sucrier.

A ces négociations complexes où tout le monde se renvoie la balle, il faut ajouter, pour être parfaitement transparent, les modalités de paiement des planteurs : ces derniers sont payés par acompte en ramenant leur production et par avance de l’engrais (intrants) nécessaire à la production de cannes à sucre, vendu par une seule coopérative à la Réunion dans laquelle, TEREOS détient la majorité du capital.

Or, en fin de campagne sucrière, le sucrier (TEREOS) estime unilatéralement, le taux de richesse (de sucre) dans les cannes apportées par les planteurs, pour rectifier l’acompte et les avances concédés aux planteurs, de sorte que souvent pour ne pas dire toujours, en fin de campagne sucrière, les planteurs sont endettés auprès de TEREOS.

En conclusion, les négociations sont bloquées en raison de l’inertie et de la mauvaise foi des industriels, au détriment des intérêts des usagers pour lesquels, la facture de l’électricité va considérablement augmenter.

Parce que, si la focale médiatique se concentre sur les revendications des planteurs, il reste à savoir que ces négociations constituent également l’occasion pour les industriels (TEREOS et ALBIOMA), de renégocier la participation de l’Etat pour compenser notamment, sur fond de guerre en Ukraine, le prix des intrants (engrais), et le prix des bois de pellet qu’ALBIOMA importera du Canada et des Etats-Unis pour faire tourner leurs chaudières.

ALBIOMA, récemment racheté par des fonds d’investissement Américains, nécessairement guidée par une logique de profit, entend déjà répercuter l’augmentation par trois du prix des intrants et du prix des bois de pellet, sur la revente du MwH à EDF.

Or, si le prix du MwH que rachète EDF augmente, il découle d’une logique implacable qu’EDF répercutera cette hausse sur le prix de la facture d’électricité que les usagers paieront in fine.

Depuis 2017 que nous alertons sur la confiscation, par des instruments étrangers et par la mainmise des monopoles sur nos outils d’émancipation économique, il devient urgent de s’asseoir autour de la table de négociations, afin de réunir les industriels, les syndicats de planteurs, l’Etat et les politiques locales, pour notamment :

Nos propositions :

1°/ Réviser la PPE pour d’une part, revaloriser le prix de la bagasse et pour ne plus la considérer comme un déchet afin d’en augmenter mécaniquement le prix de revient, et d’autre part, fixer un prix plancher à la canne afin de contourner l’inertie et la mauvaise foi de l’industriel sucrier ;

2°/ Discuter avec les syndicats de traitement des déchets (SYDNE et ILEVA) pour renégocier la composition du débouché économique du combustible solide de récupération (CSR) en intégrant la bagasse ;

3°/ Une potentielle taxation, sans répercussion sur la facture d’électricité usagers, des bois de pellet importés depuis l’étranger (Canada, Etats-Unis, etc).

Nous saisissons également cette occasion pour interpeller les députés de la Réunion, fraîchement élus, sur la nécessité de saisir l’opportunité de leurs fonctions pour :

  • Demander une mission de contrôle sur la gestion des fonds publics à la Réunion en rapport avec son développement énergétique et agricole ;
  • Proposer une loi visant à modifier la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, afin d’intégrer des garde-fous législatifs dans la PPE de la Réunion auxquels, le Conseil régional ne pourra y déroger, notamment l’instauration d’un prix plancher de la canne et de la bagasse, la requalification de la bagasse en produit et non en déchet, et l’obligation d’une révision annuelle de la formule de richesse qui devra en outre être rendue publique.Nous rappelons également aux manifestants qu’outre le square de Labourdonnais, le parvis du Conseil Régional de la Réunion devrait être envisagé, dans la mesure où la PPE Réunion, document éminemment stratégique dans la négociation de la convention canne, n’a toujours pas fait l’objet d’une adoption définitive et que les points de blocage précités peuvent trouver une issue par la voie régionale.

    L’on comprend mieux le silence de la Région et des élus régionaux dans ce dossier, qui ont tout intérêt à laisser croire que la responsabilité incombe à l’Etat et aux industriels…

    Nous appelons en conséquence à une table ronde à laquelle Croire et Oser entend participer en tant qu’élu local, pour aplanir ces problématiques qui intéressent à la fois la population réunionnaise, et l’avenir de l’île en matière énergétique et agricole, afin de réunir toutes les autorités ayant leur partition à jouer (élus régionaux, services déconcentrés de l’Etat, industriels sucriers et énergétiques, syndicats des planteurs et députés.

    Victor Tévané dit « Toto » a également pris la parole sur la protection de l’environnement. « Le maire Maurice Gironcel a fait signer une motion au conseil municipal dans le cadre de la COP 21 pour la lutte contre la pollution et la protection de la planète. A Croire et Oser, nous ne sommes pas évidemment pas contre, mais que Maurice Gironcel souhaite protéger la planète, c’est tout à son honneur. En revanche, il ferait peut-être mieux de commencer par sa commune et par s’occuper du « Piton des Déchets » à Bagatelle où les riverains n’en peuvent plus. Au cas contraire, nous pourrions avoir l’impression que cette motion, c’est plus pour lui donner l’occasion d’aller bat’ un caré prochainement en Egypte où doit se tenir la grande réunion concernant cette thématique ». Fermez le ban !

Yves Mont-Rouge

[email protected]
Téléphone : 0692 85 39 64

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