Affaire de la Cité des dirigeants : Christophe Di Donato condamné, les élus relaxés

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C’est ce matin (vendredi 8 avril 2022) que les magistrats du tribunal correctionnel de Saint-Denis ont rendu leur verdict concernant cette affaire. Une affaire d’escroquerie et de détournement de fonds publics (environ 1,4 million d’euros) dans laquelle sont impliqués, entre autres, l’ancien président de la Cinor Gérald Maillot et l’actuel président de la Civis, Michel Fontaine. Mais à la tête de cette affaire se trouve avant tout Christophe Di Donato, le dirigeant de ladite société. Le vendredi 25 février 2022, l’avocat général a requis 4 ans de prison avec sursis contre Christophe Di Donato (ex-président de la Cité des dirigeants) avec interdiction de gérer une entreprise pendant 5 ans ainsi que la confiscation de 123 000 euros d’avoirs criminels; 3 ans de prison avec sursis contre Gérald Maillot et 2 ans avec sursis contre Michel Fontaine ainsi que 5 ans d’inéligibilité.

Les protagonistes ont été relaxés sauf Christophe Di Donato qui a été condamné à 6 mois avec sursis et 10 000 euros d’amende.

Lire l’article ci-dessous pour comprendre les tenants et les aboutissants de cette affaire.

Le procès avait été renvoyé  au vendredi 8 octobre 2021, vers 8 heures au tribunal de Saint-Denis. L’affaire, examinée une première fois, avait en effet été renvoyée à cette date. Ce, à la demande des parties concernées. Mais le 8 octobre dernier, quelques minutes après l’examen du dossier, l’affaire a de nouveau été été renvoyée au 25 février 2022. La procureure de la République, représentante du ministère public Domitile De Campio a considéré « qu’il était impossible d’examiner les 75 pages de conclusions » déposées le matin même du 8 octobre 2021 par Me Amina Garnault, l’avocate de Gérald Maillot (ancien président de la Cinor) pour demander la relaxe de son client. Ecoutez la réaction de Me Garnault. C’était le 8 octobre 2021. Elle était au micro d’Yves Mont-Rouge.

Plusieurs protagonistes ont des comptes à rendre dans le cadre de cette affaire dite de la Cité des Dirigeants, structure initiée en 2017 par la Cinor sous la présidence de Gérald Maillot : à commencer par l’ancien président en personne, puis Joël Périgaud (ancien directeur de cabinet de la Cinor) et Christophe Di Donato. Sans compter Michel Fontaine, en tant que président de la Civis puisque l’EPCI avait accordé une subvention de près de 700 000 €, au même titre que la Cinor, à cette structure..

Me Luc Brossolet, avocat de Michel Fontaine, président de la Civis, ne comprend pas le renvoi de ce procès qu’il estime « infondé ». C’était en octobre 2021.

Idem pour l’autre avocat de Michel Fontaine, Me Normane Omarjee :

 

Michel Fontaine, président de la Civis avait été entendu quant à lui, dans un premier temps en tant que témoin, plus précisément en tant que « victime » car il avait porté plainte contre le fonctionnement (ou plutôt les « dysfonctionnements) de la Cité des dirigeants constatés à partir de 2019. Mais pour autant, il a toujours comparu comme prévenu.

Rappelons que celui qui est principalement visé dans cette affaire s’appelle Christophe Di Donato, qui répond de faits présumés « d’escroquerie, abus de biens publics, émission irrégulière d’actions et non désignation de commissaire aux comptes ». Arnaud Cottereau, son homme de confiance, est poursuivi pour « escroquerie ». Concernant l’ancien président de la Cinor, à savoir Gérald Maillot (candidat vaincu aux municipales de Sainte-Marie en juin 2020 et aujourd’hui « casé » à la mairie de Saint-Denis en tant qu’employé) il a été jugé pour « soustractions de biens publics et de complicité ». Idem pour Joël Périgaud, celui qui était son directeur de cabinet. Michel Fontaine, président de la Civis avait pour sa part à répondre de « négligence du dépositaire ayant permis un détournement de biens publics ».

La procureure de la République Domitile De Campio en pleine explication avec Me Luc Brossolet (Crédit Photos Yves Mont-Rouge)

1,4 million d’euros de subventions de la Cinor et de la Civis perdus dans la nature ?

C’est surtout à cette question qu’on eu à répondre Di Donato et ses acolytes. Quant aux deux élus, Gérald Maillot et Michel Fontaine, la justice cherche à comprendre pourquoi ils ont avancé tête baissée dans cette affaire en ouvrant les vannes de leur intercommunalité.

Rappelons que la Civis avait injecté  680 000 euros dans cette société portée par la Cinor et dans laquelle plusieurs acteurs économiques locaux et non des moindres avaient pris des actions. La Cité des dirigeants a été présentée comme étant une plateforme pour fédérer des acteurs du territoire et mettre en avant tous les acteurs économiques de la Réunion. Elle devait assurer également la formation de haut niveau des chefs d’entreprise dans le cadre de son Centre de perfectionnement aux affaires (CPA).

Un projet qui avait emballé les responsables de la Civis tout comme il avait manifestement séduit la Cinor, le CESR ainsi que de nombreux grands patrons locaux. Donc, la Cinor n’a pas hésité à investir 700 000 €. La Civis a suivi pour plus ou moins le même montant (680 000 €). Selon nos informations, une trentaine de chefs d’entreprises ont pu être formés par le CPA de la Cité des dirigeants. Laquelle Cité a été dans un premier temps présidée par Christophe Di Donato avant que ce dernier ne passe le relais à Joël Périgaud (ancien directeur de cabinet du président Gérald Maillot).

Christophe Di Donato à l’arrière plan

En 2019, face à certains « dysfonctionnements » constatés au sein de la Cité des dirigeants, Michel Fontaine fait part de son souhait de quitter cette structure. Certains investisseurs publics et privés se rendent vite compte « qu’il y a quelque chose qui cloche », que le capital de la société qui était de 1,4 million d’euros est passé à 600 000 €. Se pose alors la question : comment l’argent a pu être dépensé ? Où est passé le reste du capital ? Pourquoi n’y a-t-il pas eu de commissaire aux comptes ?

Me Normane Omarjee et Me Luc Brossolet

En septembre 2020, Michel Fontaine, président de la Civis, décide de porter plainte contre la Cité des dirigeants. Il est entendu en tant que « témoin ». Il explique qu’il n’a jamais été convié à une réunion, que la Civis avait été approchée physiquement à l’époque par Gérald Maillot, Joël Périgaud et Christophe Di Donato… Il explique par ailleurs à la justice avoir porté plainte parce que la Civis a été lésée dans cette affaire.

Me Iqbal Akhoun, l’avocat de Christophe Di Donato

La Civis a en effet porté plainte auprès du Procureur de la République pour « délits d’escroquerie et d’abus de confiance ».

Au fil de l’enquête, le président de la Civis a appris (une information révélée par nos confrères du Quotidien mardi 13 octobre 2020) qu’il devra comparaître devant le tribunal pour des « faits de négligence ». Il passe ainsi de « victime » à « prévenu ». Pourquoi ? « Je ne pourrai vous répondre. Il faudrait le demander à la justice. Mon avocat se chargera d’expliquer à la justice, en laquelle j’ai confiance, que dans cette affaire, la Civis a été réellement victime » avait-il précisé à freedom.fr fin 2020. Les avocats de Michel Fontaine  sont Me Luc Brossolet et Me Normane Omarjee.

Y.M.

([email protected])

 

 

Yves Mont-Rouge

[email protected]
Téléphone : 0692 85 39 64

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