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Intervention au Parlement pour supprimer l’expression « travail au noir » : un faux débat linguistique ?

2 min de lecture

« Récemment, une proposition a été faite au Parlement pour supprimer le terme « travail au noir » du langage courant en raison de sa connotation négative et de sa connotation raciale présumée. Pourtant, ce terme, qui désigne une activité économique non déclarée, n’a en réalité aucune base officielle dans la langue française. Cette initiative a suscité des réactions variées, mais elle semble avant tout être un exemple de débat linguistique déconnecté de la réalité des enjeux socio-économiques que représente le travail non déclaré.

Un débat sur un terme courant qui n’est pas administratif.

Dans le contexte de la législation et de la langue administrative en France, le terme « travail au noir » n’a pas de légitimité officielle. Les termes utilisés par l’administration et les textes de loi sont « travail informel » ou « travail dissimulé ». La proposition d’effacer un terme « non-officiel » pourrait donc sembler inutile. Ce débat risque surtout de détourner l’attention des véritables problèmes qui entourent le travail dissimulé, comme la protection des droits des travailleurs ou la lutte contre la précarité.

Les vraies conséquences du travail informel.

Le travail informel ou dissimulé concerne de nombreux secteurs en France, et ses répercussions sont réelles. En détournant le débat vers une question de terminologie, on néglige les impacts économiques, sociaux, et juridiques liés à cette forme d’emploi non déclarée. Les personnes concernées, souvent précaires, se retrouvent exclues des droits sociaux (assurance maladie, chômage, retraite), et la société pâtit d’un manque de cotisations qui soutiendraient ces mêmes droits. Le monde économique pâtit tout autant de la concurrence déloyale. 

Un choix linguistique ou une opportunité politique ?

Certains observateurs estiment que cette initiative parlementaire pourrait masquer une volonté de détourner l’attention des citoyens de dossiers plus prioritaires. À une époque où le coût de la vie augmente et où de nombreux travailleurs enchaînent des contrats précaires, on peut s’interroger : ce débat linguistique a-t-il une réelle utilité pour le quotidien des Français ?

Si le débat sur le terme « travail au noir » peut susciter des discussions intéressantes sur l’usage de certains mots dans le langage courant, il apparaît qu’une réforme linguistique n’apporte aucune solution au problème fondamental du travail dissimulé et/ou informel en France. Plutôt que de se concentrer sur des considérations sémantiques, une réponse politique axée sur la régulation, l’accompagnement des travailleurs précaires et la mise en place de mesures de soutien social aurait sans doute un impact plus tangible.

Notre organisation professionnelle prend très sérieusement la question du travail informel et/ou dissimulé depuis des années à la Réunion, pour que ce débat reste autour du sujet de fond économique et social et non d’accroche populaire.

Corine Bédier,

Présidente de la Confédération Nationale Artisanale des Instituts de Beauté et Spa de la Réunion

La Cnaib-Spa de la Réunion »

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