Jackson Richardson : « Je me disais que je dois représenter La Réunion »

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Aligner son mental, ses émotions et son corps permet d’optimiser son potentiel et prendre le chemin vers l’excellence. Mais le cheminement est loin d’être évident. Notamment pour le sportif réunionnais qui s’expatrie à 10 000 km pour devenir un athlète de haut niveau.

Jackson Richardson est un ancien joueur de handball français élu meilleur joueur du monde en 1995. Double champion du monde, légende de son sport, entraîneur international et véritable icône du sport réunionnais, il nous a apporté un témoignage poignant de son expérience et de son parcours vers l’excellence.

C’était lors des Assises du Sport 2023, organisées par la ville et l’Office du Sport et du Temps Libre (OSTL) ce vendredi 10 et samedi 11 mars à la salle Kerveguen à St-Pierre qui ont été riches en émotions avec l’intervention de deux grands champions, à savoir, Muriel Hurtis, ancienne sprinteuse de haut niveau ainsi que l’icône réunionnaise du handball, Jackson Richardson.

Un début dès l’âge de 6 ans

Jackson Richardson a commencé le handball dès l’âge de 6 ans alors qu’il accompagnait son grand frère le mercredi. Un jour, il manquait un joueur et l’entraineur lui a demandé s’il voulait participer à l’entrainement. Et c’est comme cela que tout a débuté. « Ce jour-là, j’ai joué pieds nus sur le bitume du terrain de l’ancienne MJC de St-Pierre », se remémore le double champion du monde.

Ça lui a énormément plu et il a aussitôt fait sa licence, en falsifiant sa date de naissance car il était trop jeune de 2 années. En cadet où c’était la période de détection pour la sélection de La Réunion pour partir en métropole, il a arrêté le handball car il allait être obligé de produire sa carte d’identité. Le temps d’avoir l’âge de reprendre dans sa catégorie, il y est revenu et sa carrière a pu commencer. Il a ainsi débuté à évoluer dans ses qualités de jeu.

Se retrouver entre amis à la MJC de St-Pierre

« Au-delà du talent, c’était grâce à cet état d’esprit que nous avions entre jeunes de se retrouver à la MJC de St-Pierre que j’ai pu travailler. La MJC de St-Pierre reste pour moi le lieu le plus magique que j’ai connu. Tous les dimanches, avec mes amis handballeurs, on se retrouvait là pour s’entrainer et répéter les gestes techniques et autres tactiques. Ça m’a donné la possibilité de grandir et ça m’a servi pendant ma carrière. C’était un plaisir pour nous de se retrouver là le dimanche », explique-t-il.

« J’étais tellement fier, tellement heureux de partir en métropole »

C’est à la suite d’un match de la sélection de La Réunion contre une équipe belge francophone qu’il est repéré et qu’il partira en métropole. La décision tombe un mardi et il partira le jeudi. Il n’a eu que 2 jours pour se préparer. « J’étais tellement fier, tellement heureux de partir en métropole. Pour nous aller en métropole, c’était comme décrocher la lune », avoue Jackson Richardson.

Être ambitieux sans changer qui on est

Va alors débuter son ascension. Mais, comme explique Jackson Richardson, se faire une place à laquelle on ambitionne parmi les meilleurs n’a pas été une mince affaire. S’est ainsi posé la question pour lui de savoir comment être ambitieux sans changer qui il est. Il y avait, bien sûr, le Réunionnais qui a toujours vécu avec sa famille et ses amis dans cette culture du partage mais il y avait aussi cette timidité sur laquelle il allait devoir travailler pour pouvoir percer là-bas.

Une différence de niveau énorme

Le niveau est élevé. De deux entrainements par semaine, il passe à deux entrainements par jour. La différence de niveau est énorme. Les personnes avec qui il jouait étaient, de la perception qu’il en avait lui, plus impressionnants en taille, en force ainsi que techniquement.

« Ça m’a bloqué. Je me suis dit qu’est-ce que je vais faire là ? Surtout avec cette humilité et cette timidité de par ma culture à ne pas se mettre en avant. Ce n’était pas évident pour moi de pouvoir m’intégrer », avoue-t-il.

Donner du sens à ce qu’on fait

« Donner du sens c’est donc important. Pourquoi réussir est plus important que comment réussir. C’est ce qui m’a permis de traverser des tempêtes. À La Réunion, j’étais dans ma zone de confort, j’avais plus de facilité à pouvoir m’exprimer. Arrivé là-bas, avec un niveau plus élevé, ce n’était pas évident », explique Jackson Richardson.

La volonté de réussir

« Et aussi, je voulais réussir avant même de chercher le comment, car ma famille était fière de moi. La ligue de handball a misé sur moi. J’ai ainsi pris cela comme une charge sur mes épaules. Je me disais que je dois représenter la ligue de La Réunion de handball. Je dois donner une fierté à ma famille. Il fallait absolument que j’aboutisse pour pouvoir réussir », indique-t-il.

Faire face à l’adversité

« Quand on entre dans une équipe qui est déjà formée depuis 3 ans, on n’est pas forcément le bienvenu. Loin de généraliser, je dois avouer qu’il y avait un groupe de personnes qui m’a fait comprendre cela. C’était peut-être pour taquiner », raconte-il.

Des handicaps qui nous empêchent d’évoluer

« Mais, comme j’étais très timide et qu’on avait cette habitude à La Réunion de ne pas vouloir parler français par peur d’être catalogué à vouloir faire ‘son intéressant’, cela m’a pénalisé car je n’avais pas cette facilité à m’exprimer en français », explique Jackson Richardson.

« A chaque fois on me disait d’articuler car on ne comprenait pas ce que je disais. Ce sont des handicaps qui m’ont empêché d’évoluer. Et, ils m’ont mis les bâtons dans les roues. Ils m’ont dit : tu descends de ton cocotier et tu penses venir prendre ma place. Cela s’est aussi passé en équipe de France mais je me suis servi de ça », nous raconte-il.

S’accepter et se réinventer

« Il y a ainsi eu la phase de l’acceptation et qui m’a permis de me concentrer sur mon évolution, autant la réussite que l’échec. Plus vite, on arrive à rebondir, plus on arrive à se projeter sur sa performance et aller plus loin », souligne Jackson Richardson.

Réaliser son rêve

« C’est une façon de se réinventer. Il faut toujours analyser, accepter, digérer et assimiler. Et, ça m’a permis de rêver, d’avoir un rêve. Mais cela ne doit pas rester éphémère. Cela doit se transformer en un objectif, un but, une performance à atteindre sur laquelle on met une date. Et là, on réalise son rêve. Sans échéance, le rêve reste éphémère. Et cela vaut pour tous les domaines de la vie et dans son développement personnel », soutient-il.

Le chemin vers l’excellence

Comment atteindre l’excellence ? Il faut, selon le double champion du monde qui est aujourd’hui coach de développement, identifier rapidement les mécanismes conscients et inconscients qui sont impliqués. On peut ainsi optimiser son potentiel et mettre en avant ses forces et ses talents.

Se connaitre intérieurement et être ancré dans ce que l’on veut

Pour cela, il convient de bâtir solidement ses évaluations de performance, d’être ancré dans ce que l’on veut mettre en place et travailler sur ses valeurs et ses croyances. Cela permet de mettre l’accent sur qui l’on est et de se connaitre intérieurement. Il s’agit ainsi de travailler sur ses besoins émotionnels qui oriente le savoir-être et le savoir-faire dans la performance, l’évolution et l’excellence.

Avoir un plan d’action

Pour définir ses objectifs, il faut mettre en place un plan d’action, d’être plus clair et d’avoir une vision dans laquelle on veut se projeter. On peut ainsi être aligné, avoir un équilibre et être en harmonie avec soi-même dans ses projets de vie et de carrière. Il s’agit encore de travailler sur ses émotions. Le mental, les émotions et le corps peuvent ainsi s’aligner.

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