Patrice Selly, maire de Saint-Benoit depuis 2020, est content et il tenait à le faire savoir. Content de l’avis favorable de la Chambre régionale des comptes qui lui a été adressé le 20 juin dernier, via un courrier, dans lequel le président de la CRC, Nicolas Péhau, écrit noir sur blanc : « La chambre constate que les mesures de redressement prises par la commune, dans le cadre du plan pluriannuel 2020-2024 de résorption de son déficit, sont suffisantes au titre de l’exercice 2024 et dit qu’il est mis fin au plan de redressement, le déficit étant entièrement résorbé ».

Il se devait, légitimement, de communiquer la bonne nouvelle aux administrés. Raison pour laquelle, vers 17 heures, une heure avant la tenue du conseil municipal, il a organisé une conférence de presse en présence de quelques élus de la majorité afin de faire le point sur ce sujet. Et de rappeler surtout « la situation financière édifiante » de laquelle, au terme de 4 années « d’effort, de sacrifices budgétaires », lui et son équipe, ont pu en sortir, grâce également au travail fourni par l’ensemble des services communaux.

Les finances de la commune « qui se trouvaient dans le rouge écarlate » sont à présent passées « au vert ». « L’une de nos priorités, à notre arrivée aux commandes en 2020, était justement de sortir de cette mise sous tutelle du préfet, suite à l’examen des comptes de la commune par la Chambre régionale des comptes sur les exercices de 2014 à 2019 ».

« Continue ta route, l’avenir est à toi… », dit la chanson

Patrice Selly explique avoir hérité « d’un fiasco budgétaire », à savoir « une dette globale de près de 20 millions d’euros, soit près de 10 millions d’euros de dettes sociales et 10 millions d’euros de déficit ». Il poursuit : « l’ancienne équipe municipale ne payait pas les cotisations sociales; Elle avait versé des primes illégales aux agents non titulaires de 2014 à 2017 pour une somme de 2,5 millions d’euros… ». Le maire de Saint-Benoit se dit fier de pouvoir annoncer « la bonne nouvelle » aux Bénédictins; Cette sortie officielle du plan de redressement va lui permettre d’investir afin d’améliorer le cadre de vie des administrés. Il est au micro d’Yves Mont-Rouge :

Il tient par ailleurs à préciser que « nous sommes sortis de ce plan de redressement sans avoir eu à augmenter les impôts ». Place ensuite au conseil municipal qui, initialement prévu à 18h, a finalement débuté un peu après 18h30. Une séance qui, comme à l’accoutumée, a commencé en musique. Plus précisément par une belle chanson joliment interprétée par Mme Adler, finaliste du concours de Karaoké dont la finale se déroulera le 19 octobre prochain sur le front de mer de Saint-Benoit. Elle était accompagnée à la guitare par M. Arginthe.

Une chanson intitulée « je serai là » avec un refrain tout approprié en faveur de Patrice Selly : « continue ta route, et ne laisse pas le moindre doute s’installer chez toi; Continue ta route, l’avenir est à toi… ». Une pure coïncidence !

Un refrain qui ne pouvait pas mieux tomber. En parfait accord, si on peut dire, avec les écrits de la Chambre régionale régionale des comptes, qui précise en substances que la commune a fait de gros efforts budgétaires et qu’elle peut sortir de la mise sous tutelle financière. Autrement dit, en matière de finances, Patrice Selly et ses élus peuvent voler de leurs propres ailes, comme des grands.

Des mots, aussi bien ceux de la chanson que ceux du rapport de la CRC, qui semblent avoir « boosté » le maire. Lequel, non sans esquisser un sourire, s’est permis, avant de passer à l’ordre du jour, une introduction, histoire « de fixer le cadre », dit-il, en rappelant que « la commune se trouvait en 2020 au bord du gouffre financier » et « qu’avec courage et détermination, avec conviction et acharnement, nous avons pu travailler au redressement de cette situation catastrophique. Nous revenons de loin, nous avons redressé les comptes de la commune en faisant preuve de volontarisme, de pragmatisme et en faisant fi des polémiques politiciennes et de la mauvaise foi de certains de nos opposants. Nou lé capable ! Nous avons fait le choix de la politique des petits pas plutôt que celui des grandes promesses intenables. Ti pas, ti pas, nou relève la tête ». Eu égard à tous ces bons points attribués par la CRC, Patrice Selly a estimé qu’il n’y avait pas lieu de modifier le Budget Primitif 2024. Il propose alors de passer à l’ordre du jour, c’est-à-dire à l’examen des 45 rapports.

Le mot de la fin : « ceux qui conduisent ne boivent pas… »

Philippe Le Constant, dans les rangs de l’opposition, aux côtés de Jean-Luc Julie et de Sabrina Ramin, interpelle le maire. « Monsieur le maire, je souhaiterai m’exprimer concernant ce que vous venez de dire… ». Patrice Selly intervient : « c’était une introduction. Vous aurez l’occasion d’intervenir sur tous les rapports dans le cadre de l’ordre du jour ». Philippe Le Constant : « Vous vous êtes exprimé, même si c’était une introduction, je voudrais m’exprimer à mon tour… ».

S’ensuit tout un échange un peu brouillon et quasiment inaudible entre les deux élus, en présence d’un public venu nombreux pour cette séance, parmi lequel des élèves d’une classe de Terminale du lycée « Amiral Bouvet », a dit Patrice Selly (Lycée baptisé Jean-Claude Fruteau depuis quelques mois par la Région).

Pour revenir à la sortie du plan de redressement, Philippe Le Constant avait eu l’occasion de s’entretenir rapidement avec la presse avant le début du conseil municipal. Pour lui, « il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Nous aussi, lorsqu’avec Jean-Claude Fruteau, nous sommes arrivés à la mairie en 1983, il y avait un déficit de 10 millions. A l’époque, c’était en franc. Lorsque j’ai pris la présidence de la Cirest en 2008, il y avait un déficit de 3 millions d’euros ».

Et Philippe Le Constant d’ajouter : « Moi je ne faisais pas partie de l’équipe municipale précédente, celle qui était aux commandes de 2014 à 2020. Cette situation financière héritée en 2020, c’est le résultat de l’équipe précédente au sein de laquelle a siégé Patrice Selly durant 3 ans. Il était adjoint délégué à la politique de la ville et il a voté tous les rapports, y compris l’augmentation des impôts en 2015… Au vu des chiffres qui nous sont présentés ce soir, on ne va pas contester le redressement financier, mais n’importe quel élu aurait mis en place un plan de redressement. Depuis l’année dernière, le budget de la commune a été voté en équilibre. Malgré tout, pas grand-chose n’a été fait. D’où les résultats électoraux des dernières législatives à Saint-Benoit où la majorité municipale, qui avait une candidate, a perdu dans 30 des 42 bureaux de la ville… »

Les élus ont examiné les 45 dossiers figurant à l’ordre du jour. La séance du conseil municipal s’est achevée à 21h25. Le mot de la fin est revenu au maire Patrice Selly, qui a insisté : « ceux qui  conduisent ne boivent pas ». Penserait-il à quelqu’un en particulier !