Sans combinaison de protection et avec le sourire, Jean-Claude Dorseuil ouvre les ruches, montre la reine et partage ses larges connaissances de l’univers fascinant des abeilles. Derrière les vitres, à l’abri des éventuelles piqûres, l’assistance suit avec un vif intérêt, l’exposé de cet apiculteur péi chevronné, en charge du rucher pédagogique, situé au cœur du jardin botanique de Mascarin à Saint-Leu. Plusieurs acteurs majeurs de la filière apiculture à La Réunion étaient réunis dans ce haut lieu de préservation et de valorisation de la biodiversité réunionnaise le 21 octobre pour assister à la signature d’une charte entre le Conseil départemental et l’Unaf (Union Nationale de l’Apiculture Française) représentée par son secrétaire général et porte-parole Henry Clément.
Sentinelle de l’Environnement
Camille Clain, Vice-présidente du Département déléguée à l’Environnement et au Développement durable a détaillé les objectifs de ce partenariat qui s’inscrit dans la mise en œuvre du programme national baptisé « Abeille sentinelle de l’Environnement »: « Nous nous engageons à poursuivre nos actions en faveur de la sauvegarde des abeilles, notamment en accompagnant la filière apicole, en arrêtant l’emploi de pesticides et de produits toxiques dans nos espaces verts, en favorisant l’agro-écologie et en favorisant l’installation de ruches ».
Le plan 1 Million d’arbres fait partie aussi des engagements du Département : « Il s’agit aussi pour nous de déployer des projets de plantations d’espèces endémiques et indigènes mellifères. C’est une belle ambition, tant pour l’agro foresterie, que pour la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation des abeilles et de notre biodiversité » a déclaré Camille Clain. Le volet pédagogique n’est pas en reste : « Le travail de sensibilisation des scolaires et du grand public sur le rôle des abeilles sera amplifié. Lors de l’inauguration des ruches à Mascarin en mai 2021, des collégiens de la Pointe des Châteaux étaient invités ».
« La Réunion est un exemple »
Henry Clément a remis un trophée de l’UNAF au Conseil départemental : « La Réunion est un exemple à plus d’un titre, en étant premier Département d’Outre-mer signataire de la charte « Abeille sentinelle de l’environnement ». Le volet pédagogique est extrêmement important pour les générations futures qui doivent prendre conscience que protéger l’Environnement et les abeilles, c’est aussi protéger notre alimentation. Le plan 1 million d’arbres est fabuleux : on a des leçons à prendre en métropole ! Dans le programme des sentinelles on a 80 partenaires, le Département de La Réunion, est en très bonne place ».
Le Président du Syndicat Apicole Réunion (SAR) François Payet se félicite, lui aussi, de la signature de la charte qui : « permet avant tout de faire connaître l’importance des abeilles dans la biodiversité, aux enfants, au grand public mais aussi aux dirigeants. On a besoin de tous pour nous aider à les protéger ». La Réunion compte plus de 600 apiculteurs dont 80 professionnels. « Le Département nous accompagne dans le développement de la filière et l’accueil des jeunes pour assurer la relève » témoigne François Payet, reconnaissant. Jusqu’ici, 48 emplacements pouvant accueillir jusqu’à 40 ruchers ont été attribués à des apiculteurs (autour de 2000 ruches) dans des espaces naturels sensibles et des sites remarquables du Département qui, par ailleurs, consacre une enveloppe de 6 000 € par an pour la mise en œuvre de la charte, soit 18 000 € pour 3 ans d’engagement.
L’humain doit une cuillère sur trois aux abeilles
Henry Clément n’a pas manqué de rappeler l’importance du rôle des abeilles dans notre quotidien : « Le miel, la propolis, la gelée royale sont des produits fabuleux pour la santé. Mais au-delà de ses productions, nous devons aux abeilles et aux pollinisateurs sauvages, un tiers des ressources disponibles sur la Planète. C’est-à-dire que si jamais, elles disparaissaient, on perdrait énormément de diversité et on n’aurait pas de productions alimentaires suffisantes. Quand vous consommez 3 cuillères, dites-vous bien qu’il y en a une que vous devez aux abeilles et aux pollinisateurs. C’est fondamental. Malheureusement, le constat est aujourd’hui très préoccupant. Avec la mondialisation qui a favorisé l’arrivée des prédateurs comme les frôlons asiatiques ou le varroa, on est passé de 5% à 30% de mortalité. A La Réunion, avant le varroa vous étiez à 5%, maintenant vous êtes entre 15 et 20%. En métropole, 2021 est la plus petite année de production avec 9000 tonnes contre 20 000 tonnes l’année dernière. Il y a 20 ans, on était à 30 000 tonnes ! Quelques solutions d’urgence ? Il faut rendre plus rigoureuses les homologations des pesticides mais aussi planter des arbres massivement, comme vous le faites, pour permettre aux abeilles d’avoir de la ressource ».
La cérémonie de signature s’est justement clôturée avec la plantation d’espèces endémiques et exotiques – bois de gaulette, lavandin et eryops ont été plantés – autour du rucher pédagogique de Mascarin.
Toujours les mêmes voleurs en tête d’affiche pour avoir les subventions. Rien ne change.