« Le Réseau des Talents de l’Outre-mer » plaide pour une meilleure gestion des atouts de nos territoires

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« Le Siècle de l’Outre-Mer » : c’était le thème du symposium qui s’est déroulé récemment à Paris sous la houlette du « Réseau des Talents de l’Outre-mer ».  Comme l’a expliqué la Réunionnaise Yola Minatchy, la présidente, « 376 Talents composent le Réseau des Talents de l’Outre-Mer, une somme d’intelligence collective, que j’ai dénommé Les Lumières ultramarines. Ces Talents constituent un potentiel en ressources humaines extraordinaires. Ils devraient être mis avec beaucoup plus d’acuité au service de nos territoires et de la France».
Elle a également précisé que « la compétence, l’excellence, le talent bousculent notre siècle commençant au cours duquel l’Outre-Mer va en découdre avec les préjugés réducteurs (..), tout en insistant sur le fait que «notre France doit porter dans ce siècle l’exemple de la fraternité entre les peuples face au monde en manque de repères en la matière, et ce, sous le prisme de l’exemple de l’Outre-Mer. »

Yola Minatchy est donc présidente du Réseau des Talents de l’Outre-Mer. Avocate internationale, artiste plasticienne, c’est elle qui a initié et organisé un symposium intitulé « Le Siècle de l’Outre-Mer », dont le volet 1 est consacré aux atouts humains, naturels, géopolitiques, géostratégiques, institutionnels de l’Outre-Mer. Cet
événement a eu lieu à la prestigieuse salle des Actes de la faculté de pharmacie de Paris-Cité, en présence du doyen de la faculté Jean- Louis Beaudeux, du talent de l’Outre-Mer Yohann Corvis, Professeur des Universités en nano-médecine, et de la présidente du Comité d’Actions Sociales en faveur des Originaires des Départements d’Outre-Mer, (ci-après « CASODOM »), Catherine Edwige.
Yola Minatchy plaide depuis 2005 pour que ces Talents puisse porter davantage leurs compétences au profit du développement de leurs terres natales, et pour une gestion plus optimale des atouts de l’Outre-Mer en faveur du
développement. Elle a invité 15 de ces 376 brillants profils à s’exprimer, en présentiel et en visioconférence, le 15 juin 2024 à la tribune de la Salle des Actes afin de partager avec le public présent leur propre vision des atouts de leur territoire.

Le symposium a commencé par un rappel des atouts humains de l’Outre-Mer : souhaitant replacer au cœur des débats l’humain, premier capital de l’Outre- Mer, soit 2,7 millions de citoyens français, ces Talents ont rappelé l’histoire du peuplement de leur territoire et l’exemple du vivre ensemble en Outre-Mer, avec toutes les différences ethniques en présence.
« L’histoire du peuplement à Mayotte » a été présentée par le jeune ingénieur Méthodes Andjab Ben Mbaraka, qui a déclaré que : « Mayotte, trésor de l’Océan Indien, a une histoire complexe marquée par des vagues d’immigration
et de dépeuplement, mais ses multiples facettes représentent des atouts considérables pour la France. »
« Le vivre ensemble amazonien » a été développé par Julienne Morisseau, ingénieure d’affaires, représentante de Zonta international, qui a déclaré que « La Guyane, le plus vaste département de France, regorge d’une diversité de
population jeune qui n’a pas d’égal dans l’hexagone. Cette société contemporaine pluriethnique fait de sa diversité un atout indéniable. Les communautés qui composent cette société s’évertuent à préserver les us et coutumes de leurs ancêtres tout en étant solidaires et unis sans distinction de religion, sans distinctions communautaires.»
Nadia Chonville, docteure en sociologie et en démographie, auteur, professeur d’histoire et géographie, soutient que « les Antilles sont une terre d’innovation sociale, parce que nous avons déjà vécu l’apocalypse. Elle ne nous fait pas peur, il est dans notre constitution intime l’idée et même l’habitude de nous relever. Nous n’avons pas d’autres choix que de nous battre, et notre principal atout pour gagner contre l’oppression, c’est de l’avoir déjà vaincue avant».
Jeanne Bouveret Lecourt, directrice de Polymana Tahiti, enseignante, a rappelé en visioconférence que le vivre ensemble en Polynésie française était un modèle rare, et que : « la Polynésie française, d’une étendue équivalente à
celle de l’Europe, bercée par des eaux du Pacifique, est connue pour son accueil chaleureux, issu d’une joie de vivre où toute nouveauté est source de curiosité, d’expérience et d’apprentissage. »
Denis Pourawa, poète kanak, concepteur d’imaginaire, nous rappelle une Poétique en humanité océane et indique que « le statut sui generis de la Nouvelle-Calédonie est la proposition d’une reconnaissance dans un Destin
Commun de projet d’humanité collective.»

Aymeric Panglosse, docteur, ingénieur au Centre National d’Etudes Spatiales (CNES), a présenté dans un exposé en vidéo-conférence l’histoire du peuplement à la Réunion, ainsi que le modèle de vivre-ensemble réunionnais : « dès la fondation de la Réunion, toutes ces ethnies -africaines, malgaches, indiennes, asiatiques, européennes, etc,- ont appris à vivre ensemble avec leurs différences, et même à s’approprier des éléments de la culture, de la religion des uns et des autres ».
Stéphanie Mareva Failloux, entrepreneure, investisseuse, conférencière, experte en finances, explique sur base d’exemples concrets d’entreprises porteuses d’avenir telles que Airaro, Solicaz, Siva-Réunion, Smartbiotic, que
« les entrepreneurs ultramarins sont à la source de l’Innovation Environnementale et Sociale ».
Après les atouts humains, les atouts naturels de l’Outre-Mer sont illustrés par des exemples concrets : des ressources minérales, une biodiversité exceptionnelle, la configuration unique de sa zone maritime, la variété de son
agriculture tropicale.
Le nickel, atout de la nouvelle Calédonie a été présenté par l’avocat du barreau de Paris, Gaétan Waiwe : «Atout économique certain au cœur de la prospérité du ‘Caillou’, le nickel est bien plus qu’un minerai en Nouvelle-Calédonie (qui regorge entre 20 et 30% des réserves mondiales). La maîtrise et la valorisation de cette ressource aux excellentes perspectives d’avenir sont perçues localement comme des enjeux de développement et/ou de souveraineté.»
Eloise Checkouri, docteure, chercheuse en biologie médicale, fondatrice de la société Woundi a déclaré : «l’île de La Réunion est reconnue mondialement pour la richesse de sa biodiversité végétale. Le respect du végétal et le goût
pour l’innovation restent par ailleurs au cœur du développement économique et scientifique de La Réunion. Grâce à ses traditions et ses avancées technologiques, La Réunion développe des filières de valorisation végétale ouvrant les portes à des aliments plus sains, des cosmétiques innovants et des médicaments plus durables.»
Mariana Royer, docteure en chimie, à travers de son expérience de présidente- fondatrice de Bio Stratège Guyane souhaite faire de la Guyane, un des derniers hot spot de la biodiversité mondiale : « le futur de l’industrie verte du monde » notamment puisque « les composés naturels des plantes amazoniennes sont des alternatives vertes pour l’industrie. Elles peuvent remplacer des molécules pétrochimiques et synthétiques qui posent des problèmes environnementaux. ».

« De la terre à l’assiette »

Bruno Sainte-Rose, docteur, ingénieur, bénévole à Ocean Clean Up, déclare pour sa part que : «  Fort d’une exposition inégalée aux Océans du monde, l’Outre-mer bénéficie de ressources maritimes uniques qu’il convient de
protéger et d’exploiter harmonieusement afin d’en tirer un bénéfice économique durable. »
Béatrice Fabignon, cheffe spécialisée dans les gastronomies créoles et d’Outre- Mer développe les atouts de l’Outre-Mer de la terre à l’assiette, mettant en exergue « le potentiel agricole et aquacole de nos territoires, autant de
réponses aux défis économiques et climatiques de l’Outre-Mer. »
Jean-Christophe Duton, magistrat de l’ordre judiciaire, déclare que les Outre- Mer sont des atouts indispensables à la volonté de puissance de la France en précisant que nos territoires « offrent d’innombrables atouts géostratégiques à la France (…) dont l’exploitation nécessite un volontarisme politique plus affirmé et des investissements à la hauteur de leur potentiel.»
Logan Pasbeau, consultant en énergie et environnement traite de la géopolitique et géostratégie des Outre-Mer, « faisant de la France une nation incontournable, notamment dans l’indopacifique (93% de la ZEE française se
trouvent dans l’indopacifique).»
Enfin, Rebecca Assouline Bera, magistrate à la Cour de Comptes, ancienne élève de l’ENA, a déclaré que « la question institutionnelle ne doit pas être une fin en soi. Elle est un atout, d’autant plus important s’il se traduit dans laconduite même de l’action publique. »
Yola Minatchy considère « qu’une Outre-Mer nouvelle émergera de ce siècle ; Dans cette attente, il est de notre devoir et de notre responsabilité de contribuer à la valorisation de ses atouts ». Le Réseau étant aussi une attitude, une
philosophie, des valeurs, Yola a clôturé le symposium par « soyez des artisans de la paix, construisez des fraternités au-delà de vos zones de confort en ces temps de replis nationalistes ! »

Le Réseau des Talents de l’Outre-Mer et le CASODOM sont deux associations de loi 1901 apolitiques et distinctes dans le sens où leur gestion et leurfinancement ne relèvent aucunement l’une de l’autre. Le prix Talents de l’Outre-Mer, créé en 2005 par Georges Dorion, est remis par le CASODOM à Paris tous les deux ans.
Après la remise des prix par le CASODOM, les talents deviennent membres de droit du Réseau des Talents de l’Outre-Mer. Ce Réseau gère aujourd’hui le potentiel des 376 ultramarins récompensés pour leur parcours d’excellence dans toutes les catégories socio-professionnelles.
Ces Talents sont ingénieurs, chercheurs, magistrats, poète, avocats, entrepreneures, docteurs, cheffe gastronome, auteurs, etc… 65% des Talents de l’Outre-Mer restent expatriés à l’étranger faute de n’avoir pu obtenir de postes en France ou dans les territoires, d’où la création de 20 antennes de ce Réseau réparties sur toute la planète au service de causes diverses et variées, sans communautarisme à tout crin, avec la conscience aigüe que l’Outre-Mer
requiert un engagement hors norme. Proactifs, pluriactifs, ces Talents excellent souvent à l’étranger dans leur
carrière professionnelle, souvent dans des secteurs de pointe.

Yves Mont-Rouge

[email protected]
Téléphone : 0692 85 39 64

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