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Madagascar : l’ancien président Didier Ratsiraka décédé; L’hommage de La Réunion

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Hospitalisé depuis plusieurs jours, Didier Ratsiraka dit Deba, est décédé ce matin à l’âge de 84 ans.

Celui qu’on surnommait l’Amiral rouge, avait été élu président de la République démocratique malgache en 1975 jusqu’en 1993, lorsqu’il perdit les élections contre Albert Zafy. Ce dernier fut destitué par l’Assemblée nationale en 1996 et Didier Ratsiraka repris sa place en 1997. Il restera à la tête du pays jusqu’aux élections présidentielles de décembre 2001 où il sera devancé au premier tour par Marc Ravalomanana, qui s’autoproclamera Président de la République le 22 février 2002.

Didier Ratsiraka était hospitalisé à l’hôpital de Soavinandriana depuis lundi dernier suite à « une petite grippe ».

L’hommage du président du Conseil Départemental Cyrille Melchior

« C’est avec  tristesse que j’ai appris le décès de Didier Ratsiraka, ancien Président de la République de Madagascar.

Avec sa disparition, la Grande Ile perd un de ses bâtisseurs.

Président de la République de juin 1975 à 1993, réélu de 1997 à 2002, il a négocié les accords de coopération entre Madagascar et la France en 1973 et la sortie de la zone franche.

En 1975, il a nationalisé les banques et les entreprises françaises symboles de la domination coloniale, et proné une politique  d’ouverture nouant des relations avec aussi bien l´Occident et le bloc de l´Est.

Fervent défenseur de Madagascar, Didier Ratsiraka a été un Président  résolument actif pour le développement économique et social de son pays.
Au nom des élus du Conseil départemental de la Réunion et en mon nom personnel, je tiens à rendre hommage à sa mémoire et adresse mes sincères condoléances à sa famille et ses proches », indique  Cyrille Melchior, Président du Conseil départemental

Wilfrid Bertile : « La mort de Didier Ratsiraka, un patriote malgache au bilan contrasté »

« Didier Ratsiraka, ancien président de la République malgache est mort. Patriote et militant anticolonialiste malgache, il laisse une image contrastée. Il a cherché à mettre fin à la politique néocoloniale qui a suivi l’indépendance de son pays, mais n’a pas réussi à mettre Madagascar sur la voie du développement économique et social. Il l’a malheureusement engagé dans une voie « socialiste » au moment où les autres pays s’en écartaient. Son exercice autoritaire du pouvoir a été par deux fois interrompu par des révoltes populaires sauvagement réprimées.

Il a été un des fondateurs de la Commission de l’océan Indien en 1984.

Secrétaire général de cette organisation, je l’ai rencontré, ainsi que Marc Ravalomana au début de 2002 dans le cadre d’une médiation menée par la COI suite aux troubles qui ont suivi l’élection présidentielle qui les a opposés en décembre 2001. Cette médiation avait abouti à l’acceptation par les deux « présidents » d’une rencontre à Dakar en avril 2002. M. Ravalomana s’est finalement imposé en juillet 2002 provoquant l’exil en France de Didier Ratisaraka jusqu’en 2011 ».

Wilfrid Bertile, Secrétaire général de la Commission de l‘océan Indien de 2001 à 2004.

 

Ary YEE CHONG TCHI KAN, pour le bureau du PCR : « un héros de l’histoire de Malagasy »

Didier Ratsiraka a 10 ans lors du massacre de dizaines de milliers de malgaches par l’armée française, le 29 mars 1947. Son décès, le 28 mars 2021 et ses obsèques, le lendemain au Mausolée du 29 mars , symbolisent le parcours d’un Malagasy au service de son pays et d’un anticolonialiste conséquent. 

Après de brillantes études, au Collège Saint Michel de Tananarive (1953), puis en prépa au Lycée Henri IV, à Paris (1958), il intègre l’Ecole Navale de Brest, en 1960, d’où son surnom d’Amiral. Cette année-là, l’indépendance de Madagascar est proclamée le 26 juin. 

A cet âge, une série d’événements ont déjà marqué sa conscience politique. En 1953, la France, libérée de l’occupation nazie en 1945, s’enlise au Vietnam et, en 1954, elle exile le Roi du Maroc à Antsirabé. A Paris, il fait connaissance de plusieurs étudiants africains qui deviendront, comme lui, dirigeants de leurs pays respectifs. 

Il suit l’actualité du monde progressiste, s’intéresse aux leaders des non-alignés et affectionne des dirigeants comme le général vietnamien Giap qui a défait l’armée française ou le général égyptien Abdel Nasser qui a nationalisé le Canal de Suez. 

De retour dans son pays, il vit la fin troublée du règne du président Tsiranana, en 1972. Les militaires seront appelés à restaurer l’ordre. Il participe au pouvoir de 1972 à 1975 dans les gouvernements du Général Gabriel Ramanantsoa et le Colonel Richard Ratsimandrava, connu pour ses réformes ambitieuses: « fokonolona » à la base, malgachisation du pays et décentralisation des institutions politiques. En 1975, ce dernier fut assassiné au bout de 6 jours de présidence. Le Directoire Militaire confia le pouvoir à l’Amiral Ratsiraka.

Il sera élu 2 fois et sera contraint de démissionner suite à des manifestations qui ont débouché sur des morts et dont il en sera tenu pour responsable. 

En externe, il a défendu des positions progressistes, anti-impérialistes et anti-colonialistes. Il a soutenu la libération de l’Angola et du Mozambique. Il a mis son pays au service de la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud. Il a milité en faveur de l’Océan Indien, démilitarisée et la dénucléarisée. 

En interne, originaire de Tamatave, il a milité en faveur de l’unité du pays et vise l’autosuffisance alimentaire. Dès 1979, il a sorti son pays du Franc CFA. C’était un nationaliste convaincu qui souhaitait effacer l’humiliation infligée à la population malgache par l’occupation coloniale, les assassinats politiques, les déportations, puis l’annexion pure et simple du pays par un vote des Députés Français, en 1896 ! 

Son enterrement au Mausolée du 29 mars 1947 est un événement qui le considère comme un héros de l’Histoire Malagasy. Le PCR adresse à sa femme, ses proches ainsi qu’au peuple Malagasy ses sincères condoléances ».

Jean REVERZY

« La disparition du President Didier Ratsiraka ne peut que faire remonter des souvenirs : Je découvrit la grande Ile sous ses deux mandatures qui marquèrent de leur sceau mon investissement professionnel et culturel pour la coopération entre les grands axes d’Antananarivo, de Toamasina et de Tulear. Une de ces années là, à Toamasina, j’assistais involontairement à une grande parade à la gloire du President. Les processionaires portaient des lambas mena rouges estampillés : « Didier je t’aimes » j’ai chercher vainement d’en acquerirpour ma collection ( j’avais déjà un autre lamba à la gloire d’Abdallah, liberateur des Comores) J’appris que cette rencontre régionale avec des délégations seychelloises et mauricienne ou feu Laurence et Paul Vergès étaient traités quasiment en chefs d’état marquerait peut être la naissance d’une fédération des nations socialistes de l’Océan indien : un rêve révolu depuis bien longtemps.. ;
Il est vrai que la malgachisation, l’alignement sur le bloc sovietique, créaient une athmosphère particulière : les Migs et les avions de l’aeroflot étaient presents à Ivato et l’Eglise Orthodoxe recevait de nouveaux fidèles venus de l’URSS..
Mais il est un visage du Président que peu connaissent et que je pus découvrir grâce au peintre Xi et Maa’, un favori du President : sa fascination du Judaïsme qui conduisit sa famille à se convertir. Dans son discours de reception des ambassadeurs de la Corée du Nord dont je possède un exemplaire, il rythme son propos de la célèbre Prière Schema Israël en voulant demontrer que les malgaches descendent de la treizieme tribu, et qu’Abraham était malgache..Plus loin il était fasciné par l’ésotérisme et s’entourait de devins ou de figures singulières comme le célèbre Dr Callen qui termina ses ajours à Antananarivo après sa fuite de La Réunion et que consultait le Président..
Il faut aussi rappeller que les apparences étaient trompeuses et que derrière les discours de rejet ou de rupture, l’Amiral était rester toujours fidèle à La France : C’est une dimension fondamentale bien loin de la francafrique… »

12 Commentaires

  1. D’accord avec Paul ! Pffffffff Melchior, c’est n’importe quoi. Certes un décès est triste mais rendre hommage à un homme aussi corrompu qui n’a pas su sortir son pays de la misère en faisant comme les autres, cela est navrant. On mesure vraiment le manque de hauteur et de profondeur de nos politiciens locaux. Comment voulez-vous que la Réunion avance ?

  2. « Il sera élu 2 fois et sera contraint de démissionner suite à des manifestations qui ont débouché sur des morts et dont il en sera tenu pour responsable.  »

    A la question est ce que Cyril M est un abruti ?

    Je pense que même lui n’en doute pas, sauf s’il l’est trop !

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