Victoire pour les 4000 étudiants de l’épicerie solidaire

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Des étudiants ont manifestés ce matin pour dénoncer la suppression des services civiques engagés sur l’épicerie et le snack solidaire de l’université :

« Notre association est installée sur l’Université de Saint-Denis et nous accompagnons les étudiants grâce à notre épicerie solidaire pour les courses à bas prix et à notre snack pour les repas avec une fréquentation globale mensuelle d’environ 4000 étudiants.

Jusqu’à maintenant, grâce au soutien de l’État, nous étions en mesure de servir les étudiants sur des plages horaires élargies et en week-end.

Malheureusement, l’État ne nous accorde pas d’avenant pour bénéficier de volontaires en services civiques sans aucune raison véritablement fondée et en refusant le dialogue avec notre structure.

Ce mépris des services de l’Etat intervient dans un contexte de crise sanitaire qui impacte fortement le pouvoir d’achat des étudiants qui connaissent un isolement social important où notre association essaie d’être un lieu de vie.

Depuis l’entrée en vigueur du couvre feu, le restaurant universitaire du CROUS est fermé le soir et notre association est la seule structure à offrir une possibilité de restauration aux 914 étudiants qui résident sur le campus et ne pourront pas sortir manger ailleurs à cause des restrictions de circulation.

Le retrait de l’aide de l’État va nous contraindre à réduire nos services et à ne plus pouvoir aider autant d’étudiants, sur l’épicerie pour les besoins de première nécessité, le snack pour les repas ou encore le simple lieu de vie que nous offrions pour briser l’isolement.

Nous serons reçus ce mercredi 17 mars 2021 à 10h par le Président de l’Université et nous organiserons à cette occasion une action surprise. »

Une victoire pour les étudiants

« Nous connaissons une forte mobilisation des étudiants du campus universitaire pour soutenir l’épicerie solidaire.

Nous avons été reçus ce matin par M. le Président de l’Université que nous remercions pour son accueil dans ses murs ainsi que par M. le Directeur Général du CROUS de La Réunion. Nous avons poursuivi les échanges en rencontrant cet après-midi Mme la Sous-Préféte à la Jeunesse et à la cohésion sociale.

Il ressort de ces échanges ;

Un engagement fort de l’Université de La Réunion et du CROUS de La Réunion à renouveler les conventions pluriannuelles d’objectifs et de moyens afin de renforcer les ressources humaines de l’association pour nous permettre de toujours accueillir les étudiants.

Une révision de la position de l’État qui s’est engagé à nous octroyer l’avenant pour les volontaires en service civique ainsi qu’un nouvel agrément pour nous permettre de maintenir nos dispositifs à destination des étudiants en difficulté sociale et financière.

Même si nous regrettons avoir dû nous mobiliser pour faire entendre la détresse des étudiants, nous sommes satisfaits de ces annonces car elles permettront aux 4000 étudiants que nous accueillons chaque mois de continuer à être aidés, notamment les résidents en cité-universitaire qui pourront continuer de bénéficier de l’épicerie solidaire et de notre espace de restauration suite à la fermeture des restaurants du CROUS de La Réunion à cause du couvre-feu.

Nous souhaitons sincèrement remercier l’ensemble des étudiants mobilisés, les organisation syndicales étudiantes, les parents d’étudiants ainsi que les élus qui nous ont témoigné de leur soutien dans notre démarche car c’est cette défense collective de notre association qui a permis de nous faire entendre et de protéger le pouvoir d’achat des étudiants face à la crise sanitaire. »

Ketty Grondin et Marina DIJOUX
Vices-présidentes de l’association

Les élus réagissent

Jean-Hugues Ratenon, député de La Réunion

« J’apprends avec stupéfaction que l’Etat compte retirer l’agrément d’une dizaine de services civiques à l’Association Solidarité Etudiante Réunion. Je ne comprends pas cette décision et je regrette qu’il n’y ait pas eu de dialogue avec les étudiants pour aborder cette question et trouver une solution.
Quel que soit le motif de cette annonce, peut-on comme cela pénaliser 4000 étudiants ? Je rappelle qu’être étudiant aujourd’hui est extrêmement difficile dans l’hexagone et encore plus à la Réunion. N’oublions pas que la crise covid19 est un facteur aggravant de cette situation. Nous constatons en effet que beaucoup abandonnent par manque de moyens ; ne voit-on pas que les tentatives de suicides et les suicides sont en augmentation ces derniers mois ; des chiffres alarmants que doivent prendre en compte les gouvernants du pays.
Conscients des difficultés des étudiants, avant même la crise covid, j’ai fait la proposition d’un revenu minimum étudiant que j’ai eu l’occasion d’aborder récemment encore à l’Assemblée Nationale, malheureusement le gouvernement n’a pas trouvé bon de l’étudier. Je rappelle que ce RME existe dans certaines villes de l’hexagone pour aider les parents et les étudiants à faire face à leurs difficultés. Je regrette l’attitude du gouvernement et j’espère qu’à un moment il prenne véritablement en considération cette nécessité et mette enfin des moyens pour étudier cette mesure.

Concernant l’épicerie solidaire et le snack, les chiffres sont là : 4000 étudiants les fréquentent. Des chiffres qui font la démonstration des grandes difficultés que rencontrent ces jeunes. Si l’épicerie et le snack pallient autant à leurs difficultés, il est par conséquent urgent de trouver des solutions pérennes pour permettre à la jeunesse réunionnaise d’étudier dans de bonnes conditions.

Faire l’économie de cette réflexion c’est toujours vouloir que la Réunion n’avance pas et surtout que les Réunionnais restent toujours à terre.
Je demande au Préfet, qui la main sur l’agrément, d’apporter la solution aux étudiants pour éviter toutes ruptures d’aides aux jeunes en difficulté.
Des solutions existent : agréments pour les contrats civiques ; les PEC d’utilité sociale pouvant être financés par l’Etat et cofinancés par les collectivités locales : Région et Département.

Un budget tellement minime pour une grande solidarité en direction de 4000 étudiants. C’est quoi quelques milliers d’euros pour nos étudiants face à des millions d’euros gaspillés par nos gouvernants sur un territoire marqué par la pauvreté ? »

Huguette Bello, Responsable du groupe “Le Rassemblement »

« L’association “Solidarité Étudiante 974” fait un travail essentiel à destination des étudiantsréunionnais, la structure a mis en place une épicerie solidaire.

En effet, l’association propose des repas et des produits à des tarifs préférentiels qui bénéficient à plus de 4 000 étudiants par mois. L’association compte 24 membres dont 4 salariés et une dizaine de personnes en service civique puis des bénévoles.

En cette période de crise sanitaire, au regard du mal-être et de la précarité qui sévit au sein de la communauté estudiantine, ces « îlots de solidarité” doivent être préservés.

Or l’épicerie est menacée de fermeture partielle. En effet, la DRAJES (Délégation Régionale Académique et aux Sports) a refusé de renouveler la demande d’agrément de l’association pour bénéficier de contrats de service civique.

Le non-renouvellement de cette demande d’agrément est un très mauvais signal envoyé aux étudiants et risque de leur porter un coup fatal.

Avec la crise sanitaire les “jobs étudiants” ont disparu, le “Restau-U” est fermé tous les soirs, les étudiants de “Solidarité Étudiante 974” sont présents pour faire face à cette crise qui frappe les étudiants de plein fouet.

Des moyens doivent être accordés. Il en va de la survie de nos étudiants donc de l’avenir de La Réunion ».

VINCENT DEFAUD, membre du Conseil Exécutif de Génération Ecologie, chargé des Outre-mer, Référent Génération Ecologie La Réunion

« Dans un contexte de détresse sociale étudiante après le confinement et maintenant le couvre-feu où les cours à l’université n’ont toujours pas retrouvé un rythme normal, les services de l’État ont a priori décidé de ne pas reconduire de nouveaux contrats en service civique à l’épicerie solidaire du campus. Ces services civiques sont pourtant nécessaires au bon fonctionnement de cette structure associative. Le risque de fermeture de l’épicerie est réel.

Génération Ecologie appelle les services de l’État à accompagner l’épicerie solidaire grâce au dispositif service civique car l’épicerie solidaire du campus correspond à une demande sociale des étudiants. Beaucoup d’entre-eux depuis le début de la crise sanitaire sont en grande souffrance et en grande précarité sans revenu (sans job étudiant, sans stage rémunéré) dans un isolement social sans précédent. Les étudiants peuvent ainsi éprouver de grandes difficultés pour se nourrir et sont dans un mal-être grandissant. L’épicerie solidaire du campus est pour eux une bouffée d’oxygène leur permettant de se restaurer convenablement.

Génération Ecologie milite pour la pérennisation des épiceries solidaires étudiantes grâce à des partenariats de circuit-court avec des producteurs locaux pour une alimentation saine et de proximité.

Ne sacrifions pas notre jeunesse alors que celle-ci est la force montante des combats d’avenir de nos territoires et de la planète ».

 

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