Mario Edmond, élu à Bras-Panon : « la gauche désenchantée »

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Mario Edmond est 3ème adjoint de Jeannick Atchapa au conseil municipal de Bras-Panon. A plusieurs reprises, il a porté les couleurs de son parti, le PS, aux élections dans cette commune de l’île, jusqu’aux municipales de mars 2020 où il a décidé de faire équipe avec Atchapa. Voici sa tribune à un peu plus de trois mois de la présidentielle sur la gauche, sa famille politique :

 « Les perspectives pour les prochaines élections présidentielles laissent augurer que la gauche sera représentée par au moins huit candidats dont les plus importants totaliseraient non sans peine vingt-trois pour cent des suffrages dont Jean-Luc Mélanchon à neuf pour cent, Yannick Jadot sept, Anne Hildalgo cinq et Fabien Roussell deux. Yannick Jadot et Jean-Luc Mélanchon y trouveront peut-être matière à se consoler voire de se réjouir, le premier se satisfaisant d’avoir supplanté le parti socialiste pour la première fois de l’histoire du parti écologiste et le second d’avoir enterré définitivement le parti auquel il a jadis appartenu mais qui ne l’aura pas permis d’aller au bout de ses convictions et de réaliser ses ambitions.

La gauche en sortira totalement laminée et sera pratiquement exclue de la scène politique. Cela ne relève nullement de la fiction mais c’est très vraisemblablement ce qui va arriver au regard de l’entame de la campagne et de ce qui ressort des enquêtes d’opinions.

L’élection est encore à venir mais nous pouvons d’ores et déjà nous demander comment on en est arrivé là ? Comment peut-on partir à une élection avec de telles perspectives d’une humiliante représentation et d’une cinglante défaite assurée. Pour oser une métaphore, c’est comme partir à la guerre avec la certitude de perdre et peut-être même de périr collectivement car il faut au moins admettre une évidence, il n’y a aucun espoir de victoire, seule existe une possibilité de s’en sortir dignement avec un résultat qui assure à minima la pérennité de la gauche.

« Unie comme l’appellent certains de leurs vœux ou désunie telle qu’elle se présente, la gauche ne retrouvera pas la confiance de la plus grande majorité des français car elle est trop éloignée des principales et actuelles préoccupations de la population ».

Les thèmes de l’identité nationale, de la sécurité, de l’immigration et de la justice dominent les débats et expliquent que les candidats de droite et de l’extrême droite sont devenus fortement majoritaires dans le pays, distançant allègrement une gauche recluse dans des débats d’égos et sociétaux décalés, telle la dernière idée de projet d’un référendum sur l’écriture inclusive qui, sans la moindre crainte et tellement parlant au peuple, apparaît comme l’ultime condition existentielle d’une gauche bourgeoise et intellectuelle.

Or, le pays a besoin d’une gauche réaliste qui sache également parler de ces thèmes que la droite s’est appropriée et de faire des propositions concrètes en matière de sécurité, d’immigration et de justice. D’autant qu’en matière sociale dont les acquis paraissent menacés, elle est presque devenue inaudible et même parfois ressentie comme démagogique alors que nous avons connu l’épisode des gilets jaunes et que nous vivons une période où les inégalités sont plus grandes et les injustices plus pesantes et au moment même où nous traversons une grave crise sanitaire qui débouchera inéluctablement sur des crises économiques, financières et sociales.

La gauche, c’est toute une histoire parsemée des plus grandes avancées pour le pays quand elle a gouverné. Pour ne citer que quelques exemples, la première semaine de congés payés avec Léon Blum et le front populaire, la création de la sécurité sociale avec l’instauration de la caisse d’allocation familiale, l’assurance maladie et le régime de retraite issue du programme du Conseil National de la Résistance et décidée par le gouvernement provisoire avec Ambroise Croizat, Maurice Thorez et les socialistes de la SFIO, la revalorisation des minima sociaux, la retraite à 60 ans, les 39 heures et le revenu minimum d’insertion sous François Mitterrand, les 35 heures et les contrats emploi-jeunes sous Lionel Jospin, la couverture maladie universelle, les lois sur l’égalité et la parité homme femme, …

Quand bien même la gauche n’aurait pas toute l’exclusivité des avancées sociales, sa part y a été très prépondérante parce qu’elle a su transformer notre société dans un esprit de solidarité et de responsabilité dont nous profitons encore aujourd’hui.

Les temps ont certes changé, nous vivons désormais pleinement à l’heure de la mondialisation avec ses effets pervers de la désindustrialisation de notre pays et de concurrence déloyale, nous sommes confrontés au réchauffement climatique, aux migrations de populations, à la paupérisation de la jeunesse et des retraités, au déclassement des classes moyennes. La menace est grande d’une remise en cause de nos acquis sociaux.

Pour toutes ces raisons, si la gauche ne peut prétendre de nouveau à être au pouvoir d’autant que les dernières expériences n’ont pas été des plus concluantes en raison du contexte, sa contribution est indispensable aux débats qui s’annoncent et sa présence essentielle pour les défis à relever, notamment en matière de transition écologique.

Puisse-t-elle se ressaisir et changer de registre pour offrir une alternative politique crédible mais surtout pour maintenir le nécessaire équilibre démocratique et le pluralisme dont le pays a besoin pour avancer ».

Mario EDMOND

 

 

 

Yves Mont-Rouge

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Téléphone : 0692 85 39 64

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