LR/Centre/Renaissance et Rassemblement national. Tout un programme ! Bonjour l’ambiance…  Ainsi donc, 60 jours après le deuxième tour des élections législatives partielles, et après 51 jours d’atermoiements suite à la démission du gouvernement de Gabriel Attal, Emmanuel Macron a pu, enfin, nommer un Premier ministre en la personne du Républicain et gaulliste chevronné, Michel Bernier qui, à 73 ans, devient le 27ème Premier ministre et le plus âgé de la Ve République, le 5^ème d’Emmanuel Macron. Tout cela avec la bénédiction du Rassemblement National de Marine Le Pen qui assuré au chef de l’Etat de sa bienveillance et de sa bénédiction envers le nouveau locataire de Matignon ; Lequel va devoir composer dès ce vendredi son gouvernement de « rassemblement ».

Le Nouveau Front Populaire (La France Insoumise et le Parti Socialiste) est évidemment en pétard Ses responsables ont déjà clairement annoncé la couleur : à l’Assemblée nationale, ils se mettront en travers de la route du chef du gouvernement, cet élu de droite qui affiche déjà à son compteur pas moins de 50 ans de vie politique. Il a la stature d’un homme d’Etat. Il a participé en 2021 à la primaire de la droite pour être candidat à la présidentielle de 2022. Michel Barnier a été député, quatre fois ministres (des gouvernements Raffarin, Juppé, Balladur et Fillon), eurodéputé, commissaire européen, négociateur du Brexit. A 73 ans, il connaît la musique. L’une de ses premières missions sera de composer « un gouvernement de rassemblement ».

Autrement dit, un gouvernement qui lui permettra de résister à toute censure aujourd’hui dont la menace est d’ores et déjà brandie par la gauche en colère. Un gouvernement qui sera composé notamment de la droite, du centre, de Renaissance, tout en bénéficiant du soutien du Rassemblement National. Le RN de Marine Le Pen qui, en échange, a dû obtenir d’Emmanuel Macron et du nouveau Premier ministre plutôt conservateur, des gages sur des dossiers qui lui tiennent à cœur comme la proportionnelle aux prochaines législatives et le contrôle de l’immigration. La mission du nouveau Premier ministre ne sera pas de tout repos. Après la constitution de son gouvernement, il devra très vite s’attaquer au projet du Budget de 2025, dans un contexte de crise.

La gauche ne devrait s’en prendre qu’à elle-même !

Pour résumer, on peut dire qu’à Matignon, l’avenir politique de Michel Barnier, nouveau Premier ministre de droite choisi par Emmanuel Macron, se trouve entre les mains de Marine Le Pen et de son parti le Rassemblement National. Macron aura réussi à border  le Nouveau Front Populaire qui crie aujourd’hui au « déni démocratique ». Et la France Insoumise (LFI) – pas le PS – réclame la destitution du Président Macron. LFI qui appelle ce samedi 7 septembre à une grande manifestation dans les rues de France. Ce sera pour une fois l’occasion de connaître véritablement la force de frappe du Parti de Jean-Luc Mélenchon. Faut-il rappeler que le PS et les écologistes n’adhèrent pas à cette demande de destitution du chef de l’Etat.

La gauche ne devrait s’en prendre qu’à elle-même. Elle  ne s’est guère montrée très constructive au lendemain du 7 juillet dernier pour désigner unanimement le candidat idéal à Matignon. Rappelez-vous de toute la chicaya politique qui en a suivi : le PCF (Parti Communiste Français) de Fabien Roussel avait proposé en interne la candidature d’Huguette Bello, soutenue par LFI de Mélenchon mais refusée par le PS d’Olivier Faure. Plusieurs autres noms n’ont également jamais fait l’unanimité en interne, jusqu’au jour où le nom de Lucie Castets est sorti, comme un lapin, du chapeau du NFP.

Mais Emmanuel Macron n’a jamais voulu du Nouveau Front Populaire à la tête du gouvernement. Raison pour laquelle, profitant de la trêve des Jeux Olympiques, il a joué la montre, histoire aussi de rappeler à Mélenchon et à Faure qu’il restait le maître des horloges et qu’il lui revenait, à lui seul, de fixer le tempo. A présent c’est fait. Avec la bénédiction de Marine Le Pen, mise sur orbite, en quelque sorte par la Macronie, pour 2027. Macron s’en fiche. Lui ne sera plus candidat. Que les autres prétendants se débrouillent ! Ils sont déjà plusieurs au sein de Renaissance à lorgner sur le Château : Gabriel Attal, Gérald Darmanin, Bruno Le Maire…

Et puis, il y a Edouard Philippe, le patron d’Horizons qui a officialisé sa candidature, mardi dernier, via une interview dans le magazine « Le Point ». La bataille de 2027 va être rude. Edouard Philippe était venu en campagne à la Réunion en février dernier et avait bénéficié d’un accueil chaleureux du côté de plusieurs élus de droite parmi lesquels Cyrille Melchior, Michel Fontaine et d’autres encore. Voilà pour la politique nationale. Il ne reste plus qu’à attendre le composition du gouvernement Barnier, le plan B de Macron.

Revenons à la politique locale. Je vous le disais dans le Ti Kozman de la semaine dernière que Cyrille Melchior ambitionne de créer une relève à droite. Ça ne s’appellera pas « La Relève » comme l’avait fait en son temps Jean-Paul Virapoullé, précisément après la défaite aux législatives de 1997, ce qui avait permis à l’ancien maire de Saint-André de refaire surface à la Région en 1998, mais je sais que la droite locale qui est sortie complètement sonnée suite au  « gros bèsement » gagnée aux dernières législatives partielles, essaye de relever la tête et que, à l’initiative du président du Département, elle tente tant bien que mal de se refaire une santé, de se remettre sur pattes. Pour l’instant Cyrille Melchior consulte. Récemment, il a rencontré justement Jean-Paul Virapoullé, patron de l’ancienne « Relève » pour s’enrichir des conseils d’un ancien.

Il faut en effet composer avec les anciens qui incarnent la sagesse, l’expérience, mais il ne faudra pas pour autant négliger les jeunes pousses, aussi bien du côté des maires que des conseillers départementaux, régionaux ou municipaux. D’autant que les jeunes pousses en question, lorsqu’ils sont aux affaires, ne chôment pas. La Chambre régionale des comptes (CRC) vient par exemple de reconnaître officiellement les efforts faits par la jeune maire (centriste) de Saint-Louis, Juliana M’Doihoma, au pouvoir depuis 2020. La CRC a reconnu que « les finances communales se sont nettement améliorées depuis 2020 ».

C’est pas moi qui le dit, ce sont les magistrats financiers. Certes, tout est loin d’être parfait à Saint-Louis – personne n’est parfait – mais il y a eu du boulot. Lui n’est pas de droite, ni centriste, il est de gauche ; Je veux parler de Patrice Selly, jeune maire de Saint-Benoit, une commune qui, sur avis favorable de la CRC, vient de sortir du redressement financier après 4 ans de mise sous tutelle en raison du « fiasco budgétaire » dont il a hérité à son arrivée à la mairie. En dépit des commentaires souvent « gratuits », il y a du travail qui est fait et qui, surtout, est reconnu par les instances habilitées. En parlant de commentaires gratuits, j’en ai lu un, sur notre propre site, qui disait que « Mme M’Doihoma n’avait pas le niveau ». Faudrait quand même pas exagérer.

On peut ne pas apprécier une personne, mais toute critique devrait être constructive. S’il y a bien un/une élue qui dispose des compétences requises en matière de gestion, c’est sans doute elle. Juliana M’Doihoma est diplômée de Sciences-Po et, en plus, dans le cadre de sa préparation ENA, elle a aussi obtenu un diplôme en Finances publiques. Evidemment qu’il existe une différence entre instruction et intelligence, mais on ne peut pas non plus se permettre de raconter n’importe quoi au nom de la liberté d’expression.

Cyrille Hamilcaro, opposant à Saint-Louis, qui n’assiste plus au conseil municipal depuis au moins 2022, a commenté à sa façon les deux rapports de la CRC en voyant, conformément à son statut d’opposant, le verre à moitié vide. Il a même annoncé qu’il va interpeller la Procureure de la République. C’est son droit. Rappelons que Cyrille Hamilcaro est dans l’attente d’une décision de la Cour de Cassation concernant l’affaire dite du « maire-bis » à Saint-Louis et que balance toujours au-dessus de sa tête l’épée de Damoclès de l’inéligibilité, qui va certainement tomber avant les municipales de 2026. Parmi les jeunes pousses, je pense encore à Mathieu Hoarau, maire de l’Etang-Salé, qui réussit à mener sa barque plutôt bien, malgré les attaques souvent incertaines pour ne pas dire approximatives de son opposante, la conseillère municipale Isaline Tronc et de celles de Vincent Defaud de Génération Ecologie. La première a eu son « reste tranquille » comme on dit lors du dernier conseil municipal. « En un an et demi de mandat, vous avez perçu plus de 15 000 euros à ne rien foutre », a dit Mathieu Hoarau à Isaline Tronc. Voir la vidéo ci-dessous :

Quant à Vincent Defaud, qui s’agite comme pas possible un peu partout, y compris à l’Etang-Salé, on dirait qu’il rêve de Mathieu Hoarau toutes les nuits. Les chiens errants dans la forêt de l’Etang-Salé ? Pour Defaud, il n’y a pas de doute, c’est la faute à Mathieu Hoarau. La jeune femme qui a été tragiquement emportée par une vague à l’Etang-Salé lors des dernières vacances ? C’est aussi la faute à Mathieu Hoarau, à en croire Defaud, qui commence également à ferrailler du côté de Saint-Louis. En fait, depuis qu’il flirte avec les insoumis (dernières législatives), Vincent Defaud se sent pousser des ailes. Vincent Defaud milite aujourd’hui en faveur du Nouveau Front Populaire (NFP) et de la majorité régionale d’Huguette Bello, après avoir, durant longtemps, regardé avec des yeux de Chimène, Didier Robert (Objectif Réunion), ancien président de droite de Région (2010-2021). La femme de Vincent Defaud a été une élue de Jean-Claude Lacouture, ancien maire de droite de l’Etang-Salé. Ceci explique donc cela ! Vincent Defaud est un gentil garçon mais il n’en reste pas moins un « papillon la lampe ». Il va de préférence là où il y a la lumière, là où se trouve le pouvoir, afin d’exister politiquement et d’espérer compter électoralement en 2026.

Au cas où les voix des élus de Bareigts pourraient manquer à l’appel à la Région…

2026 (les municipales) qui approche à grands pas avec toutes ces tentations. Pas besoin de vous faire un dessin, tous nos politiques ont à présent les yeux rivés sur ce scrutin qui, comme je l’avais écrit la semaine dernière, conditionnera les échéances électorales suivantes, telles que les départementales, régionales, sénatoriales de 2028. Et même les législatives de 2029, à moins qu’Emmanuel Macron décide de dissoudre à nouveau l’Assemblée nationale après juillet 2025, soit un an et demi avant la prochaine présidentielle. Ça c’est une autre histoire !

La droite locale a besoin de se reconstruire si elle veut éviter, en 2026, la déroute des dernières législatives. Elle avance « ti pas, ti pas ». Elle planche pour le moment sur un projet, un programme. Dans le même temps, Cyrille Melchior, en tant que président du Département, doit aussi veiller à l’équilibre de sa majorité « plurielle » départementale, en ménageant la chèvre et le chou. Pas évident comme exercice, surtout lorsqu’il s’agit de ne pas froisser les susceptibilités entre les anciens et les nouveaux.

Huguette Bello est un peu confrontée aux mêmes préoccupations à la Région, surtout après les dissensions survenues lors des dernières législatives entre le NFP qu’elle a mené et la plateforme conduite par la socialiste Ericka Bareigts. Cette fois, c’est la présidente de PLR (Pour La Réunion) qui est sortie vainqueur de la stratégie électorale du NFP qui a porté ses fruits dans six circonscriptions sur sept.

Fort de ce succès électoral, son premier vice-président, Patrick Lebreton, avait émis, d’après mes informations, l’idée d’une recomposition de la commission permanente en reléguant les élus du groupe « Avenir » d’Ericka Bareigts au rang de l’opposition. Le cabinet ainsi que la présidente, bien que conscients que la situation ne sera pas facile à gérer d’ici aux municipales de 2026, n’ont pas suivi la proposition radicale du maire de Saint-Joseph, consistant à « couper la mauvaise branche ». En revanche, la majorité régionale a déjà commencé son travail de séduction auprès de quelques élus de l’opposition au cas où les voix des élus de Bareigts pourraient manquer à l’appel à la pyramide inversée.

A commencer par le docteur Rahfick Badat, élu de la majorité municipale Saint-Leusienne, adjoint de Bruno Domen et conseiller régional élu sur la liste menée en juin 2021 par Didier Robert. Depuis quelques temps, il donne systématiquement sa procuration à Karine Nabenesa, vice-présidente de la Région, anciennement du groupe « Avenir » mais qui a rejoint depuis longtemps déjà le groupe de Bello. Karine Nabenesa qui sera candidate aux municipales à Saint-Leu en 2026 avec Rahfick Badat sur sa liste.

Grosse campagne de séduction de la majorité régionale auprès de Patricia Locame Vaissette, de la liste de Didier Robert, ancienne élue municipale de Saint-Paul aux côtés de l’ancien maire Joseph Sinimalé. Séduction encore auprès de Michel Vergoz, maire macroniste de Sainte-Rose, petite commune de la 5ème circonscription où l’insoumis Jean-Hugues Ratenon a terminé en tête du scrutin des législatives. Rappelons qu’à la Région, Vergoz et Jean-Louis Lagourgue a formé un groupe à part. Il va sans dire que, si besoin, la majorité régionale pourra compter sur l’ancien sénateur dont le fils Rémy, conseiller départemental de droite, n’a pas été convié à la réunion initiée par Cyrille Melchior en vue de la reconstruction de la droite locale. Une réunion qui s’était déroulée à Sainte-Marie, en présence de Richard Nirlo, l’adversaire des Lagourgue.

La majorité régionale peut aussi compter sur les conseillers régionaux tamponnais de l’opposition que sont Jaquet Hoarau, Bernard Picardo et Liliane Abemon. Pour la petite histoire, signalons que Jacquet Hoarau, bras droit des Tak (André et Patrice) a été élu à la présidence de la Casud avec les voix des élus de Patrick Lebreton, maire de Saint-Joseph et 1^er vice-président d’Huguette Bello. Si Lebreton ne pouvait pas blairer Tak-père, il semble qu’un cessez-le-feu ait été signé avec Tak-fils et, surtout, avec le conseiller régional Jacquet Hoarau. Enfin, la majorité régionale sait aussi que le conseiller régional Johnny Payet, maire RN de la Plaine-des-Palmistes, n’a jamais été un farouche opposant de Bello et de Ratenon (également élu régional). Johnny Payet a besoin du chéquier de la Région pour développer sa commune.

Vous l’aurez compris, ça bouge pas mal dans les collectivités, en prévision de 2026. La suite, au prochain épisode !

Y.M.

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