Nadia Malagouen et sa « bande » d’amis : « distributeurs de bonheur » à Saint-Leu

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Rendre les gens heureux parce que nous sommes seulement de passage sur cette terre ; Au diable la haine, la méchanceté, la jalousie ! Place à la générosité, à l’amitié, à l’amour, au partage : c’est le credo de Nadia Malagouen et de toute sa petite bande d’amis (es) qui, depuis plus de trente dimanches maintenant, ont décidé de mettre un peu de soleil dans le cœur des plus démunis, de donner un sens à la vie des sans-abris, de dessiner un sourire sur tous ces visages marqués, usés par les vicissitudes de l’existence, de donner un peu de chaleur humaine à toutes ces personnes rejetées par la société, les « gens de la rue », comme on les appelle.

Des hommes et même des femmes, jeunes et moins jeunes qui ont élu « domicile » un bout de rue sur les rond-points Nord et/ou Sud à l’entrée de la ville de Saint-Leu. Mais il n’y a pas que des « SDF ». Certains retraités ou certaines familles, des mamans avec leurs enfants, qui ont du mal à boucler les fins de mois, viennent de plus en plus, chaque dimanche, chercher un peu de réconfort auprès de Nadia Malagouen et de sa petite équipe de pères et de mères de famille, qui mettent justement et bénévolement la main à la pâte en prenant un peu de leur temps pour en donner aux autres. On pourrait les appeler tout simplement « les distributeurs de bonheur ».

Ils et elles sont Josie Hoareau, Dana Latchimy, Jocelyne Rivière, Corine Boyer, Nathalie Grosbois, Ingrid Manoury, Catherine Payet, Cédric Rishi, Arnaud Bolvert, Stéphane Marka, Fred Perez et bien d’autres encore… Au départ, Nadia Malagouen voulait faire plaisir individuellement aux sans-abris qu’elle croisait dans la commune en cuisinant un repas pour eux.

Mais très vite, elle a partagé son idée avec ses amis (es) et cet élan de solidarité a pris une autre dimension, notamment depuis qu’elle a commencé à partager sur le groupe « Leu confinement » via les réseaux sociaux. C’est devenue aujourd’hui une véritable action caritative. Vêtements, fruits, caris, riz, boissons, desserts (gâteaux) ont commencé à affluer au point de transformer, chaque dimanche, les voitures de Nadia et de ses amis en entrepôt ou plutôt en caravane du bonheur.

Nadia Malagouen et sa « bande » peuvent aujourd’hui servir plusieurs dizaines de repas chaque dimanche aux personnes défavorisées. Des repas servis dans l’assiette, le midi, avant de repartir avec sa barquette, le soir. Cela se passe en toute simplicité, le dimanche, sur le petit parking, pas loin du pont rouge, à l’entrée de la ville de Saint-Leu. « Une façon pour nous d’empêcher ces personnes d’aller faire les poubelles pour se nourrir », explique Nadia Malagouen.

Au fil du temps, Nadia et ses amis (es) ont créé une vraie famille d’adoption pour ces « sans familles » qui, assis sur un muret ou à même le sol, viennent partager un moment convivial autour d’un repas chaud, retrouvant ainsi le sourire et surtout cette agréable sensation d’exister dans le regard de l’autre, de celui ou celle qui ne juge pas. Car une vie qui, du jour au lendemain, bascule dans le néant, ça peut arriver à n’importe qui…

Nadia et son groupe ne se limitent plus seulement à partager un repas dominical avec les sans-abris. Ils ont décidé de les aider « comme on peut ». Un infirmier passe de temps à autres leur prodiguer quelques soins afin d’apaiser les souffrances, les blessures de la rue. Un ou une autre bénévole les aide à remplir des paperasses (tout ce qui relève de l’administratif) pour essayer de les reloger, de leur construire un projet de vie. Nadia Malagouen espère bien un jour pouvoir obtenir de la municipalité un local avec de l’eau chaude pour que les SDF puissent au moins prendre un bain par jour.

Pour l’instant, elle compose avec toutes les bonnes volontés. « Notre groupe est apolitique ; Elle ne reçoit aucune aide publique. Et c’est pas plus mal comme ça. Tout ce que nous faisons, on le fait vraiment avec la générosité de l’âme, du cœur selon les belles valeurs que m’ont inculquées mes parents ».

Nadia Malagouen, maman de 4 filles, vit avec le RSA

Nadia Malagouen, 48 ans, n’a jamais gagné au Loto. Elle n’est pas non plus née avec une cuillère d’argent dans la bouche. Cette dame toujours souriante, maman de 4 filles (21 ans, 18 ans, 15 ans et 7 ans) est au RSA et se dit heureuse car le bonheur, c’est aussi savoir se contenter de petites choses de la vie. Et parmi ces petites choses de la vie, figure la réussite scolaire de ses enfants dont la petite dernière, Elisa-Marie est considérée comme son « assistante number one » sur les actions caritatives, toujours prête à aider, volontaire et battante, en dépit de son âge ; A l’image de Nadia, sa maman, cette dame à la voix rauque mais au cœur tendre, qui a déjà bien roulé sa bosse.

Elle atterrit à la Réunion à l’âge de 6 ans, du côté de Saint-Benoit (sa maman est enseignante), puis refait ses valises à 17 ans pour la métropole. Elle habitera durant 12 ans en Italie et parcourra le monde avant de revenir se poser à la Réunion, à Saint-Leu, cette fois. La suite, vous la connaissez… On n’en dira pas plus car elle n’aime pas parler d’elle ;

Tout comme celles et ceux qu’elle aide chaque dimanche, elle a sans doute aussi (qui n’en a pas ?) ses fêlures, ses blessures de l’existence, mais elle préfère se concentrer sur ce privilège que constitue la vie. On pourrait résumer la vie de Nadia Malagouen par cette citation de Gandhi : « vis simplement pour que les autres puissent simplement vivre ». Et si un de ces dimanches, vous passez par Saint-Leu, n’hésitez pas, arrêtez-vous un instant pour partager un moment avec elle et tous les autres. « Le vrai bonheur réside dans le temps qu’on donne aux autres à travers une pensée, un sourire, une parole, une attention, une action, une sollicitude… », comme le dit si bien Dona Maurice Zannou, sociologue-anthropologue Béninois. A méditer !

Yves Mont-Rouge

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14 Commentaires

    • Encore un qui parle en prenant son cas pour une généralité ; 5 % ? Vous êtes allé voir chaque « créole » pour avancer ce chiffre ? Non, c’est plus facile de faire une étude fictive sur la société depuis chez soi derrière son écran en se basant sur le peu de personnes qu’on a pu croiser par hasard (5 % doit être le pourcentage de créoles à qui vous avez eu à faire, dans ce cas pas sérieux comme enquête, recommencez en essayant de faire le quart de la catégorie au moins pour dire que vous avez fait un minimum acceptable)

  1. Tout groupe humain prend sa richesse dans la communication, l’entraide et la solidarité

    La solidarité , c’est aider chacun à porter le poids de la vie et à la rendre plus facile
    l’épanouissement de chacun dans le respect des différences
    Seuls, nous pouvons faire si peu
    ensemble, nous pouvons faire beaucoup

    Notre individualisme et notre insensibilité tuent bien plus que tous les virus réunis
    Et ce n’est pas la peine de demander à un quelconque laboratoire de nous en trouver les vaccins, les remèdes sont au fond de chacun de nous et ils se nomment : solidarité, générosité, humanité
    Bravo ma tendre amie

    Un cœur généreux vaut bien plus que toute l’intelligence du monde…

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