NRL : assemblée plénière extraordinaire aujourd’hui à la Région

10 min de lecture
16

Par Yves Mont Rouge.

Sur les 12 kilomètres du projet initial de la Nouvelle Route du Littoral, il reste 2,7 km à terminer. Mais quelle option choisir ? Digue avec talus classique ? Digue à caisson ? Digue verticale en caisson béton ? Viaduc ? Si c’est en Digue, il faudra trouver les andains et les roches massives. Mais le plan andain n’a toujours pas été préparé et « pas touche » à la carrière de Bois-Blanc pour les roches massives, selon la promesse électorale faite par Mme Bello aux dernières régionales.

Outre les matériaux, il faudra aussi trouver le financement qui va avec, soit quelques petits centaines de millions d’euros (environ 700 M€ voire plus avec les surcoûts et autres aléas). Qui va payer ? La Région qui doit aussi s’occuper des autres secteurs de l’économie n’a plus d’argent. Il faudra aussi relancer les appels d’offres.

La présidente de la Région assise sur une bombe à retardement ?

Cela dit, quelle que soit l’option choisie, la conclusion des « experts » est pour le moins assez pessimiste. Dans le dossier de 157 pages qui sera débattu ce mercredi 27 octobre à l’occasion de la session spéciale NRL, il est écrit en guise de conclusion : « l’achèvement de la NRL ne peut raisonnablement être envisagé qu’à l’horizon de 2027-2028 ». Il est également précisé, toujours dans la conclusion : « force est de constater qu’en l’état actuel, en combinant les aspect technique, juridique, environnemental, économique, social, ainsi que les délais de mise en œuvre des procédures et des travaux, aucune solution ne s’impose à l’évidence ».

Ce n’est pas une patate chaude mais bien une bombe à retardement qu’aura à gérer la nouvelle majorité régionale durant sa mandature. Vous l’aurez compris, nous ne sommes pas sortis de l’auberge car ce n’est pas demain la veille qu’on roulera sur la Nouvelle Route du Littoral dans sa globalité, c’est-à-dire de Saint-Denis à la Possession. Et vice-versa. Nous y reviendrons dans un instant.

NRL : « la solution Digue avec talus classique devrait être écartée en l’absence de carrière en roche massive autorisée »

 Ce sera le dossier politico-économique de la semaine : la Nouvelle Route du Littoral. Comme l’a promis Huguette Bello, la nouvelle présidente de Région, juste après son élection en juin dernier, une session plénière spéciale sera consacrée à ce qu’il est convenu d’appeler un gros et complexe dossier. Cette réunion se déroulera ce mercredi 27 octobre à partir de 9 heures à la pyramide inversée afin d’examiner ce dossier que la nouvelle majorité a décidé de prendre à bras le corps. Son objectif est de livrer aux Réunionnais « dans les meilleurs délais » la totalité de la route dont le chantier a débuté depuis près de 10 ans. C’était sous la mandature de Didier Robert, le premier coup de tractopelle ayant été donné un an avant l’élection régionale de 2015 à l’issue de laquelle ce dernier fut réélu.

Afin de bien comprendre tous les tenants et aboutissants de ce gigantesque chantier qui n’en finit plus, notamment sur sa dernière partie (les 2,7 km entre la Grande-Chaloupe et la Possession), la nouvelle majorité a pris la décision de disséquer ce dossier avec l’aide des experts et en présence de l’Etat sur lequel elle compte financièrement beaucoup afin de pouvoir terminer cette NRL. L’ensemble des Réunionnais va ainsi avoir droit via la session plénière de mercredi prochain « à la vérité ». Quels sont les impacts financiers pour la collectivité et les contribuables, quels sont les impacts en matière socio-économique pour la Réunion, que sera le bilan environnemental des décisions prises et à prendre pour finir la route et quels seront les délais réalistes dans la mise en œuvre des phases du chantier ?

C’est cet « exercice de transparence dicté par un devoir de vérité et de responsabilité », que la présidente Huguette Bello compte proposer aux Réunionnais ce mercredi. J’ai pu me procurer le dossier qui sera soumis à l’examen des élus. Il fait 157 pages et présente de façon complète l’historique du projet, l’état actuel du chantier, les solutions envisageables pour l’achever, les contraintes réglementaires, le suivi environnemental du chantier, les financements et les partenariats mobilisés, le point sur les contentieux en cours avec les multinationales (soit près de 900 millions d’euros réclamés à la Région). Au terme de cette session de mercredi, il reviendra aux élus régionaux de faire le choix d’une solution réaliste et soutenable au plan financier, socio-économique et environnemental.

Rappelons que la NRL est un tracé maritime de 12 km pour un montant estimé à plus de 1,6 milliard d’euros, qu’à la fin septembre 2021, le montant des paiements s’établit déjà à près de 1,6 milliards d’euros, alors que la dernière portion de route n’est toujours pas réalisée. Sans prendre en compte des surcoûts réclamés par les groupements d’entreprises bénéficiaires des marchés. Le coût final de cet ouvrage va largement dépasser les 2 milliards d’euros. La route en l’état actuel a déjà coûté 1,6 milliard, il faudrait encore quelques centaines de millions d’euros pour la finir. Au moins 700 millions d’euros. A cela il faudra ajouter également peut-être pas les 900 millions d’euros demandés au titre de contentieux par les multinationales mais probablement 300 à 400 millions d’euros. Je vous laisse faire les calculs.

Donc, une certitude à l’heure qu’il est : cette route, il faudra bien la terminer. Là dessus, tout le monde est d’accord. Les questions qui se posent sont les suivantes : la première, quelle option choisir pour les 2,7 kilomètres restants afin de relier le viaduc jusqu’à la Possession. Nous savons que le raccordement entre le viaduc et l’actuelle RN à hauteur de la Grande-Chaloupe est annoncé pour 2022 « si tout va bien ». Et après ? Quid de la totalité de la NRL ?

Plusieurs « options larges » seront mises au débat mercredi prochain pour la partie de route restante. Je vous les résume : réduction pour partie du risque actuel par le renforcement des filets de protection ? Recouvrir les 2,7 kilomètres côté falaise ? Creuser un tunnel sous la montagne ? Ou alors choisir les solutions maritimes en relançant le marché de Digue sur la base de la solution initiale (avec talus classique) ou bien lancer un marché sur la base d’une solution alternative de Digue (noyau avec caisson) ? Autres propositions : revoir la conception des digues en s’affranchissant au mieux de la contrainte de matériaux par une solution Digue verticale en caisson béton ? Ou alors la solution Viaduc ?

Je vous l’ai dit, je ne vais pas pouvoir vous présenter ici les 157 pages du rapport. Pour résumer, nous retiendrons que le premier tronçon représentant les 2/3 de la Nouvelle Route du Littoral, après raccordement de la Grande Chaloupe, sera mis en service dans le courant du second semestre 2022. Huguette Bello préfère donner l’échéance de « fin 2022 » par précaution. Selon les experts, il faut savoir que l’achèvement de la NRL « ne peut raisonnablement être envisagé qu’à l’horizon de 2027-2028, quel que soit le scénario envisagé, étant précisé que la solution initiale d’une Digue à talus classique qui pourrait être réalisée plus rapidement devrait être écartée en l’absence de carrière en roche massive autorisée ». Voilà qui fera plaisir aux Caroupaye et consorts !

En effet, la nouvelle présidente a déjà annoncé clairement son opposition à l’ouverture de la carrière de Bois Blanc (où il existe des roches massives). Toujours selon les experts, la conclusion est on ne peut plus pessimiste : « force est de constater qu’en l’état actuel, en combinant les aspect technique, juridique, environnemental, économique, social, ainsi que les délais de mise en œuvre des procédures et des travaux, aucune solution ne s’impose à l’évidence ».

Malgré tous ces indicateurs, la Région va devoir choisir une option. Et une fois cette option arrêtée, la Région devra trouver le financement qui va avec, soit encore quelques centaines de millions d’euros, après quasiment les 2 milliards déjà consommés. La majorité régionale compte sur la période électorale, celle précisément de la présidentielle, qui arrive pour obtenir le soutien financier indispensable de l’Etat. A suivre !

Dans le cadre de l’assemblée plénière de la Région Réunion du 27 octobre, le Conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement de la Réunion (CCEE) a été sollicité pour donner un avis sur le rapport de la Nouvelle Route du Littoral.

Créé en 1984, le CCEE est un conseil consultatif qui peut être saisi par le Conseil Régional pour solliciter divers avis. Ces avis sont destinés à éclairer l’exécutif de la Région Région avant des prises de décision.

Le Conseil de la culture, de l’éducation et de l’environnement de La Réunion, a été saisi par courrier en date du 14 octobre 2021 sur le projet de la nouvelle route du littoral (NRL) et plus précisément, sur la base du rapport DGGCTD /N°111238.

Au regard des enjeux majeurs associés à ce projet, le CCEE exprime sa volonté de jouer pleinement son rôle de conseil consultatif et d’outil d’aide à la décision auprès de la collectivité, d’autant plus que cette saisine est la première sur un dossier aussi important initié depuis plus de 10 ans maintenant. Il salue par la même occasion l’initiative de la collectivité qui permet ainsi à la société civile organisée de faire entendre sa voix, concernant un choix qui indubitablement aura un impact sur ses capacités d’investissement pour notre territoire durant les années à venir.

La complexité de la situation réside en partie dans le choix de l’approche la plus pertinente à adopter afin d’identifier les solutions potentielles. Ainsi, au-delà d’une analyse purement parcellaire et focalisée sur le choix d’une solution de type génie civil, le CCEE privilégie une approche systémique qui permettrait de situer ce choix dans un environnement plus global, et de dégager les options présentant les contraintes les plus soutenables à tous les niveaux (financier, environnemental, économique, juridique…).

Par ailleurs, dans le cadre d’une démarche proactive vis-à-vis de cette saisine, le Conseil a procédé à l’audition de divers experts1 afin de disposer de ses propres éléments d’appréciation sur ce dossier.

Ceci devant notamment contribuer à l’élaboration d’un avis basé sur des constats et états des lieux émanant de plusieurs sources, lui permettant ainsi de se prévaloir d’une certaine objectivité.

Le Conseil conscient des enjeux associés à ce dossier, qui ne s’inscrit plus dans une logique de projet mais bien dans celle d’un chantier en cours et auquel il convient de trouver une issue dans les meilleurs délais, notamment au regard de l’aspect sécuritaire, a pris le parti de se positionner clairement sur le choix d’une option.

Conclusion

Sur la base de ses travaux préparatoires et des données du rapport de saisine, le CCEE estime que la « solution viaduc » apparaît comme l’option offrant le meilleur compromis entre les différentes contraintes et objectifs considérés (fonctionnalités, aléas de mise en œuvre, problématique matériaux, maîtrise des coûts, environnement…).

Le Conseil convient qu’à travers cet avis, il s’est affranchi d’un positionnement classique au regard de l’urgence du dossier et de la nécessité de « sortir par le haut » de cette situation. D’autant que pour le CCEE « sortir par le haut » ne signifierait pas nécessairement choisir une solution par défaut, mais plutôt retenir un projet qui offrirait les contraintes les plus soutenables et qui loin de répondre à des intérêts particuliers, privilégierait plutôt l’intérêt général.

La photographie à ce jour de ce dossier, fait état d’un investissement de plus d’1,7 milliard d’euros (hors contentieux) pour un ouvrage inachevé et dont la mise en service partielle ne pourra être effectuée qu’au second semestre 2022 (sous réserve de la problématique liée aux acropodes). Les délais raisonnablement envisageables pour la réalisation du tronçon manquant, suggèrent une date de livraison autour de 2027 voire fin 2028. De surcroît, l’ensemble de ces débats tendent à occulter une dimension essentielle de ce dossier qui est celle de la sécurisation urgente de cette liaison stratégique Nord/Ouest. En effet, les automobilistes Réunionnais qui empruntent quotidiennement cette route8 sont exposés à un risque permanent d’effondrement massif, aux conséquences potentiellement désastreuses sur le plan humain et au niveau de la responsabilité juridique de la collectivité. Aussi, l’ensemble de ces points soulevés, pointent l’urgence d’une prise de décision de la part de l’exécutif.

Au-delà de cette réflexion spécifique sur une liaison routière entre le Nord et l’Ouest, le Conseil suggère à la collectivité de considérer plus largement la problématique des déplacements sur l’Île à travers l’aménagement du territoire notamment avec le développement des transports en commun,, la déconcentration des administrations ainsi que le recours aux technologies numériques (exemple : télétravail, en termes de réduction des déplacements). V.

 

 

16 Commentaires

  1. il faut surtout pousser robert et roberta au pénal ce mercredi pour ce FIASCO et chercher les comptes numérotés off shore . vous verrez il n’aura pas le courage de venir défendre son bilan et sa demi-toute ce mercredi devant le peuple réunionnais

  2. La nouvelle majorité a voulu la Région ben qu’elle assume maintenant ! Les gens ont été dupes de croire que cette nouvelle majorité de bras cassés allait faire mieux que l’ancienne ! Maintenant qu’ils sont sous les feux des projecteurs ils n’ont rien à proposer si ce n’est de faire attendre les automobilistes jusqu’à la prochaine mandature ! Pareil pour les ordinateurs POP que les familles attendent : rien et bientôt la fin de l’année ! Les belles paroles de Mme Bello font place à la déception…

  3. Si on est dans cette situation c est que le petit pharaon a voulu n en faire qu a sa tête et toute sa majorité a suivi et donc tous responsable et doivent s en expliquer et ne pas donner comme prétexte les recours et les carrières un projet mal ficelé par un incapable n’oublions pas les dégâts laissés au tampon et j en passe .

  4. J’espère que la personne a l’origine de ce fiasco amteuristique sera présent. Il a des comptes à rendre à l’ensemble des réunionnais. On ne peut pas engager des sommes colossales au détriment de la population qui paye par ses différents impôts cette gabegie.

Répondre à daphnée Annuler la réponse

Your email address will not be published.

Article précédent

Attaque de chien à Ste-Clotilde : « le propriétaire s’est enfui, laissant mon fils dans un bain de sang »

Article suivant

Semaine des addictions à la Réunion : Marguerite raconte son enfer dans l’alcoolisme

Free Dom