Poème et tribunes libres en l’honneur des Femmes

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Le premier poème est signé de Ti-Serges (avec un s svp !). Il a été écrit en 2015 par un ancien gendarme, qui est à la retraite depuis quelques déjà :

Les deux autres textes sont des tribunes libres signées du Père Reynolds Michel, curé à la retraite :

L’intersectionnalité, un outil d’analyse des oppressions combinées ou l’assignation à une identité

L’intersectionnalité est un concept qui a émergé dans un contexte d’omission ou d’absence de considération de la situation des femmes qui subissent des oppressions croisées, relevant à la fois du sexisme et du racisme par exemple. « Si vous regardez uniquement ce que vivent les femmes blanches ou les hommes noirs, vous ne verrez pas ma souffrance », déclare Emma DeGraffenreid – femme noire ayant attaqué General Motors en justice pour discrimination raciste et sexiste en 1976 – aux juges, lors de son procès (tribunal du Missouri). Elle a été déboutée parce que son “cas”, comme celui de ses compagnes de lutte, ne pouvait être reconnu ni comme une affaire de discrimination sexiste ni comme une affaire de discrimination raciale. La loi ne prévoyait pas le cas des femmes noires qui subissent, à la fois, plusieurs formes d’oppression. La reconnaissance des multiples discriminations subies par les femmes ouvrirait “la boite de Pandore” des revendications sans fin, avaient estimés les juges dans leur décision. (Entretien avec Kimberlé Grenshaw, In Le Monde, 08/03/2019).

Lier et penser ensemble les diverses formes de discrimination subies par un individu

C’est en partant de ce cas que la juriste afro-américaine Kimberlé Grenshaw a forgé le concept d’intersectionnalité dans un article publié en 1989 où elle soulignait la double peine infligée aux femmes noires, confrontées à la fois au sexisme et au racisme. Le concept visait à une prise en compte effective de l’expérience réelle des femmes qui sont à l’intersection de plusieurs dominations ou oppressions, du sexisme et du racisme dans le cas d’Emma. Kimberlé Grenshaw est une militante féministe et juriste qui se situe dans le sillage des féministes de couleur étatsuniennes (afro-américaines et hispano-américaines principalement) qui ne se sentaient pas représentées et incluses, voire invisibilisées et méprisées, au sein du féminisme mainstream ( majoritaire, blanc et bourgeois) et des mouvements anti-racistes (nationaliste, noir et sexiste) qu’elles fréquentaient et qui ont tenté de lier et penser ensemble les problématiques du sexisme, du racisme et de l’oppression de classe. Pour Kimberlé Grenshaw, l’intersectionnalité est conçu alors comme un outil qui permet de mesurer et d’analyser ensemble les diverses oppressions et discriminations subies par les femmes noires aux Etats-Unis et ailleurs.

Depuis la publication de l’article de Grenshaw en 1989, suivi d’un second en 1991 (traduit en français en 2005, par Oristelle Bonis, sous le titre : Cartographie des marges…), le concept, en quelques années, s’est rapidement déployé et imposé dans les milieux universitaires et militant-e-s de par le monde, en désignant « l’appréhension croisée ou imbriquée des rapports de pouvoir », selon la philosophe française Elsa Dorlin (GEIC, 20212). L’intersectionnalité est devenue dès lors un concept incontournable. L’idée centrale est qu’il faut partir du vécu des gens pour voir comment s’articulent, dans leur expérience, les rapports de genre, de classe et de ‘race’. Les femmes et les hommes noirs subissent-elles/ils, le racisme de la même manière, à fortiori s’ils/elles n’ont pas les mêmes revenus ?

 La progression de l’intersectionnalité est en effet remarquable durant la période 2000-2015. Idée-force pour les féministes, l’intersectionnalité est devenue un axe de la stratégie de lutte contre les discriminations par les instances internationales (ONU, Beijing/1995, Durban/2001) et européennes (Conseil de l’Europe, 2007) œuvrant dans le champ des droits de l’homme… L’intersectionnalité est définie par la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) comme une « discrimination (qui) désigne une situation où plusieurs motifs agissent et interagissent les uns avec les autres en même temps d’une manière telle qu’ils sont inséparables. Les femmes appartenant à des minorités, par exemple, peuvent faire l’objet de types particuliers de préjugés et de stéréotypes. Elles risquent d’être confrontées à des types particuliers de discrimination auxquels les Hommes de cette même minorité ne sont pas confrontés. » (Avis sur l’approche fondée sur les droits de l’homme, 2018).

Dans l’espace public français, la confrontation est vive

 En France, c’est au milieu des années 2000 qu’apparaît le concept d’intersectionnalité, notamment dans les écrits d’Elsa Dorlin – à qui on doit la première occurrence du terme « intersectionnalité » (France/Culture, 05/02/2021) – et dans plusieurs travaux féministes. Il suscite progressivement, au sein des milieux universitaires, politiques et des courants féministes, une vive controverse, toujours intense à ce jour. La notion, d’une part, remettrait en cause l’approche traditionnelle des rapports sociaux où la classe sociale reste « le critère déterminant autour duquel s’arriment les autres dimensions de l’identité des personnes. » Dans Race et Sciences sociales (Agone,2021), et un article intitulé Impasses des politiques identitaires, paru dans Le Monde Diplomatique de janvier 2021, l’historien Gérard Noirel et le sociologue Stéphane Beaud, deux chercheurs très réputés, reprochent à une partie du mouvement antiraciste d’avoir “racialisé” la question sociale. La notion de race est utilisée pour escamoter la classe, disent-ils. Et de dénoncer l’occultation des réalités sociales au profit des discours identitaires, tout en fustigeant l’approche intersectionnelle, considérée comme une régression de la pensée sociologique.

D’autre part, l’intersectionnel remettrait en cause l’universalisme de la cause féministe au profit des communautés qu’on cherche à ̋essentialiser̋. Dans le Journal du Dimanche en date du 25 octobre 2020, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer s’en prend avec véhémence aux « thèses intersectionnelles qui veulent essentialiser les communautés et les identités ». Ces thèses importées des “Universités américaines” sont, selon lui, « aux antipodes de notre modèle républicain, qui, lui, postule, l’égalité entre les êtres humains, indépendamment de leurs caractéristiques d’origine, de sexe, de religion »., tout en accusant les chercheurs de la mouvance intersectionnelle de « complicité intellectuelle avec le terrorisme ». Pour Emmanuel Macron, « la logique intersectionnalité [… ] fracture tout » (Philosophie Magazine, 05/09/2021).

Pour Eléonore Lépinard et Sarah Mazouz, sociologues et auteures de Pour l’intersectionnalité (Anamosa, 2021), ces accusations reposent sur une méconnaissance des travaux intersectionnels. Jean-Michel Blanquer est accusé par la sociologue Rose-Marie Lagrave de « méconnaître le b.a-ba de ce qu’est l’intersectionnalité requiert » (Libération, 03/11/2020). Car contrairement à ce que pensent le ministre de l’Éducation nationale et d’autres qui s’alarment des “dérives communautaristes”, l’intersectionnalité ne mobilise pas la notion de communauté ni n’essentialise les identités. Bien au contraire, elle les questionne et les appréhende dans leurs interactions mutuelles et imbriquées » (Cf. Sarah Belhadi, Bondyblog.fr, 11 novembre 2020).

Concernant l’analyse en termes de classe sociale, la philosophe marxiste et militante féministe, Angela Davis, dans Femme, race et classe (1981), déclare qu’il ne s’agit pas de dénier l’importance de la classe sociale, mais de « refuser d’accorder a priori au facteur de classe le primat de la domination ». Dans l’intersectionnalité, ce qui fait la différence par rapport à la classe et au genre, c’est à la fois cette notion d’articulation de systèmes d’oppression et celle de défense de minorité, déclare Éléonore Lépinard. Pour l’historien Pap Ndiaye, auteur de la Condition noire (Calman-Lévy, 2008) « les questions de genre et de race entrent de façon courante dans le vocabulaire des sciences sociales françaises. Je pense que c’est irrémédiable » (L’OBS, 25/02/2021). Et dans Le Monde : « Si l’on veut dé-racialiser la société, il faut bien commencer par en parler » (12/07/2019).

Pour conclure

Les critiques, même les plus honnêtes, semblent passer à côté de leur cible. L’approche intersectionnelle est intéressante parce qu’elle permet : de multiplier les perspectives pour justement « éviter de catégoriser les groupes selon un seul axe identitaire » ; de remplacer les oppositions binaires par des relations complexes et coconstruites ; de penser l’articulation – et non l’addition – entre le genre, la ‘race’, la classe, mais aussi d’autres catégories comme la validité, l’âge… ; de combiner théorie et pratique pour une bonne praxis féministe.

Bref, c’est une approche qui cherche à éviter la généralisation et l’universalisation en remettant au centre les réalités et les expériences vécues par les femmes sur le terrain. Car seule une connaissance fine des discriminations vécues par elles permettra l’élaboration de réponses et de politiques publiques adaptées et efficaces pour rendre effectifs leurs droits. « Outre qu’elle transforme le mode de production des connaissances, l’analyse intersectionnelle permet d’élaborer des contenus utiles pour des mobilisations et des interventions orientées vers la justice sociale » (Sirma Bilge, 2013). L’intersectionnalité est donc plus qu’un cadre d’analyse et un champ de savoirs. Elle se veut être également un projet de justice sociale.

 Reynolds MICHEL

 

bell hooks, figure iconique de la pensée féministe

Pas aussi connue qu’Angela Davis ou que Kimberlé Grenshaw[1], bell hooks – nom de plume, sans aucune majuscule, choisi en hommage à son arrière-grand-mère Bell Blair Hooks – est pourtant l’une des plus grandes figures de la pensée féministe contemporaine. Aux États-Unis, son pays natal, bells hooks est une figure féministe incontournable de l’antiracisme. Décédée le 15 décembre 2021, elle laisse une œuvre prééminente au sein du black feminism, étudiée déjà dans de nombreuses universités américaines. Outre ses écrits, bell hooks « s’est battue pour une nouvelle forme de féminisme, qui prend en compte les différences et les inégalités parmi les femmes, pour créer un nouveau mouvement, plus inclusif », expliquait le New York Times, le mercredi 15 décembre, pour saluer sa mémoire. « Plus encore, bell hooks est une personnalité adorée à laquelle des milliers, des millions de femmes sont attachées tant la lecture de ses textes constitue pour toutes et chacune un repère dans nos cheminements intellectuels, politiques, intimes », écrit la philosophe et féministe Elsa Dorlin en hommage à cette grande théoricienne du féminisme (Libération, 21/12/2021).

Un riche parcours de formation

Gloria Jean Watkins, plus connue sous le pseudonyme de bell hook, qu’elle prendra plus tard, est née le 25 septembre 1952, à Hopkinsville dans le Kentucky, État rural pauvre et ségrégué, de parents de condition ouvrière modeste. Son père, Veodis Watkins, est concierge dans les services postaux, et sa mère, Rosa Bell Watkins, est femme au foyer, travaillant parfois comme domestique dans des familles blanches. Gloria Jan Watkins est élevée dans une fratrie largement féminine – cinq sœurs et un frère – où règne l’ordre patriarcal et une stricte discipline morale. Ses deux parents, originaires d’une zone rurale du Sud, ont grandi à l’époque de la ségrégation très stricte où Blanc-he-s et Noir-e-s vivaient dans des espaces séparés ou réservés. Fille noire, elle a connu avec ses sœurs et son frère la ségrégation et la déségrégation. C’est dire qu’elle a été très tôt confrontée à la problématique de la race dans le Sud ségrégué où elle vivait, tout en faisant l’expérience d’une certaine violence liée à la structure patriarcale de sa famille (Eva Thiébaud, In Slate, 19/12/2016).

Elle est d’abord scolarisée dans une école de campagne réservée aux enfants noirs, mais où l’équipe enseignante, dévouée à la cause noire, est très investie dans des pratiques pédagogiques. Après le déménagement de ses parents en ville et la mise en œuvre de la déségrégation, notamment sur le plan scolaire, elle fréquente le lycée de Hopkinville, où les enseignants et les élèves sont majoritairement blancs. Elle est là confrontée au racisme. Son diplôme de fin d’études en poche, elle rejoint, grâce à une bourse – elle est une élève particulièrement brillante – la prestigieuse université de Stanford en Californie pour une licence d’anglais en 1973, puis une maîtrise, toujours en anglais, à l’université de Wisconsin. A Stanford, elle est l’une des seules femmes noires d’origine populaire, de surcroît la seule d’origine rurale. Inscrite en études de genre, elle éprouve les limites de cet enseignement où on ne parle jamais de race et où les femmes noires sont absentes dans les contenus des cours. Pour réparer cet état de choses, elle se lance, bien qu’encore étudiante, dans des recherches sur l’histoire des femmes noires. Ne suis-je pas une femme ? Femmes noires et féminisme est dans les tuyaux.

L’impact du sexisme et du racisme sur les femmes noires

En 1976, elle commence à enseigner en tant que professeur d’anglais et maîtresse de conférences en études ethniques à l’université de Califormie du Sud. En 1978, elle publie son premier recueil de poésie, And there We Wept / Et là nous avons pleuré (1978), sous le pseudonyme bell hooks – qu’elle tenait à écrire entièrement en minuscules, comme pour s’effacer derrière ses textes. Sa thèse de doctorat consacrée à la grande romancière afro-américaine Toni Morrison, terminée en 1983 au département de littérature de l’université de Californie à Santa Cruz, est alors en chantier. En 1981, en pleine préparation de son doctorat, elle publie un essai remarqué, sous le titre Ain’t I a Woman ? Black Women and Feminism / Ne suis-je pas une femme ? Femmes noires et féminisme – clin d’œil à l’ancienne esclave et abolitionniste Sojourner Truth (1797-1883) et à son célèbre discours : « Ain’t I a woman / Ne suis-je pas une femme ? ». La militante féministe aborde dans ce livre le vécu des femmes noires esclaves et leur marginalisation, la dévalorisation de la féminité noire, le rôle de l’impérialisme patriarcat et la déconsidération des problématiques de race, classe et genre.

Interconnexion de l’oppression de sexe, de race et de classe

Dès ce premier essai très bien accueilli, bell hooks dénonce les politiques de domination sur tous les fronts. Dans Feminist Theory : From Margin to Center / De la marge au centre. Théorie féministe (1984), traduit en français en 2017 (Cambourakis), bell hooks insiste sur la nécessité de penser ‘l’imbrication’ des dominations, en soulignant le dilemme politique auquel les femmes noires se trouvent confrontées par la mise en concurrence des luttes féministes et antiracistes, en pointant, d’une part, le racisme des unes, et, d’autre part, le sexisme des autres. Pour la militante féministe bell hooks, les dominations subies par les noires américaines ne doivent pas être analysées séparément mais conjointement dans leur imbrication. Les différents facteurs interagissent l’un avec l’autre dans l’élaboration d’une situation spécifique de domination. Quelques années avant que l’universitaire Kimberlé Grenshaw ne théorise la notion d’intersectionnalité (1989), bell hooks envisage le problème en parlant d’interconnectivité des oppressions de sexe, de race et de classe (Estelle Ferrarese, Cahiers du Genre, 2012/1 (n° 52).

Après sa soutenance de thèse sur Toni Morisson, bell hooks est recrutée comme professeure d’études africaines et afro-américaines dans la prestigieuse université de Yale dans le Connecticut. Par la suite, comme maîtresse assistante d’études féministes et de littérature américaine à Oberlin College, et de Distinguished Lecturer of English Literature au City College of New York. En 2004, on la retrouve comme professeure émérite en résidence à la faculté de Berea dans le Kentusky, où elle participe à un groupe de discussion féministe hebdomadaire et à un séminaire, « Building Beloved Community : The Practice of Impartial Love ». Elle décède le 15 décembre dernier, à 69 ans, à son domicile de Kentucky, des suites d’une longue maladie. C’est la fin d’un parcours intellectuel exceptionnel pour une Afro-américaine venue d’une région ségrégationniste du Sud des États-Unis. Sa disparation a été saluée par les féministes du monde entier comme une grande perte. Sa contribution aux mouvements féministes est en effet immense.

En tant qu’enseignante et écrivaine, elle marque les esprits par la clarté et la profondeur de ses propos. Elle laisse une œuvre abondante et reconnue, où essais et recueils se mêlent aux autobiographies, à la poésie et aux livres pour la jeunesse. Une œuvre qui prend en compte :

  • les oppressions plurielles et entrelacées ;
  • la critique du racisme dans la pensée féministe dominante  et celle du sexisme dans les mouvements antiracistes ;
  • la question de l’éducation comme pratique de libération, à l’instar de Paulo Freire ;
  • la notion de sororité, entendue comme un ‘engagement partagé (des femmes) dans la lutte’ contre la domination masculine ;
  • l’“éthique de l’amour” qui doit nécessairement accompagner tout mouvement politique.

bell hooks « est et restera l’une des rares théoriciennes à demeurer au plus proche du réel : à penser la vie, la violence, la politique, le militantisme au jour le jour, se faisant tour à tour poétesse, essayiste, pédagogue, critique, conteuse pour enfants, résistante, guérisseuse, révolutionnaire », écrit Elsa Dorlin en hommage à cette icône du féminisme.

Reynolds MICHEL

Par Yvette Duchemann : « de l’espoir pour une société en urgence »

JOURNEE INTERNATIONALE DES DROITS DE LA FEMME.
Bien sûr, ce 8 mars 2022 est une ponctuation révélatrice de notre volonté politique, associative, populaire pour confirmer que nous avons encore besoin d’une véritable PRISE EN COMPTE DE L’HOMME ET DE LA FEMME.

Une journée pour attirer encore une fois notre attention sur le fait que notre altérité détermine automatiquement notre complémentarité Homme/Femme, une journée pour dire que notre vigilance À TOUS doit être assidue et exercée pour que nous puissions à chaque seconde faire attention à l’autre, et à la place que notre société donne à la Femme, à l’intérêt qu’elle lui porte, à la reconnaissance entière de son existence. Ainsi, les 8 mars seraient tous les jours.
Hélas, l’état des lieux surtout en outre-mer et particulièrement à La Réunion, demeure alarmant. Quelles sont les racines de notre mal ? Comment tenter d’expliquer l’inexplicable ?
Quelle prévention COLLECTIVE mettre en œuvre pour détecter, empêcher le moindre geste de violence : parole, regard, geste et accompagner et guérir les auteurs de ces violences sordides intra familiales avant bien sûr le geste fatidique ?
Quels moyens nous-mêmes devons-nous trouver pour être des gens responsables, soucieux de notre harmonie sociétale. Oui : nous responsabiliser au quotidien, par exemple, tout simplement, comment échangeons-nous avec l’autre ?

Comment détecter chez elle son malheur, sa souffrance, sa maladie ?

La mort d’E. R, une femme de plus, n’est pas un fait divers : elle est révélatrice d’un profond malaise de la société réunionnaise, troisième département en matière de record de violences faites aux femmes, aux enfants, à nous toutes et tous aussi touchés émotionnellement, psychologiquement par ces terribles situations. Double infanticide à St Louis en janvier 2002, triple infanticide au Port, Gabriel, Matheo, Elianna, la liste s’alourdit dangereusement. Comment sortir de cette impasse réunionnaise ? Ne nous dédouanons pas : il y a urgence ;

Chaque citoyen-ne que nous sommes : nous nous devons de construire nous aussi cette société réunionnaise.
Bien sûr, nos députés qui nous représentent aussi devront nous accompagner dans nos démarches de citoyen responsable, devront se concerter et se coordonner pour faire entendre l’expression de nos besoins urgents en matière d’éducation, de prévention, d’accompagnement psychologique et physique, de réparation, si celle-ci peut exister. Le gouvernement doit-il améliorer ses dispositifs pour que les plaintes de plus en plus nombreuses déposées ici et ailleurs soient prises en compte et suivies d’effets ?

Aujourd’hui en 2022, notre incompréhension demeure totale. Mais pouvons-nous nous donner bonne conscience ? Il nous faut réfléchir et AGIR ENSEMBLE.
Bien sûr aussi en cette journée de LA FEMME, nous avons, une pensée de remerciement pour toutes les femmes engagées avant et maintenant à La Réunion et dans le monde.
Nous avons bien sûr aussi une pensée pour les femmes qui luttent en en Ukraine, en Afghanistan, pour celles qui subissent les viols, les mariages forcés, pour ces enfants mariées afin que leur famille puisse subsister, un engagement international pour que cessent les foeticides féminins, les enlèvements de femmes et d’enfants pris en otage pour de l’argent. Je ne cite pas ces pays : je ne veux pas les stigmatiser, j’ai encore un espoir qu’ils se ressaisissent, on les connaît.

Ce 8 mars 2022, réunissons-nous, rencontrons-nous, faisons véritablement société, engageons-nous encore et encore, FEMMES ET HOMMES POUR QUE L’HUMAIN : FEMMES ENFANTS HOMMES :  ILS, ELLES, IELS : SOIT COMPRIS ET RESPECTÉ PARTOUT.

Yvette DUCHEMANN, Présidente du parti politique 7 (SOLIDARITÉ ECOLOGISTE POPULAIRE POU NOUT TÈR) [email protected]

Par aline Murin : « en ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes, TOUT N’EST PAS IM- POSSIBLE »

« Femme, je suis, femmes nous sommes; Je rêve qu’aucune journée ne nous soit dédiée.

Cela signifierait alors que les inégalités concernant les femmes seraient abolies, que les violences conjugales seraient absentes des relations de couple, que les viols, les mariages arrangés, l’excision, le harcèlement sexuel et autres pratiques honteux n’auraient plus cours…

Je rêve donc que cette journée ne reste plus qu’un fait historique et que nous puissions un jour ne plus en avoir besoin, ne plus à revendiquer le droit d’être nous, tout simplement, Femmes.

En attendant, puisque nous célébrons encore cette journée internationale des femmes, permettez-moi de poser mon regard sur quelques-unes. Femme, fille, épouse, concubine, compagne, mère, femme au foyer, femme sans activité, femme au travail : employée, patronne ou libérale, artiste ou artisane, femme politique … autant d’identités dans lesquelles nous nous laissons souvent enfermées et dans lesquelles parfois nous nous perdons.

Permettez-moi aussi de profiter de l’occasion pour remercier ma mère, engagée socialement, qui reste un modèle pour moi, un fanm dobout, toujours droite et honnête qui a certainement guidé, sans le savoir ni le vouloir, mon obstination à être utile dans la société par le choix du métier d’enseignante d’une part et par mon envie d’entrer en politique pour faire bouger les lignes d’autre part. J’aimerais aussi avoir une petite pensée pour mes deux filles, Adèle et Emma futures femmes pour qui j’espère le combat pour l’égalité sera moins dur.

Fanm dobout, sa minm minm.

Fanm èk bonom, san bonom, èk zanfan, san zanfan, souvandéfwa zarboutan, très souvent dans le don de soi jusqu’à s’oublier, dans la culpabilité de ne pas arriver à tout concilier, dans l’écartèlement entre vie privée et vie professionnelle, très souvent courant après le temps.

Je rêve que nous, femmes, nous puissions avoir le droit à la non perfection, à la paresse, à être nous-mêmes sans fard, égales aux hommes à qui nous n’avons rien à envier, que nous puissions un jour avoir la sensation de ne rien sacrifier ni ambition professionnelle, ni vie de famille, ni bonheur conjugal. Que tous nos rôles puissent s’imbriquer au quotidien sans avoir à en payer un prix plus élevé simplement parce ce que nous sommes des femmes.
Et si nous restions tout simplement nous-mêmes, femmes aux multiples possibles, femmes et fières de l’être tout au long de notre vie ?

Il nous faut, en ces temps où des relents de sexisme semblent revenir en boomerang, continuer à lutter pour que nos droits ne se rétrécissent pas et que les combats menés et gagnés naguère ne tombent pas aux oubliettes et pour gagner d’autres batailles encore… Tout n’est plus im-possible ».

Aline Murin

Par Hélène Coddeville, présidente de l’Union Européenne des Femmes Réunion-Océan indien

« À l’occasion de la journée du 8 mars 2022 pour les droits des femmes dans le monde, l’Union Européenne des Femmes section Réunion/Océan exprime sa solidarité et son soutien à toutes les femmes Ukrainiennes. L’UEF lance un appel à toutes les femmes d’Europe. Nous devons nous lever pour défendre la liberté, la démocratie et la paix. La paix, c’est la liberté pour les peuples, c’est la croissance économique, c’est le développement culturel, c’est le progrès social pour tous.  Nous, les femmes d’Europe devons porter l’espoir, nous resterons courageuses et combatives dans la défense de nos valeurs européennes. Les droits des femmes et des enfants et l’égalité Homme/Femme restent notre objectif… »

 

 

 

 

 

Yves Mont-Rouge

[email protected]
Téléphone : 0692 85 39 64

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