Près d’un enfant sur deux vit dans un ménage pauvre à La Réunion

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En 2019, 37 % de la population réunionnaise vit sous le seuil de pauvreté métropolitain. Malgré une nette diminution depuis 2007, le taux de pauvreté est 2,5 fois plus élevé qu’en France métropolitaine. Les enfants mineurs sont davantage exposés : 46 % d’entre eux vivent dans un ménage pauvre. Cette part est plus élevée encore dans les familles monoparentales et les familles nombreuses. La pauvreté des mineurs, comme de l’ensemble de la population, est plus prégnante dans les petites communes rurales ou certaines communes plus urbanisées, comme Le Port.

Le niveau de vie reste plus faible que dans l’Hexagone, particulièrement pour les plus modestes. De ce fait, les inégalités sont plus importantes sur l’île. Le système de redistribution, qui permet d’abonder les revenus des plus modestes par les prestations sociales, a un impact particulièrement fort sur l’île : il permet de réduire le taux de pauvreté de 13 points.

En 2019, à La Réunion, 37 % de la population vit sous le seuil de pauvreté métropolitain, soit 322 800 personnes. Le taux de pauvreté recule fortement depuis 2007 : – 10 points, dont – 3 points depuis 2015. Pourtant, il reste bien plus élevé qu’en France métropolitaine (15 %) et que dans toutes ses régions. Il est aussi plus élevé qu’en Martinique (27 %). Il culmine à 53 % dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville de La Réunion.

La pauvreté concerne davantage les enfants mineurs

La pauvreté touche davantage encore les enfants. En 2019, 110 500 enfants mineurs vivent dans un ménage pauvre, soit 46 % d’entre eux (21 % dans l’Hexagone). Comme pour l’ensemble de la population, la pauvreté des mineurs est plus prégnante dans les petites communes rurales : elle atteint 63 % à Salazie, 60 % à Cilaos et 58 % à Sainte-Rose figure 1. Elle s’élève à 56 % dans les communes plus urbaines de Saint-Benoît ou du Port. À l’opposé, La Possession, les Avirons et l’Étang-Salé sont les communes les moins concernées (34 %).

Plus généralement, le taux de pauvreté des personnes qui vivent dans un ménage avec enfant(s) mineur(s) est de 42 % à La Réunion. Il atteint 55 % pour les familles monoparentales, qui sont très majoritairement constituées de mères seules avec enfant(s). En revanche, il est beaucoup plus faible pour les couples avec enfant(s) (31 %) , qui bénéficient plus souvent de deux revenus d’activité. Néanmoins, la précarité est plus forte pour les familles nombreuses : 47 % des couples avec au moins trois enfants vivent sous le seuil de pauvreté. La pauvreté concerne davantage les enfants mineurs.

La redistribution réduit fortement la pauvreté et les inégalités

La redistribution réduit fortement la pauvreté à La Réunion (- 13 points) ; autrement dit, sans elle, le taux de pauvreté s’élèverait à 50 % en 2019. Cet effet important de la redistribution est lié à la situation difficile de l’emploi sur l’île, où seules 46 % des personnes de 15 à 64 ans disposent d’un emploi en 2019, contre 66 % dans l’Hexagone [Jonzo, 2020]. Pour les ménages avec enfant(s), le versement des prestations sociales (allocation familiale, prestation logement et minima sociaux) a un effet encore plus fort sur la réduction du taux de pauvreté (- 15 points). De plus, avoir un emploi ne met pas toujours à l’abri de la pauvreté. Au sein des ménages dont les revenus d’activité (salaires ou revenus des travailleurs indépendants) sont la principale ressource déclarée, 21 % des personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté ; c’est deux fois plus que dans l’Hexagone.

De fait, le poids des prestations sociales dans le revenu disponible est trois fois supérieur à La Réunion : 17 % contre 6 % dans l’Hexagone  figure 2. Il est particulièrement élevé pour les familles monoparentales (37 %). En revanche, les pensions et retraites pèsent nettement moins dans le revenu disponible à
La Réunion (16 % contre 28 %), car les personnes à la retraite y sont relativement moins nombreuses et leur niveau moyen de pension est nettement inférieur. Fin 2019, 25 % des personnes de 15 à 64 ans sont allocataires d’un minima social à La Réunion (8 % dans l’Hexagone) et 15 % des personnes de 60 ans ou plus sont allocataires du minimum vieillesse (3 %).

Des niveaux de vie plus faibles, particulièrement pour les plus modestes

D’un bout à l’autre de l’échelle de revenus, les niveaux de vie sont plus faibles à La Réunion. En 2019, la moitié des Réunionnais vivent avec moins de 1 320 euros par mois et par unité de consommation (UC), soit 28 % de moins que dans l’Hexagone  figure 3. Les écarts sont plus importants dans le bas de l’échelle des revenus : les 20 % des plus modestes vivent avec au plus 860 euros/mois/UC, soit 30 % de moins qu’en métropole. À l’opposé, les 20 % des plus aisés vivent avec au moins 2 280 euros/mois/UC, soit 14 % de moins que dans l’Hexagone.

De ce fait, les inégalités de revenus sont plus importantes à La Réunion. En 2019, l’ensemble des revenus disponibles des 20 % les plus aisés est 5,4 fois plus élevé que ceux des 20 % les plus modestes. Ce rapport est moindre dans l’Hexagone (4,4). Les inégalités de revenus sont les plus élevées à L’Étang-Salé (6,3), Saint-Denis (6,0) et Saint-Paul (5,9). À l’opposé, Le Port (3,7) et Saint-Philippe (3,9) présentent une distribution moins inégalitaire : les plus aisés y ont des revenus plus faibles qu’ailleurs.

 

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