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Présentation du rapport sur le paysage de la création cinématographique à La Réunion : un diagnostic et des pistes pour l’avenir

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Le Conseil de la Culture, de l’Éducation et de l’Environnement (CCEE) a présenté ce matin à Saint-Denis un rapport inédit sur le paysage de la création cinématographique à La Réunion. Cette initiative est le fruit de plusieurs travaux d’analyse du paysage audiovisuel régional, menés dans le cadre de la mission réglementaire du CCEE, qui se fonde sur la loi du 8 janvier 1986. Cette loi confie au CCEE la compétence en matière d’audiovisuel et l’oblige à réaliser un rapport annuel sur l’état de la communication audiovisuelle dans la région.

Présenté par Roger Ramchetty, président du CCEE, et Elsa Dahmani, vice-présidente du conseil, ce rapport se veut un diagnostic approfondi des défis, des opportunités et des axes de développement pour le secteur du cinéma local.

Un constat : un manque de diffusion des productions locales

Les différentes études menées par le CCEE ont mis en lumière un problème structurel majeur : le manque de cases de diffusion dédiées aux contenus audiovisuels et cinématographiques produits à La Réunion. Dans un environnement de diffusion de plus en plus fragmenté et complexe, entre la TNT, les médias numériques, les réseaux sociaux et la diffusion en replay non linéaire, les créateurs réunionnais peinent à trouver une visibilité suffisante pour leurs œuvres.

Le rapport pointe particulièrement la difficulté pour les productions locales d’accéder à des créneaux sur les chaînes publiques et privées, alors que celles-ci restent les principales vitrines de la création audiovisuelle. Ce déficit de diffusion limite l’impact et la portée des films et séries produits localement, freinant par la même occasion le développement de l’industrie cinématographique sur l’île.

Le besoin crucial de soutien public

L’un des principaux constats du rapport est le besoin de subsides publics pour soutenir la création audiovisuelle réunionnaise. Les chaînes publiques, en particulier, ne disposent pas des moyens financiers suffisants pour programmer régulièrement des contenus locaux. Le rapport suggère donc un renforcement des aides publiques afin de soutenir à la fois la production et la diffusion des œuvres cinématographiques réunionnaises. Cela pourrait se traduire par des fonds supplémentaires pour encourager les tournages locaux, ainsi que des incitations financières pour les diffuseurs, en particulier les chaînes de télévision, à intégrer plus de contenu local dans leur grille de programmes.

Des modes de financement et de diffusion à redéfinir

Le rapport aborde également la question des modes de financement des productions cinématographiques à La Réunion. Aujourd’hui, les réalisateurs et producteurs locaux doivent souvent recourir à des financements extérieurs ou à des coproductions avec des partenaires métropolitains ou étrangers pour monter leurs projets. Cette dépendance limite parfois la capacité des créateurs réunionnais à raconter des histoires authentiquement locales.

Il est également question de diversification des modes de diffusion. En effet, face à la montée en puissance des plateformes de streaming et des réseaux sociaux comme lieux de diffusion, les créateurs réunionnais doivent s’adapter à ces nouveaux canaux pour toucher un public plus large, non seulement localement, mais aussi à l’international. Le rapport appelle donc à une réflexion sur la manière dont les productions locales peuvent optimiser leur présence sur ces plateformes numériques, tout en continuant à revendiquer leur place sur les chaînes traditionnelles.

Une absence de ressources bibliographiques : un appel à documenter le secteur

Un autre point soulevé par ce rapport est le manque de ressources bibliographiques sur le sujet de la création cinématographique à La Réunion. L’absence de documentation précise et accessible sur le secteur constitue un obstacle pour son analyse et son développement stratégique. Roger Ramchetty et Elsa Dahmani ont ainsi souligné la nécessité de produire davantage d’études et de rapports sur la filière, afin d’offrir aux décideurs publics et aux acteurs du secteur des données fiables et actuelles.

Une présentation pour imaginer l’avenir

Lors de cette présentation, les équipes du CCEE ont mis en avant plusieurs pistes d’amélioration pour renforcer l’industrie cinématographique réunionnaise. Parmi les solutions évoquées, on retrouve :

  • La création de fonds régionaux dédiés à la production et à la diffusion des œuvres locales.
  • La mise en place de partenariats avec des chaînes de télévision locales et nationales, ainsi qu’avec des plateformes de streaming, pour une meilleure diffusion des contenus réunionnais.
  • Le renforcement de la formation des professionnels du secteur à La Réunion, afin de développer les talents locaux et les compétences nécessaires à la production de films et de séries de qualité.
  • La création d’un observatoire régional du cinéma qui permettrait de suivre l’évolution du secteur, d’analyser les tendances et d’accompagner les créateurs locaux dans leur démarche.

Conclusion : un Secteur à soutenir et à structurer

La présentation de ce rapport marque une étape importante dans la prise de conscience des enjeux auxquels fait face la création cinématographique à La Réunion. En mettant en lumière les faiblesses du système actuel et en proposant des solutions concrètes, le CCEE entend encourager les acteurs publics et privés à travailler ensemble pour structurer un secteur créatif et dynamique, à la hauteur des talents de l’île.

Ce rapport appelle à un engagement renforcé des institutions pour soutenir le cinéma réunionnais, non seulement pour préserver la diversité culturelle, mais aussi pour faire de l’île un véritable pôle de création audiovisuelle dans l’océan Indien et au-delà.

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