Affaire Eliana : 20 ans de réclusion criminelle à l’encontre du ti-père et acquittement de la mère

7 min de lecture
24

Ce mercredi 5 mai, le verdict est tombé dans l’affaire Elianna. Les réquisitions ont été suivies. 

Cédric Babas, le ti père de l’enfant, a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté des 2/3, un suivi socio-judiciaire de 5 ans et 3 ans d’emprisonnement si il ne le respecte pas. Il a 10 jours pour faire appel.

La mère, a quant à elle été acquittée.

Après le verdict, le ton est monté et la salle d’audience a dû être évacuée.

Réactions des avocats de la partie civile :

Le collectif Elianna réagit :

Écoutez le bâtonnier Georges-André Hoarau, avocat de trois des parties civiles qui réagissait après les réquisitions de l’avocat général :

Cliquez ici pour voir la réaction Rosita, la grande tante d’Elianna https://fb.watch/5i0kE-AVms/. Elle donne ses impressions après les réquisitions du parquet.

Elianna, une petite fille de 2 ans, morte sous les coups

C’était une adorable petite fille, en pleine vie, qui vivait avec sa maman et le compagnon de cette dernière dans un appartement du côté de Champ-Borne à Saint-André. Elle aurait eu cette année 5 ans. Mais le 28 mars 2018, sa toute jeune vie a basculé dans l’horreur. Et lorsque les secours sont arrivés sur place, dans cet appartement à Champ-Borne, ils ont découvert un petit corps meurtri. La petite fille avait été tuée. Atroce !

Après deux jours de procès, la vérité n’est toujours pas sortie. Et il se pourrait qu’on ne sache jamais comment s’est déroulé le drame qui a conduit à la mort de la petite fille. On sait qu’elle est partie se coucher à l’heure de la sieste. Période durant laquelle Elianna se trouvait sous la garde de son ti-père, Cédric. Quand sa mère rentre chez elle, l’enfant se réveille, sort de son lit et chute aux pieds de Cédric. Elle décède ensuite dans d’horribles souffrances. D’après l’expert légiste, un violent coup donné par un tiers serait à l’origine de ses sévices. « Cette personne a shooté dans la petite fille », précise-t-il.

Qui a donné le coup fatal ? C’est ce que cherchent à savoir les juges depuis lundi 3 mai à l’occasion de ce procès qui se conclura aujourd’hui. Procès pour lequel un collectif a été monté : « le Collectif Elianna », composé des membres de la famille de la petite fille ainsi que d’autres personnes. Un collectif qui réclame « justice ».

Les deux accusés nient cependant avoir porté un coup mortel à la petite fille.

3ème jour de procès : « le procès du silence, de l’omerta »

Ce mercredi matin, l’audience s’ouvre avec les plaidoiries des avocats. « C’est le procès du silence, de l’omerta », souligne l’avocate de Mathilde – placée depuis ses 4 ans – et Clérane, les deux enfants de Pascaline et soeur et frère d’Elianna.

« Elianna n’avait qu’un seul biberon, une tétine dans un état déplorable »

Pour l’avocate de la grand-mère et du grand oncle de la petite victime, « ce drame aurait pu être évité. C’est la réalité de cette histoire. Plusieurs signalements ont été faits. Elianna n’avait qu’un seul biberon, une tétine dans un état déplorable. » Des plaques avaient été constatées à l’entrejambe d’Elianna et de Clérane, dû à une hygiène douteuse. Ils n’étaient pas lavés régulièrement. « Pascaline déclare pendant tout le procès qu’elle aime son enfant et je crois. Mais quand je ne suis pas capable, je demande à l’Etat de l’aide, au Département », clame l’avocate. « Il n’y a pas eu de violences habituelles dans cette affaire mais des maltraitances, des carences éducatives. Comment une mère peut aller coucher avec l’accusé quelques jours après le drame ? », précise le bâtonnier Georges-André Hoarau.

« Ce petit être de 99 cm et 14 kilos a agonisé pendant une demi-heure »

« Dès le début, cet enfant aurait dû être placé. Ce petit être de 99 cm et 14 kilos a agonisé pendant une demi-heure. Pascaline a fait entrer le loup dans la bergerie », déclare Alex Vardin, avocat de la défense.

3ème jour de procès : les réquisitions du parquet

Suite aux plaidoiries des avocats de la partie civile, l’avocat général a donné ses réquisitions. Réquisitions qui se basent sur le raisonnement suivant. Il a tout d’abord affirmé que le coup a forcément été porté par Cédric ou Pascaline, personne n’ayant été en contact avec la petite fille avant qu’elle ne perde la vie. L’hypothèse selon laquelle ils ont agi ensemble a également été écartée par le parquet. Alors qui de Cédric ou Pascaline aurait donné le coup mortel survenu après la sieste ?

Pascaline avait un motif : une semaine auparavant, elle avait appris que les deux enfants à sa charge – Elianna et Clérane – allaient être placés. Néanmoins, le mode opératoire ne correspond pas selon l’avocat général car, comme l’a précisé le psychiatre, « il s’est passé quelque chose d’imprévu ». Il apparaît également pendant l’instruction qu’elle n’a jamais été seule avec son enfant et n’a pu donner le coup.

Cédric était quant à lui seul avec l’enfant pendant la sieste sous l’emprise de stupéfiants et affirme ne pas se rappeler de ce qu’il a fait durant ce laps de temps. Il a donc eu l’occasion de frapper la petite. Quant au profil, l’homme connu de la justice pour violences sur mineurs aurait été capable de donner des coups à un enfant. L’avocat général établit le mobile : il ne trouverait pas sa place dans cette famille où Pascaline a une relation fusionnelle avec Elianna. Le geste n’était cependant pas prémédité, pense l’avocat général. Pour lui, c’est Cédric qui a porté le coup mortel.

Il a requis 20 ans de prison à l’encontre du ti-père d’Elianna pour coup mortel de personne ayant l’autorité sur un mineur ayant entraîné la mort sans intention de la donner, 5 ans de suivi socio-judiciaire avec une injonction de soins, une interdiction de séjour à St-André de 5 ans et une interdiction de port d’armes de 3 ans.

Concernant Pascaline, la mère de la victime, le parquet général a requis l’acquittement.

3ème jour de procès : Maître Navarro plaide le passé chaotique de la mère d’Elianna

Maître Navarro, avocat de la mère d’Elianna a plaidé que Pascaline a eu un passé chaotique et traumatique. « Elle a fait entrer un homme violent dans sa vie, c’est comme ça qu’elle fonctionne. Elle ne s’en rend pas compte », explique-t-il.

3ème jour de procès : « un délit de sale gueule » contre Cédric B.

Dans sa plaidoirie, Maître Gorse déclare qu’il s’agit « d’un délit de sale gueule ». « On se dit que Cédric est forcément coupable à cause de son apparence. Alors qu’il était là au mauvais endroit au mauvais moment », déclare-t-il. L’avocat demande l’acquittement de son client dans cette affaire. « Je pense que Pascaline a le profil d’une mère qui peut frapper son enfant », lance-t-il.

Retour sur les deux premiers jours de procès

Médecin légiste : « C’est une enfant qui a énormément souffert »

L’autopsie a démontré que plusieurs lésions étaient constatées au niveau du crâne, des bras, du foie ou encore du rein de la petite fille. Elle est décédée des suites de ses blessures, qui seraient dues à des coups ou un choc très violent. « C’est une enfant qui a énormément souffert », conclut la médecin légiste. Pour l’expert de Métropole, qui a également réalisé une expertise médico-légale, l’état de la petite fille a été causé par un violent coup de pied : il est formel.

Mardi 4 mai, le ti-père et la maman d’Elianna ont été entendus. En est ressorti que Pascaline est une femme au parcours de vie chaotique. Elle a baigné dans la violence, l’alcool et l’inceste dès l’enfance.

« Je n’ai pas pu protéger mes enfants. J’ai été négligente mais je n’ai pas tué ma fille »

Elle a notamment déclaré : « Quand je suis revenue à la maison le jour du drame, j’ai vu sur le visage  de Cédric. Il était choqué. Il m’empêchait de toucher ma fille. Il me disait qu’elle faisait un caprice« , confie-t-elle en larmes. Quelques instants après, la petite fille était décédée. Elle clame : « Je n’ai pas pu protéger mes enfants. J’ai été négligente mais je n’ai pas tué ma fille. Je n’ai pas vu ce qu’il s’est passé, je ne peux pas affirmer que c’est Cédric. »

Cédric se dit « un peu » affecté par la mort d’Elianna

C’était ensuite au tour de Cédric d’être à la barre. Il est décrit comme un homme ayant de multiples relations violentes, qui fait du trafic de zamal et possédait des armes. Il lui arrivait de subvenir aux besoins des enfants de Pascaline, qui l’hébergeait.

Suite au décès de la petite fille, Cédric se dit « un peu » affecté par sa mort. Le psychiatre le qualifie de psycopathique. Il s’agit d’un trouble de la personnalité caractérisé par un comportement antisocial et un manque de remords, généralement associé  à un mode de vie criminel et instable.

Pour Cynthia du Collectif Elianna, il ne fait aucun doute que Cédric est coupable du décès d’Elianna et que Pascaline a une part de responsabilité car « elle n’a pas su protéger son enfant » :

Pour Maître Fabian Gorce, qui défend le ti-père de la victime, il s’agit uniquement « d’un délit de sale gueule » auprès de son client. Retrouvez ci-dessous le commentaire des avocats au sortir du deuxième jour de procès :

 

0 0 votes
Note de l'article
S'inscrire
Me notifier des
24 Commentaires
plus de votes
plus récents plus anciens
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Article précédent

Médecine légale à Mayotte : une grande avancée pour les médecins et pour les patients

Article suivant

Le secteur centre-ville inaugure son nouveau centre municipal

Free Dom