Retour sur une « balade botanique » à Manapany pour un inventaire citoyen de la faune et de la flore

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Cette « balade reconnaissance » s’est effectuée ce dimanche sous l’égide de  l’ADPRH   ( L’Association Des Propriétaires, Riverains et Habitants de Manapany) et du Collectif des Usagers des Jardins de Mananapany

« Manapany ti coin charmant est classé en ZNIEFF de type 1 (Zones Naturelles d'Intérêt
Écologique Faunistique et Floristique) depuis 2010, abritant des reliques de végétation
indigène littorale (milieu très raréfié à la Réunion). A l’aube du démarrage de grands
chantiers sur Manapany, aucun inventaire complet de la faune et de la flore de ce haut
lieu de la biodiversité réunionnaise n’a été réalisé à la demande de la Mairie de St
Joseph ou la DEAL.
L’ADPRH de Manpany et le Collectif des Usagers des Jardins de Manapany ont donc
organisé ce dimanche 6 mars 2020, un inventaire citoyen de la flore et des balades
botaniques pour sensibiliser et initier les Réunionnais à la biodiversité de la baie de
Manapany. Des conteurs ont rapporté la parole du tan lontan, quand la préservation des
ressources naturelles coulait de source !

Armés d’un GPS et d’une liste exhaustive de la flore vasculaire, une dizaine de riverains
et de militants d’associations et collectifs écologistes dont (Greenpeace Réunion, XR,
Collectif 5000 Pié d’bwa) ont arpenté l’étage sub-littoral de la baie de Manapany, sous
l’égide de Christophe, botaniste de métier. « C’est près de 70 espèces qui ont été
recensées ce matin, s’exclame celui-ci, ravi, depuis le takamaka bord de mer à
l’Euphorbia goliana (en voie critique d’extinction) en passant par le latanier rouge. A ce
propos, nous avons pu relever la présence de pieds juvéniles sauvages de lataniers
rouge, que nous avons géolocalisé avec précision, parce qu’ils sont protégés ! »


Cet inventaire citoyen a été l’occasion pour les militants écologistes d’être formés à la
technique scientifique de l’inventaire exhaustif par trancept, compétence qui leur sera
utile pour veiller à ce que la préservation de la biodiversité soit respectée dans les
nombreux projets touristiques qui fleurissent à la Réunion (Parc du Volcan, tyroliennes
de Cilaos…).
Lionel, membre du Collectif Touch pa Cazabona, heureux bénéficiaire de la formation,
déclare : « Ce type d’inventaire est nécessaire pour contrer la mauvaise fois de certains
de nos édiles : à Kazabona, après avoir fait abattre, en pleine nuit, 20 arbres de la
dernière forêt urbaine de St Pierre, le maire Michel Fontaine a déclaré qu’elle n’avait
jamais existé et qu’il n’y avait que de la savane ! Un tel inventaire nous aurait été utile !»
Aux familles et amoureux de la nature, riverains ou non, ont ensuité été proposées trois
balades botaniques, destinées à les sensibiliser, à les initier à la reconnaissance des
plantes endémiques, indigènes et exotiques qui vivent à Manapany.
Antoine et Julien, botanistes passionnés, ont présenté un itinéraire destiné à montrer
l’intérêt de la préservation de la flore, en tant qu’habitat d’espèces protégées comme le
célèbre Phelsuma inexpectata autrement nommé gecko vert de Manapany ou Phaéton,
non moins célèbre Paille-en-queue.

Isabelle, ethno-botaniste, a fait découvrir à près d’une vingtaine de personnes, les
vertues médicinales du gros-thym ou de la Centella asiatica, et les vertues gustatives de
la tétragone ou brèd zépinar, si peu présente dans nos assiettes.
Enfin, pour le plus grand plaisir des petits et des grands, Lola et Stéphane ont conté
Parole Rwa Karo d’bwa/ Les gardiens de la forêt, dans une adaptation bilingue français-
kréol. Matéo, 9 ans, explique à la fin de la représentation :  « Bann pyé d’bwa i sa nout
zarlor, akoz zot i donn lonbraz é lar fré dann la sité, dann la vil ! Episa, néna inn takon
zanimo sanm bébèt i viv andan ! E nous la boswin bébèt pou gany manzé ! »
Doriane, sa mère, ajoute « Matéo lé trè conserné par la natir, nou i élèv ali dann lo respé
la vi sou tout ses formes. Li plèr mèm kan li wa in moun i koup pyé d’bwa ! »
Devant les Jardins de Manapany, toujours clôturés et fermés au public, l’ADPRH et le
Collectif des Usagers de Manapany avaient monté leurs stands afin d’informer le public
sur les projets prévus au PLU de Manapany, en particulier la construction d’un hôtel 4*,
mais aussi de routes et de parkings, au frais des contribuables de St Joseph.
Le Collectif des Usagers des Jardins de Manapany a pu expliquer chacune des 3
procédures que ses membres ont déposé au Tribunal Administratif, destinées à ce que
la kour Manapany reste un bien commun accessible à tous, sans condition de revenu et
réouvre rapidement au public.
Au total, c’est une petite centaine de personnes ravies qui sont rentrées chez elles
aujourd’hui, avec un peu de la magie de l’exceptionnelle biodiversité du Ti coin
charmant, écrin de beauté et d’un art de vivre qui, c’est décidé, ne peuvent disparaître
sous le béton si luxueux soit-il » indiquent les deux associations.

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