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Saint-André : les conditions de vie préhistoriques de Jean-Fabrice Marda (VIDÉO)

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Il s’appelle Jean-Fabrice Marda. Il a 44 ans. Il a servi la Patrie durant plus de 5 ans. « J’ai fait mon service militaire au RPIMA, puis je me suis engagé durant 5 ans au sein de l’armée, en métropole ». A son retour dans son île, Jean-Fabrice s’installe sur un terrain de 439 m2 que lui a laissé sa maman du côté de Cambuston. Un terrain situé chemin Melrot à Saint-André. « J’habite là depuis maintenant 11 ans ». Il vit dans des conditions impensables, en 2022 : sans eau, ni électricité, alors qu’un des poteaux électriques d’EDF est situé carrément sur son terrain.

La chambre de Jean-Fabrice : un vieux matelas et un hamac. (Crédit Photos : Yves Mont-Rouge)

Jean-Fabrice Marda a déjà fait la demande d’électricité et d’eau auprès des services habilités . « On m’a dit que c’est impossible car mon terrain est situé en zone rouge ». Ecoutez Jean-Fabrice, il est interrogé par Yves Mont-Rouge :

 

L’ADIES (Association pour le Développement Environnement et l’Insertion Sociale), présidée par Lolita Damour a décidé de venir en aide à Jean-Fabrice. L’un de ses membres, Guibert Soupin Coulin, enseignant au lycée de Sainte-Marie, est également référent d’Action Populaire, qui est présidée par Hervé Lauret. Guibert Soupin Coulin est par ailleurs secrétaire du comité local d’AP à Saint-André.

De gauche à droite : Permal et Guibert Soupin Coulin, membres de l’ADIES, Jean-Fabrice Marda et la présidente de l’ADIES, Lolita Damour.

« C’est inadmissible de voir quelqu’un vivre dans de telles conditions à la Réunion, département français, la France, pays des Droits de l’Homme. Nous entendons tous les jours nos élus nous dire qu’ils travaillent pour le peuple réunionnais or, quand on regarde la situation de Jean-Fabrice, moi je vois plutôt un Réunionnais abandonné, livré à lui même en dépit de toutes les démarches qu’il a entreprises pour s’en sortir ».

La cuisine de Jean-Fabrice

Et Guibert Soupin Coulin de poursuivre : « les pouvoirs publics lui ont dit que son terrain est en zone rouge. Sauf que tous les terrains voisins sont également en zone rouge. Il y a des familles juste à côté de Jean-Fabrice qui ont l’électricité et l’eau potable. Pourquoi lui refuse-t-on l’installation d’un compteur électrique et d’un compteur d’eau ? », s’interroge l’ADIES.

En effet, bien après le terrain sur lequel « survit » Jean-Fabrice, il existe d’autres maisons équipées en courant électrique. Jean-Fabrice Marda en a fait la demande depuis 2014. Demande qui, selon le courrier de la municipalité, a « été mise à l’étude ». Huit années plus tard, force est de constater que « la demande est manifestement toujours à l’étude » puisque Jean-Fabrice n’a plus jamais eu de nouvelles malgré ses relances.

Un des nombreux poteaux électriques du chemin Melrot est carrément situé sur son terrain dans l’impasse Melrot.

« J’aimerai tant pouvoir exploiter mon terrain, créer une activité, par exemple une table d’hôte afin de pouvoir commercialiser les produits que je cultive, mais l’administration ne fait rien pour me faciliter la tâche. Au contraire, au lieu d’encourager l’initiative privée, on me met les bâtons dans les roues », explique découragé le quadragénaire.

Jean-Fabrice Marda est le fils de Joseph, bien connu dans le village du Colosse pour avoir cuisiné au temple éponyme. Il est également un militant actif du PCR (Parti communiste réunionnais). Mais son fils Jean-Fabrice ne fait pas de politique. « Tous les maires qui sont passés à la mairie n’ont rien pu faire pour moi, tant Jean-Paul Virapoullé, Eric Fruteau que Joé Bédier. Il y a environ un an, je suis allé à la mairie, j’ai demandé un rdv au maire auprès de son secrétariat. On m’a dit pas avant juillet, mais ils ne m’ont pas dit juillet de quelle année », souligne Jean-Fabrice qui n’a jamais pu s’entretenir avec un élu municipal. « Je souhaiterai que les fonctionnaires quittent un peu leur bureau climatisé et qu’ils viennent sur le terrain voir dans quelles conditions je survis. Moi je ne vis plus, je survis chaque jour que Dieu fait ».

La petite baraque en bois sous tôle qu’il a montée pour y habiter n’a même pas de fenêtre. C’est aussi un nid à moustique et à rats.

En attendant de trouver une solution à sa « situation préhistorique », Jean-Fabrice qui ne demande pas l’aumône mais uniquement de pouvoir bénéficier de la même application de la loi que ses voisins du chemin Melrot, continue à prier Dieu.

Malgré ses conditions de vie difficiles, Jean-Fabrice garde la foi en Dieu.

En espérant que les pouvoirs publics puissent enfin, cette année, le sortir de son habitat plus que précaire. En se disant aussi que « si mon terrain est situé en zone rouge, toute la zone de l’Etang-Cambuston, côté mer, et celle du Colosse devraient également être considérés comme étant en zone rouge. Or, partout ailleurs, les constructions sont autorisées, sauf sur mon terrain où je n’ai pas droit à un branchement électrique au poteau situé sur ma propriété ». Comprenne qui pourra ! L’ADIES, qui ne fait pas de politique politicienne, est bien décidé à prendre ce dossier en main. A suivre !

Y.M.

(Pour tous renseignements, voici les coordonnées de l’ADIES : 209, rue du Grand Large à Saint-André. 0692 65 87 40)

Yves Mont-Rouge

[email protected]
Téléphone : 0692 85 39 64

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