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St-André : « la CDPNAF bloque notre projet et nous condamne à survivre au RSA » (VIDÉO)

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« Nous ne voulons plus vivre du RSA ; Nous voulons sortir de ce système afin de donner un autre exemple à nos enfants. Ce n’est pas avec 1 300 € par mois que nous allons pouvoir préparer leur avenir ; Nous voulons travailler de nos propres mains car nous sommes encore jeunes et nous avons l’énergie nécessaire pour cela. Nous avons également un projet, mais l’Etat nous bloque et nous condamne finalement à vivre ou plutôt à survivre au RSA » : c’est le cri de détresse, un SOS également, lancé par ce couple, parents de 4 enfants, du côté de Saint-André, au lieu-dit, précisément, Rivière-du-Mât-les-Bas. Larissa et Ericson Paris habitent au 250, chemin Lazarre. N’ayant pas de travail, en dépit de leurs recherches, ils vivent du RSA depuis plusieurs années déjà. Ericson Paris, lui, chasse un peu pour arrondir les fins de mois. « Tout est fait dans les règles de l’art, j’ai mon permis… Mais c’est difficile, c’est pas avec deux tangues en plus du RSA qu’on va pouvoir assurer un avenir décent à nos quatre enfants », dit-il. Ecoutez Ericson Paris, il est au micro d’Yves Mont-Rouge :

Le couple a en effet quatre enfants qui sont âgés de 18 ans, 16 ans, 11 ans et 8 ans. Le premier a eu son bac et poursuit ses études au STAPS du Tampon. La seconde est en classe de 1ère au lycée Mahatma Gandhi à Saint-André. Et les deux plus jeunes sont également scolarisés dans la commune. « Même si nous ne pouvons leur offrir tout ce qu’ils veulent en raison de nos faibles moyens financiers, nos enfants apprennent bien à l’école. Ce sont non seulement de bons enfants bien éduqués mais aussi de bons élèves. Nous n’avons rien contre le RSA qui  permet de survivre depuis des années déjà, nous comprenons toutes les personnes qui n’ont pas d’autre alternative que de percevoir cet argent de la solidarité que certains qualifient à tort d’argent de l’assistanat, mais dans notre cas, nous voulons vraiment sortir de ce système car nous voulons montrer à nos enfants que nous sommes des battants… », explique Larissa Paris (née Robert). « J’ai hérité de mes parents un terrain agricole d’environ 5 500 mètres carrés situés pas loin de notre domicile. Aussitôt que l’héritage a été acté, j’ai décidé, avec mon mari, de monter un projet dans l’espoir justement de sortir de notre situation très précaire car ce n’est pas évident, quand on a quatre enfants scolarisés, de vivre avec 1 300 € par mois », souligne Larissa Paris.

« Nous avons donc monté un projet de table d’hôte en se disant que nous allons valoriser le terrain agricole en le cultivant, en y faisant du maraîchage et un peu d’élevage. Des produits que nous pourrons ensuite commercialiser dans le cadre d’une table d’hôte. C’est notre projet. Nous sommes allés voir la mairie, tout contents, avec notre dossier sous les bras. Nous avons eu un très bon accueil. Le 1er adjoint Jean-Marc Péquin nous a promis de faire le nécessaire au niveau administratif. C’est ce qu’il a fait en adressant un courrier à la préfecture. Auparavant, nous avions également écrit à la Première ministre Elisabeth Borne ainsi qu’au ministre de la Transition écologique pour présenter notre projet. Le Président de la République a toujours dit qu’il était pour l’initiative privée. Tous les politiques locaux, à commencer par le président du Département, ne cessent de répéter qu’ils mettent en œuvre tous les moyens pour sortir, si possible, du RSA ; Qu’ils faut être créatifs, qu’il faut se lancer dans une activité afin de gagner sa vie dignement. C’est ce que nous voulons », indique le jeune couple.

Le couple Paris avec deux de leurs enfants sur leur terrain pour l’instant en friches. (Crédit photos : Yves Mont-Rouge)

La mairie de Saint-André a validé le projet, à savoir le déclassement d’une centaine de mètres carrés sur les 5 500 m2 afin de bâtir une table d’hôte. Il resterait ainsi près de 5000 m2 de terres agricoles cultivables. « En clair, nous sommes bien dans l’esprit de la loi qui consiste à vouloir protéger les terres agricoles, ce qui est parfaitement compréhensible, mais en même temps dans le développement d’une activité agro-touristique qui va dans le sens de la politique municipale et, en même temps, cela nous aurait permis de sortir du RSA », insistent Larissa et Ericson Paris.

« Nous sommes tellement dépités de cette situation que ma femme a déjà fait deux tentatives de suicide… »

Sauf que, selon la procédure qui prévaut, le projet de M et Mme Paris a été soumis à la CDPNAF (commission de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers) et que cette dernière a émis un avis défavorable. La mairie a écrit à la préfecture :

La préfecture, via la secrétaire générale Régine Pam, a répondu par la négative :

Idem du côté du sous-préfet de Saint-Benoit, Michael Mathaux dont les services n’ont fait qu’un copier-coller de la lettre de la préfecture datée d’août 2022 :

Le 1er adjoint de mairie de Saint-André, Jean-Marc Péquin, qui a reçu à son bureau le couple Paris, et qui a vu et compris la détresse de cette famille souhaitant s’en sortir, a relancé tout récemment le préfet de la Réunion :

Le couple ne comprend pas car cette décision de la CDPNAF va à l’encontre de tous les discours politiques qui incitent les Réunionnaises et les Réunionnais au travail, à la création d’une activité. « C’est aussi une décision contradictoire car d’un côté vous avez la DEAL, la direction de l’environnement, de l’aménagement et de l’environnement, un autre service de l’Etat, qui nous met la pression en ne cessant de nous dire que notre terrain est en friches et qu’il va vite falloir en faire quelque chose au risque d’être donné à un colon ou récupéré par la Safer (société d’aménagement foncier et d’établissement rural) et, de l’autre côté, vous avez la CDPNAF qui refuse le projet de valorisation de notre terrain en friches. On ne comprend plus rien. Qui commande ici ? Les maires, les politiques qui ont été élus par le peuple, par le suffrage universel ou quelques fonctionnaires d’Etat ? »,

s’interrogent Larissa et Ericson Paris.

« La DEAL nous dit qu’il ne faut surtout pas laisser le terrain en friche et quand on souhaite le valoriser, c’est la CDPNAF qui bloque notre projet de valorisation. Il faudrait que les services de l’Etat accordent leurs violons. Peut-être préfèrent-ils encourager le travail au noir », se demande Ericson Paris
Les 5500 m2 sont actuellement en friches. « l’Etat les garde peut-être pour des bailleurs sociaux », laisse entendre le couple.

Concernant la CDPNAF, rappelons également que les élus aussi sont plusieurs fois montés au créneau pour dénoncer le rôle de cette commission composée en grande partie par des services de l’Etat. D’où une motion qui avait été adoptée à l’unanimité en 2021 par les conseillers départementaux. Cliquez sur le lien ci-dessous pour découvrir cette motion du Département :

motion_cdpenaf_signee

En effet, en métropole, la CDPNAF donne un simple avis consultatif alors qu’en Outre-mer en général et, à la Réunion, en particulier, cette même commission donne un avis conforme. Autrement dit, impossible de faire sans le feu vert de ladite commission.« Ils donnent un avis, mais ils ne se sont jamais rendus sur notre terrain. Lequel terrain est entouré de constructions, alors que la CDPNAF nous refuse de réaliser un bâti sur même pas 100 m2.A croire que l’Etat préfère nous condamner à crever au RSA ! Nous sommes tellement dépités face à une telle situation que ma femme a déjà fait deux tentatives de suicide ».

Mais la loi exige que vous soyez agriculteurs pour pouvoir concrétiser un tel projet ? « Il y a quelqu’un de la DAF qui nous a dit que, même si on était agriculteurs, il n’est pas sûr que l’Etat nous aurait donné la permission car encore aurait-il fallu que notre activité soit rentable. Mais si on ne commence pas, comment on peut savoir que notre activité serait viable ? Et quand l’Etat laisse les bailleurs sociaux construire des immeubles dans les lits de ravine, que dit la loi ? Ils veulent nous mettre les bâtons dans les roues car l’Etat préfère voir les Réunionnais dépendants du système. Un système qui fait tout pour nous rendre méchants et nous empêcher de travailler », regrette Ericson Paris.

Avec leurs enfants, le couple de Saint-Andréens envisage d’aller manifester leur déception mâtinée de colère, devant les services de la DAF à la Providence (Saint-Denis), ce mercredi matin. Ils en appellent également au soutien des élus, des députés « qui veulent voir les Réunionnais vivre dignement et sortir des revenus de la solidarité ».

Yves Mont-Rouge

[email protected]
Téléphone : 0692 85 39 64

13 Commentaires

  1. Zot lé fou
    Vo mieu reste au rsa zot connai pas c quoi avoir une entreprise et les charges qui va avec.
    Le rsa lu le sur, avec des primes.
    L’entreprise avec tou sa nena pou paye souvent ou gagne pas de salaire et ou na pu droit rien.
    Reflechi bien c un signe du destin sa

  2. Kan il y a des gens qui veut monté et crée un projet pou sort du rsa on lé bloque pour qu’il reste au rsa…mdr…et ensuite on lé presente com dé assisté fainéants grater de ki dé gens qi veu pa s’en sortir…il fodrait qe lé assisté du service public se mette a bossé et a se mettre d’accor lol…

  3. Tout d’abord, bravo à la famille Paris qui ne souhaite que s’en sortir et fait le nécessaire pour y parvenir. J’aimerai beaucoup que les époux Paris lise mon post.

    A noter que JeanT n’est pas totalement à côté de la réalité quant à la difficulté de faire vivre une entreprise avec toutes les contraintes et tous les bâtons que l’on met dans les roues de ceux qui ont l’esprit d’initiative mais pas les gros moyens financiers qui vont avec pour faciliter les choses. C’est vrai, il a raison : pas certain qu’il reste toujours l’équivalent de deux RSA à la fin du mois surtout lorsque l’on découvre le monde de l’entreprise. Toutefois, il n’y a pas lieu de remettre en question la volonté du couple Paris à travailler et réussir. Il n’est pas concevable ni sérieux d’encourager les Réunionnais à se contenter du RSA qui n’est pas une situation enviable. Donc, JeanT, votre commentaire à son sens mais passé le sens, il est malheureusement dénué d’intelligence … ou alors s’agit-il de jalousie … celle de voir une famille sortir du RSA, de la précarité et réussir ?
    Monsieur et Madame PARIS, sachez que nous sommes très très nombreux à La Réunion à être confrontés à la bêtise de la CDPNAF avec ou sans le soutien des élus locaux. Vous avez au moins l’ avantage d’être appuyés par vos élus locaux.
    Nous sommes nombreux sur notre île à proposer un projet conforme au PLU en vigueur et aux lois relatives à la construction en zone A pour le déploiement d’activités en lien avec les prérogatives de préservation de la vocation agricole des espaces concernés, prérogatives que nous respectons volontiers puisque nos projets vises à la valorisations de nos terroirs, de notre patrimoine et de nos traditions agricoles. Comme vous le dites bien, la CDPNAF n’est plus que consultative et bien silencieuse lorsqu’il s’agit de très grosses promotions immobilières qui n’ont que faire des intérêts agricoles et détruisent notre île.

    Je vous propose d’entrer en contact avec moi (Y. MONTROUGE pouvant assurer l’échanger des contacts, je pense) afin de constituer petit à petit un collectif de propriétaires ayant les mêmes objectifs que les vôtres. L’union fait la force et vous serez moins seuls comme nous tous.

  4. Désolé de vous dire ça mais votre projet est bloqué de façon sournoise. Malheureusement ils sont en train de vous épuisé. Bientôt vous serez pris à la gorge et vous devrez cédé votre terrain à un promoteur qui vous rachètera votre bien pour moins que ce qu’il vaut, et cerise sur le gâteau : lui il aura toutes les autorisations pour construire un immeuble….

  5. Lalwa
    Le projet des époux Paris apparaît juste et nécessaire et
    la CDPNAF ne fait qu’appliquer la réglementation juste et nécessaire.
    Les élus rencontrés par ce couple auraient dû les informer des complications juridiques et administratives de leur projet. C’est d’ailleurs la première précaution à respecter pour tout projet d’entreprise.
    Il est toujours facile aux élus de faire des promesses illégales et irréalisables pour ensuite rejeter la responsabilité d’un refus d’autorisation sur des administrations respectueuses de la loi.
    Les élus et les agents administratifs des collectivités locales doivent se montrer plus responsables pour apporter le meilleur conseil aux administrés.
    En l’occurrence, pour le projet des époux Paris, et si leur parcelle est réellement classée en Zone Agricole, il est possible d’y organiser un projet d’agriculture, mais pas de construction pour une table d’hôte. La loi permet ainsi de préserver les terrains agricoles.

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