St-André : « notre fils handicapé vit un enfer depuis 2019 à cause de notre voisin qui s’acharne sur lui »

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L’affaire est passée au tribunal de Champ-Fleuri à Saint-Denis, ce mardi 8 mars, dans l’après-midi.

A.P. est aujourd’hui un jeune homme de 27 ans. Victime d’un grave accident durant un cours de sport à l’école en 2010 (il avait 15 ans), il a été hospitalisé pendant  » ans, et est resté dans le coma durant 2 mois. Il n’était plus du tout autonome, passant ainsi sa vie entre son lit et son fauteuil roulant. Son père a dû arrêter son activité professionnelle pour s’occuper de lui. Quant à sa maman, enseignante de profession, elle a été peu de temps après, mise en arrêt-maladie longue durée. La maison familiale a été aménagée afin de rendre plus pratique la vie de l’adolescent « devenu presqu’un légume », selon ses proches.

Avec le temps et le long travail des personnels de santé qui se relayent quasiment quotidiennement chez lui, A. a commencé à « revivre ». La rééducation lui a permis de retrouver une partie de la vue puis, petit à petit l’usage de ses mains. « Une dizaine d’années après son accident, il a pu de nouveau manger tout seul ». A en croire tout ce qui a été consigné par les enquêteurs dans le volumineux dossier qui a été examiné ce mardi par les juges du tribunal de Saint-Denis, tout allait pour le mieux jusqu’en 2019, jusqu’à l’arrivée du nouveau voisin de la famille P. A partir de cette période, les plaintes de la famille P. vont se succéder contre ce nouveau voisin, un certain JFB. Un homme marié, père de famille qui, toujours selon les informations apportées par les plaignants, va « faire vivre un véritable enfer » à A.P, le jeune handicapé dont « l’état de santé sera sérieusement altéré ».

« Il exhibe son zizi et exécute une danse sexuelle devant les caméras… »

Le voisin, manifestement porté sur l’alcool ne se contrôlerait plus lorsqu’il se trouve en état d’ivresse. Les insultes fusent : « espèce handicapé la moucate, espèce la chiasse handicapé, mi ça va totoche à ou… ». Les parents du jeune homme en prennent aussi pour leur grade ; La maman notamment : « p…, maquerelle, allé fait b… out momon », comme l’a rappelé, cet après-midi, la présidente du tribunal Caroline Meunier-Lemas, assistée de Pascale Pelay et Remila Kichenin, en lisant le dossier d’accusation.

D’août 2020 à juillet 2021, ca va être l’escalade de la violence verbale. Sans compter les nuisances sonores (coups de pioche sur la tôle, vrombissement de moteur d’une grosse cylindrée, klaxons à répétition durant plusieurs minutes en plein milieu de la nuit et musique à tue-tête le week-end, sans oublier des cris d’animaux, des hurlements imités par JFB».

Avant cette période d’août 2020 à juillet 2021, à noter que la famille P. avait déjà déposé plusieurs maintes courantes ainsi que des plaintes dont une pour exhibition sexuelle contre le voisin JFB. Ce dernier aurait, paraît-il, « exhibé » son zizi devant les caméras que la famille P. a fait installer sur son portail et son domicile. Pour ces faits , JFB avait été placé en garde à vue, puis mis en examen pour exhibition sexuelle et placé sous contrôle judiciaire en attendant son procès à venir.

Me Vincent Hoarau, avocat de la partie civile, représentant la famille P. et A. le jeune homme handicapé. Il a demandé au tribunal de désigner un médecin expert pou A. (Crédit Photos : Yves Mont-Rouge)

Ce mardi après-midi, il comparaissait pour des faits de harcèlement sur A. le jeune handicapé et sur les parents de ce dernier, à savoir la famille P. Les trois « victimes », absents,  étaient représentées devant le tribunal par leur avocat Me Vincent Hoarau. « Les médecins dont un cardiologue ont déconseillé à AP. de venir au tribunal. Il porte un défibrillateur intégré. En cas de gros stress, il pourrait être victime d’un AVC voire d’un arrêt cardiaque… Il se trouve aujourd’hui dans un état assez préoccupant. Sa santé s’est dégradée à cause de cet acharnement sur sa personne. Pour sa rééducation, auparavant, les kinés le faisaient sortir de sa case pour le faire marcher dans la ruelle où il habite (ndlr : la ruelle Esparon, à Saint-André). Mais depuis ces derniers mois, il ne veut plus sortir de chez lui. Il a très peur du voisin ». Et Me Vincent Hoarau d’ajouter : « mon client A. est très perturbé par cette situation. Ça devient invivable pour lui et ses parents. Leur maison est devenue comme une grotte dans laquelle ils se calfeutrent pour ne pas voir leur voisin ».

Debout à la barre du tribunal, JFB, venu accompagné de son épouse, n’en mène visiblement pas large. Rien à voir avec les descriptions faites par les juges. JFB fait profil bas. A peine parvient-il à prononcer deux mots pour s’expliquer sur ce que lui reproche la famille P. On a effectivement du mal à l’imaginer « torse nu, saoul, en train d’exécuter une danse sexuelle devant la caméra » ou encore « proférer des insultes ».

Il dira même aux juges qu’il n’a rien contre A., contre les handicapés. « Ma maman et mon oncle sont handicapés », marmonne-t-il en reconnaissant toutefois une certaine addiction à l’alcool. Il explique avoir de tels comportements quand il a bu mais aussi parce qu’il est agacé par les caméras de la famille P., soulignant qu’il se sent espionné dans son intimité. « Et c’est pour cela que vous avez exhibé votre sexe devant les caméras et exécuter une danse sexuelle ? C’était pour préserver votre intimité ? », ironisera la Procureure Delphine Daniel, représentant le ministère public. « Quand on est contre quelque chose, on entreprend des démarches selon la loi, mais on ne montre pas son sexe et on ne fait pas un doigt d’honneur face aux caméras », avait précédemment fait remarquer Me Vincent Hoarau. JFB. conteste : « le doigt d’honneur oui, les fesses oui, mais pas le sexe ! ».

Réquisitions de la Procureure : 2 ans de prison dont un avec sursis, 3 000 € d’amende…

Pour les « comportements insidieux » et les « agissements graves » qui font que « la famille P. a vécu un véritable enfer », la Procureure requiert contre le prévenu 2 ans de prison dont un avec sursis, avec obligation de suivre des soins, interdiction de contact avec la famille P. ainsi que 3000 € d’amendes.

Me Marie Briot, avocate de JFB, le voisin accusé par la famille P.

Après la partie civile et le ministère public, la parole revient à la défense assurée par Me Marie Briot qui, d’emblée, cible les réquisitions de la Procureure, plus précisément  les 2 ans de prison. « Nous n’avons sans doute pas le même Code Pénal », lâche non sans ironie Me Briot. « On est dans l’outrance… Certes, mon client n’est pas le meilleur voisin du monde, il a fait le couillon ; Mais 2 ans de prison pour un doigt d’honneur et pour avoir dégrafé sa braguette devant une caméra… ».

Me Briot insistera sur les caméras que la famille P. a fait installer et qui, selon elle, sont à l’origine de la réaction de son client. « Ça filme, ça enregistre toute la journée et ça garde les images. C’est une atteinte extrême à sa liberté individuelle. On dit qu’il s’agit de la domotique et que ces caméras permettraient à A. de voir quand les soignants arrivent afin de leur ouvrir le portail. Mais on me dit aussi que le papa a arrêté de travailler depuis 10 ans pour garder son fils, que la maman est en arrêt depuis plusieurs années. Nous avons bien entendu de la compassion pour cette famille ; C’est triste ce qui est arrivé au fils mais mon client n’est pas responsable de la dégradation de sa santé. Personne n’a rappelé ici que le kiné d’AP. est poursuivi pour agression sexuelle sur l’ensemble de ses patients. On ne sait pas ce qui s’est passé avec ce kiné. Quant au médecin malgache qui a prescrit des arrêts maladie et qui a témoigné, il faut savoir qu’il est recherché par la police pour escroquerie, faux et usage de faux pour un préjudice d’environ 400 000 € qu’il a escroqués à la Sécurité Sociale en faisant de fausses consultations. Il est témoin de rien du tout… ».

En un mot, Me Briot a demandé au tribunal que son client ne soit pas montré comme responsable de tout ce qui est arrivé depuis 2010 à la famille P. « qui a tendance à se focaliser sur tous ses faits et gestes en le filmant 24h/24 ». Elle a annoncé aux juges que son client et sa petite famille vont acheter un terrain pour aller habiter ailleurs. Le tribunal rendra sa décision le 12 avril prochain.

Y.M.

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Yves Mont-Rouge

[email protected]
Téléphone : 0692 85 39 64

7 Commentaires

  1. Bien triste tr cette histoire n’a Moune les sovage oui. Attent li topbe su un branche goyave li verra si règle pas son prob tt suite. La Rak ek l alcool. Ken la fini oki li aboue pu donne sa un bon maende et un bon peine.

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