Ce mardi 30 juillet, vers 23h, en centre-ville de Saint-Joseph, à l’angle des rues Joseph-Hubert et Général-de-Gaulle, à côté du cinéma ‘ODÉON’, l’ancien restaurant ‘La Case’ a été la proie des flammes.
Selon les riverains, la vieille bâtisse devait être démolie prochainement pour laisser place à une crèche. Elle était beaucoup squattée.
©Photos, vidéo réseaux sociaux et Google Street View
Triste, honteux, scandaleux !
C’est chaque fois la même chose. Notre patrimoine architectural est gravement négligé et il fini par partir en fumée, comme par hasard, sans que personne ne s’en émeuve et parce que les personnes responsables ne respectent pas leurs obligations pourtant clairement prévues par la loi.
Triste : Tout le monde s’en moque et pourtant, cet énième incendie d’un bâtiment historique réunionnais est une immense tristesse, une issue intolérable. Il s’agissait d’un bien privé mais il n’en reste pas moins qu’il s’inscrivait dans le patrimoine architectural réunionnais et prenait donc la dimension d’un élément de culture commune. Sans même parler du restaurant qui s’y trouvait un temps, des générations de Réunionnais ont grandi à Saint-Joseph avec cette maison et certains y ont même été scolarisés. A une époque à laquelle on ne sait même plus construire une maison adaptée à nos contraintes naturelles ou alors avec des réglementations exotiques et plus ou moins farfelues, on laisse disparaître tout un savoir-faire ancestral sans s’interroger. C’est désolant. Elle faisait partie du paysage urbain historique de Saint-Joseph, plus largement de notre île entière et l’on ne devrait que s’émouvoir de cette fin.
Honteux : Comment et pourquoi se désintéresser autant du patrimoine architectural de notre île ? Pour la plupart des Réunionnais, ces cases et bâtiments anciens ne sont que des vieilleries à oublier et à rayer de nos villes. Il est vrai que l’on n’aime pas trop regarder en arrière et que l’histoire ne motive pas grand monde sur notre île. C’est affligeant. Cela est aussi symptomatique d’une culture régionale qui s’effrite totalement. Comme il préfère de plus en plus aller au McDo plutôt que chez mémé le dimanche, dorénavant, le créole rêve bien plus d’une pseudo maison « d’architecte » que d’une jolie case créole lontan. C’est dommage. C’est l’évolution dit-on ici … et le résultat est que nos paysages urbains sont largement défigurés par des constructions récentes toutes plus laides les unes que les autres mais que l’on arrive à trouver jolies parce qu’elles sont modernes. C’est une négation culturelle.
Il est consternant que l’état de la case Vienne, avant cet incendie, n’ait jamais indigné quiconque et n’ait jamais provoqué une mobilisation citoyenne d’aucune sorte. Cela est inconcevable ailleurs, par exemple aux Antilles où Martiniquais comme Guadeloupéens tiennent à la sauvegarde de leurs patrimoines historiques et savent réagir quand il le faut. A La Réunion, il existe pourtant une capacité à s’indigner et à réagir. On n’hésite pas à crier à la haute trahison, au crime contre l’humanité, au crime raciste voir à appeler au meurtre lorsqu’un zorey inculte se moque, sans même le savoir, de notre rougail saucisses national … Cependant, la honte revient avant tout aux responsables et là, c’est un vrai scandale local qu’il serait temps de dénoncer.
Scandaleux : Laisser une case ancienne dans cet état est inadmissible. Faire qu’un bâtiment historique devienne un squat et soit saccagé est intolérable. Mieux, l’un et l’autre sont interdits par la loi. Un propriétaire a des obligations. Il a le devoir d’entretenir son bien pour qu’il ne devienne pas une friche susceptible d’être squattée. S’il s’agit d’un bâtiment ancien, il existe des aides, des avantages fiscaux et des accompagnements pour cela (mais que font les ABF ????). S’il n’en a pas du tout les moyens, qu’il vende à celui qui saura restaurer et valoriser le lieu. Par ailleurs, la loi prévoit de lourdes amendes pour un propriétaire irrespectueux de son bien mais aussi du cadre urbain et du patrimoine. A La Réunion, la loi n’est pas appliquée et l’on en voit encore le résultat.
Le vrai scandale colle surtout aux pouvoirs publics : communes, communautés de communes, conseil département et Etat. Toutes ces entités ont aussi des obligations et il ne s’agit pas de simples options. Un maire est tenu de constater l’état d’abandon d’un bien immobilier, de contraindre le propriétaire à respecter ses obligations et de le mettre à l’amende dans le cas contraire. Sans résultat, la commune doit engager une procédure d’expropriation. Dans le cas présent, il y a une grave insuffisance de la part de la mairie de Saint-Joseph. Si la commune ne fait pas le travail, la CASUD devait le faire. A défaut, cette charge revient de fait au Conseil Départemental ou en dernier recours, à l’Etat. Malheureusement, personne ne fait son travail à La Réunion.
Qu’il soit le fait de squatteurs imbibés, d’un promoteur véreux ou du propriétaire comptant sur la manne que constitue un foncier précieux, l’incendie est de toute évidence criminel. Cela est passible de poursuites mais il faudrait y ajouter le crime contre le patrimoine et la culture de notre île et de ses habitants ainsi que la complicité de crime des décideurs locaux politiques et administratifs.
On le sait, ces poursuites n’auront pas lieu ou n’aboutiront pas. Pendant ce temps, c’est toute la culture réunionnaise qui se transforme peu à peu en un tas de cendres.
C est pas étonnant,les vielles bâtisse laissées a l abandon par des particuliers ou même la municipalité, voilà ce qui arrive.