Féminicide à St-Joseph : « l’autopsie a confirmé la multitude de coups portés sur la victime » indique la procureure

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Le quartier de Jean Petit à St-Joseph s’est réveillé samedi matin sous le choc. Les pompiers et les services de gendarmerie étaient requis à St Joseph au secours de Lise May, une femme de 55 ans qui aurait reçu des coups de son ex-conjoint, duquel elle était séparée depuis peu. Elle décédait quelques minutes plus tard, malgré l’arrivée rapide des secours.

L’auteur, qui tentait de mettre fin à ses jours, était évacué vers un centre hospitalier afin d’y subir une intervention chirurgicale, son pronostic vital étant engagé.

La brigade des recherches était saisie de faits de meurtre sur conjoint et se déplaçait sur les lieux, suivie par les techniciens d’investigation criminelle, les légistes, le commandant de compagnie.

L’autopsie réalisée le 8 novembre a confirmé la multitude des coups portés sur la victime, qui est décédée d’une plaie cardiaque. La famille de la victime a été reçue au parquet, avec le commandant de la compagnie de gendarmerie de St Pierre et le directeur d’enquête, hier. Lors de cette réunion, ils ont été tenus informés de l’avancée de l’enquête.

Dès que son état de santé l’a permis, le mis en cause a été placé en garde à vue pour être entendu sur les faits, qu’il a reconnus.
Une information judiciaire a été ouverte ce jour pour meurtre sur conjoint, dont la peine encourue est la réclusion criminelle à perpétuité.

Il a été mis en examen par la juge d’instruction puis placé en détention provisoire.

Pour l’UFR, ce drame aurait dû être évité : « On savait qu’elle risquait de mourir, elle avait prévenu les forces de l’ordre. C’est avec une grande tristesse que nous apprenons la mort de Lise-May, sauvagement poignardée. L’Union des Femmes Réunionnaises adresse ses condoléances attristées à sa famille et à ses proches. Nos pensées vont vers ses parents et ses enfants ont vu se dérouler sous leurs yeux l’enfer de la violence conjugale qui a terrorisé leur fille, leur sœur, leur mère, jusqu’à la tuer. Ce meurtre vient rallonger la liste insupportable des féminicides. Lise-May comme de nombreuses victimes avait dénoncé les violences et les menaces. Elle avait alerté sur le danger qu’elle encourait. Elle en était consciente. Elle a vécu ses derniers instants dans la terreur et la douleur. Beaucoup de victimes se reconnaissent dans le parcours de cette Saint-Josephoise. Force est de constater que les moyens mis en œuvre contre les violences faites aux femmes, cette grande cause du quinquennat, sont mis en défaut. La mort de Lise-May nous rappelle que les violences faites aux femmes sont multiples. Elles sont le fruit d’inégalités sociales y compris salariales dont sont victimes les femmes. L’UFR dénonce ce sentiment de domination qui prévaut encore et qui fait des ravages allant jusqu’au meurtre des femmes. Malgré ce que persistent à dire certains, une femme n’est pas un butin; elle a droit à la sécurité et à toutes les libertés fondamentales, y compris celle de vouloir vivre comme elle l’entend. La mobilisation de tous est indispensable pour renverser le sexisme derrière lequel se cache la violence à l’égard des femmes. »

Même discours pour l’UEF Réunion-Océan indien : « Le drame du féminicide de St Joseph nous bouleverse et crée de la colère et de l’incompréhension dans toute la population Réunionnaise.

Cette tragédie aurait sans doute pu être évitée si l’arsenal législatif avait été appliqué à la lettre. 

Les associations et les acteurs politiques font de leur mieux mais l’esprit de la loi n’a pas encore été intégré dans les us et coutumes. L’UEF oeuvre depuis 1953 pour que les lois protègent les femmes , c’est ainsi que les procédures d’éloignement et les bracelets électroniques sont devenus des outils quotidiens de lutte contre les violences faites aux femmes.

Force est de constater qu’il conviendrait que se mette en place une protection automatique pour les femmes qui portent plainte ou qui déposent une main courante. Ceci est incontournable et constitue le cœur de notre mission à l’Union Européenne des Femmes. »

Les élus indignés par ce féminicide

Le maire de St-Joseph Patrick Lebreton a tenu à adresser ses condoléances au famille de la victime : « Une véritable tragédie est survenue hier soir, dans le quartier de Bas-de-Jean-Petit. Un drame qui a plongé le voisinage mais aussi tout Saint-Joseph dans un profond désarroi. La victime était une mère de famille travailleuse, très appréciée par sa famille, ses amis et voisins. Devant cette terrible nouvelle, l’équipe municipale est mobilisée pour apporter son soutien à la famille et aux proches. S’agissant vraisemblablement d’un homicide, il revient aux forces de l’ordre et à la justice de mener l’enquête et faire toute la lumière sur les circonstances de cet horrible fait divers. Pour l’heure, je veux témoigner ma profonde sympathie et mon soutien aux trois enfants de la victime, à sa maman, âgée, à ses sœurs et à toute sa famille, durement éprouvés. Tout comme les riverains et voisins pour qui j’ai une pensée émue. »

Dans un communiqué, Cyrille Melchior le Président du Conseil départemental déplore ce féminicide : « Il confirme qu’il s’inscrit résolument et plus que jamais dans la lutte contre ce fléau. Il se mobilisera avec l’Etat aux côtés des autres acteurs associatifs pour mettre en place des actions nécessaires. Notre engagement s’est traduit concrètement par la nomination d’une Vice- présidente déléguée à la prévention et la lutte contre les violences intrafamiliales. Ce combat passe par un engagement au quotidien et une prise de conscience qui doit être collective compte tenu de l’ampleur de ce phénomène et de ses multiples impacts . Nous sommes profondément attristés par ce douloureux drame familial tant pour les enfants que pour les proches à qui nous présentons nos sincères condoléances. Nos services seront présents à leurs côtés. »

La Présidente de Région Huguette BELLO exprime ses condoléances à la famille : « Au nom de chaque conseillère et conseiller régional, j’exprime ma profonde tristesse et mes sincères condoléances aux enfants et à la famille de Lise-May de Saint-Joseph qui a succombé sous des coups de couteau de son ex-conjoint. Rien au monde ne peut justifier cet acte de barbarie qui a enlevé la vie à une fille, une mère, une voisine dont les qualités relationnelles, la bienveillance et la gentillesse n’étaient plus à démontrer au sein de son entourage dans le quartier de Jean Petit, atterré par ce drame sanglant. La lutte contre les violences faites aux femmes déclarée « grande cause nationale » ne doit pas rester une proclamation d’intention. Ensemble, citoyens et élus, demandons à nos instances décisionnelles de renforcer les moyens de nos services sociaux, judiciaires et policiers pour être en mesure de réagir plus vite, avec plus d’efficacité pour mettre sous protection nos filles, sœurs, voisines et amies contre la violence aveugle et sans limite des hommes éconduits. Je m’adresse aussi aux familles, aux mères, aux pères, sœurs et frères, pour sensibiliser chacune et chacun autour de nous sur les efforts que nous devons tous encore faire pour apprendre dès le plus jeune âge, aux petites filles et petits garçons à vivre ensemble dans une relation fondée sur le respect mutuel des différences et de la liberté de chaque être humain à disposer de ses choix de vie. Je vois le sourire tendre de Lise-May sur la photo publiée dans la presse et je ne peux m’empêcher de penser avec une vive douleur à toutes ces femmes qui perdu leur vie parce qu’elles ont décidé de prendre leur liberté et de vivre leur vie autrement. Agissons ensemble pour protéger les femmes contre toutes formes de violences ! »

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