Thierry Robert : « L’École et l’Hôpital deux grands corps malades »

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Voici la tribune de Thierry Robert, président du mouvement politique « PACT Réunion »

« Les insultes et les marques d’irrespect continuent de fleurir au plus haut niveau du gouvernement et cette fois ce sont les enseignants et autres personnels de l’Education nationale qui ont été visés. Exaspérés par la valse des protocoles sanitaires ils ont participé à une large grève ce jeudi 13 janvier en France afin de demander des réponses au gouvernement. Et quelle réponse ont-ils reçue de la part du ministre de l’Éducation Nationale Jean Michel Blanquer ? « C’est dommage d’avoir une journée qui va perturber davantage le système, c’est pas une grève qui résout les problèmes, on ne fait pas une grève contre un virus ». 

Nul ne peut rester de marbre à l’écoute de ses propos et j’ai une pensée particulière pour tous les enseignants, directeurs, chefs d’établissements, parents d’élèves et personnels territoriaux de la Réunion qui reprendront très prochainement le chemin de l’école.

Comment est-ce possible un tel mépris? Ceux-là même qui depuis deux ans n’ont cessé de se retrousser les manches pour maintenir les écoles ouvertes, d’assurer la continuité pédagogique avec leurs propres moyens numériques, de s’adapter jour après jour aux injonctions contradictoires, aux protocoles fluctuants dont ils prennent d’ailleurs connaissance en premier lieu par voie de presse.

Le premier pilier que nous érigeons au sein du PACT (Le Peuple Aux Commandes du Territoire) est le respect, permettez-moi de rappeler que tous les français peu importe leur statut et leur profession méritent respect et dignité cela implique que leur parole soit entendue.

Le gouvernement serait-il frappé d’amnésie ? Rappelons que l’École et l’Hôpital sont les deux corps qui ne se sont jamais arrêtés depuis la crise Covid.

Les enseignants et syndicats déclarent que c’est le 50ème protocole pondu cela dépasse l’entendement et leur exaspération est compréhensible pour tout un chacun. Il n’est nullement question de faire grève contre le virus, en revanche il est incontestablement légitime pour ces 70% de grévistes de se mobiliser contre le mépris et l’irrespect dont ils sont victimes.

Je prends le parti de dire que leurs revendications sont justifiées, il est raisonnable et urgent de dénoncer les conditions du maintien de l’ouverture des écoles avec la dangereuse recette du « coûte que coûte. »

Il est ainsi impératif pour continuer à fonctionner malgré la crise de déployer davantage de moyens pour sécuriser les écoles, en équipant les salles de classe de capteurs de COet de purificateurs d’air, en s’assurant que toutes peuvent être aérées et ventilées correctement surtout avec les températures élevées que nous connaissons à la Réunion en cette période (ce n’est pas concevable pour ne citer que cet exemple que des enfants portant le masque 6 heures par jour dans une classe travaillent avec une température avoisinant les 34 degrés). Les personnels de l’éducation nationale expriment ni plus ni moins qu’un mal-être quant à la dégradation de leurs conditions de travail et donc des conditions d’apprentissage des élèves. La société est covidée depuis deux années, l’École tousse et l’État se doit de soigner ses maux.

Le mouvement de grève inédit qui a eu lieu ce jeudi 13 janvier a rassemblé, fait rare il faut l’avouer, l’ensemble des syndicats de la profession. Il faut entendre ce message d’usure et d’exaspération au regard de l’engagement dont les enseignants font preuve depuis le début de la crise sanitaire.

Cette réalité aussi regrettable soit-elle doit être énoncée et entendue, les enseignants et tous les personnels de santé sont au front depuis deux ans à lutter et à saigner pour maintenir un service public avec des moyens misérables. Si l’École est véritablement la première priorité de France comme le gouvernement n’a cessé de le crier il est impératif d’y mettre les moyens pour la survie de l’École Républicaine.

Le parallèle est malheureusement observable dans le domaine de la santé, jusqu’où ira le gouvernement dans ce tir à balles réelles sur les hôpitaux?

Comme un « élastique » : on peut tirer dessus encore et encore, mais, quand on atteindra le point de rupture, ce sera trop tard.

La crise dans les hôpitaux n’est pas du tout liée au coronavirus puisqu’elle existait bien avant mais c’est ce virus qui a servi de révélateur. Lorsque la pandémie a débuté, cela faisait plusieurs années déjà que les soignants se mobilisaient. Mais la crise n’a fait qu’accentuer, ou donner à voir au plus grand nombre, des maux déjà bien présents, ce n’est pas moi qui le dit mais les soignants eux-mêmes.

Comment en est-on arrivé à devoir refermer des lits dans de nombreux services à la Réunion ? C’est vrai que, dans l’absolu, le gouvernement se défend en disant que les budgets augmentent chaque année entre 2 % et 4 %. Mais dans le même temps, l’activité hospitalière augmente, elle, de 15 % à 20 %.

Cet énorme différentiel fait que les soignants ont l’impression que les budgets diminuent mais la réalité c’est que les moyens n’augmentent pas avec les besoins.

Au sein du Pact, nous ne sommes pas adeptes du confinement qu’il soit de nature partielle ou stricte car nombreuses sont les conséquences sur la santé psychologique, la pauvreté, le marché du travail, l’économie et aussi l’éducation mais au vu de cette situation sanitaire persistante, face aux niveaux inédits et résurgents de contaminations, face à la tension extrême qui pèse sur les hôpitaux de l’île, face à la rentrée scolaire qui arrive et surtout à la situation insulaire de la Réunion il faut se rendre à l’évidence, la vaccination à elle seule ne suffira pas et les mesures pansements non plus.

Le Pact promeut l’arrêt des demi-mesures, des discours équivoques et propose une vraie mesure forte et radicale le prix à payer pour enrayer cette hémorragie est de faire un garrot. C’est la seule et unique solution dont nous disposons au vu du manque de moyens dont dispose les hôpitaux et les écoles.

Les réunionnais et réunionnaises, toutes professions confondues ne voulons pas que dans les hôpitaux un choix inhumain, immoral et insupportable soit envisagé pour savoir qui l’on sauve : Le vacciné ? Le non vacciné ? Le jeune ? Le sénior ? Au Pact nous pensons que le seul moyen de sortir de ce cercle vicieux, le vrai traitement, le seul garrot qui aura un impact immédiat est la limitation de circulation par l’engagement individuel dans un confinement total.

L’École et l’Hôpital, ces deux grands corps malades méritent le respect de la nation, mieux que des applaudissements ou des primes ponctuelles d’encouragement suivis de dégradations des conditions de travail et de suppressions de postes. Ces deux piliers de la nation méritent de la reconnaissance et des moyens pragmatiques pour assurer les missions qui leurs sont confiées ».

Thierry Robert

Président du PACT Réunion

 

 

 

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