Tractations du 2e tour Région et du 3e tour Département : tout ce qui s’est passé derrière la cuisine !

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Ou comment Cyrille Melchior a fait trois fois le tour de l’île en deux jours pour décrocher une majorité qui dépasse toutes les espérances. Ou bien encore, comment Patrice Selly, le président de « BANIAN » a un peu foiré au niveau des tractations. Sans compter aussi le fiasco de Nassimah Dindar, la grande perdante de ce scrutin départemental. Il sera évidemment question de la fin du cycle politique de Didier Robert et le début de sa traversée du désert.

Mais avant de passer à la politique, deux petits mots seulement, de la crise sanitaire. Je n’y comprends plus rien. Alors que les cas « explosent » dans l’île (taux d’incidence en augmentation, plusieurs décès enregistrés), l’Etat ouvre les vannes : les masques tombent dans les lieux publics et levée du couvre-feu. Circulez, y’a rien à comprendre ! Je ne comprends plus rien ou alors je comprends tout. Et le « tout » pourrait se résumer comme suit : « alé met vaccin, puis basta ! ».

Revenons à la politique ! C’est plus croustillant. Commençons par la défaite de Didier Robert. Sincèrement, je trouve qu’avec une condamnation sur le dos (même s’il reste présumé innocent puisque la Cour d’Appel a été saisie), avec une Demi Route du Littoral à près de 2 milliards d’euros qui ne mène nulle part, avec un bilan en demi-teinte hormis le financement du « bat’ caré » (continuité territoriale) à la place de l’Etat et le POP (Plan ordinateur portable), je trouve franchement que le candidat Robert s’en est très bien sorti, et que si les communes de droite avaient vraiment joué le jeu, il aurait peut-être pu signer pour un troisième mandat.

A propos de la mobilisation des municipalités de droite, très vite, dimanche dernier, à l’issue du dépouillement, tous les regards se sont tournés vers Michel Fontaine, le patron de « LR », à Saint-Pierre. Certains mots ont fusé. « Traitre ». Rien que ça ! Je constate tout simplement qu’en une semaine, Huguette Bello et Ericka Bareigts associées ont progressé d’un peu plus de 2000 voix dans cette grande commune du Sud et Didier Robert a lui aussi amélioré son score du premier tour. Les regards vous disais-je se sont figés sur Saint-Pierre, alors que le président sortant est également « sorti » de la course à la présidence dans les communes de droite et du centre que sont l’Etang-Salé, Les Avirons, l’Entre-Deux, Bras-Panon etc…

D’où la question qui me vient naturellement à l’esprit : est-ce réellement ces maires qui ont fait défaut ou n’est-ce pas plutôt le candidat qui a été rejeté par une partie de l’électorat, victime de ce que l’on peut appeler une vague de fond, en sachant qu’au premier tour on choisit, au deuxième, on élimine. Mais j’insiste sur le fait que pour un candidat qui a malgré tout défrayé plus d’une fois la chronique durant ses deux mandatures, pour un candidat qui été lâchement abandonné par le média qu’il avait pourtant placé sous perfusion régionale tant en subventions qu’en recettes publicitaires, il s’en tire vraiment pas mal. L’élection s’est jouée à 10 000 voix près. Pour des régionales, 10 000 voix, c’est pas énorme. Mais pour autant, ce score n’enlève en rien la beauté de la victoire d’Huguette Bello d’autant que 56% des électeurs sont restés à la case.

Patrick Lebreton au poste de 1er vice-président ; Claudine Dupuy pressentie pour être DGS à la Région

Depuis dimanche dernier, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur l’avenir politique de Didier Robert. Paradoxalement, d’après ce que j’ai vu à la télé, le sortant bien que battu électoralement ne donnait pas l’impression d’être complètement abattu moralement. Ou alors, il cachait bien ses émotions. Ce qu’il va advenir ? Il reste conseiller régional de l’opposition et conseiller municipal, toujours de l’opposition, à Saint-Denis. La vie politique, à l’image de la roue de la vie, est ainsi faite. Elle tourne. Un jour, vous êtes en haut, puis un autre jour, vous êtes en bas. Didier Robert est aujourd’hui est bas. Il va commencer une traversée du désert.

Parallèlement, il devra attendre le verdict de la cour d’Appel concernant sa condamnation prononcée en mai dernier par le tribunal correctionnel de Saint-Denis dans l’affaire dite de la SPL des Musées Régionaux. Si celui-ci est confirmé, sans doute ira-t-il en Cassation. Il en a pour 2 ans d’attente maxi avant d’être définitivement fixé sur son sort. Si la Cassation abonde dans le sens des premiers jugements, il devra purger sa peine d’inéligibilité de 3 ans qui s’achèvera soit avant ou soit après les prochaines municipales de 2026. Personne peut le savoir pour l’instant.

Peut-être aussi que pour éviter tout cela, Didier Robert pourrait très bien se désister de sa requête en appel et commencer à purger sa peine dès maintenant pour être sûr d’être « libéré » bien avant 2026 afin de pouvoir briguer la mairie de Saint-Denis en toute sérénité. D’aucuns prétendent qu’il pourrait se présenter aux législatives dans la 1ère circonscription dès l’année prochaine. Assez risqué cependant en raison justement de cette épée de Damoclès d’inéligibilité suspendue au dessus de sa tête. En tout cas, ce qui est sûr, il a compris que, politiquement, il a une carte à jouer sur le chef-lieu dans lequel à deux reprises il a battu la maire en place, de 7 petites voix lors du premier tour des régionales et d’un bon paquet de voix à l’issue du second tour. « Des perspectives intéressantes », pour reprendre ses mots.

Quant à savoir comment va-t-il rebondir professionnellement pour subsister, je ne me fais pas trop de soucis pour lui qui a été maire du Tampon, député, sénateur et par deux fois président de Région. Il a dû assurer ses arrières en mettant un petit peu d’argent de côté afin de se constituer un petit patrimoine. En parlant de patrimoine, son épouse qui était sa dir-com à la Région est, contrairement à lui, fonctionnaire publique territoriale (grade d’attachée territorial sur un poste de directrice de patrimoine), poste qui a été spécialement créé pour elle et qu’elle a occupé un court instant à la mairie de Sainte-Marie, avant de revenir à la Région, rattachée non plus au cabinet (interdit par la nouvelle loi) mais à la direction générale de service (DGS). Son poste à la mairie de Sainte-Marie a été pourvu entretemps. Richard Nirlo en créera-t-il un autre pour elle ? Possible…

Question postes, changement de majorité oblige, ça bouge beaucoup en ce moment du côté de la Région. Le DGS, Ahmed Mohamed, fonctionnaire des Finances qui était en détachement à la pyramide inversée, va faire valoir ses droits à la retraite. Il quitte une Région financièrement malade. Huguette Bello a déjà promis un audit pour connaître avec exactitude l’ampleur des dégâts. Clément Padre, directeur juridique migre vers la mairie de Saint-André (direction générale) ; Philippe Guezelot, DGA Région, met le cap vers la mairie du Tampon ; Jean-Pierre Legras, ancien directeur du service économique est chargé de mission au MEDEF depuis environ 1 mois. On me signale que Gérard Boyer, chauffeur du cabinet est affecté au service « courrier » ; Jacqueline Belhomme, agent au CPOI, va à la mairie du Tampon… Y’a du mouvement dans l’air.

Claudine Dupuy (Administrateur, le plus haut grade dans la fonction publique territoriale), « très compétente » dit-on dans le milieu, en poste depuis plusieurs années déjà au TCO, devrait être appelée à la pyramide inversée pour remplacer Ahmed Mohamed. Les discussions sont en cours. On devrait en savoir plus dans les jours qui viennent car tant au niveau politique qu’administratif tout est en reconstruction » à la pyramide, en raison du changement de majorité survenu après 11 années de « gestion Robert ». Pour conclure sur ce chapitre du « mercato » administratif, la rumeur faisant état de l’embauche de Didier Robert au cabinet de Cyrille Melchior au Département porte bien son nom : il ne s’agit ni plus ni moins que d’une… rumeur !

Puisqu’on est à la Région, restons-y ! Concernant la composition de la commission permanente, elle comptera 15 membres dont 5 pour l’opposition. La Région aura 9 vice-présidents. La 1ère vice-présidence sera officiellement confiée ce vendredi matin 2 juillet 2021 à Patrick Lebreton, maire de Saint-Joseph, très proche d’Huguette Bello. Ericka Bareigts, la maire de Saint-Denis, n’a pas pris de vice-présidence. Idriss Omarjee, actuellement dir-cab au TCO, devrait effectuer son retour à la Région, une collectivité qu’il connaît très bien pour avoir dirigé le cabinet de feu Paul Vergès de 1998 à 2010.

« Patrice Selly voulait la 2e place sur la liste d’union de la gauche et Saint-Denis ne voulait pas de Lebreton sur ladite liste »

Qui pour le remplacer au TCO, une autre grosse boutique qui ne peut pas être confiée à n’importe qui ? Un casse-tête pour le président Emmanuel Séraphin qui, d’ici à une quinzaine de jours, devra aussi endosser de façon officielle le costume de maire de Saint-Paul, suite à une élection qui sera organisée en interne au conseil municipal.

Mais avant d’arriver à la victoire du 27 juin dernier, il a fallu construire la liste d’union de la gauche. Un travail qui a commencé dès le dimanche 20 juin, au soir du 1er tour. Ericka Bareigts et Huguette Bello n’ont pas directement pris part à la constitution de ladite liste. Pour ce faire, l’équipe de Saint-Denis avait laissé les commandes à Gilbert et Didier Annette ainsi qu’à Maurice Gironcel. Face à eux, se trouvaient Idriss Omarjee, Jean-Hugues Ratenon et Claude Hoarau. Patrick Lebreton a négocié en live. Patrice Selly, le président de « BANIAN » et maire de Saint-Benoit 4e sur la liste d’Ericka Bareigts au 1er tour était lui aussi venu, une première fois à la table des négociations avec les Annette. Tout s’est passé à Saint-Paul en une nuit. Mais le lendemain, lundi 21 juin, le maire de Saint-Benoit, visiblement non satisfait du schéma qui lui a été proposé, a pris son téléphone pour appeler directement Huguette Bello et recommencer à négocier au nom de « BANIAN », son parti politique.

« En fait, il voulait la deuxième place occupée par Frédéric Maillot sur la liste d’union de la gauche », raconte une source bien informée En vain. Huguette Bello n’a pas capitulé. Patrice Selly a donc tout lâché, préférant se retirer, et laisser la place à Patrice Boulevard, un de ses jeunes élus (34 ans) de Saint-Benoit. Quant au PS d’Annette, « il ne voulait pas de Patrick Lebreton. Là encore, la maire de Saint-Paul n’a pas cédé ». Côté PCR, Yvan Dejean, secrétaire général du Parti communiste réunionnais, a été sacrifié. Mais pour Maurice Gironcel le plus important a été fait : sa fille Nadine Damour a été casée à la 7ème place.

Notons encore qu’Olivier Hoarau, maire du Port, grand perdant de ces régionales et des départementales de 2021 (il ne passe pas la barre des 5% et ne parvient pas à faire élire son binôme) n’a même pas appelé publiquement à voter en faveur d’Huguette Bello, tête de la liste d’union de la gauche au second tour. Ce qui fait dire à plus d’un au Port : « Langenier i vient pou li ! ». Comprenez Jean-Yves Langenier, l’ancien maire du Port de 1995 à 2008, ancien 1er adjoint de Paul Vergès au Port en 1988, ancien conseiller général. Après avoir fait ses « adieux » à la politique, le voilà de retour avec la bénédiction d’Huguette Bello. Un retour gagnant puisque Jean-Yves Langenier et sa binôme Isabelle Erudel ont renvoyé dans les orties le binôme Béton-Mouniata (pas très solide) soutenu par le maire Olivier Hoarau. Langenier a du coup repris goût à la politique. Comme quoi, dans la vie, il ne faut jamais dire jamais ! Ça sent déjà les municipales au Port. On en connaît un qui, outre ses ennuis judiciaires à venir, aura également des soucis politiques à se faire. A suivre !

Humilité, simplicité et sérénité : Cyrille Melchior, un élu modèle

L’on serait presque tenté de dire que s’il y avait des Cyrille Melchior à la tête de toutes les collectivités de l’île, la Réunion ne serait peut-être pas cet état. Qu’ils soient de droite, de gauche ou du centre, voire même des extrêmes, tous les élus, sans exception, louent les qualités de Cyrille Melchior, « un homme de consensus, de dialogue, un élu humble, simple et serein ».

De gauche à droite : Cyrille Melchior, André Thien-Ah-Koon et Serge Hoareau. (Crédit Photo : Bruno Bamba)

« Humilité, simplicité, sérénité », trois mots qui lui collent à la peau et qui traduisent fidèlement la personnalité et la méthode Melchior. Un élu accessible, ouvert, qui ne se prend pas la tête, qui ne supporte pas l’arrogance, l’insolence ; Un élu qui discute et travaille avec tout le monde, sans aucune distinction politique. Voilà pour la personnalité. Quant à la méthode, on pourrait la résumer en disant « une main de fer dans un gant de velours » car le président du Département, ancien et nouveau, puisqu’il a été réélu, hier, pour 7 ans qui plus est à une très large majorité (38 élus sur 50), ne se laisse pas marcher sur les pieds, y compris par Paris.

Il est reconnu par ailleurs pour être un bosseur. A son actif : la recentralisation du RSA qu’il a pu mener à bien avec son ancienne équipe. Depuis fin 2017, lorsqu’il a pris la présidence du Département, Cyrille Melchior a su ramener la sérénité au sein de l’équipe tant politique qu’administrative du Département. Quasiment tous les dossiers qu’il a présentés durant sa première mandature, budgets y compris, ont été votés à l’unanimité dans une ambiance de travail marquée par un calme olympien.

Contrairement à d’autres exécutifs, le Président du Département n’a pas mené de politique électoraliste. Il a accepté de « nourrir » même ses… adversaires, les maires des autres bords politiques dans le cadre du PST (Pacte de solidarité territoriale ». Aussi, sa réélection « facile », hier, jeudi 1er juillet 2021, à la tête du Département n’a rien de surprenant. Certes, la bataille a été rude surtout lorsque Nassimah Dindar, à la surprise générale, au soir du second tour, sur le plateau d’Antenne Réunion, a annoncé sa candidature à la présidence. Alors que, quelques temps auparavant, elle avait juré du contraire à Cyrille Melchior. Personne dans le microcosme politique et peut-être même au-delà n’a compris le sens de cette candidature qui ne pouvait que « foirer » finalement faute de soutiens suffisants. Sans doute, Nassimah Dindar pensait-elle réitérer le coup de 2008. A cette époque, la droite l’avait injustement blackboulée et humiliée lors d’une réunion à l’Etang-Salé. La droite ne voulait plus d’elle alors qu’elle avait assuré le job à la tête de la collectivité durant les quatre années précédences. Mais dans la nuit qui précède le jour de l’élection, du côté du SIVOMR au Port château fort du PCR, Nassimah Dindar avait négocié en douce et sans secousses avec le communiste Paul Vergès et le socialiste Jean-Claude Fruteau. Et le jour-J, elle a pu, à la surprise générale, se hisser à la présidence face à Jean-Louis Lagourgue. Les temps ont passé.

Nassimah Dindar a tout essayé depuis dimanche soir. Elle a remué ciel et montagnes, appelé quasiment tous les conseillers départementaux durant une bonne partie de la nuit de mercredi à jeudi, veille de l’élection, en faisant croire qu’elle avait le soutien des binômes proches de Juliana M’Doihoma ou de Selly. Rien à faire ! Elle n’a pas été suivie. Elle ne pouvait que se résigner à la défaite au petit matin, jeudi. Raison pour laquelle, afin d’éviter un désaveu public, elle a préféré jeter l’éponge avant le vote.

Cyrille Melchior s’est retrouvé tout seul à postuler. Une candidature unique. Une liste unique également pour la commission permanente. Il n’y a sans doute pas de plus beau message d’unité que puisse envoyer un élu à la population en ces temps de crise (sanitaire, économique, sociale). Cyrille Melchior l’a fait. Il a réussi cet exploit. Une première dans l’histoire politique très mouvementée des jours d’élection dans cette collectivité départementale.

Cyrille Melchior doit sans doute une partie de son élection à cette présidence à ses pairs qui sont André Thien-Ah-Koon et Michel Fontaine pour lesquels il a toujours eu un très grand respect même si ces deux ténors avaient à un moment donné sorti l’option Serge Hoareau avant de se raviser face à la « puissance » de Melchior. Mais la plus grosse partie de cette victoire, il la doit aussi à lui-même. De lundi à mercredi, il a fait quasiment trois fois le tour de l’île pour aller à la rencontre des binômes nouvellement élus. Il a pris son bâton de pèlerin pour discuter de vive voix et expliquer son projet. Il a réussi ainsi à convaincre les anciens et les nouveaux en ramenant avec lui, outre les binômes de Saint-Pierre (6 élus), du Tampon (4 élus), ceux de Saint-Louis (4 élus), de Saint-Paul (6 élus, lui et Adèle Odon y compris), Saint-Leu (2), Sainte-Marie (2), La Possession (2), Les Avirons (2), Bras-Panon (2), Saint-André (2), puis plus tard (trop tard hélas pour Patrice Selly) Saint-Benoit (4 élus) et vraisemblablement Le Port (2).

Nassimah Dindar, la grande perdante…

Mercredi soir 30 juin, à 17 heures, Cyrille Melchior avait réuni, dans l’Ouest, les élus de « sa » future majorité élargie, soit 32 élus, sans Saint-Benoit et sans Le Port. Depuis lundi, il avait déjà trouvé un accord avec le maire de Saint-Benoit. Ce dernier avait obtenu deux vice-présidences en faveur de Sophie Arzal et de Bruno Robert. Mais pas question de retirer la délégation « Agriculture » à Serge Hoareau, à qui avait déjà été promis le poste de 1er vice-président.

Ces négociations avec Selly étant calées, le président de « BANIAN » était donc attendu mercredi soir dans l’Ouest avec les 32 autres élus afin de porter le nombre d’élus présents à 36. Sauf qu’il ne s’est pas pointé mais a préféré organiser à la va-vite une conférence de presse au local de « BANIAN » à Saint-Benoit en fin d’après-midi pour essayer de mettre la pression car dans le même temps, il négociait avec Nassimah Dindar pensant que Juliana M’Doihoma en faisait autant de son côté au nom des « jeunes élus ».

Or, lorsque Patrice Selly s’est rendu compte que Melchior avait déjà une large majorité y compris avec la maire de Saint-Louis et que tout avait déjà été plié dans l’Ouest, mercredi soir, il a tenté de recoller les morceaux. Trop tard ! C’est bien connu, les absents ont toujours tort. Il a bien essayé de renégocier jeudi au petit matin après avoir apprisque Nassimah Dindar abandonnait la partie. Mais Melchior ne pouvait plus recasser ce qui avait été construit la veille avec les élus présents à qui il avait donné sa parole. Et on connaît la parole de Melchior.

Au final, le président de « BANIAN » s’est retrouvé avec une seule vice-présidence (celle de Sophie Arzal) et avec une place de membre (pour Bruno Robert) au sein de la commission permanente, alors qu’il avait déjà obtenu l’accord pour deux vice-présidences. En quelque sorte, entre le Département, hier, et la Région, ce matin, le maire de Saint-Benoit aurait pu décrocher le jackpot mais il lui faudra à l’avenir apprendre à parfaire ses techniques de négociateur. Il y a encore quelques failles et son cabinet est encore manifestement très jeune. Ça viendra, avec le temps. En quelques mois d’existence, « BANIAN » n’est toutefois pas le plus mal loti au terme de ces deux récents scrutins (régionales et départementales).

La sénatrice UDI, alliée des socialistes à Saint-Denis, n’avait pas la mine des grands jours, hier, au palais de la Source. (Crédit Photo : Bruno Bamba)

En revanche, Nassimah Dindar (notre photo ci-dessus) bien que rodée à cet exercice de négociations, de tractations, ne pourra pas en dire autant. En se présentant à la présidence du Département, c’est-à-dire en essayant de tout mettre en œuvre pour contrer Cyrille Melchior sans raison apparente, la sénatrice centriste s’est quelque peu brûlée ses ailes tout en se mettant à dos les Tak, Fontaine et consorts et tout en sachant qu’elle n’est pas non plus regardée avec les yeux de Chimène par ses alliés socialistes de Saint-Denis. Elle sera contrainte de se cantonner à un rôle de simple conseillère départementale de l’opposition. Quant au renouvellement de son poste de sénatrice en 2023, les places seront chères. Les grands électeurs de Saint-Denis ont déjà promis leur voix au communiste Maurice Gironcel.

Comme Maurice Gironcel à Sainte-Suzanne, il y a des maires qui ne se sont pas mal débrouillés durant ces deux scrutins, en parvenant à obtenir des postes, lesquels leur permettront d’avoir des moyens de travailler dans leur commune respective. C’est le cas de Jeannick Atchapa à Bras-Panon, de Bruno Domen à Saint-Leu, de Juliana M’Doihoma à Saint-Louis, d’Eric Ferrere aux Avirons, de Vanessa Miranville à la Possession, de Serge Hoareau à Petite-Ile, de Patrick Lebreton à Saint-Joseph, de Patrice Selly à Saint-Benoit (qui aurait pu en obtenir plus)…Sans oublier évidemment les « vieux loups » que sont André Thien-Ah-Koon au Tampon et Michel Fontaine à Saint-Pierre.

Après le Département, hier jeudi, ce sera au tour de la Région, ce vendredi matin 2 juillet 2021, de se mettre en ordre de marche. Il ne devrait pas y avoir de surprise. Il est même question d’une candidature unique pour Huguette Bello, à la présidence. Et une fois ce « 3e tour » terminé, il faudra vite que les deux exécutifs se mettent au boulot. Les défis à relever sont immenses. Les attentes nombreuses. Tous les espoirs des Réunionnais reposent à présent sur les épaules de Cyrille Melchior au Département et d’Huguette Bello à la Région, deux collectivités appelées plus que jamais à travailler ensemble et en cohérence pour faire face à l’Etat afin d’obtenir tous les moyens nécessaires pour mettre la Réunion sur la voie du développement économique.

« Allons créer les conditions du développement économique et social de notre île. Allons redonner au citoyen toute la force de son engagement. Allons bâtir La Réunion de l’espérance, emplie de solidarité, de justice, de cohérence, de bienveillance. Allons construire La Réunion d’aujourd’hui et de demain, nécessairement durable, pour que puissent rayonner notre île, notre population et notre bien-vivre ensemble. Nout tout avek, allons plus loin ! ou…Alon soubat’ nout tout ensemb ! », a dit, hier, Cyrille Melchior juste après son élection. Huguette Bello devrait en toute logique abonder en ce sens aujourd’hui à la pyramide inversée. Ben, alon !

Y.M.

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Yves Mont-Rouge

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Téléphone : 0692 85 39 64

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