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Tribune de Salim NANA-IBRAHIM : « la Réunion et le défi du changement climatique »

2 min de lecture

Le Salon de l’Écologie et du Développement Durable qui regroupe différents acteurs économiques, publics et associatifs ouvre ses portes ce vendredi 16 septembre sur une carte postale déjà ternie par certains éléments naturels : incendies, sécheresses, périodes de pluies intenses.

À La Réunion, comme partout ailleurs sur la planète, le réchauffement climatique commence à faire sentir ses effets. À sa découverte, l’île était vierge. À notre époque, les tortues ainsi que les poissons se font rares et certaines espèces endémiques ont malheureusement disparu.

Les températures ont aussi gagné 1 degré Celsius depuis 50 ans, en raison des émissions de gaz à effet de serre en augmentation permanente. Ce réchauffement est à un niveau bien supérieur au seuil fixé de 0,12°C fixé par l’accord de Paris sur le climat qui date de 2015.

Sur notre île, ces émissions sont issues pour l’essentiel de la consommation d’énergies fossiles (+ 60% entre 2000 et 2019). Les
déplacements ou la production de l’électricité en sont les premiers utilisateurs. Ainsi, entre 2004 et 2017, les émissions de gaz à effet de serre ont connu également une croissance de 20%.

Si la production hydraulique plaçait La Réunion en autosuffisance dans les années 1960 en termes d’énergie électrique renouvelable, la part de cette énergie a diminué dans les années 2000. Elle ne bouge pas depuis 10 ans, variant entre 30 et 38 % tous les ans.

En l’absence d’une politique de baisse drastique des émissions de gaz à effet de serre, les températures pourraient encore croître d’environ 3°C à La Réunion d’ici la fin du siècle, comme l’affirme Météo-France dans une étude de l’Insee publiée en octobre 2021.

Île soumise à des risques récurrents (cyclones, glissements de terrain, inondations, éruptions volcaniques), La Réunion fait face à un défi majeur, celui d’assurer sa survie écologique sur un territoire qui dépassera le million d’habitants en 2030.

Ainsi, l’objectif se situe à court terme, avec une électricité réunionnaise issue encore plus d’énergies renouvelables pour restreindre de façon conséquente l’émission de gaz à effet de serre. Cette politique volontariste doit notamment déboucher sur la priorité donnée aux transports collectifs, ainsi que le développement des modes de déplacements alternatifs (marche à pied, vélo, trottinette) face aux modes de déplacement motorisés.

Elle passe également par la rénovation énergétique des bâtiments publics et par la végétalisation des infrastructures urbaines. Face aux grands dérèglements qui nous entourent, tout appelle à un changement total dans les prises de décision, avec des actes concrets, d’une autre envergure et portée, si nous ne voulons pas entraîner le monde dans le chaos et sa destruction.
Plus que jamais, notre responsabilité est de préparer les générations futures à ce monde qui se transforme.

L’éducation au développement ne doit plus donc rester de l’ordre de la simple sensibilisation ou de l’incitation aux petits gestes comme la collecte de déchets. Le réchauffement climatique ne peut plus être traité seulement avec des exemples lointains, non impactants pour les consciences réunionnaises. Evoquons plutôt notre récif corallien en sursis et nos fragiles forêts locales plutôt que la lointaine banquise !

La connexion des enfants avec la réalité de leur environnement est ainsi primordiale pour la juste compréhension des enjeux locaux et planétaires. L’apprentissage et la prise en compte de notre environnement tout proche doivent venir avant tout consolider la théorie transmise par les manuels.

Ainsi, les aires éducatives terrestres et maritimes qui sont des espaces de nature gérés de manière participative par des élèves représentent parfaitement cette nouvelle approche essentielle pour un développement concerté et mesuré de notre territoire insulaire.

La Réserve de l’Etang et le Parc Marin impulsent ce travail de fond à Saint-Paul pour la survie vitale de ces aires protégées.

Cette initiative ainsi que toutes les autres doivent être accompagnées et renforcées. C’est une obligation sans quoi nous laisserons à nos enfants une île sans biodiversité !

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