C’est la question qu’on est en droit de se poser au vu des prises de position des uns et des autres, durant le week-end dernier, suite à la décision du comité syndical du Sydne de choisir le site de Beaufond à Sainte-Marie (ne pas confondre avec Beaufonds à Saint-Benoit) pour l’implantation du futur centre d’enfouissement des déchets du Nord et de l’Est. Patrice Selly, maire de Saint-Benoit, a été le premier à dégainer pour se féliciter de cette décision du Sydne (Syndicat mixte de traitement des déchets du Nord et de l’Est de la Réunion). Syndicat présidé par Daniel Alamélou.

Le maire de Saint-Benoit a réagi ainsi : « « dès 2023, je m’étais fermement opposé au projet d’une installation de stockage de déchets ultimes (ISDU) sur le territoire bénédictin, et en l’occurrence à Cambourg, qui figurait parmi les sites pressentis. Bien qu’utile à la bonne gestion des déchets ultimes dans le Nord et l’Est de l’île, ce projet n’avait pas sa place au cœur de ce petit village à tradition agricole, qui accueille 250 familles très attachées à l’authenticité de leur village et à leur cadre de vie.
Comme annoncé par le Sydne, le futur ISDU qui doit prendre le relais de l’actuel centre
d’enfouissement de Bel-Air à Sainte-Suzanne, en 2028, sera finalement installé dans les hauts de Sainte-Marie.
Les Bénédictines et Bénédictins peuvent désormais être rassurés : il n’y aura pas de centre d’enfouissement à Saint-Benoît. Le développement de notre territoire ne se fera pas au détriment de la qualité de vie de nos administrés : Je m’y engage ! ».

Une réaction un tantinet maladroite qui a manifestement irrité son homologue de Sainte-Marie, Richard Nirlo; Lequel n’a pas manqué de rétorquer : « c’est avec stupéfaction que j’ai pris connaissance du communiqué du maire de Saint-Benoît relatif au projet d’ISDU. Celui-ci se réjouit de l’abandon du projet d’installation de stockage de déchets toxiques à Saint-Benoît et annonce son installation à Sainte-Marie. Cela, sans en informer la commune de Sainte-Marie, qui est la principale intéressée.

Mardi dernier, j’avais fait connaître par voie de presse mon opposition complète à ce projet. Je maintiens cette position, partagée par l’ensemble du Conseil municipal et la population de Sainte-Marie. Notre commune accomplit largement sa part en matière de traitement des déchets. Sainte-Marie ne deviendra pas un dépotoir du fait d’obscurs arrangements politiques ».

Dans le Quotidien du mardi en question, le maire de Sainte-Marie avait acheté un espace pour dire son opposition « aux déchets toxiques ». Qu’à cela ne tienne, les échéances 2026 approchant, cette question cruciale du traitement des déchets est devenue un sujet très politique pour ne pas dire politicien.

Céline Sitouze, qui sera candidate à la mairie de Sainte-Marie, a mis son grain d’sel, elle aussi, en s’attaquant non pas à la décision du Sydne mais à son adversaire politique Richard Nirlo. D’où sa réaction : « C’est avec la plus grande consternation que j’apprends la décision finale du Syndicat Intercommunal de traitement des déchets du Nord et de l’Est, le SYDNE, d’implanter son Installation de Stockage des Déchets Ultimes (ISDU) sur le territoire de Sainte-Marie.

C’est un projet contre lequel je me suis toujours opposée, notamment au regard des risques sanitaires et écologiques qui sont considérables. Je regrette qu’une nouvelle fois, le maire de Sainte-Marie, Richard Nirlo, ait été un bien piètre défenseur des intérêts de sa commune et des Sainte-Mariens.

Sainte-Marie a déjà fait beaucoup d’efforts, prenant notamment sa part pour ce qui concerne le traitement des eaux usées en accueillant la station d’épuration du Grand Prado, basée à Duparc.

Comme je l’ai toujours fait, je me tiens avec force aux côtés des Sainte-Mariens qui expriment de légitimes inquiétudes face aux conséquences néfastes que l’ISDU pourrait avoir sur leur qualité de vie ».

Rappelons que Rémy Lagourgue, conseiller départemental et conseiller municipal de l’opposition à Sainte-Marie, est parti ce week-end à la rencontre des familles du secteur de Beaufond où devrait s’installer d’ici à 2028 le centre d’enfouissement des déchets (IDSU ND). Il se dit solidaire de ces familles.

Daniel Alamélou siffle la fin de la récré politique en remettant les points sur les « i » 

En fait, au-delà des réactions des uns et des autres, le comité syndical du SYDNE s’était réuni, le vendredi 6 septembre 2024, en présence du représentant de l’Etat, M. le Sous-Préfet d’arrondissement Nord, M. Laurent LENOBLE, qui était accompagné de la direction de la DEAL.
A l’ordre du jour, les membres du Comité syndical ont examiné « une seule affaire d’importance et aux enjeux considérables pour le territoire Nord Est », comme l’a rappelé le représentant de l’Etat. Il s’agissait de valider le choix proposé par le comité de pilotage (copil), composé des élus du SYDNE, des présidents de la CINOR, de la CIREST et des représentants de l’Etat, qui s’est tenu le même jour, pour le site d’implantation de l’installation de stockage de déchets ultimes non dangereux (ISDU ND) pour le territoire du SYDNE.
Les élus de la CINOR, CIREST, du Département et de la Région, tous présents, ont pris
connaissance de l’étude de faisabilité menée depuis le mois de mai 2024 sur les trois sites concernés: M5 à Beaufond à Sainte Marie, B7 sur chemin du Cap et B9 sur chemin
Vabois à Saint Benoît.
L’analyse de faisabilité sur les trois sites a porté sur les critères règlementaires, environnementaux, techniques et économiques. En début de présentation, le Président du SYDNE, M. Daniel ALAMELOU, a rappelé l’urgence de la situation et a souligné toutes les étapes qui ont été entreprises, par le SYDNE, depuis 2023, pour aboutir aujourd’hui à ce choix final.
Considérant les conclusions de l’étude de faisabilité, le comité syndical a voté à l’unanimité le choix proposé par le COPIL, d’implanter la future installation de stockage de déchets ultimes non dangereux sur le site M5 de Sainte Marie à Beaufond.
Le calendrier contraint pour assurer la continuité du service public de traitement des déchets impose au SYDNE, de continuer à avancer rapidement dans la suite des étapes de réalisation du projet, sans négliger le temps de la concertation et de la pédagogie avec l’ensemble des acteurs.
Les élus du comité syndical et les services de l’Etat formulent le souhait de voir ce projet d’ISDU aboutir dans les meilleurs délais (fin 2028) dans l’intérêt général ».

Pour Daniel Alamélou, que nous avons rencontré ce lundi 9 septembre, dans son bureau au siège de Sydne à Sainte-Suzanne, « toutes les communes de l’Est et du Nord sont mises à contribution concernant cette question cruciale du traitement des déchets pour les années à venir. Il n’y a pas lieu de polémiquer sur un tel sujet. La politique politicienne n’a pas sa place ici ». Ecoutez le président de Sydne, qui replace cette décision prise vendredi dernier dans son contexte global eu égard à l’enjeu capital que constitue le traitement des déchets à la Réunion en général et dans le Nord/Est en particulier;  Il est au micro d’Yves Mont-Rouge :