Ce lundi s’est ouvert la COP 16. L’effondrement du vivant dans le monde ou l’équivalent de 9 millions de terrains de foot de forêt ont été détruits en 2023. C’est à ce moment que les crédits déjà faibles en faveur de la biodiversité en France vont être diminués par deux.
Aucun endroit sur Terre n’est à l’abri des conséquences des changements climatiques. Les récents événements météorologiques, tels que l’ouragan Hélène, la tempête Boris et le cyclone Belal, nous rappellent que l’urgence d’agir pour le climat est irrécusable. Pour maintenir le cadre de vie que nous avons acquis, alignés à nos traditions, il est impératif de respecter les Objectifs de Développement Durable des Nations Unies.
La responsabilité humaine dans le changement climatique est reconnue. Malgré les efforts financiers et politiques, le GIEC prévoit un réchauffement de 1,5 °C dès les années 2030, bien en deçà des ambitions des Accords de Paris. Nous devons faire du changement climatique une priorité d’action et de financement pour la survie des peuples.
En France, 80 % de la biodiversité française et 10 % des récifs coralliens de la planète se trouvent dans les territoires ultramarins. À La Réunion, l’insularité est à l’origine du très haut niveau d’endémisme des espèces, mais aussi de nombreuses fragilités structurelles.
Face à ces risques, la création de l’Agence Régionale de la Biodiversité de l’île de La Réunion, que je préside depuis 2023, va œuvrer pour favoriser les synergies entre les acteurs du territoire. Car il n’y aura pas d’action probante sans action collective et coordonnée. Ce travail de co-construire a commencé.
La seconde condition est bien entendu l’absolue nécessité d’orienter les financements du territoire non plus vers des projets destructeurs pour notre île, mais en faveur de la biodiversité.
Il n’y a pas de mesures compensatoires quand la biodiversité est détruite.
La troisième condition est l’action massive collective et citoyenne. En ce sens, il s’agit d’étendre les connaissances biologiques et de sensibiliser le grand public. Nous saluons les initiatives écoresponsables, tant publiques que privées et soutenons la poursuite des efforts, puisque la nature se régénère lentement.
De plus, nous avons un atout majeur : la nature fait partie intégrante de la culture créole réunionnaise et de son histoire locale. Nos ancêtres entretenaient un lien spirituel avec la nature. Depuis, notre mode d’habiter à La Réunion a été soutenu par la richesse de ses ressources
naturelles. Aujourd’hui, notre lien à la nature s’exprime à travers les traditions et les savoir-faire locaux. A titre d’exemple, nous soutenons la culture de plantes médicinales et aromatiques endémiques, valorisant ainsi la diversité de la flore réunionnaise.
Transmettre une île habitable et façonnée d’histoires à nos enfants est à notre portée. Avec le soutien des politiques publiques, la transition écologique peut se faire en cohérence avec les transitions sociales, notamment dans un des départements les plus inégalitaires de France.
Enfin rien ne pourra se faire si les budgets ne sont pas à la hauteur de cet enjeu majeur, celui de préserver le vivant. C’est pourquoi nous dénonçons fermement le recul du budget de la Nation.
Au moment où nous devons intensifier notre lutte contre les invasives, moins de Fonds vert complexifie cette lutte qui nécessite des moyens humains formés et pérennes. Le Fonds vert est un levier pourtant indispensable pour financer les projets de transition écologique des collectivités locales et des partenaires. Dans le Projet de Loi de Finances 2025, son enveloppe est réduite de 2,5 milliards à 1 milliard d’euros.
L’environnement ne peut plus être sacrifié pour d’autres intérêts mais doit faire partie d’une approche gagnant-gagnant.
Aujourd’hui, il en va de notre responsabilité à toutes et tous de réapprendre à vivre avec la Nature pour nous assurer un avenir sûr et un progrès durable.
Éricka BAREIGTS
Présidente de l’Agence Régionale de la Biodiversité
de l’île de La Réunion