Cour d’appel : les deux antivax condamnés à 1000 euros d’amende pour outrage

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Le 30 août 2021, leur procès avait duré 2 heures. C’est le 20 septembre que le verdict est tombé concernant deux pères de famille, militants du social. Pascal Papou et Teddy Alamèle ont été condamnés à 1 000 euros d’amende. Les deux hommes avaient décidé de faire appel de la décision mais cela ne changera rien.

Ce jeudi 15 décembre 2022, on apprend que Teddy Allamèle et Pascal Papou devront toujours payer solidairement la somme de 1 500 euros afin d’indemniser la victime.

Les deux antivax Pascal Papou et Teddy Alamèle sont-ils « des racistes » ?

Le 9 août dernier, répondant à une convocation des policiers de Saint-André, Pascal Papou (responsable de l’association Camp Papou Solidarité) et Teddy Alamèle (psychologue clinicien), avaient aussitôt été placés en garde à vue durant 48 heures pour « propos à caractère raciste ». Et ils avaient même failli prendre la direction de la prison de Domenjod.

Tout compte-fait, les deux hommes se sont retrouvés à la barre, ce lundi après-midi, non plus pour « propos à caractère raciste » mais pour « outrages ». Or, une grande partie du débat a tourné autour du débat zoreil/créole, alors que le président du tribunal avait pourtant d’emblée précisé : « ce ne sera pas un débat médical, ni historique ». Il faut rappeler en effet que si Pascal Papou et Teddy Alamèle se retrouvent à comparaître, c’est parce que le dimanche 8 août dernier, aux environs de 12 heures, ils se sont « arrêtés » devant le centre de vaccination de l’Avenue de la République à Saint-André pour tenter de dissuader les quatre ou cinq personnes présentes à aller se faire vacciner, mettant en avant, en fonction de ce qu’ils ont vu et entendu à la télé, « les dangers du vaccin ».

Vous l’aurez compris, Pascal Papou et Teddy Alamèle sont des antivax. La veille, le samedi 7 août, ils avaient défilé devant la préfecture. Il y a donc tout un contexte. S’ensuit un échange entre les deux antivax et les personnes présentes devant et dans le centre de vaccination ce dimanche 8 août. Lequel échange s’achève manifestement par des propos agressifs » de part et d’autre. L’un des personnels de vaccinaion, Mme Clarisse Araboux déposera plainte auprès des policiers du commissariat de Saint-André. D’où la convocation, le lendemain, de Papou et Alamèle. La dame soutient que les deux individus l’auraient verbalement agressée.

Comme l’a rappelé l’avocate de la partie civile, Me Vanessa Bertholier-Lemagnen, sa cliente « a essuyé des propos humiliants, frustrants et blessants. Elle en a même pleuré. Et les jours suivants, par peur de représailles, elle allait travailler la boule au ventre ». Papou et Alamèle auraient tenu des propos du genre « zoreil rentre chez ou, allé crever… ». L’avocate a demandé au tribunal de les condamner à une amende de 1000 €.

Le palais de justice sous bonne surveillance. En face, les soutiens des deux prévenus ont chanté du maloya : « peace and love ! » (Crédit Photos : Yves Mont-Rouge)

Pour le ministère public représenté par la procureure, « l’infraction d’outrages est caractérisé, les adjectifs sont insultants ». Et « même si on y va pas passer la nuit » pour cette affaire, a-t-elle laissé entendre, elle a malgré tout demandé une condamnation à une amende de 2000 euros étant donné qu’ils ont chacun deux avocats « donc ils ont les moyens de payer ». Sauf que Teddy Alamèle a précisé au président ne percevoir à peine 2000€/mois. Quant à Pascal Papou, il est au RSA en dépit de tout le travail qu’il fournit bénévolement en faveur des personnes défavorisées parce que c’est quelqu’un au grand cœur qui est au service des autres depuis plus de 25 ans. En réalité, les avocats de la défense des deux prévenus seront surtout payés grâce à des cotisations des amis des deux prévenus, reconnaissants du travail qu’ils mènent dans leur quartier.

De gauche à droite : Me Vincent Gorce, Teddy Alamèle et Me Alex Vardin.

Raison pour laquelle, Me Alex Vardin et Me Vincent Gorce pour Teddy Alamèle et Me Jean-Jacques Morel et Me Catherine Moissonier pour Pascal Papou ont démonté pièce par pièce, en ne disant que le Droit, les arguments soutenus par de la partie civile et le ministère public. « Aucune preuve matérielle ne prouve les accusations de la plaignante. Peut-on parler d’outrages ? Outrages envers qui ? Une personne chargée d’une mission de service public ? Personne ne pouvait savoir si Mme Araboux était cheffe du centre de vaccination. Ce n’est pas écrit sur son front. Par ailleurs, elle ne portait ni uniforme, ni blouse. Et encore moins un teeshirt de la Croix Rouge à laquelle elle dépendrait. De même, les deux hommes sont poursuivis pour outrages. Cela voudrait-il dire qu’ils ont tenu les mêmes propos en même temps, c’est-à-dire en chœur ? Sans compter que les ASVP qui étaient présents ce jour-là précisent dans leur déposition auprès de la police que c’était très confus, ou encore qu’ils n’avaient pas à intervenir car il n’y avait aucune menace, aucune violence. La fameuse vidéo qui prouverait la violence des propos ne figure pas dans le dossier d’accusation… » Voilà grosso modo les arguments mis en avant par les avocats de la défense pour qui «on essaye de positionner ce débat autour du racisme pour trouver un prétexte dans le but de condamner deux antivax, histoire d’envoyer un signal à la population et d’intimider les manifestants du week-end. Non, Teddy Alamèle et Pascal Papou ne sont pas des racistes ». Les avocats qui s’interrogent encore de savoir pourquoi la police a mis leurs clients en garde à vue durant deux jours ont demandé au parquet de les relaxer. L’affaire a été mise en délibéré au 20 septembre prochain. J’y reviendrai dans l’édito de ce vendredi.

Y.M.

([email protected])

(Ci-dessous, l’article que nous publiions avant le procès)

Pascal Papou et Teddy Alamèle, deux Saint-Andréens bien connus dans leur commune natale, comparaîtront cet après-midi, lundi 30 août, à 15h30, devant les juges au palais de justice de Saint-Denis pour « outrages ». Pascal Papou, responsable de l’association « Camp Papou Solidarité », pas loin de la cité Fayard à Saint-André ainsi que Teddy Alamèle, psychologue de profession, n’ont rien de délinquants. Bien au contraire ! Dans la commune de Saint-André, dans leur quartier du chemin du Centre, ils passent avant tout pour des « Grands Frères ».

Et pourtant, pour « deux paroles déplacées « prononcées sous le coup de la colère », le 8 août dernier devant le centre de vaccination Covid, Avenue de la République à Saint-André, ces deux « bons » pères de famille, « marmailles la kour » ont été gardés à vue pendant 48 heures dans les locaux du commissariat de police de Saint-André. Ils ont même failli se retrouver à la prison de Domenjod.

Au sortir de leur garde à vue de 48 heures, ils ont reçu le soutien de nombreuses associations dans l’île.

Pourquoi ? Il faut reprendre depuis le début. Le 7 août dernier, ils participaient à la manif des antivax à Saint-Denis. Ce sont deux hommes de conviction qui défendent leurs idées et n’hésitent pas à exprimer tout haut, parfois même à grand renfort des réseaux sociaux, leurs opinions. Ils ne croient pas aux bienfaits du vaccin et ils le disent. Nous sommes en démocratie. Après avoir longuement écouté plusieurs « experts » du monde médical qui interviennent quasiment en boucle sur les télés nationales ou via les réseaux sociaux, ils se sont faits eux aussi leur opinion. Et à l’instar des centaines de milliers de personnes qui défilent chaque week-end dans l’hexagone, tous deux dénoncent « l’obligation vaccinale » préconisée par le gouvernement.

Donc, manif relativement « bruyante » sous les fenêtres de la préfecture à Saint-Denis le 7 août dernier en compagnie des antivax beaucoup plus virulents qu’eux. Puis, le dimanche 8 août, Pascal Papou et Teddy Alamèle, se rendent devant le centre de vaccination de Saint-André pour poursuivre leur pacifique campagne « antivax », notamment auprès de quelques parents présents devant le centre dont un accompagné de son enfant. Pascal Papou interpelle le parent et lui dit, après tout ce qu’il a entendu et vu à la télé ou lu dans les journaux et revues spécialisées, que « le vaccin est dangereux ».Pascal Papou qui filme la scène avec son portable interpelle ensuite un des personnels du centre de vaccination pour lui dire la même chose. Tout va pour le mieux, dans une ambiance quasi conviviale. Les échanges sont assez courtois.

Mais au fil des minutes qui passent, les esprits commencent à s’échauffer et le ton monte un peu. D’après nos informations, Pascal Papou, toujours avec sa « caméra » s’introduit dans la salle pour filmer. Il se fait « rembarrer » par la responsable qui lui aurait demandé de « fermer sa gueule ». C’est à ce moment là qu’intervient Teddy Alamèle, témoin de la scène, qui interpelle à son tour le personnel en question pour lui faire comprendre « qu’il n’y a pas d’animaux dans la salle », donc « pas de gueule ». Le ton continue à monter.

Il est presque 12h30. La fatigue et la faim aidant, tout le monde est manifestement sous tension des deux côtés. Un autre personnel du centre de vaccination intervient et aurait ainsi claqué la porte au nez des deux « antivax ». Pas content, Pascal Papou dira : «ou c’est une créole, maquerelle ban’ zoreil ». Il ajoutera à l’attention de la responsable du centre : « aller crévé » (en français : aller vous faire voir !). La dame a porté plainte. Ce qui paraît tout à fait légitime.

Deux hommes au grand cœur qui ne comptent pas leur temps passé auprès des jeunes en déshérence

Pascal Papou et son « dalon » ont été convoqués au commissariat de police. N’étant pas des criminels qui n’ont jamais volé, violé, braqué une banque, fraudé au fisc ou tué, ils ont évidemment répondu à l’appel. A leur grande surprise, ils ont été placés en garde à vue durant 48 heures, d’abord pour « injures à caractère raciste », puis, au final, le parquet a retenu le l’inculpation « d’ outrages ».

Si le procès n’est pas renvoyé, Pascal Papou sera défendu aujourd’hui par Me Catherine Moissonnier et Me Jean-Jacques Morel, tandis que Teddy Alamèle sera défendu par Me Alex Vardin ou l’un de ses associés. Ils devraient expliquer que leurs « paroles déplacées » et leur « comportement sans doute inapproprié » n’ont fait que répondre à des propos tout aussi « agressifs » (fermez votre gueule) de leur interlocutrice. La justice dira alors si pour « deux paroles malencontreuses », ces deux pères de famille aujourd’hui attaqués au pénal  méritent une condamnation voire la prison.

D’autant que ces deux « Grand Frères », mènent un travail considérable et surtout très efficace  dans leur quartier, dans leur commune en faveur des jeunes qui auraient pu, s’ils n’avaient été là, prendre depuis longtemps le chemin de la délinquance. Pascal Papou, à la tête de l’association « Camp Papou  Solidarité» depuis 25 ans, vient en aide à une multitude de jeunes, de familles qui se trouvent dans la misère. Chez lui, dans son camp, à chemin du Centre à Saint-André, c’est un peu « les Restos du Cœur ».

Il vole quotidiennement au secours de toutes celles et de tous ceux, jeunes et moins jeunes, que la société souvent rejette. Il est connu aussi comme un animateur sportif qui, via le sport, a redonné du sens à la vie de nombreux jeunes (garçons et filles). Pascal Papou, est un homme qui défend avec une certaine ardeur, il est vrai, ses convictions. Mais il n’a rien d’un délinquant ou d’un criminel. Plus d’une fois, il a organisé des actions caritatives pour aider les plus faibles.

Fin de l’année dernier (et la presse en avait fait écho), il a pu, grâce à ses relations amicales avec des chefs d’entreprises et des commerçants, trouver un bus et des jouets. Des jouets qu’il est allé, avec les membres de son association, distribuer à des enfants pauvres dans toute l’île. Le responsable d’association se bat tous les jours auprès des politiques pour obtenir des moyens afin d’éviter que des jeunes désœuvrés ne prennent un mauvais chemin.

Pascal Papou et Teddy Alamèle sont certes des antivax mais surtout pas des « hommes dangereux » pour la société dont ils ne cessent de panser les blessures, les maux, à leur modeste façon, avec les moyens du bord. Vont-ils être condamnés pour quelques « mots » fussent-ils déplacés ? A suivre !

Y.M.

([email protected])

Yves Mont-Rouge

[email protected]
Téléphone : 0692 85 39 64

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