Violences à Bras-Fusil : quand « le ministrable » Selly sonne le clairon, le préfet et le général rappliquent

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Le préfet de Région, représentant de l’Etat dans le département et le général Pierre Poty, commandant de la gendarmerie à la Réunion, feront le déplacement ce matin à Saint-Benoit. En chair et en os ! Ils participeront ce matin à la mairie en présence du maire de la commune, Patrice Selly, à une réunion consacrée aux violences urbaines survenues le week-end dernier dans le quartier de Bras-Fusil à Saint-Benoit.

D’aucuns diront que la cavalerie arrive après la guerre, mais c’est déjà mieux que rien. La réunion aurait pu également se faire juste après les violences en présence par exemple du sous-préfet de Saint-Benoit, qui représente l’Etat dans la région Est de l’île ainsi qu’avec le capitaine de gendarmerie, commandant de la gendarmerie dans l’Est.

Le préfet en personne va donc se déplacer ce matin à Saint-Benoit. Idem pour le général. Parce que quand Patrice Selly sonne le clairon, l’Etat réagit. Surtout en cette période électorale de la présidentielle où la Macronie mise beaucoup sur le maire de Saint-Benoit, patron de « BANIAN », un mouvement politique « qui n’est ni de droite, ni de gauche ».

La Macronie parisienne notamment considère en effet Patrice Selly comme une valeur politique sûre dans l’Est. Il y a certes Michel Vergoz, maire de Sainte-Rose déjà tout acquis à la cause macronienne et qui s’en fait l’un des ardents avocats de la politique gouvernementale. Mais Patrice Selly est maire de Saint-Benoit, une plus grande commune. Et puis, Patrice Selly a aussi gagné les dernières départementales (les deux cantons). Sans compter que Patrice Selly qui a débuté à gauche (un peu comme Macron a été ministre de François Hollande) n’en a cure aujourd’hui des étiquettes politiques.

Il travaille aussi bien avec Cyrille Melchior, président « LR » du Département qu’avec Huguette Bello, présidente « PLR » de la Région.

Dans ces deux principales collectivités, Patrice Selly a placé ses hommes. Enfin, et c’est ce qui importe pour le staff parisien de la Macronie, le maire de Saint-Benoit ne veut pas entendre parler de Jean-Luc Mélenchon et s’est même positionné aux prochaines législatives en mettant carrément un candidat de « BANIAN » dans les pattes de l’insoumis Jean-Hugues Ratenon, député sortant de la 5ème circonscription. Lors du dernier congrès des maires, Patrice Selly a posé (lui aussi) pour la photo avec le président de la République. Paris lui aurait laissé entendre qu’il serait « ministrable » en cas d’une réélection d’Emmanuel Macron en avril prochain à la présidentielle.

Paris compte beaucoup sur Patrice Selly et les électeurs et électrices de Saint-Benoit. Raison pour laquelle, le gouvernement est aux petits soins avec le maire de Saint-Benoit qui, à l’instar de Richard Nirlo à Sainte-Marie, a accueilli quasiment tous les ministres et autres secrétaires d’Etat de passage dans notre île.

Le préfet ne rate pas non plus une occasion de rendre visite au premier magistrat de cette ville. Un jeune maire qui a beaucoup d’ambition ; Un marmaille « la kour » issu du quartier de Bras-Fusil, instruit grâce à l’école de la République ; Un avocat. Il connaît la loi. Il connaît ses droits et ceux de ses administrés. Il n’écrit pas papa avec trois « p ». Patrice Selly est aussi élu qui n’a pas peur de dire tout haut ce que de nombreux Bénédictins, de nombreux Réunionnais pensent tout bas. Sa sortie (conférence de presse du lundi 24 janvier dernier) a marqué les esprits et a dû incontestablement remonter jusqu’aux oreilles de l’Elysée. Patrice Selly a tapé du poing sur la table, mis les autorités (préfet, sous-préfet, commandant de la gendarmerie, procureure de la République, bailleurs sociaux…) devant leurs responsabilités.

Habillé comme un ministre en costume-cravate en plein été austral pour causer violences à Bras-Fusil

Il faut dire que depuis le début des violences à Bras-Fusil, il s’est retrouvé quasiment seul avec ses élus et ses policiers municipaux à gérer ces « violences gratuites » perpétrées par une bande de jeunes « non réunionnais » à Bras-Fusil. Des jeunes qui n’ont pas hésité à s’attaquer à toutes celles et tous ceux qui avaient le malheur de croiser leur chemin.

Dimanche dernier, au plus fort de la crise, alors qu’il avait dépêché sur place quelques uns de ses policiers municipaux vite débordés par l’ampleur de la crise, il a dû « réveiller » le préfet et lui demander de l’aide d’urgence. Aussi bizarre que cela puisse paraître, les gendarmes n’étaient pas vraiment intervenus durant les violences qui auront quand même duré près d’une semaine, tous les soirs.

D’où la prise de parole virulente du maire de Saint-Benoit le lundi 24 janvier dernier, surtout lorsqu’il apprend en même temps que les Réunionnais, la décision du parquet de relâcher sans aucune poursuite les 7 jeunes « délinquants » interpellés lors des violences.

Patrice Selly avait pris la parole, en parlant « sans tabou » et en demandant des sanctions sévères tout en ciblant une communauté. Des mots percutants que partagent sans doute une très majorité des Réunionnais et des administrés de Saint-Benoit. Lesquels en ont ras-le-bol de « ces phénomènes de violences gratuites commis par des jeunes issus de la communauté mahoraise et comorienne ». Je reprends les mots employés par le maire de Saint-Benoit, qui a voulu faire comprendre que les jeunes qui étaient à l’origine de ces « violences gratuites » ne recherchaient ni un emploi, ni un logement. « Ils ont tabassé pour le plaisir de tabasser ». Qui plus est après 21 heures, l’heure du couvre-feu. La justice qui, manifestement, a fait fi du sexagénaire envoyé à l’hôpital avec une mâchoire complètement démontée et du jeune homme hospitalisé d’urgence avec poumons perforés et traumatisme crânien, n’a même pas verbalisé les sept jeunes dont des mineurs, ne serait-ce que pour cette entrave à l’état d’urgence sanitaire. Pour moins que ça, pour une ceinture de sécurité oubliée, pour un pied de zamal à l’arrière- cour d’un agriculteur, pour des paroles du genre « retourne dans out pays », des Réunionnais passent par la case « PV » ou la case prison après avoir été envoyés en Correctionnelle.

Excédé, « choqué », Patrice Selly, (habillé lors de cette conférence de presse comme un ministre, costume cravate un après-midi d’été austral pour causer violences à Bras-Fusil) n’a pas hésité à réclamer l’expulsion des familles dont les enfants sont des fauteurs de troubles ainsi que la suppression des allocations familiales.

Paris a entendu la colère du maire de Saint-Benoit, du « ministrable » Selly, et lui envoie ce matin le préfet et le général. L’artillerie lourde de l’administration et de l’armée françaises dans le département. Quant aux courriers du député de La France Insoumise Ratenon adressés aux ministres des Outre-mer et de l’Intérieur, elles sont restées lettres mortes, pour l’instant.

Y.M.

([email protected])

 

Yves Mont-Rouge

[email protected]
Téléphone : 0692 85 39 64

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