Nous vivons malheureusement une époque où les arnaqueurs, tels des charognards, pullulent via les réseaux sociaux. Il faut donc redoubler de vigilance en cette période de l’année où nombre de parents sont à la recherche d’un logement pour leurs enfants en vue de la prochaine rentrée universitaire.

Karine (prénom d’emprunt), 20 ans, est une jeune étudiante. Elle vient de tomber dans le piège. A la recherche d’un logement pour lui permettre de mener à bien ses études, sa maman et elle finissent par trouver « la bonne affaire ». Un petit appartement bien placé, dans le quartier de Moufia, à Saint-Denis, dans une rue bien fréquentée et, surtout, pas trop cher par les temps qui courent.

Sa maman s’empresse ainsi à signer le contrat de location avec un certain Dylan Var, qui se dit « médecin urologue et chirurgien ». Ce dernier avait, dans un premier temps, proposé à Karine un autre appartement, toujours à Saint-Denis. La jeune femme s’y était rendue mais elle avait découvert à l’intérieur des locaux un flacon sur lequel il y avait une étiquette « VIH ». Elle n’a pas souhaité y rester.

Dylan Var, le fameux « propriétaire de plusieurs appartements », selon ses dires, lui propose donc l’appartement du Moufia, que la jeune femme accepte. Les papiers sont faits. La maman de Karine lui verse une caution de 500 euros ainsi qu’un loyer de 500 €, soit 1000 € au total. La maman laisse même ses coordonnées bancaires au soi-disant « médecin urologue chirurgien ». Karine emménage le 26 juin dernier. Jusque là, tout va pour le mieux.

Mais hier soir, jeudi 6 juillet, dans la soirée, elle entend frapper violemment à sa porte, « comme des coups de poings », dit-elle. Elle ouvre et tombe nez à nez avec une dame qui lui demande : « mais que faites-vous chez moi ? ». Karine répond : « je suis chez moi ». La suite, vous la devinez. La dame et la jeune étudiante échangent et comprennent très vite qu’elles se sont faites avoir par un petit malin.

Elles finissent par remonter le fil et découvrent la vraie propriétaire, à savoir une dame qui habite à Sainte-Anne et qui avait acheté l’appartement pour le louer en Airbnb (location saisonnière), très à la mode.

« Il se fait passer pour un médecin urologue-chirurgien et explique que l’appartement est un héritage de son père »

La propriétaire du Airbnb a gardé une copie de la pièce identité de celui qui lui a loué le Airbnb. Il s’agit d’un homme âgé de 25 ans, qui s’appelle Jean Dylan, mais pas Var. Var est un faux nom. Au lieu d’occuper l’appartement, « Dylan Var » passe son temps à le louer à d’autres personnes, non pas en Airbnb, mais en location longue durée, en se faisant passer pour le propriétaire des lieux.

Karine se rend très vite compte qu’elle s’est faite arnaquer. Idem pour l’autre dame qui avait loué l’appartement pour sa fille de 17 ans et qui avait déjà versé 250€ pour réserver l’appartement. Karine avait obtenu les clés, mais la dame n’avait eu jusqu’à présent que le badge et le contrat de quittance.

« L’homme nous a expliqué à maman et à moi que l’appartement était un héritage de son papa », se rappelle la jeune étudiante. Karine ainsi que l’autre dame ont aussitôt déposé plainte auprès des policiers de Saint-Denis. D’après les premières informations, le jeune homme ne serait pas à sa première arnaque en la matière. Il aurait déjà sévi du côté de Saint-Joseph en 2018, puis à Saint-Denis en 2019.

Depuis hier, la vraie propriétaire a fait changer la serrure de l’appartement du Moufia. Karine a pu rapidement se trouver un autre appartement qu’elle ira visiter ce soir. Quant à « l’héritier, médecin urologue et chirurgien », il s’est évaporé dans la nature. Sans doute est-il resté coincé dans un bloc opératoire !

En tout cas, son téléphone, celui qu’il a laissé à ses victimes, ne répond plus. Silence radio. La question est de savoir maintenant s’il n’avait agi que sur Saint-Denis ou bien dans d’autres communes de l’île en prenant des Airbnb avant de les louer à des tierces personnes. « Je suis sûre que je ne suis pas la seule à être tombée dans ce piège », insiste Karine qui souhaite justement tirer la sonnette d’alarme afin d’alerter toutes les victimes potentielles. Une enquête est en cours.