Entreprises créées en 2018 à La Réunion : Hausse de la pérennité à trois ans mais des signes de fragilité

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À La Réunion, 79 % des sociétés et entreprises individuelles (hors micro-entreprises) créées en 2018 sont encore en activité en 2021 trois ans après leur création. Le taux de pérennité à trois ans augmente fortement par rapport à celui des entreprises créées en 2014 (68 %), et converge vers le niveau national.

Plusieurs facteurs expliquent cette augmentation. D’une part, les sociétés forment désormais une part bien plus importante des nouvelles entreprises à La Réunion (60 % contre seulement 38 % de celles de la génération précédente, créées en 2014). Or les sociétés sont nettement plus pérennes que les entreprises individuelles classiques. D’autre part, la pérennité des entreprises individuelles augmente de 10 points, passant de 55 % à 65 %, grâce notamment aux dispositifs d’aides mis en place pour soutenir les entreprises face à la crise sanitaire de la Covid-19. Les trois quarts des entreprises individuelles en ont bénéficié.

En outre, les créateurs de 2018 sont plus expérimentés, avec notamment davantage de créateurs qui étaient salariés d’une entreprise auparavant. Ils sont également plus diplômés, ce qui favorise une plus grande pérennité des entreprises créées.

Toutefois, la question de la viabilité de ces entreprises à plus long terme se pose : elles ont créé moins d’emplois que la génération précédente et les deux tiers ont vu leur chiffre d’affaires baisser depuis le début de la crise sanitaire.

Huit entreprises sur dix sont encore actives trois ans après leur création en 2018

À La Réunion, parmi les entreprises dites « classiques » créées en 2018, sociétés ou entreprises individuelles hors micro-entreprises, 79 % sont encore en activité trois ans après leur création (figure 1). Le taux de pérennité à trois ans est nettement plus élevé que celui des entreprises créées en 2014 (68 %), et converge vers le niveau national (82 %). À La Réunion, l’augmentation du taux de pérennité est plus forte qu’au niveau national et l’écart se réduit : le taux de pérennité à trois ans des entreprises réunionnaises créées en 2014 était inférieur de 8 points au niveau national ; cet écart est désormais de -3 points.

Cette meilleure pérennité des entreprises créées en 2018 se confirme année après année. Ainsi, en 2019, après la première année
d’activité, 90 % des entreprises sont encore actives, soit 4 points de plus que pour la génération de 2014. En 2020, deuxième année d’activité et début de la crise sanitaire de la Covid-19, les aides gouvernementales permettent de compenser partiellement l’impact de la crise sur l’activité des entreprises et de garantir en partie la survie des entreprises nouvellement créées (encadré).

Comme au niveau national, le taux de pérennité baisse moins que pour la génération précédente au cours de la deuxième année d’activité :

-6 points, contre -11 points pour la génération 2014. En 2021, troisième année d’activité, toujours marquée par la crise sanitaire, la pérennité baisse de 5 points par rapport à l’année précédente, contre -8 points pour la génération 2014.

L’augmentation des créations sous forme de sociétés explique la moitié de la hausse du taux de pérennité à trois ans

La moitié de la hausse du taux de pérennité à trois ans s’explique, comme au niveau national, par l’augmentation de la part des sociétés parmi les entreprises créées. Les sociétés, nettement plus pérennes que les autres entreprises, représentent 60 % des entreprises créées à La Réunion en 2018, contre 38 % en 2014 (figure 2).

Les créations sous forme d’entreprises individuelles classiques se sont en effet fortement réduites, de 62 % des créations en 2014 à 40 % en 2018 : les conditions d’accès au régime du micro-entrepreneur ont été élargies au 1er janvier 2018 avec un doublement des plafonds de chiffre d’affaires [Dorolle, 2020 ; pour en savoir plus (2)]. De fait, pour un même chiffre d’affaires, une entité créée en 2014 qui n’avait pas accès au régime du micro-entrepreneur pouvait y prétendre en 2018. Cela a engendré mécaniquement un transfert des créations d’entreprises individuelles au profit des micro-entreprises.

 

De plus, à La Réunion comme en France, le taux de pérennité à trois ans des entreprises individuelles augmente fortement, de 55 % à 65 % (figure 3), mais reste inférieur au niveau national (75 %). Cette hausse est en partie liée aux dispositifs d’aides mis en place dans le cadre de la pandémie de Covid-19 et auxquels ont recouru les trois quarts des entreprises individuelles (encadré).

Elles ont permis de soutenir nombre de ces entreprises, dans un contexte de forte baisse, voire d’arrêt de leur activité. Ainsi, la meilleure pérennité de ces entreprises individuelles sera à confirmer dans les années à venir.

Des créateurs plus expérimentés et plus diplômés contribuent également à la meilleure pérennité des entreprises

Le profil des créateurs d’entreprises de 2018 est plus favorable à la survie des entreprises qu’ils créent. Ainsi, la part des créateurs anciennement chômeurs ou inactifs, qui sont usuellement ceux ayant le plus de difficultés à maintenir leur activité, baisse de 45 % en 2014 à 36 % en 2018 (figure 4) au profit de créateurs anciens salariés. Ces derniers représentent 37 % des créateurs en 2018 contre 29 % en 2014. Les entreprises qu’ils créent ont des taux de survie plus élevés (80 %). Les créateurs de 2018 sont également plus diplômés que ceux de 2014, ce qui est aussi un facteur favorable à la plus grande pérennité des entreprises créées. Plus largement, quel que soit le profil du créateur, le taux de pérennité croît.

En revanche, les montants investis à la création sont plus faibles pour les entreprises créées en 2018 que pour celles créées en 2014. En 2018, 39 % des entreprises ont été créées avec moins de 2 000 euros, soit 7 points de plus qu’en 2014. Toutefois, la pérennité des entreprises créées en 2018 avec peu de moyens financiers est plus élevée que celles créées en 2014 avec des moyens financiers analogues : 77 % sont encore actives trois après leur création, contre 63 % pour la génération 2014. Mais un investissement financier initial plus important favorise toujours la viabilité à long terme des entreprises : 84 % des entreprises créées avec au moins 40 000 euros sont toujours actives trois ans après leur création.

La pérennité augmente dans tous les secteurs d’activité

Les entreprises créées en 2018 dans les secteurs des services spécialisés, scientifiques et techniques sont les plus pérennes : 86 % d’entre elles sont toujours actives trois ans après leur création (figure 5). C’est d’ailleurs le seul secteur d’activité où la pérennité à trois ans des entreprises créées à La Réunion est plus élevée qu’au niveau national. La pérennité est également forte dans l’industrie (83 %).

La pérennité augmente dans tous les secteurs, mais deux d’entre eux se distinguent particulièrement. La hausse du taux de pérennité est la plus forte dans la restauration et l’hébergement : 77 % des entreprises créées en 2018 sont encore en activité trois ans après, soit 21 points de plus que parmi les entreprises créées en 2014. Au niveau national, le taux de pérennité est proche et stable (79 %). Dans ce secteur qui représente 8 % des créations, neuf entreprises réunionnaises sur dix ont bénéficié d’aides Covid.

Dans le secteur de l’industrie, le taux de pérennité à trois ans, de 64 % pour la génération des entreprises créées en 2014, augmente de 19 points. Cette hausse est plus élevée qu’au niveau national (+8 points).

Dans le secteur du commerce, de la réparation automobile et de la motocyclette, qui concentre un quart des créations, les entreprises rencontrent davantage de difficultés à maintenir leur activité sur trois ans. C’est le secteur où le taux de pérennité est le moins élevé (74 %).

Un développement moins assuré des nouvelles entreprises pérennes et moins de créations d’emplois

La pérennité à trois ans nettement plus élevée des entreprises créées en 2018 n’est pas pour autant le signe d’une activité économique qui se soit développée de façon dynamique. Ainsi, 66 % des entreprises créées en 2018 et toujours actives trois ans près ont vu leur chiffre d’affaires baisser depuis le début de la crise sanitaire, contre 55 % en France. La question de leur viabilité à plus long terme se pose donc.

En 2021, les entreprises toujours en activité trois ans après leur création emploient 2 900 personnes, soit une hausse de 830 emplois depuis 2018. Cette augmentation est plus faible que pour celle de la génération d’entreprises pérennes créées en 2014 (+1 260 emplois entre 2014 et 2017). Par ailleurs, les entreprises créées en 2018 et qui ont cessé leur activité depuis employaient 470 personnes.

Interrogées sur les conséquences de la crise sanitaire depuis mars 2020, 43 % des entreprises créées en 2018 et encore en activité en 2021 indiquent qu’elles n’ont pas eu de salariés supplémentaires depuis la crise, 30 % qu’elles n’ont pas fait d’ajustement d’effectifs particuliers et 10 % qu’elles ont eu recours à des ruptures conventionnelles.

 

À La Réunion, 79 % des sociétés et entreprises individuelles (hors micro-entreprises) créées en 2018 sont encore en activité en 2021, trois ans après leur création. Le taux de pérennité à trois ans augmente fortement par rapport à celui des entreprises créées en 2014 (68 %), et converge vers le niveau national.

Plusieurs facteurs expliquent cette augmentation.

D’une part, les sociétés forment désormais une part bien plus importante des nouvelles entreprises à La Réunion (60 % contre seulement 38 % de celles de la génération précédente, créées en 2014) : les créations sous forme d’entreprises individuelles ont diminué sous l’effet de l’élargissement des conditions d’accès au régime du micro-entrepreneur. Or les sociétés sont nettement plus pérennes que les entreprises individuelles classiques. .

D’autre part, la pérennité des entreprises individuelles augmente de 10 points, passant de 55 % à 65 %, grâce notamment aux dispositifs d’aides mis en place pour soutenir les entreprises face à la crise sanitaire de la Covid-19. Les trois quarts des entreprises individuelles en ont bénéficié.

En outre, les créateurs de 2018 sont plus expérimentés, avec notamment davantage de créateurs qui étaient salariés d’une entreprise auparavant. Ils sont également plus diplômés, ce qui favorise une plus grande pérennité des entreprises créées.

Toutefois, la question de la viabilité de ces entreprises à plus long terme se pose : elles ont créé moins d’emplois que la génération précédente et les deux tiers ont vu leur chiffre d’affaires baisser depuis le début de la crise sanitaire.

Les résultats issus de la dernière interrogation de ces entreprises créées en 2018, cinq ans après leur création, permettront de se prononcer sur cette viabilité à plus long terme. L’étude afférente pour La Réunion devrait être diffusée en 2025.

===> Source

Cette étude s’appuie sur le système d’information sur les nouvelles entreprises (Sine), qui est un dispositif permanent d’observation d’une génération de nouvelles entreprises tous les quatre ans. Le champ de l’enquête Sine couvre l’ensemble des créations d’entreprises, hors micro-entrepreneurs, du premier semestre d’une année donnée et qui ont exercé une activité marchande, non agricole, sur une période d’un mois au minimum.

Les entreprises créées sont interrogées à leur création, trois ans après puis cinq ans après leur création. Ce dispositif permet notamment de mesurer comment évolue dans le temps la pérennité des entreprises créées.

Cette étude présente les résultats issus de la deuxième interrogation, en novembre 2021, d’’un échantillon d’entreprises créées au premier semestre 2018 à La Réunion.

===> Pour en savoir plus

Fabre E., Effertz O., « Entreprises créées en 2018 à La Réunion – Hausse de la pérennité à trois ans mais des
signes de fragilité », Insee Analyses La Réunion n° 89, mai 2024.

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