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Prix littéraire Athéna 2023 : la société coloniale mise à nu par Priya Hein

2 min de lecture

Le Prix littéraire Athéna 2023 a été remis à Priya Hein ce mercredi 04 octobre à l’hôtel de ville de St-Pierre pour son roman ‘Riambel’. La société coloniale et son histoire sombre, marquée dans la chair de ses enfants, sont mises à nu. Un joyeux 10ᵉ anniversaire pour le Salon du Livre Athéna célébré avec des thèmes forts cette année : Engagement, Liberté et Vérité.

Son ouvrage ‘Riambel’ qui raconte l’histoire d’une jeune Mauricienne qui grandit dans le bidonville qu’on appelle Africa Town. De l’autre côté de la route, se trouvent les maisons de maître dans laquelle sa mère travaille comme domestique au service d’une famille de Mauriciens Blancs.

Les consciences s’éveillent et la parole se libère

Elle évoque ainsi une adolescence (qui est celle de milliers de Mauriciennes) passée entre deux univers : celui des Créoles (ayant des racines africaines) et celui des Blancs. 

Elle révèle, par là même, la dichotomie qui existe plus largement dans la société mauricienne post-coloniale, comme dans toute société créole et plus largement dans le monde, entre Blancs et non-Blancs (racisés).

Un sentiment de colère engendré par le racisme

Riambel est un roman enfanté, dans un sentiment de colère, pendant le mouvement afro-américain, ‘Black Lives Matter’ (La vie des Noirs compte), militant contre les violences policières envers les personnes racisées à la suite du meurtre de George Floyd.

C’est donc par l’écriture que l’auteure décide de protester contre les injustices raciales post-coloniales de notre monde, des États-Unis d’Amérique à l’ile Maurice en passant par l’Europe.

“Mais, je ne suis qu’un grain de sable dans la riche littérature de l’Océan Indien”, nous dit Priya Hein humblement dans un discours rempli d’émotion.

Un métissage issu de viols perpétrés dans les plantations coloniales

“Je suis l’arrière petit-fille issue d’un viol de plantation. Mon noir d’ébène légèrement plus clair présente une nuance. Je suis la fille d’esclaves Créoles et de maitres Blancs qui maltraitaient leurs travailleurs”, dicte Priya Hein au parterre d’invités, attentifs et réceptifs.

“La blancheur que je porte n’était pas un choix. Les barons du sucre, cupides, ont pris ce qu’ils voulaient, des femmes et des vies sur lesquelles ils avaient un pouvoir absolu et ont négligé de déclarer leurs enfants”, rajoute-t-elle.

 “Comment peuvent-ils nier leur passé morbide ? Alors que nous, les bâtards du colonialisme, sommes là pour leur rappeler leur héritage…”, interroge Priya Hein. 

Une histoire sombre marquée dans la chair…

“Nous portons la vérité sur nous aussi claire que la lumière du jour. Nous sommes la preuve vivante d’une histoire sombre qui ne peut être étouffée. Regardez-moi et dites-moi que l’histoire ne m’a pas entaché”, nous lance Priya Hein.

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