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11 000 entreprises réunionnaises en difficulté ; Pas qu’Air Austral ! 

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Un petit mot de l’actualité judiciaire pour commencer. Je voudrais revenir sur les réquisitions prononcées hier, en cour d’appel, à Saint-Denis, contre deux élus locaux, dans des affaires différentes. Le premier, André Thien-Ah-Koon, maire du Tampon qui comparaissait à la barre, non pas en tant que premier magistrat de la commune du Tampon mais avec sa casquette de président de la SPL Sudec, financée à 80% par la Casud dont il assure également la présidence et à 20% par Ileva, présidé par Michel Fontaine, maire de Saint-Pierre.

Une vieille affaire présumée de « favoritisme à l’embauche ». Il est reproché à André Thien-Ah-Koon d’avoir « favorisé l’embauche » de Christelle Mondon, la sœur de sa 2ème adjointe Laurence Mondon. En septembre 2022, Tak avait été condamné en 1ère instance par le tribunal correctionnel de Saint-Pierre à 6 mois de prison avec sursis et à 3 ans d’inéligibilité. Il avait fait appel de cette décision. Le procès en appel s’est déroulé, hier, jeudi 21 mars. Les réquisitions sont plus sévères que les condamnations prononcées en 1ère instance : 8 mois de prison avec sursis, 5 ans d’inéligibilité et 10 000 € d’amende. Délibéré le 23 mai. Rappelons tout de même que la Réunionnaise Christelle Mondon était la plus diplômée des autres concurrents et que le slogan politique « politiquement correct » employé par tout un chacun est le suivant : « à compétence égale, embauche locale ».

De gauche à droite : Michel Fontaine et André Thien-Ah-Koon.

Christelle Mondon avait des compétences reconnues comme supérieures par rapport aux autres postulants à la Sudec. La justice a sanctionné le choix de l’employeur. Je ne vais pas commenter une décision de justice. Les juges ont fait leur job, sans doute. Mais s’il fallait condamner, dans tous les départements de France et de Navarre, les auteurs de toutes les embauches familiales ou autres «pistons politiques » au niveau des collectivités  ou EPCI, SPL, SEM…, qui plus est, dans de nombreux cas, quand les personnes recrutées n’ont même pas le niveau requis, il aurait fallu construire non plus des logements sociaux, mais des prisons partout en France hexagonale et ultramarine pour pouvoir caser les hors la loi. Faut croire que la justice est assez sélective !

Vers de nouvelles élections municipales à Saint-Philippe ?

Des embauches familiale, amicales et autres « pistons » ou « cooptation », ça se fait beaucoup dans les administrations de l’Etat, y compris au niveau des instances judiciaires ou dans les universités sans qu’il y ait pour autant des sanctions judiciaires. Mais bon, attendons le verdict de la Cour d’Appel, le 23 mai concernant Tak. En cas de confirmation des réquisitions, le président de la SPL Sudec pourra toujours se pourvoir en cassation.

Olivier Rivière, maire de Saint-Philippe

Un autre élu du Sud (et de la Casud aussi d’ailleurs) comparaissait ce matin devant le même tribunal de la rue Juliette Dodu.Il s’agit d’Olivier Rivière, maire de Saint-Philippe, accusé de prise illégale d’intérêt et concussion. En octobre 2020, il avait été condamné, en 1ère instance par le tribunal correctionnel de Saint-Pierre, à 8 mois de prison et 3 ans d’inéligibilité. Il lui était reproché d’avoir fait signer par délégation le permis de construire de sa maison et, par ailleurs, de n’avoir pas pratiqué la règle de l’écrêtement de ses indemnités pour la période de 2016 à 2018. Il cumulait plusieurs fonctions électives rémunérées : maire de Saint-Philippe, vice-président de la Région, vice-président de la Casud et Pdg de Nexa. Il n’avait pas écrêté durant cette période la somme de 2300 € mensuelle, comme le prévoit la loi, soit un trop perçu de 75 000 €. Olivier Rivière avait fait appel de ses condamnations en 1ère instance. Au terme de son procès devant la Cour d’Appel, il a été condamné le 28 janvier 2021 à 3 ans d’inéligibilité et 8 mois de prison avec sursis. Le maire de Saint-Philippe s’était pourvu en Cassation. La Cour de Cassation a renvoyé sa décision à la Cour d’Appel de Saint-Denis, demandant à celle-ci de rejuger, non pas sur le fond, mais sur la forme. Un problème d’écritures manifestement. Le procès s’est déroulé, ce jeudi 21 mars. La Cour requiert contre Olivier Rivière 8 mois de prison avec sursis, 10 000 € d’amende et 3 ans d’inéligibilité avec exécution provisoire. Comme pour Tak, la décision de la Cour d’Appel a été fixée au 23 mai prochain. Si les juges de Saint-Denis confirment ses réquisitions, Olivier Rivière va vraisemblablement devoir rendre son écharpe tricolore. Et le préfet devra organiser des élections municipales partielles dans un délai de 3 mois, suivant la notification du verdict de la Cour d’Appel. Olivier Rivière aurait pu, pour éviter l’organisation de nouvelles élections, faire monter un élu. Impossible, car l’opposition avait déjà anticipé depuis longtemps en faisant démissionner tous ses élus, rendant ainsi, en cas de la confirmation de la condamnation, le conseil municipal de Saint-Philippe incomplet. Alors, Olivier Rivière pourra-t-il mener son mandat de premier magistrat jusqu’à son terme, c’est-à-dire jusqu’en 2026 ? Réponse des juges de la Cour d’Appel le 23 mai prochain, à la Saint-Didier!

« La politique poubelle » à l’Etang-Salé ?

De la justice à la politique, il n’y a qu’un pas. Ce n’est un secret pour personne, la campagne des municipales de 2026 a déjà été lancée. J’en veux pour preuves certains communiqués de presse. A commencer par celui de Daniel Gracienne, se revendiquant de « PLR » (Pour La Réunion) de Saint-Pierre. Lequel expliquait qu’il devait revenir aux militants « PLR » de Saint-Pierre le choix de désigner le ou la candidat.e du mouvement politique présidé par Huguette Bello en 2026, dans la commune de Saint-Pierre.

Daniel Gracienne se revendique du PLR mais le PLR précise qu’il n’est plus membre du mouvement.

En fait, il disait clairement que la responsabilité d’une telle décision ne devait pas incomber à Patrick Lebreton, maire de Saint-Joseph qui positionnerait déjà l’actuelle députée Emeline K’Bidy, notamment suite à la victoire de cette dernière aux législatives face à David Lorion, considéré comme l’homme fort de Michel Fontaine. Pour Daniel Gracienne, il n’était pas question de faire de Saint-Pierre « un Saint-Joseph-bis ! ». Sauf qu’en deux temps-trois mouvements, via un communiqué expéditif, « PLR » Réunion a réglé le problème en affirmant que « Daniel Gracienne n’est pas membre de notre organisation ». Autrement dit, Gracienne est un SDF politique. Circulez, y’a rien à voir à « PLR ». C’est le message du mouvement d’Huguette Bello.

La campagne des municipales est déjà lancée, vous disais-je. Et ce n’est pas Isaline Tronc qui va me contredire. L’ex 2ème adjointe de Mathieu Hoarau, virée depuis par l’actuel maire, se rebiffe et ne rate pas une occasion de dézinguer le jeune premier magistrat de la commune. Pas plus tard qu’avant-hier soir encore (mercredi 20 mars), suite au conseil municipal consacré aux orientations budgétaires 2024. Voici un court extrait de son long communiqué de presse : « Le maire veut en effet sans vergogne:

– continuer à augmenter les dépenses de fonctionnement (donc train de vie, embauches à tout va, dépenses excessives d’achats communication presse vantant son image, augmentations régulières des avantages de certains agents copains dont son directeur de cabinet …)

– Faire des investissements illogiques, sans projet structurant, avec l’ambition principale de créer encore plus de bureaux mairie:
achat d’un vieux bâtiment mal placé à plus de 1,650 millions€ sans compter le coût d’aménagement qu’il n’a même pas encore fait estimer !…
ceci se rajoutant à 734m2 de bureaux au coût d’achats et d’aménagement scandaleux (affaire du Vent Ilet : continuité de scandales entre les 2 maires et leur même DGS : perte de 4856m2 de terrain communal au centre ville vendu à 1 566 333€ ….puis rachat de 734m2 de bureaux au même endroit à 1 785 000€ … auquel doivent se rajouter 1 674 000€ de coût d’aménagement intérieur… cherchez l’erreur dans les transactions)

– Endetter davantage les citoyens en faisant reposer sur leurs têtes, en plus de la dette actuelle de plus de 5 900 000 €, un prêt supplémentaire de 6 200 000 €!
Cela aura comme effet de dégrader d’un coup, le ratio de désendettement que l’on appelle aussi capacité de désendettement ou capacité de remboursement de dette.
Actuellement de 4,6 ans, celui-ci passerait à plus de 10,10 ans! avec ce prêt en 2024 ! ». Rien que ça !

Isaline Tronc, ex 2ème adjointe (à la droite du maire sur la photo d’archives), poil à gratter du maire de l’Etang-Salé ?

En début de semaine, Isaline Tronc, toujours via un communiqué de presse, a accusé le maire  de l’Etang-Salé de «polluer » les terrains communaux. Un communiqué accompagné de photos sur lesquelles on pouvait voir des sacs remplis de déchets jetés sur un terrain « communal » selon elle. Et dans un de la cinquantaine de sacs poubelle, Isaline Tronc a trouvé « des papiers compromettants » pour la nouvelle municipalité. Après une enquête rapide, il s’avère que le terrain en question est la propriété de la Région et non de la commune. Dans l’entourage du maire, on rigole en imaginant que l’ex 2ème adjointe est allée faire les poubelles un dimanche après-midi aux environs de 17 heures pour tomber, « comme par hasard » sur un sac poubelle parmi les 50 et faire ainsi la fameuse découverte. L’entourage de Mathieu Hoarau appelle ça non pas la politique de caniveau mais « la politique poubelle ».

Notons que l’opposant Gilles Leperlier a lui aussi interpellé le maire Mathieu Hoarau, non pas sur les sacs poubelle, mais sur les orientations budgétaires et surtout sur le prêt de 6 millions d’euros contracté par la municipalité, « qui risque d’endetter pour longtemps la ville avec des répercussions négatives pour les contribuables ».

Un petit mot également sur Saint-Leu pour vous dire que, contrairement à une rumeur qui circule, Vincent Bègue (ex dir-cab de Didier Robert à la Région), aujourd’hui DGS à la mairie de Saint-Leu, est bien à son poste, qu’il n’est pas en dépression eu égard au procès des emplois de cabinet de Didier Robert, pour lequel il sera appelé à comparaître les 15, 16 et 17 avril prochains. En revanche, il y a eu du changement au cabinet du maire de Saint-Leu. Fabrice Grondin a quitté Bruno Domen pour retourner auprès de Patrick Lebreton, son ancien patron. En fait, il n’est pas retourné à la mairie de Saint-Joseph pour travailler aux côtés du maire. Il a été embauché par Patrick Lebreton, président de l’IRT (Ile de la Réunion Tourisme). Fabrice Grondin occupe un poste à mi-temps en tant que conseiller technique du président de l’IRT. Durant, l’autre mi-temps, il bosse comme collaborateur de la députée Emeline K’Bidy, par ailleurs élue municipale de Saint-Joseph. C’est le tout nouveau diplômé Pierre Comorassamy (qui a décroché l’année dernière son diplôme de directeur de cabinet dont la formation a coûté 7 000 €) qui remplace Fabrice Grondin auprès de Bruno Domen.

Bruno Domen que Thierry Robert veut à tout prix dégommer politiquement. Pour se faire, ce dernier n’a pas hésité à se rabibocher tout récemment avec le patron du JIR, celui-là même qui, durant des mois, voire des années, dans ses éditos du samedi, l’avait traîné dans la boue à un point tel que les parents de l’ancien député-maire de Saint-Leu avaient eu des palpitations, voire plus. Mais Thierry Robert est un grand croyant, il va à la messe quasiment tous les dimanches. Quand il était plus jeune, il voulait devenir curé. Sans doute, a-t-il décidé de pardonner. Ce fut une époque, il se vantait aussi de « toucher 90 000 € par mois ». Thierry Robert est également un business man, un chef d’entreprise. Sachant que l’on n’attrape pas des mouches avec du vinaigre et que dans le domaine des affaires, on ne s’attarde pas vraiment mutuellement sur la beauté des yeux, ceci pourrait peut-être expliquer cela concernant ce nouvel acoquinement.

Emmanuel Séraphin : « même pas peur de Tillier »

En tout cas, les deux ont un même objectif : en finir avec « le traitre » Domen qui fut l’ami de Thierry Robert ainsi que le directeur de campagne du candidat Jacques Tillier aux sénatoriales, avant finalement de les avoir largué tous les deux, comme des « malpropres ». Les deux nouveaux « dalons » ont aujourd’hui un compte à régler avec le maire de Saint-Leu.

Emmanuel Séraphin, maire de Saint-Paul

Poursuivons notre tournée des communes pour s’arrêter un instant à Saint-Paul où, cette semaine, Emmanuel Séraphin a effectué une sortie fracassante, si je devais en juger par un titre lu chez notre confrère Zinfos 974. « Je n’ai pas peur de Tillier », a déclaré sans ciller le maire de Saint-Paul, entouré de ses élus. Il a dit « en avoir marre » des « attaques politiques », des « mensonges », véhiculées par le Pdg du JIR qui « après s’être lamentablement vautré aux sénatoriales » a « repris sa casquette d’éditorialiste ». Emmanuel Séraphin, tout en dénonçant « les rumeurs infondées colportées par le Pdg du JIR », a annoncé qu’il allait porter plainte pour diffamation contre l’éditorialiste. On retiendra en tout cas qu’Emmanuel Séraphin « n’a pas peur de Tillier ».

Après avoir été menacé par ce dernier dans un conseil municipal, il monte aujourd’hui au créneau et se dresse contre le Pdg du JIR. Moi j’y vois une forme de courage politique car on peut compter sur les doigts d’une main les élus locaux osent l’ouvrir face à l’éditorialiste du JIR. Outre Emmanuel Séraphin, je citerai pêle-mêle Huguette Bello, Michel Fontaine et, dans des proportions moindres, Patrick Lebreton, Michel Vergoz… Quasiment tous les autres, sans compter tout un « tacon » de dir-cabs et des chefs d’entreprises, préfèrent se coucher pour ne pas dire rentrer sous la table. Les mauvaises langues prétendent que tous les élus et autres qui acceptent sans broncher les coups de « sabouk » du samedi, qu’on pourrait aussi qualifier dans certains cas d’harcèlement, d’acharnement médiatique « ne doivent pas avoir les fesses propres» pour se comporter ainsi. Ben faut croire ou, alors, y’en a qui n’ont pas encore brisé les chaînes !

Saint-Denis : plus d’absentéisme chez les opposants qu’au sein de la majorité municipale

Du Sud à l’Ouest et de l’Ouest au Nord, pour arriver à Saint-Denis. J’avais fait écho dans un de mes « Ti Kozman » du début du mois de février de cette année d’un courrier anonyme adressé au préfet et concernant la mairie de St-Denis. Courrier stigmatisant l’actuelle maire du chef-lieu, Ericka Bareigts, expliquant que depuis son arrivée aux commandes, elle avait « viré » ou « déplacé » plusieurs membres du cabinet. Des noms sont cités dans le courrier : « J.Vellayoudom, L.Médéa, D.Mondissa, H.Galien, P.Boyer… ». Des collaborateurs de l’ancien maire Gilbert Annette.

Concernant les élus « absents aux conseils municipaux » car « ne résidant plus pour certains d’entre eux » dans le département, les noms indiqués dans le courrier sont les suivants : Ibrahim Dindar « 7e adjoint au maire, habitant en métropole depuis plus d’un an » ; Aurélie Médéa, conseillère municipale « installée au Canada depuis bientôt 2 ans » ; François Javel « en désaccord avec la maire, a démissionné de tous ses mandats », Stéphane Persée, adjoint aux sports « a démissionné et repris son poste de directeur de magasin », Karel Magamootoo, adjointe spéciale de la Montagne, «  a déménagé en métropole pour rejoindre son compagnon ». La dernière fois, je n’avais pas eu le temps de me renseigner. Cette fois-ci, j’ai pris le temps de le faire. Depuis 2020, Stéphane Persée a assisté à 24 conseils sur 26 ; Karel Magamootoo à 19, Ibrahim Dindar à 19, Aurélie Médéa à 12. Elle assiste régulièrement en visio à des réunions de commission dans la mesure du possible. La jeune femme se trouve en effet au Canada pour ses études. Pour cette année 2024, en revanche, je ne pourrais vous le dire puisque Ibrahim Dindar, effectivement, s’est installé à Paris et Karel Magamootoo vit en métropole. Peut-être feront-ils le déplacement à chaque séance du conseil municipal !

J’ai profité du temps que j’avais pour voir comment c’était du côté de l’opposition municipale dionysienne. Je me suis rendu compte que Jean-Régis Ramsamy a assisté à zéro conseil municipal depuis son élection en 2020 sur la liste qui avait été menée par Didier Robert ; Depuis un peu plus d’un an, son collègue Alain Zanéguy n’a été présent que 5 fois ; Corinne Babef zéro fois ; Vincent Bègue, censé être le chef de file de l’opposition, ne s’est déplacé que 2 fois ; Michel Lagourgue 3 fois. D’où la réflexion d’une élu de l’opposition : « ces élus qui brillent par leur absence devraient avoir le courage de démissionner de leur mandat». Elle parle pour tous les élus, y compris pour ses propres collègues qui ne daignent même pas honorer le contrat que leur ont pourtant confié les électrices et les électeurs. « Où est la morale ?», se demande-t-elle objectivement.

Ericka Bareigts, la maire de St-Denis : tout au loin, je vois, je vois… un objet en forme de pyramide inversée.

Concernant le cabinet d’Ericka Bareigts, je me suis également renseigné. On m’a confirmé que, comme dans de nombreuses collectivités locales, lorsqu’un ou une maire arrive aux commandes, il y a forcément un changement de collaborateurs. C’est un cabinet, donc des emplois politiques (à ne pas confondre avec des fonctionnaires de la fonction publique), le maire ou la maire nomme des personnes avec qui il ou elle a des affinités. Des personnes qui, en général, partagent sa vision politique pour la commune.

Dans le cas d’Ericka Bareigts, les nouvelles personnes voient peut-être aussi au-delà des frontières dionysiennes pour leur maire. Il fallait du sang neuf, une nouvelle vision. Autrement dit, rien de surprenant si les anciens collaborateurs d’Annette ont été remplacés par des plus jeunes, plus aptes à suivre une maire qui, manifestement, carbure à l’énergie solaire. En tout cas, com’ ou pas com’, appelez ça comme vous voulez, s’il y a bien une chose qu’on ne pourra jamais reprocher à Ericka Bareigts, c’est de chômer ou encore de ne pas être visible et audible. Dans sa commune et sur les réseaux sociaux, elle est sur tous les fronts, omniprésente, du matin au soir, du lundi au dimanche, même quand elle travaille ses abdos. Attention, je n’ai pas dit qu’elle a déjà gagné les municipales de 2026 et/ou les régionales de 2028. C’est un combat de longue haleine. Ce qui est sûr, c’est qu’elle y travaille pour.

11 parlementaires à l’écoute des inquiétudes des chefs d’entreprises à la CCIR ce vendredi 22 mars

Venons-en à présent à la situation des entreprises réunionnaises. Nombre d’entre elles sont en difficultés plus ou moins grandes. 11 000, c’est le chiffre avancé par la Chambre de commerce et d’industrie de la Réunion, présidée par Pierrick Robert. Lequel a pris l’initiative d’inviter, ce vendredi matin, 22 mars, à la CCIR, à Saint-Denis, les 11 parlementaires de la Réunion (7 députés et 4 sénateurs) à venir écouter les inquiétudes, les angoisses des chefs d’entreprises que représentent les élus des chambres consulaires, à savoir la CCIR, la Chambre des métiers et de l’artisanat présidée par Bernard Picardo et la Chambre d’agriculture, présidée par Frédéric Vienne. Les élus de ces trois chambres seront présents afin de soumettre leurs préoccupations aux parlementaires, qui sont les relais locaux au national. Cette initiative avait été, au départ, déclenchée, l’année dernière, par le député Ratenon, suite à une série d’entretiens qu’il avait eus avec les présidents des trois chambres. Cette rencontre devait être organisée fin de l’année dernière, avant d’être tout compte fait reportée à cette année et reprise par la CCIR.

Pierrick Robert, président de la CCIR (au centre) avec à sa droite Bernard Picardo, président de la Chambre des métiers et de l’artisanat et à sa gauche, Olivier Fontaine, secrétaire général de la Chambre d’agriculture.

L’objectif d’une telle réunion est, à travers les députés et sénateurs, d’interpeller le gouvernement mais également les autres élus locaux, notamment Huguette Bello, la présidente de Région et Cyrille Melchior, le président du Département.

« Bien entendu que les élus doivent se battre pour le maintien de la compagnie aérienne qui connaît de grosses difficultés financières. Une compagnie qui emploie 800 personnes et plus, si on compte les emplois indirects. Mais il faut savoir qu’à la Réunion, 11 000 entreprises, toutes tailles confondues, connaissent des difficultés », précise un chef d’entreprise. Qui poursuit : « Nous, chefs d’entreprises en difficultés, nous constatons que malgré les 6 millions d’euros de dettes d’Air Austral, l’Etat a accepté de ne pas assigner la compagnie aérienne au titre du passif public qui a été constitué. L’Etat a mis beaucoup d’argent dans Air Austral. Idem pour les collectivités locales, comme la Région et le Département. Malgré tout, il n’y a aucune sanction. Et c’est tant mieux pour Air Austral ! En revanche, quand nous chefs d’entreprises demandons un étalement de nos dettes qui sont relativement minimes puisqu’elles n’excèdent même pas le million, voire même parfois des centaines de milliers d’euros, quand nous demandons un moratoire pour nos dettes sociales et fiscales et toutes autres charges, l’Etat nous envoie complètement paître. Pas là avec nous ! Il y a incontestablement deux poids, deux mesures. C’est cela que nous voulons que nos parlementaires comprennent. Nou lé pas plus, nou lé pas moins qu’Air Austral. Les 11 000 entreprises représentent au bas mot au moins 11 000 emplois, sans compter les emplois indirects. Nos principales collectivités ont tendance à aider plus facilement les grosses entreprises que les moyennes ou petites. On aurait aimé nous aussi que nos élus puissent se donner la main, parler d’une même voix et monter au créneau pour défendre les chefs d’entreprises, les artisans, les agriculteurs, comme l’ont fait récemment Huguette Bello et les autres pour Air Austral, le CHU ou l’octroi de mer ».

Les contribuables réunionnais qui financent, malgré eux, Air Austral, sont-ils vraiment « attachés » à cette compagnie aérienne ?

Pour revenir à Air Austral, le gouvernement semble avoir durci le ton, lors de la réunion interministérielle de mardi dernier, 19 mars à Paris. Réunion qui a réuni certains de nos élus, parmi lesquels Huguette Bello, Normane Omarjee (de la Région) qui, avec les membres du Directoire de la compagnie (Michel Deleflie, Joseph Bréma…) ont dû soutenir le plan de restructuration face à trois ministres : Marie Guévenoux (Outre-mer) ; Patrice Vergriete (Industrie) et Roland Lescure (Industrie). Un gouvernement dont la posture se veut beaucoup plus « exigeante » cette fois et qui réclame « un plan de retournement pérenne et durable » sur  3 ans. Le gouvernement ne joue plus. Il a fixé un ultimatum au Conseil de surveillance et au Directoire d’Air Austral en estimant que le plan de restructuration qui a été présenté, mardi dernier, ne tenait pas vraiment la route. Le gouvernement (ou l’Etat) veut plus de garanties, plus d’assurances.

Huguette Bello, présidente de la Région Réunion et du Conseil de surveillance d’Air Austral.

Contrairement à ce qu’a déclaré Huguette Bello, la présidente de Région et présidente du Conseil de surveillance, au sortir de la réunion de mardi, l’ambiance n’est plus vraiment à la confiance entre l’Etat et les responsables d’Air Austral dont les avions sont pleins, les billets sont chers mais la compagnie reste déficitaire.

Au sortir de cette même réunion, la présidente de Région avait aussi déclaré : « les Réunionnais sont très attachés à leur compagnie ». Les élus sûrement, notamment celles et ceux qui ne payent pas le billet d’avion et voyagent devant (en Confort ou en Business), mais les Réunionnais, dans leur grande majorité, je ne le pense pas. Air Austral qui fonctionne en partie avec l’argent des contribuables réunionnais est surtout vue comme une compagnie dont les billets sont parmi les plus chers sur le marché local, avec des avions pas très neufs et des liaisons qui sont de plus en plus supprimées dans l’océan Indien, en direction notamment de Madagascar et bientôt des Seychelles.

Le paradoxe, c’est que nombre de Réunionnais préfèrent voyager sur d’autres compagnies qu’Air Austral où le rapport qualité-prix est meilleur alors que, dans le même temps, une partie de leurs impôts finance la compagnie aérienne réunionnaise. Aujourd’hui, Air Austral a un besoin urgent de faire des économies et de présenter un plan viable si elle souhaite regagner la confiance de l’Etat. Marie-Noëlle Wolf du syndicat UNSA/Air Austral, qui était récemment l’invitée de Réunion La 1ère, a déjà annoncé la couleur. « Des économies oui, mais pas sur le dos des petits salariés… Il y a des cadres qui touchent entre 22 000 et 29 000 euros par mois à Air Austral ». En clair, elle a fait comprendre que pour les économies, il faudrait aller chercher du côté des gros salaires. Le Conseil de surveillance et le Directoire ont un mois pour présenter une nouvelle copie au gouvernement.

Reprise du Quotidien : le CSE a pris connaissance des trois offres

Toujours à propos des entreprises en difficultés, parlons de la presse écrite et, plus précisément du Quotidien dont les membres du CSE (Comité social économique) ont « auditionné » cette semaine les trois repreneurs potentiels. A commencer par Newco, la société portée par Jacques Tillier, patron du JIR, journal en redressement judiciaire. Tillier s’est présenté en début de semaine, lundi, face aux membres du CSE, dans les locaux du journal du Chaudron, accompagné de l’actuel directeur adjoint du JIR et de la DRH. Puis, le lendemain, ce fut au tour de Pierrot Dupuis, le patron du site « Zinfos 974 », représentant le groupe ICP-Roto de Chane-Pane. L’imprimeur du Port, qui aurait à ses côtés une quinzaine d’investisseurs réunionnais, veut lui aussi reprendre le journal de Carole et de Boris Chane Ki Chune. Mais il n’a pu participer à l’audition car hors du département. C’est donc Pierrot Dupuy qui a tenté, par visioconférence, de répondre aux multiples questions des membres du CSE dont les préoccupations premières portent surtout sur les emplois, sur l’avenir des journalistes, dont les emplois sont plus en plus menacés dans le cadre des offres présentées. Mercredi soir, toujours par visio, c’est Henri Nijdam de Media Capital qui a répondu aux questions des membres du CSE. Lesquels expliquent être « dans la collecte de toutes les informations » pour l’instant et non « dans le commentaire » d’autant que les offres pourraient être revues et corrigées au plus tard ce vendredi. Des offres que le CSE a demandé à voir d’ici à samedi avant d’être déposées avant le 26 auprès des juges du tribunal de commerce. Lequel tribunal devrait rendre son verdict le lendemain, 27 mars. Le CSE ne commente pas, mais d’après mes infos, Tillier « n’a pas été convaincant », Pierrot Dupuy « a été plutôt décevant » en répétant à chaque fois qu’il devra consulter Chane-Pane pour certaines questions qui lui ont été posées. Quant à Nijdam, il aurait, semble-t-il, fait des progrès, me dit-on, par rapport à sa première offre et, contrairement au tout début, il aurait cette fois un peu plus captivé l’attention de Carole Chane ki Chune. J’ai bien dit l’attention de Carole CKC qui a tout suivi, par visio, depuis son bureau qui se trouve dans le même bâtiment que celui du CSE. Mais c’est bien le tribunal qui détient le pouvoir final de décision.

Le CSE, qui doit donner un avis, n’est pas encore en mesure de « juger ». On me dit aussi que le patron du JIR, représentant de Newco, n’a pas trop apprécié que le CSE lui rappelle certains souvenirs, ceux précisément du temps où il traitait la déléguée syndicale du SNJ/JIR de « Bécassine ». Il a failli s’énerver. Mais la DRH du JIR lui a doucereusement tapoté l’avant bras. Et il s’est retenu, tant bien que mal. Chassez le naturel, il revient au galop ?

CHU : une mission de l’IGAS à la Réunion du 8 au 13 avril prochains

Je ne sais pas si vous l’avez vue, mais Michel Vergoz a posté récemment une deuxième vidéo dans laquelle il interpelle Lionel Calenge, le directeur du CHU-Réunion. « Que s’est-il passé au GHER de Saint-Benoit le 15 janvier 2024, lors du passage de l’alerte Violette pour le cyclone Belal ? », s’interroge le maire de Sainet-Rose et conseiller régional de l’opposition, avant de répondre lui-même : « deux évènements graves » qui, selon lui, « imposent des éclaircissements au nom de la transparence dans la gestion d’un établissement public de santé ».

Michel Vergoz, également président du MPTU (Mouvement politique trait-d’union) avait déjà tenu une conférence de presse, début février, sur le sujet. Il avait été question, selon lui, d’une rupture en alimentation électrique de l’hôpital qui a entrainé une panne de la climatisation dans les chambres et d’une découverte de la bâche d’eau de secours insuffisamment remplie. Il a interpellé une première fois le directeur du CHU, puis une deuxième fois, le 27 février, par mail, pour lui demander un rendez-vous et des réponses. Sauf que du côté de la direction du CHU, on estime que « la façon de faire est un peu malhonnête ».

Dans l’entourage de Lionel Calenge, on précise : « Michel Vergoz demande un rendez-vous au directeur mais, dans la foulée, il tient une conférence de presse pour le dézinguer. Michel Vergoz parle d’un sujet qu’il ne connaît pas. Lors de Belal, il faut rappeler que 40% de la population réunionnaise a été privée d’électricité. Le GHER a été également concerné. Il y a bien eu un petit souci de climatisation, mais nous n’avons à déplorer aucune incidence négative sanitaire. La direction du GHER travaille avec ses instances et les élus du conseil de surveillance tels que le président du conseil Patrice Selly ou les membres comme le député Jean-Hugues Ratenon ou encore le maire de Bras-Panon Jeannick Atchapa. La direction fera une réponse à Michel Vergoz, même s’il ne fait pas partie du conseil de surveillance, mais le GHER n’a rien à se reprocher. La direction du CHU ne rentre pas dans les batailles politiques ».

Concernant la mission de l’IGAS dont je vous en avais parlée, la semaine dernière, les inspecteurs généraux  de la Santé seront bien à la Réunion du 8 au 13 avril prochains pour une mission d’appui chargée d’évaluer le plan d’efficience présenté par la direction du CHU Réunion dont le déficit s’élève actuellement à 50 millions d’euros de déficit (15 millions pour des raisons de fonctionnement et 35 millions dus à des facteurs exogènes nécessitant un accompagnement de l’Etat). Rappelons que les 32 CHU que compte la France hexagonale et ultramarine accusent un déficit global de 1,150 milliard d’euros.

Y.M.

([email protected])

 

 

Yves Mont-Rouge

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Téléphone : 0692 85 39 64

17 Commentaires

  1. Vincent Begue placé par son ancien patron à l’Agile, à pied de chez lui, et i sa va travaye saint leu ? normal la bas nena voiture fonction, frais de mission, la fénéantise, voyages bat karé, carte essence. l’agile lavé point tout ça Bellepierre hein! sa un alimentaire et un homme qui dit « oui oui » à tous pour en finir avec ou mais lu rode que remplir sa poche – l’avenir nous dira si i portera ou chance ou pas! Thierry Robert ou sa récupère la commune la tout nu sans un euro. et n’a fé tout nou saint leusien pou remettre à ou en place. la réunion devrait ni tribunal judiciaire le 15 avril pou woir comment zot sa raconte la blague la proc’ Denizot : c’est pas moi c’est lui ! on s’en rappelle du procès des musées régionaux mouhaaaa haaaa haaaaaa des comiques et dés alimentaires de NOTRE argent public

  2. Oui sacré Montrouge, il met en avant « Saint-Denis : plus d’absentéisme chez les opposants qu’au sein de la majorité municipale » il oubli un détail qui a son importance; un Adjoint au Maire touche près de 1700€ minimum sans les indemnités CINOR même étant hors du département, et il a plus de responsabilités … il n’est pas au même rang que les élus d’opposition qui touche des miettes…Mais Montrouge semble manifestement l’ignorer, il prend parti pour Bareigts. C’est vrai nous avons connu YM plus impartial dans ses affirmations. En ce qui concerne le nouveau et DYNAMIQUE cabinet , il devrait mieux se renseigner, est il plus efficace que celui de Gilbert Annette? qui le dirige vraiment…? Il préfère s’intéresser à l’opposition qui, il est vrai n’existe plus à Saint Denis… Vivement 2026, avec Gérald, Huguette et ou Gaelle Lebon…

  3. TAK et Olivier Rivière dégagés le même jour c bien de faire le ménage à droite.
    Par contre tant que les affaires de contrat signés par Huguette bello à ses neveux et au frère de son élue Céline Sitouze sont pas jugés c’est 0 crédibilité ça tire que d’un côté.

  4. Montrouge la tourne en rond su le choix TAK po embauche la fille son grand camarade lontan…
    nous l’a bien compris que po li Montrouge c’est un zaffair pas grave ditout même la loi i interdit !!
    pourvu c’est un marmaille la cour..faut laisse faire..
    Eh bin Mr Montrouge moin aussi n’a marmailles Tampon bien diplômé.. à cause sate son camarade et pas la mienne !!!!!????
    reponde a moin !

  5. Montrouge qui change déjà son fusil d’épaule ? De Bello à Bareigts, jusqu’au nouveau revirement bien sûr. Il y a un mois ça annonçait des nouvelles croustillantes sur la gestion de Bareigts et aujourd’hui ça explique que tout va bien il n’y avait pas grand chose à dire. Vu le délai entre les deux editis, il y a dû y avoir des négociations serrées…

  6. Thierry R. d’office mon kartié la o lo plate i met à ou maire mé zet tousa la mok là dand la mairie, tousa i sorte sin dni vien baize l’arzent sin leusien. done out num thierry nou arriv’ pou zot’ . allon allon nout titi . promier nou renvoy son case sé lo Begue té sort la rezion, Alli mem nouvépi

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