Huguette Bello, présidente de Région
« La littérature est en deuil. Maryse Condé vient de nous quitter. Née en Guadeloupe, elle a vécu sur tous les continents. Journaliste, professeure, elle aura été surtout une très grande autrice avec une œuvre aussi foisonnante que multiple, aussi imaginative qu’engagée. Parce qu’elle
avait l’Afrique chevillée à l’âme, elle nous laisse un monument littéraire universel avec Segou, son grand roman historique qui raconte l’épopée du royaume Bambara, qui dit l’esclavage, qui donne à voir l’Afrique avant la colonisation.
Pionnière dans sa vie, précurseure dans son œuvre, Maryse Condé a très tôt souligné les conséquences de l’esclavage colonial sur les êtres, sur les sociétés, sur les imaginaires. C’est donc tout naturellement qu’elle a été la première Présidente du Comité pour la Mémoire et l’Histoire de l’Esclavage que la France a créé en 2004.
Je veux saluer cette voix talentueuse. Et dire tout mon respect à cette grande militante. Vous resterez pour nous, Madame, une inépuisable source d’inspiration ».
Olivier Hoarau, maire du Port
« Journaliste, professeure de littérature et écrivaine d’expression française, « Guadeloupéenne
indépendantiste ». Elle s’inscrit dans la lignée de celles et ceux qui ont combattu toutes les formes d’oppression et de colonialisme. Elle est titulaire de nombreux prix littéraires : Prix de l’Académie française; Prix Nobel alternatif; Prix de la fondation del Duca.
Née en Guadeloupe, avec des parents éducateurs strictes ayant pour devise « fier d’être noir et
travailler pour réussir ». À l’âge de 16 ans, elle quitte la Guadeloupe et intègre un lycée parisien sis dans le quartier latin. Élève brillante, elle poursuit ses études de lettres classiques et d’anglais à la Sorbonne.
Dans les années 70, elle est propulsée sur la scène littéraire avec une pièce de théâtre « Dieu nous l’a donné » ; après l’obtention d’une bourse pour enseigner aux USA, elle se partage entre
l’Université de Colombia et la Guadeloupe.
Son 1er roman « Heremakhonon » paru en 1976 lui ouvre la porte du succès. Mais c’est « Segou » publié dans les années 80 qui la révèle au grand public. C’est dans ces années-là, en octobre 1989, qu’elle nous fait l’honneur de sa présence à La Réunion.
C’est en effet elle qui inaugure le cycle de conférences initié par la Commission Culture
Témoignages. 1ère présidente du Comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage (2004-2009). C’est une sœur des îles Caraïbes que nous perdons ».