« Graves incidents » au GHER : le directeur du CHU répond à Michel Vergoz

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Nous avons pu nous procurer une copie de la lettre que Lionel Calenge, directeur du CHU de la Réunion et du GHER de Saint-Benoit, a adressé récemment à Michel Vergoz, maire de Sainte-Rose qui, via une conférence de presse et une vidéo, l’avait interpelé sur « deux évènements graves » survenus au GHER durant le passage du cyclone Bélal.  Vous lirez également à la fin de cet article l’interprétation du courrier faite par l’entourage du maire de Sainte-Rose, estimant que le directeur du CHU « reconnaît certains manquements, comme il l’écrit lui-même dans son courrier ». Des manquements contraires à la réglementation en matière de santé ». Voici le d’abord le contenu de ce courrier.

Michel Vergoz, maire de Sainte-Rose et conseiller régional, avait tiré la sonnette d’alarme sur « deux évènements graves » survenus au GHER

En date du 27 février 2024, à 15h49, vous avez adressé un courriel à mon attention afin de m’interpeler sur des prétendus graves incidents survenus au GHER pendant le cyclone Bélal. Le 28 février 2024, à 10h21, il vous a été répondu que j’aurais le plaisir de vous accueillir au GHER.
Dès le 1er mars, sur votre page Facebook, vous avez diffusé une conférence de presse intitulée : « pendant le cyclone Bélal, le pire a été évité de justesse au GHER » dans lequel vous citez une demande de rencontre du 27 février 2024 et ma réponse positive. Vous citez une « rumeur » selon laquelle le GHER aurait perdu l’électricité et a été en rupture d’approvisionnement d’eau, ces évènements que vous qualifiez de dysfonctionnements majeurs. Et vous vous étonnez n’avoir eu aucun écho «ce qui est inadmissible». Vous qualifiez cela de manque de transparence et demandez «la vérité, les faits, rien que les faits ».
S’agissant de la communication autour de l’évènement
L’évènement autour des établissements de santé de La Réunion, y compris le GHER, a ,été largement relayé par la presse locale et nationale (APM News, Hospimedia). Lionel Calenge met en copie quelques coupures de la presse locale et nationale à l’attention du maire de Sainte-Rose. des articles traitant des conséquences de Bélal sur le fonctionnement des hôpitaux de la Réunion.

Le directeur du CHU poursuit :  » de même, une communication était effective auprès de l’ARS ou encore de l’Etat Major de Zone. Une note de synthèse a été diffusée au Président du Conseil de surveillance ainsi qu’au Président de la Commission des usagers. Un retour d’expérience (RETEX) a eu lieu au niveau de l’ARS et des instances du GHER ». Il fait suivre également le schéma de la note de synthèse à Michel Vergoz, s’agissant du déroulé des évènements.

S’agissant des évènements majeurs qui se sont produits relatifs à l’électricité, l’eau et el groupe froid
A) La coupure EDF et la surchauffe du groupe électrogène
Le directeur du CHU écrit : « A la levée de l’alerte rouge, le 16 janvier, 40% de la population de notre île n’avait pas d’électricité. Selon les informations qui circuleraient selon vous, la totalité des groupes électrogènes n’étaient pas raccordés, car un groupe seulement était en capacité de fonctionner, sauf que, selon les témoignages, il pouvait délivrer une puissance inférieure à celle nécessaire pour faire fonctionner l’hôpital avec une coupure de climatisation aux étages.
En réalité, le groupe électrogène a subi une surchauffe. Pour éviter la surchauffe, plusieurs actions ont été mises en œuvre :
– La première a consisté à mettre en veille l’IRM du centre d’imagerie de Saint-Benoît situé sur le site du GHER, le plus consommateur d’énergie avant le passage en alerte rouge (ou autre situation) afin d’éviter des difficultés d’accès à l’IRM pendant plusieurs mois pour les patients de l’Est.
– La seconde a consisté à mettre à l’arrêt et protéger l’un de nos groupes de productions d’eau glacée en garantissant la production aux seules zones sensibles et/ou réglementaires. Cet épisode a duré 3 jours.
Nous avons travaillé sur les organes les plus consommateurs d’énergie pour éviter des délestages complexes et long à déployer.
Nous avons étudié les solutions pour augmenter la puissance électrique de secours disponible pour le GHER (groupes électrogènes supplémentaire sur el site). En l’occurrence, lors des prochains épisodes, nous envisageons d’alimenter chaque TGBT (tableau Général Basse Tension, nous en avons deux) par un groupe électrogène. Ce qui limitera les délestages et nous permettra d’avoir plus de puissance dans l’attente de l’installation d’un nouveau groupe plus puissant. Des essais de fonctionnement des deux groupes simultanément ont déjà été réalisés et d’autre seront organisés prochainement pour mesurer al faisabilité d’alimenter chaque TGBT par un groupe.
Le plan d’investissement du GHER prévoit 31.M€ orienté pour la sécurisation électrique. Ce montant a été possible grâce au financement d’opérations par le SEGUR (financement d’Etat). Nous espérons que les offres rentreront dans l’enveloppe définie. Actuellement, nous venons de sélectionner les 3 candidats qui vont nous faire une offre en conception-réalisation. Ce dossier est porté administrativement par la cellule achat de la Direction des travaux du CHU. Nous sommes accompagnés par une assistance maîtrise d’ouvrage et nous envisageons al sécurisation électrique du site après la prochaine saison cyclonique (2024-2025). En effet, le délai de production d’un groupe s’est considérablement allongé. Il faut compter environ une année entre la commande et l’installation sur le site.
B) La coupure d’eau, consécutive à la coupure EDF, et la rupture de la bâche à eau
Selon les rumeurs véhiculées, la bâche à eau de secours aurait été vérifiée comme incomplètement remplie. Il a fallu faire venir un camion-citerne privé sur demande des autorités pour remplir la bâche à eau.
Effectivement, je vous rappelle les conditions de vérification de la bâche à eau dans les conditions extrêmes du passage du cyclone Bélal. Par ailleurs, la rupture était inévitable compte-tenu de l’alerte rouge, puis violette, puis rouge et les difficultés pour EDF de rétablir l’électricité qui alimente al CISE. L’impact a concerné essentiellement les patients dialysés (16 patients), ce qui a entraîné un repli au niveau des autres centres (CHU, Clinifutur, ARAR, ASDR), qui eux-mêmes étaient impactés par des coupures d’eau. Contrairement à l’information qui aurait circulé, li n’y a pas eu d’évacuation du GHER. D’ailleurs, aucun incident relatif à une prise en charge du patient, entre 61 et 19 janvier, n’est à déplorer.
Pour votre complète information, actuellement el scanner ed al CIMSB est en panne, et qui implique nu transfert des patients (et non leur évacuation) au sein du CHU-Nord ne cas de scanner urgent.
Régulièrement, les établissements de santé, dès lors qu’ils sont confrontés à des tensions capacitaires ont vocation à transférer leur patient dans un autre établissement. Ces transferts, fréquents, ne sont pas des évacuations ». Le courrier est accompagné du schéma du plan de sécurisation.

Cliquez sur le lien ci-dessous pour lire l’intégralité du courrier du directeur du CHU, au nom de la transparence :

Courrier du directeur du CHU au maire de Sainte-Rose

Et Lionel de conclure son courrier : « vous indiquez dans votre conférence de presse que vous tiendrez informé des suites formulées au Directeur général de votre demande de rencontre. eJ compte sur votre compréhension pour communiquer sur les éléments de transparence qui vous sont transmis ». Sans oublier la formule de politesse qui va avec.

« La fourniture de courant n’est toujours pas sécurisée au GHER de Saint-Benoit »

Selon l’entourage de Michel Vergoz, le directeur « reconnaît la surchauffe du groupe électrogène, l’impossibilité de connecter les deux groupes de secours au réseau de l’hôpital, le délestage partiel de certains appareils dont une partie de la climatisation… Il reconnaît également que les réserves d’eau n’étaient pas complètes et qu’il a fallu faire intervenir un camion-citerne en urgence… ». Et ce n’est fini ! L’entourage du maire de Sainte-Rose a décortiqué la lettre de Lionel Calenge et explique : « le plus grave, c’est écrit noir sur blanc dans le courrier, c’est que la fourniture de courant électrique n’est toujours pas sécurisée contrairement aux obligations légales en matière de santé ». Ce même entourage semble avoir effectué quelques investigations. Il précise : « En France, il est prévu dans les établissements sociaux et médico-sociaux un dispositif réglementaire (circulaire DHO/E4 n – 2008-114 – du 7 avril 2008 relative à la prévention des coupures électriques dans les établissements de santé),obligeant chaque structure à assurer, en cas d’absence du réseau national, la continuité de service pendant au moins 48 heures. Il est dit que les hôpitaux et les centres de soin disposent donc d’une alimentation de secours en cas de rupture de charge du réseau. ce réseau de secours composé le plus généralement d’un groupe électrogène associé à des ondulateurs et des batteries est particulièrement sensible et stratégique. La loi exige donc que le groupe électrogène soit testé chaque mois en charge fictive et, au moins deux fois par an, en charge réelle sur le réseau. La raison est d’éviter les ruptures d’énergie d’équipements de survie et de protection pour les patients d’un hôpital : détecteur incendie, éclairages de sécurité, ascenseurs… La loi stipule en effet que ces installations doivent être alimentées par une Alimentation Electrique de la Sécurité (AES) conforme à la norme NF S 61-940. Ces AES peuvent être à batteries d’accumulateurs, selon annexe A de la norme NF S 61-940 ou avec des groupes électrogènes conformes à la norme NF E 37 312. Le meilleur moyen de tester le groupe électrogène sans alterner la qualité du service  est de réaliser la maintenance du groupe sur un banc de charge… »

L’entourage de Michel Vergoz cite également le Code de la santé publique (article R6111-22), selon lequel les établissements de santé doivent s’assurer de la disponibilité de moyens d’alimentation autonomes en énergie pour les installations utilisées afin de garantir la sécurité des personnes hébergées pendant 48 heures au moins, de prévoir les mesures d’assurer, par eux-mêmes, la sécurité des personnes hébergées en cas de défaillance du réseau d’énergie, ces mesures doivent être prévues par le chef d’établissement… ». Selon l’entourage de Michel Vergoz, « ce n’était pas le cas au GHER lors du passage de Bélal; Le directeur du CHU le reconnaît lui-même dans son courrier », note l’entourage de Michel Vergoz. La réponse du berger à la bergère ?

 

Yves Mont-Rouge

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Téléphone : 0692 85 39 64

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