De septembre à décembre 2022, neuf jeunes de la Maison des Adolescents CAP ADOS, du CHOR et l’EPSMR, ont bénéficié d’un accompagnement avec l’artiste Zanmari Baré à travers un atelier de médiation artistique leur permettant de s’exprimer.
S’ouvrir et se découvrir : bann jèn i rakont a nou…
A l’initiative des équipes soignantes de la MDA CAP ADOS et soutenu par la Direction, le projet avait pour ambition de permettre aux jeunes d’expérimenter le processus de création dans le domaine musical en collaboration avec un artiste compositeur, chanteur, interprète. En parallèle de la découverte de l’univers musical réunionnais, l’occasion était donnée de pouvoir effectuer un travail introspectif pour aboutir à l’écriture d’un texte, d’une chanson, d’un fonnkèr retranscrivant leurs émotions, leurs vécus.
Pour Prisca VIDOT, psychologue à la MDA, « ces ateliers ont amené chaque jeune à pouvoir développer sa créativité et à soutenir sa construction identitaire. Ce fut l’occasion de démocratiser la langue, et d’inviter chacun à rechercher sa propre façon de s’exprimer en créole ». Ce type d’accompagnement s’est adressé à des jeunes qui ont des failles narcissiques importantes, « qu’un artiste puisse valoriser leurs textes, c’est un cadeau inestimable qui leur a été fait. Cela a permis de consolider leur confiance et leur estime de soi. »
En tout ce sont 14 sessions d’ateliers qui ont eu lieu chaque semaine, déclinés en plusieurs temps :
- Un temps d’écriture, individuelle et collective
- La mise en rythme et en musique de ces textes
- La découverte de l’univers musical réunionnais avec la visite de Kazkabar, avec le soutien de M. Danyel Waro et d’une association de fabrication d’instruments musicaux traditionnels.
L’un des temps forts de ce travail de plusieurs mois a été notamment, une première restitution en décembre et une seconde ce jeudi 23 mars. La restitution en musique des textes avec l’artiste Zanmari Baré et ses musiciens à Kazkabar a été l’occasion pour les adolescents de pouvoir se livrer devant un public composé des partenaires mais aussi de leurs proches.
Témoignage d’adolescent :
« J’ai participé à des ateliers à la Maison des Adolescents et ça m’a apporté beaucoup de choses par rapport à mon adolescence, ma construction et ma recherche d’identité et notamment ma volonté de connaître ma culture. Ça m’a permis de découvrir des aspects de ma personnalité que je ne connaissais pas avant. Ça a aussi été un soutien pour apprendre à gérer mes émotions dans cette phase de l’adolescence ; à travers ces ateliers j’ai découvert une nouvelle passion : l’écriture en créole et ça m’aide à transmettre mes émotions comme je le souhaite ».
Zanmari Baré i di a nou :
« La musik la amen a mwin a fèr bann zatelier ansanm diféran group, granmoun ek ti marmay é la sanm bann zadolesan. Ma néna un formasion édukater spesializé oci. E mi yinm byin mélanj lo 2 zafer. Lö maloya sé in bon supor pou komprann bann zadolesan, kisa zot i lé, kosa zot néna kom kapasité. E mwin mi esay fé dépas a zot zot limit. Mi joué su zot féblès, mi utiliz la plézanteri et mi monte a zot’ ke mwin néna osi bann féblès. Sak lé enkor pli gayar sé ke la misik i fé son shomin osi aprè bann zatelier, shakinn i ve fé plaizir a nou et monte son kapab. Shakinn i pouss un pe pli lwin son lanvi dèt en lyin sanm lé zot. E bann marmay i surpran a mwin paske lé pa touletan parey. mi lé kontan paske mi lé touletan surpri, sé sa osi i motiv a mwin, mi lé dann la transmision ek lö partaj »
Un projet inscrit dans une politique culturelle globale du CHOR et de l’EPSMR
La kiltir i rant dann ron lopital
Convaincus de son importance dans le rétablissement et le mieux–être de nos patients, nous donnons depuis quelques années déjà une place privilégiée à la Culture au cœur de nos deux établissements, le Centre Hospitalier Ouest Réunion (CHOR) et l’Etablissement Public de Santé Mentale de La Réunion (EPSMR).
L’inscription d’un volet culturel dans le projet des usagers de notre projet d’établissements CHOR–EPSMR 2022–2026 est aussi le gage que nous souhaitons construire, avec les usagers et les partenaires, une politique culturelle adaptée aux besoins de chacun. La sphère culturelle accompagne les patients dans leur séjour à l’hôpital, contribue à les distraire et à les apaiser, en leur offrant des modes d’expression individuelle et collective ainsi que des activités de bien–être.
Cela se fait le plus souvent par le biais d’ateliers culturels comme la danse, le chant ou même l’écriture et les arts visuels.
La démarche a été initiée, pensée, construite et déployée en tenant compte de l’avis des patients.
« Forts du constat que les patients souhaitaient pouvoir être accompagnés, en dehors des soins, pour pouvoir s’exprimer, nous avons aborder l’aspect culturel avec l’ancrage local très naturellement. C’est dans ce contexte qu’est né le premier projet d’ateliers d’écriture en 2020 avec Zanmari Baré, artiste local de renom qui a permis aux bénéficiaires de pouvoir revisiter la culture créole par la musique et le chant, et de se réapproprier leur identité » précise Marina PONGERARD–SINGAINY, Secretaire Générale et Directrice de la Communication et de la Culture au CHOR et à l’EPSMR notamment.
Cette première action a été le début de la mise en place d’une politique culturelle plus structurée profitant au plus grand nombre et adaptée aux besoins de chacun.
« Nos établissements ont pour ambition de devenir porteurs de projets et pilote d’une programmation culturelle par le biais d’une cellule de programmation artistique Culture et Hôpital ».
Composée de 4 membres, cette cellule culturelle du CHOR et de l’EPSMR écrit, coordonne et organise la programmation pour les deux établissements. Cela se fait aussi avec les dispositifs existants que nous accueillons en nos murs. Nos établissements souhaitent également créer des partenariats afin de favoriser les échanges culturels avec les différentes structures de l’île, médiathèques et établissements publics. L’objectif est de pouvoir ancrer la culture dans le quotidien des patients.
« Nou ve apui a nou su bann lexpérians é propoz in forma ke nou konstrui ansanm bann zusajé, pou bann zusajé é ke lé restitué par bann zusajé » ajoute Marina PONGERARD–SINGAINY. « La dimension culturelle a pour ambition demain d’aller plus loin car nos établissements travaillent à la mise en place d’une maison de la culture et d’un fonds de dotation dédié aux activités culturelles et au déploiement des actions de valorisation des espaces d’accueil »
