Une rencontre pour « déconstruire le schéma des violences intra familiales »
Le Président du Département, Cyrille Melchior, a rencontré hier après-midi les membres du collectif Stop VIF dans le cadre de la lutte contre les violences intra familiales. La coordination plus efficiente des différents intervenants et des différentes actions a été au centre des discussions.
Les violences intra familiales (VIF) sont un véritable fléau dans nos sociétés et l’île de La Réunion est particulièrement touchée au regard des chiffres et de l’expertise réalisée par les associations en local à l’instar du Collectif Stop VIF, l’association EPA et celle de Colosse aux pieds d’argile. Entre diagnostics et analyses élaborés lors des comités de pilotage (COPIL) de 2022 réunissant l’ensemble des acteurs et le Conseil départemental, celles-ci ont pu restituer un certain nombre de propositions et l’ont soumises au Président Cyrille Melchior qui les a reçues hier après-midi au Département.
Un constat en particulier a soulevé l’indignation : d’après Muriel Salomon, psychiatre, les violences pouvaient faire perdre « jusqu’à 20 ans d’espérance de vie ». « Au vu de l’expertise établie par nos associations, penser autrement la prévention des violences et la protection des enfants est une nécessité qui passe par la déconstruction des schémas et des modèles nourrissant les violences intra familiales sur notre territoire », estime Cyrille Melchior.
Trois axes de travail ont été abordés par le collectif Stop VIF : le premier est celui de l’amélioration de la Loi pour la protection des enfants, puisque l’amendement Santiago qui visait à mieux protéger les enfants victimes de violences intrafamiliales et dont les mécanismes avaient pourtant été expérimentés à La Réunion, n’a pas encore abouti ; le second axe de travail a concerné la nécessité de renforcer la formation des professionnels des établissements scolaires et la simplification des procédures ; et le troisième vise à restituer les travaux des associations aux professionnels : Rectorat, sous-préfète, Conseil Départemental, École du bonheur (Saint-Denis), autorités judiciaires, et de leur proposer une véritable démarche innovante de coordination.
Le Département a rappelé ses axes prioritaires d’actions dans le domaine des VIF à savoir :
– renforcer le volet prévention avec des actions de sensibilisation, d’information notamment en directions des établissements scolaires de maternelle et de primaire, dans une démarche de bienveillance, d’accompagnement avec des outils de communication adaptés ;
– renforcer les actions de repérage des situations dans une démarche d' »aller vers » avec les équipes de PMI ;
– consolider le partenariat avec les acteurs associatifs afin d’agir avec plus de proximité.
Le collectif sera associé aux travaux qui seront menés prochainement, afin d’élaborer une feuille de route partagée avec les différents acteurs de la protection de l’enfance.
Une synthèse et une restitution des différents travaux seront réalisées, notamment dans le cadre des COPIL et celui de l’observatoire départemental de la protection de l’enfance piloté par le Président du département.
Par ailleurs, une feuille de route accompagnée d’un planning sera rapidement établie afin d’améliorer la coordination des acteurs et des actions, de mieux communiquer sur les VIF et sensibiliser le grand public au cœur de différentes structures : les espaces de santé publique, les PMI, l’ARS, CHU, Autorités de police, lieux de parentalité. Le collectif sera bien sûr associé à ces travaux.
Enfin, le Président Cyrille Melchior a rappelé qu’avec le handicap, les VIF étaient des sujets de préoccupation constants pour le Département. Il a annoncé la création prochaine d’un service départemental spécifique dédié aux VIF pour une meilleure lisibilité et une meilleure efficience de cette politique publique.
Pour rappel
Le texte n° 658 rectifié bis de Mme Isabelle Santiago, déposé à l’Assemblée Nationale le 15 décembre 2022 dans sa version transmise par l’Assemblée nationale, vise à :
– élargir le mécanisme de suspension provisoire de plein droit de l’exercice de l’autorité parentale dans le cadre des procédures pénales ;
– rendre plus systématique le retrait de l’autorité parentale par les juridictions pénales en cas de condamnation pour crime commis sur son enfant ou sur l’autre parent, ou en cas d’agression sexuelle incestueuse sur son enfant.
Crédit photo : Loic Calichiama (Com CD)