Seul, sans appareil syndical, sans avocat, sans l’appui d’hommes politiques, certes, avec le soutien non négligeable de certains journalistes lui ayant consacré quelques articles, et quelques syndicats ( dits non représentatifs), ce petit homme de 65 ans que certains de ses confrères, pour justifier l’absence de leur soutien, qualifient de
« fou », nous force à méditer sur le vrai sens du militantisme syndical.
Pendant, qu’indifférents à son calvaire, nous vaquions à nos conforts quotidiens, lui, souvent retranché dans son local syndical pendant des nuits entières, en silence, travaillait sans relâche non pas à la défense de ses intérêts mais à la lutte contre l’injustice et l’humiliation dont il a été victime.
N’ayant rien à lui reprocher sur le plan professionnel ni syndical, les seuls motifs avancés par ses employeurs pour demander son licenciement, reposaient sur des accusations mensongères relatives à sa manière d’être et son soi-disant comportement nuisant la vie de son entreprise.
Sans l’intégrité, le professionnalisme et l’impartialité de l’inspection du travail, il aurait pu être licencié et ce, dans l’indifférence totale.
A l’heure où les modalités et les nouvelles dispositions du code du travail fragilisent et mettent en danger l’exercice du syndicalisme au sein de l’entreprise, tout élu marche tel un équilibriste sur une corde tendue sans filet en dessous.
Le statut de salarié « protégé » perd de sa substance à moins de s’appeler Paul JUNOT.
Cet homme exceptionnel inspire le respect car il est, que nous le voulions ou non, le symbole d’une détermination et d’une force de résistance pacifique et tranquille, pas à la portée du commun des mortels. Souvenez-vous il était, à par quelques rares soutiens de quelques rares centrales syndicales, seul et le seul à défendre à sa manière qui lui est propre, les intérêts de l’ARAST. Pendant que nous étions chez nous au chaud, lui était avec les grévistes sous une toile de tente se privant de sa famille de son lit douillet, et de ses repas du soir, pour partager la souffrance et soutenir le moral des salariés en détresse.
Cette victoire arrachée par Paul JUNOT est la victoire de tous les syndicalistes menacés par l’ultime recours des employeurs prêts à tout. Nous n’avons pas compris que ce qui est arrivé à ce syndicaliste, s’il avait perdu, aurait fait boule de neige. Bien que nous n’ayons pas été solidaires de son combat, cette victoire profite à nous tous et sonne comme une jurisprudence mettant fin à tout abus.
J’ai eu l’occasion d’échanger avec cet homme merveilleux, ce qui m’a impressionné le plus chez lui au plus fort de sa tourmente, c’est l’absence de toute forme de haine contre ses employeurs et une lucidité qui a forgé une foi inébranlable dans la construction de sa défense.
Je ne sais pas d’où il tient ces qualités, mais ce que je sais c’est que cette force tranquille m’a aidé à comprendre le sens profond des mots humilité et authenticité. Reste toujours ce que tu es Paul. Authenticité, simplicité c’est d’abord toujours être soi même ! Finalement quoi de plus facile ? »
Jean Claude Sornom , ancien syndicaliste à la retraite
Lui et nous, sommes famille. Et pas pour rien !
Dans les années 1990, nous avons assigné une collectivité au Tribunal Administratif, suite à un refus d’indemnisation d’un licenciement abusif et sans cause réelle d’un membre de ma famille . Nous avons consulté quelques avocats, tous se sont récusé au motif d’un combat du pot de terre contre le pot de fer. Nous sommes alors partis seuls à la bataille que nous avons gagnée haut la main. Tout cela, à partir d’une lettre recommandée à la Collectivité et un mémoire en soutenance d’appel pour le Tribunal. Pas de médiatisation de cette affaire !