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Affaire des « malbars 3 V » du Crédit Agricole : plainte pour « injures publiques racistes » contre le directeur général, qui réagit ! (Vidéos)

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Comme je vous l’avais révélé dans mon « Ti Kozman » de vendredi dernier, 5 avril, l’avocate Me Lépoldine Settama-Vidon (robe verte sur notre photo) a tenu une conférence de presse, ce mardi 9 avril, à l’hôtel « Radisson » à Saint-Denis pour annoncer officiellement le dépôt d’une plainte auprès de la Procureure de la République; Une plainte contre Didier Grand, directeur général du Crédit Agricole de la Réunion, pour « injures publiques racistes ».

Me Léopoldine Settama-Vidon a été mandatée par deux syndicats du Crédit Agricole ainsi que par deux employés de cette même banque. Il s’agit du syndicat SNECA CFE-CFC représenté par Samuel Mathieu et du syndicat SUD CAM C/O-Union syndicale solidaire représenté par son secrétaire général Jean-Yves Salvat. Les deux employés de la banque sont Patrick André Jimmy Papama-Countiema et Matthias Ramsamy.

Je vous renvoie à mon article de vendredi dernier (voir ci-dessous) pour prendre connaissance de l’affaire.

Trois « V » comme « vilain », « vantard » et « voleur ». Des qualificatifs qui s’adressent aux salariés issus de la communauté tamoule. Des qualificatifs employés lors d’une réunion de la banque par Didier Grand, le directeur général du Crédit Agricole à la Réunion. Une réunion de fin d’année (2023), qui s’était déroulée dans la salle de conférence « Isautier » à Saint-Denis, devant près de 500 personnes (employés, administrateurs…).

Autant de vous dire que les 3 « V » sont restés en travers de la gorge des malbars présents dans la salle, ce soir-là.

Les malbars de la Réunion sont-ils « voleurs, vilains et vantards » ?

C’est une histoire vraie dont tout le monde en parle au sein du Crédit Agricole de la Réunion, surtout depuis cette réunion de fin d’année, le 8 décembre 2023. Comme il est précisé dans la plainte que vient de déposer Me Léopoldine Settama-Vidon au nom des syndicats et de certains salariés de cette banque, ce 8 décembre 2023, se tenait donc cette grande réunion devant 550 salariés, membres du comité de direction, représentants de la gouvernance… Pour illustrer son intervention, le directeur général Didier Grand a fait projeter sur écran une image accompagnée de « propos à caractère raciste et discriminatoire pouvant constituer l’infraction d’injures publiques racistes », précise la plainte.

C’est la diapo qui avait été projetée par la direction générale lors de la soirée de fin d’année.

Sur l’image en question, il est montré un homme de type « malbar », les bras croisés. Y figurent également, sur la colonne de gauche, les qualificatifs écrits noir sur blanc : « voleur, vantard, vilain ». Puis, sur la colonne de droite, il est inscrit « veinard » en trois fois. On voit sur cette même image le directeur général Didier Grand « dans une tenue blanche particulière » s’exprimant sur la projection.

Dans leur plainte, les syndicats et certains salariés estiment « qu’à l’évidence, les qualificatifs employés par le directeur général à l’encontre du malbar, diminutif représentant la communauté hindoue de l’île, constituent des injures publiques racistes : le qualificatif voleur constitue une imputation à un fait délictuel généralisant le fait d’être malbar comme étant un voleur ; Le qualificatif vilain constitue une description physique du malbar comme étant nécessairement vilain, il s’agit là d’un propos discriminatoire à l’encontre de cette catégorie de la société réunionnaise ; Le qualificatif vantard imputé au malbar est aussi une présentation humiliante de la communauté hindoue ».

Les requérants considèrent encore que « les propos injurieux tenus par Didier Grand l’ont été en direction d’un groupe de personnes en raison de son origine ou de son appartenance à une ethnie, en l’occurrence la commuanuté hindoue de la Réunion, qui est appelée malbar. Les propos et la projection ayant été faits dans un cadre professionnel, où le directeur général représente l’autorité, constituent une atteinte particulièrement grave à l’intégrité des salariés et à leur dignité… Cette diapositive sur laquelle on voit un homme de type malbar humilie une partie du personnel se trouvant dans la salle ; Des salariés privés de toute réaction en raison de la qualité de l’auteur des propos injurieux et humiliants ».

Patrick André Jimmy Papama-Countiéma s’est dit « blessé, violé dans son intimité et son intégrité ». Il a déclaré un accident de travail.

A noter que dans cette plainte, deux salariés précisent avoir déjà été « victimes » de tels propos et que les syndicats eux-mêmes avaient déjà dénoncé auprès du conseil d’administration de tels propos injurieux prononcés par le directeur général de la banque. Toujours dans cette même plainte, un autre salarié précise avoir été lui aussi « victime » de propos injurieux. « C’était au sortir d’un déjeuner avec un partenaire du Crédit Agricole », raconte ce salarié qui, en présence d’un de ses collègues, s’est entendu attribuer, par son directeur général, le qualificatif de « malbar 3 V », en citant les termes de « voleur ». Le salarié explique « avoir été particulièrement choqué par ces propos inattendus et humiliants ». Très affecté au niveau psychologique, il a été placé en arrêt de travail et il a fait une déclaration d’accident du travail.

Selon les syndicats et certains salariés, « stigmatiser une communauté en lui attribuant des qualificatifs humiliants et insultants représente un trouble à l’ordre public sur une île ou le vivre ensemble, très fragile, constitue le socle de la société réunionnaise. On ne peut admettre de tels propos de la part d’un représentant d’une banque locale, des propos qui sont en totale contradiction avec les valeurs prônées par cette dernière. Nombre de clients du Crédit Agricole sont des malbars ; Il n’est pas certain qu’ils soient heureux d’être considérés par la direction générale comme des voleurs et qualifiés de vantards et vilains. Ces qualificatifs sont inadmissibles ».

Matthias Ramsamy précise avoir attendu des excuses de la part du directeur général du Crédit Agricole depuis cette soirée de décembre dernier. « Elles ne sont jamais arrivées. Nous avons décidé de porter plainte avec le soutien des syndicats nationaux ».

Toujours selon les requérants, « Didier Grand fait régner une ambiance de terreur, plaçant les salariés dans un contexte de risque professionnel signalé ; Il assimile sa fonction de directeur général à la Réunion à celle de directeur de Bagne de Cayenne. Les propos du directeur général interviennent dans un contexte général de souffrance au travail, qui a déjà fait l’objet de deux rapports ».

En tout cas, une plainte a été déposé auprès du parquet de Saint-Denis. Les syndicats et les salariés devraient tenir une conférence de presse la semaine prochaine. Nous n’avons pas pu joindre le directeur général, mais nos colonnes lui sont bien évidemment ouvertes s’il souhaite s’exprimer concernant cette plainte portée contre les propos qu’il a tenus devant 550 salariés et administrateurs du Crédit Agricole, avec projection à l’appui, le 8 décembre dernier.

Didier Grand, directeur général du Crédit Agricole se dit « profondément blessé et peiné » et assure avoir le soutien de « nombreux collaborateurs »

Le directeur général du Crédit Agricole tient à dénoncer avec force la déformation de son discours de fin d’année devant une large assemblée « qui visait tout au contraire à déconstruire des préjugés » et rappelle « son attachement à La Réunion, à Mayotte, ainsi qu’à leurs habitants ».

Ayant « grandi à La Réunion » et « convaincu que la richesse d’un territoire vient de sa diversité », ce dernier est « profondément blessé par ces accusations, viscéralement opposées à son histoire personnelle et ses valeurs ». Voici ci-dessous le communiqué de presse du directeur général Didier Grand, qui nous a été adressé par Didier Estebe, le directeur général adjoint du Crédit Agricole

« De Madagascar où je suis né, de la Réunion où j’ai grandi, j’ai forgé la conviction profonde que la richesse d’un territoire vient de sa diversité.

La diversité, véritable ouverture à toutes les palettes de cultures qui composent une population, a guidé mon parcours depuis plus de trente ans. J’ai ainsi choisi d’emblée de me mettre au service des territoires ultra-marins, A la Guadeloupe pour commencer, puis à la Martinique et en Guyane et à nouveau à la Réunion que j’ai retrouvée avec bonheur il y a maintenant deux ans.

Après toutes ces années dans les territoires ultra-marins, je crois sincèrement que c’est à la Réunion que cette diversité, source d’échanges, d’innovation et de créativité, est la plus forte, la plus vibrante.

Aussi, c’est profondément blessé et peiné que j’ai pu lire les articles et les accusations à mon encontre pour propos racistes qui auraient été tenus lors d’une réunion devant plus de 550 collaborateurs, le 8 décembre 2023.

Compte tenu de mon histoire personnelle, de mes valeurs, de mon attachement à la Réunion et à Mayotte, ainsi qu’à leurs habitants, je ne peux que démentir des accusations, très graves, et qui me touchent au plus profond de mon être.

Je réfute fermement avoir tenu des propos racistes à l’endroit de la communauté tamoule. Ces accusations portent sur des propos sortis de leur contexte, déformés, instrumentalisés. Tout au contraire, en prenant la parole ce jour-là devant une large assemblée, je tenais à dénoncer les préjugés et les idées reçues et affirmer mon engagement pour l’universalité, pour l’accès de tous à tous les services, dans le respect de chacun.

Je remercie sincèrement les collaborateurs, les administrateurs, les élus, les clients, nombreux, qui m’ont fait parvenir des messages d’amitié et de soutien. Ils connaissent mon engagement auprès de tous, et mon attachement à notre territoire pour contribuer à son développement et à son rayonnement.

Ils connaissent mes valeurs et mon respect profond pour la diversité. Cette diversité qui fait de la Réunion une terre que j’aime profondément. »

Jean-Hugues Ratenon : « halte au racisme ! »

Le jour de la parution du « Ti Kozman », le député Jean-Hugues Ratenon avait réagi, via un communiqué de presse. « Les propos du directeur général du Crédit agricole et la diapositive projetée lors d’une réunion le 08 décembre 2023 révélés dans un média local ce jour sont totalement honteux et scandaleux. S’attaquer et insulter aussi ouvertement une communauté sont indignes.

J’exprime toute ma solidarité à toute la communauté tamoule et à l’ensemble des Réunionnais qui ont été visés par ces injures. Avec la recrudescence des phénomènes de violences à La Réunion, du climat de tensions et anxiogène qui prévaut dans l’ile, ces propos infâmes jettent de l’huile sur le feu.

Il ne faut rien laisser passer. Je salue la plainte déposée par les syndicats et certains salariés qui font preuve du sens des responsabilités et j’invite d’ailleurs toutes celles et tous ceux qui ont été témoins de cette scène et/ou qui sont victimes de racisme à porter plainte.

Comme je l’ai toujours dit et notamment lors de l’affaire Brigitte Bardot qui a d’ailleurs été condamnée, le racisme n’a pas sa place à La Réunion. Qu’on me comprenne bien, ce n’est pas l’établissement bancaire que j’incrimine, mais bien un homme le directeur général qui, s’il a le sens de l’honneur, doit démissionner et ne pas attendre que la plainte suit son cours. Plainte qui je l’espère sera instruite rapidement par la procureure de la République afin de donner l’exemple.

En attendant, pour pas que l’image de la banque soit entachée, je souhaite que le Conseil d’Administration de l’établissement prenne dans les plus brefs délais des mesures très fermes contre ce directeur ». La Fédération des temples tamouls de la Réunion a également réagi.                                       

Yves Mont-Rouge

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Téléphone : 0692 85 39 64

27 Commentaires

  1. Le racisme, ça tjr existé à la réunion et ça date pas aujourd’hui, nous ont,est confronté à ça tout les jours,c’est plutôt la jalousie envers les malbars ils ont réussi dans tout les domaines c’est grâce à eux qu’on à des maisons ici.

    • Tu a raison boina ! Je ne t aime pas ni toi ,ni tes pondeuses ,ni tes croisement mahorun ! Lave à ou ,brosse out dent ,arrête cracher ,arrête cause fort ,arrete viole bande mémé ,arrête mette dofé dans logements sociaux,…la liste lé longue boina et si ou n’a 1 temps alé fé rofé à ou .

  2. Ce n’est qu une vérité comme on dirait des «  » zarabes » de vrais chargeurs de l’eau et maquillon pour vendre pour ne pas dire le mot exacte ??? À ce rythme on mettra en justice Thierry jardinot qui lui caricature tout le monde !!!!

  3. Boina arrête passe la langue dans ki malbars ça y fait parti la reunion ça nous population à ou non .si malabar y réussi c est.bande travailleurs à cause mahorais y fait pas pareil au lieu pondre et.voler profite.l argent facile fermé à ou boina

    • et si vous avez des collègues ou voisins réunionnais, ne leur parler plus car certainement que beaucoup on dit que vous « etiez Malbar 3v » et le pire c’est que vous savez que certains le disent pas cela ne vous a jamais dérangé et là, bizarrement si. Vous avez une explication à votre silence quand c’est de locaux qui le disent ?

  4. c’est bien de réagir, moi aussi j’ai été victime de ce genre de réflexion; mais mes 2 collègues malbar comme moi ils ont eut peur et c’est resté étouffé. L’autre marié à une malbaraise, violeur de malbaraise ajoutait une particule à son nom Mr DE…. IDSP.

  5. beaucoup de cadres qui arrivent ici se permets de considérer les créoles pour des moins que rien , il n’y à pas qu’au crédit agricole que ça se passe , avec leurs gros salaires beaucoup de ces dirigeants se remplissent les poches avec logement de fonction, voiture , etc . l’esclavage est finie ne l’oubliez pas .nous créoles nous lè pas couillons .

    • et c’est fini donc on arrête de se victimiser et de voir du racisme partout car on est pas les derniers dans ce domaine
      Et surtout lorsque l’on sait que beaucoup d’entre nous avons dit » malbar 3 V » et continuons à le dire et que là, ça ne pose pas de souci, on crie pas au racisme

  6. quand on voit que pour pas grand choses CNEW et ses journalistes se sont fait auditionnés par l’autorité de régulation !! Freedom devrait faire attention !!! Car on constate que ceux qui ont , soit été refoulés ou veulent se lancer dans la politique ont trouvé un bon moyen de se refaire !!!! employés FREEDOM pour y parvenir…car c’est trop facile et néfaste de profiter de la naîveté des gens qui vous font confiance, confiance en la Radio , heureusement que certains se dévouent à rende service la population qui ont bien besoin et les en remercie..Mais au lieu de dénigrer pour un oui ou pour un non !!  » aller interpréter sur FREEDOM des interprétations de plaisanterie « en privé  » Là on profite de cette Radio ! Car il y a le tribunal pour cela. Dans ses conditions , se serait bien que vous allez dans toutes les délibérations de conseil municipal de toute l’île et rendent compte la population ! Se serait mieux et logique !!! la radio rapporte et raconte trop d’ennuis aux peuples en ce moment ! Ça alimente les haines ! dommage….

  7. Ces 3 V ont été lancés pour la première fois par Vergès (le 4ème V disait certains…) dans un cadre de méchanceté politique contre Virapoullé (le 4ème V comme disait d’autres…). Mais voir ces adjectifs des décennies après mis en avant dans une réunion publique pour faire de la com, c’est très très grave.

  8. Il faut que quelqu’un nous explique pourquoi lorsque nous disons « malbar 3 V » et on l’entend depuis très longtemps de la part des réunionnais, cela n’a jamais posé de problème. Les malbars ne sont pas dupes, ni sourds ils l’entendent très bien de la part de leurs collègues, amis, voisins, chefs. Pourquoi là cela pose souci aux nombreux commentateurs, pourquoi sont ils offusqués, outrés et en plus ne sachant pas dans quel contexte cela a été dit et le ton employé pour le dire.
    Pourquoi là on crie au racisme ?
    Cela n’a pas de sens, sauf si on veut se victimiser une fois de plus

    • Tout simplement parce que celui qui l’a dit n’est pas de la bonne couleur pour eux
      Vu que beaucoup de salariés sont offusqué de ce qui se passe car eux ils y étaient lors de cette soirée de décembre 2023, ceux en interne qui crient au scandale aidés par les syndicats, ils ont intérêt à ne plus revenir au travail car bonjour l’ambiance et là ils vont l’entendre « vilain, vantard, voleur »

  9. j’ai des amis tamoul on n’a pas la même religion, et pourtant on sentent très bien chacun respecte l’autre. les 3 v qu’on parle je crois que sa ecxite dans toutes les communautés pas seulement pour les tamouls après il faut pas mettre tout le monde dans le même panier en tout cas je souhaite bon jour de l’an tamoul à eux

  10. Crédit agricole agence st andré cocoteraie un total manque de respect envers vos clients , on vous change de conseillers toutes les semaines , jamais de place pour un rendez vous , et les conseillers ne repond JAMAIS a vos mails ! travaillez svp vous bloquez nos situations ! C est vraiment pas serieux

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