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Michel Onfray, philosophe: “Les manuels scolaires ne disent pas la vérité”

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Les manuels scolaires ne disent pas la vérité. Les livres d’histoire sont savamment choisis pour porter une idéologie. L’heure de vérité a sonné pour ces 10 ans du Salon du Livre Athéna qui se tient du 05 au 08 octobre à St-Pierre.

L’écrit est une vérité qui dure. Certains es livres sont le reflet de l’idéologie du moment. Rencontre avec Michel Onfray, philosophe et auteur de plus de 150 ouvrages traduits dans 30 langues, qui lève le voile sur le mystère qui entoure nos livres.

Le livre n’est pas une garantie de vérité

Dans un livre, on peut y dire des sottises et on peut dire des vérités. On peut faire avancer la vérité et la connaissance. Mais, on peut aussi dire beaucoup de bêtises. On sait, aujourd’hui, que le livre en tant qu’objet n’est pas une garantie, qui plus est avec la possibilité pour des éditeurs de faire n’importe quoi. 

“Aujourd’hui, c’est l’auteur, c’est l’éditeur, c’est le contenu qu’il faut examiner pour voir si vraiment le livre dit la vérité ou des sottises. Il y a beaucoup de livres dans lesquels on dit des bêtises et qui se trouvent dans nos librairies”, nous dit sans détours Michel Onfray.

Qui écrit et qui édite les livres d’histoire ?

Pour ce qui est de l’histoire, ça dépend qui écrit l’histoire. Quand on va dans une librairie, au rayon des livres d’histoire et qu’on souhaite lire un ouvrage sur Hitler par exemple. 

“Et bien, ce n’est pas la même chose si on consulte un ouvrage écrit par une personne qui est sympathisant ou qui est critique’, explique-t-il.

Aussi, comme nous explique le philosophe, en Inde, Hitler n’est pas du tout perçu comme il l’est en Europe. On vend ‘Mein Kampf ‘comme un livre tout simple et tout normal. Il y a, selon lui, un ‘antisémitisme’ dans ce pays-là qui ne pose pas de problème.

Il nous faut être également attentifs en ce qui concerne les éditeurs. “Même s’il est chez un éditeur sérieux, est-ce que c’est la preuve que le livre est sérieux ? Non !”, nous rétorque Michel Onfray avant de poursuivre : “Vous avez des éditeurs sérieux, mais militants”.

Pour ce qui est des livres d’histoire, on n’est pas très sûr, non plus. On ne peut pas être certain que quand quelqu’un nous dit j’ai fait un livre d’histoire, qu’il a dit la vérité sur le sujet qu’il aura abordé.

“Si vous avez un catholique qui vous fait l’histoire de l’Inquisition, ce n’est pas exactement la même chose que si vous avez un libre penseur qui vous fait l’histoire de l’Inquisition”, explique-t-il.

Une histoire d’idéologie et d’une certaine morale…

“Les livres d’histoire sont savamment choisis. Enfin, les auteurs sont savamment choisis pour porter une idéologie”, clame Michel Onfray.

Comme l’indique Michel Onfray, cela est évident quand vous lisez aujourd’hui des livres de morale du début du 20ᵉ siècle, par exemple, que l’on peut chez les bouquinistes. 

“Dans ces livres de morale qu’on appelait des ‘Livres de Morale’, on vous apprend que l’homme est supérieur à la femme, que les Blancs sont supérieurs au noir, qu’il faut que le mari décide de sa famille, que les enfants doivent obéir aux parents, quelles que soient les choses dites”, indique-t-il.

Des pseudo-vérités qui volent en éclats

“C’est comme cela qu’on y lit que l’épouse doit obéir à son mari, que l’homme blanc doit faire acte d’allégeance à son patron et que le jour où son capitaine ou son général vient lui demander d’aller au front pour massacrer l’ennemi, il va falloir qu’il lui obéisse aussi”, souligne-t-il en faisant un rapprochement sur la guerre actuelle en Ukraine.

 Ces livres sont ainsi le reflet de l’idéologie du moment. Une question d’actualité quand on sait le nombre de militaires occidentaux envoyés aux quatre coins du monde pour faire la guerre.

Évidemment, aujourd’hui, on ne peut plus dire cela. Tout cela a volé en éclats. Il n’y a pas de supériorité de l’homme sur la femme, il n’y a pas de priorité du mari sur l’épouse. Il n’y a pas de supériorité de la famille sur l’enfant, etc.

Les manuels scolaires disent ce qu’on veut présenter comme une vérité

“Les manuels scolaires ne disent pas la vérité. Ce sont des manuels scolaires qui disent ce que la République entend présenter comme une vérité”, nous répond Michel Onfray.

“Il y a un siècle, la République nous disait que les nègres étaient des sauvages, qu’il fallait coloniser et qu’il fallait leur apporter la bonne nouvelle parce qu’ils procédaient de races inférieures. C’était écrit”, poursuit-il.

Ces choses-là, fort heureusement, ne se disent plus et ne se pensent plus, mais aujourd’hui c’est très exactement l’inverse.

Attention à ne pas simplement inverser les perspectives

Cependant, Michel Onfray nous met en garde. “On nous dit qu’il faut créoliser, c’est-à-dire que nous avons à apprendre des autres. Ce n’est pas le problème pour moi. Je pense qu’il faut trouver un équilibre”, prévient-il.

Il ne s’agit, non plus, n’est pas de dire qu’on va simplement inverser les perspectives. Le colonialisme, ce n’était pas bien, mais ça reste bien, si c’est pratiqué par ceux qui étaient les colons d’hier. 

“Cela n’a aucun sens. Ce n’est pas comme ça que les choses se passent. La possibilité de fabriquer un monde en commun, ce n’est pas de fabriquer la possibilité de l’assujettir, à nouveau ou autrement. L’assujettissement n’était pas défendable il y a un siècle. Un assujettissement aujourd’hui n’est pas plus défendable, souligne-t-il.

Il faut construire des républiques, au sens étymologique du terme, la chose publique. Et pour ce faire, il faut des livres, du débat, de la culture, de l’échange et la possibilité de s’exprimer”, conclut-il.

1 Commentaire

  1. Vous auriez pu trouver un autre titre comme « rencontre avec celui qui voulait plaire à l’extrême droite tout en niant en faire partie ». Pas un mot sur la dérive droitière du monsieur depuis des années (alors que lui-même indique qu’il faut chercher d’où parle l’auteur d’un livre).

    Continuez comme ça à chouchouter l’extrême droite free dom. Dans quelques temps, vous allez pouvoir vous féliciter que la Réunion soit devenue le paradis des fachos.

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