Peu de licences sportives en club à La Réunion : Éléments d’explications complémentaires

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L’objectif de l’étude (Insee Flash La Réunion n°272) publiée ce mardi 16 avril 2024, fruit d’un partenariat national entre l’Insee et l’Injep est de comparer entre régions les pratiques sportives des habitants dans le cadre de la promotion (J-100) des Jeux de Paris 2024, à travers deux sources de données (toutes recueillies par l’Injep) :
  • L’enquête sur les pratiques physiques et sportives réalisée en 2020
  • Les licences annuelles délivrées par les clubs unisports

En premier lieu, l’enquête sur les « pratiques physiques et sportives » est une enquête de statistique publique, réalisée tous les 10 ans, labellisée, avec un échantillon important (30 000 personnes de 15 ans ou plus avec une sur-représentation des Drom). C’est la source privilégiée pour les comparaisons régionales.

Cette dernière a été réalisée entre fin janvier et juin 2020, mais porte sur les activités physiques et sportives réalisées sur la période passée, sur les 12 derniers mois « hors confinement ».

La collecte (internet, téléphone, voie postale) a été suspendue pendant le confinement (du 17/03 au 19/05) et le questionnaire adapté en ajoutant la mention « hors confinement » à la période de référence.

Les résultats dans l’étude publiée prennent en compte toutes les pratiques sportives ; la marche, la randonnée, la natation, la gym, la danse, etc. Cependant, les activités physiques de baignade, de relaxation et de balade, mais aussi les échecs et les cours obligatoires d’éducation physique et sportive sont exclues.

Par ailleurs, cette étude se focalise sur la pratique régulière (en moyenne une séance par semaine). Or les Réunionnais ont plus souvent qu’ailleurs une pratique dite « occasionnelle », c’est-à-dire au moins une séance de sport dans l’année écoulée (19 % contre 15 % en moyenne nationale).

Ainsi, selon une définition élargie incluant les pratiques sportives tant occasionnelles que régulières, 69 % des Réunionnais pratiquent une activité physique, contre 80 % en France. La pratique sportive qu’elle soit régulière ou occasionnelle reste donc moins développée comme dans d’autres territoires ultra-marins.

Ces résultats sont convergents avec d’autres constats réalisés précédemment.

Ainsi, l’enquête Santé à La Réunion (2019) montrait déjà une pratique sportive plus modérée sur l’île : 14 % des Réunionnais déclarent ne jamais produire un effort physique quel qu’il soit. Dans l’Hexagone, seuls 6 % des habitants sont dans ce cas. L’activité physique est ainsi nettement moins répandue à La Réunion que dans l’Hexagone : seuls 24 % des Réunionnais suivent la recommandation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) d’effectuer au moins 30 minutes de marche ou de vélo par jour (31 % dans l’Hexagone).

De même, seuls 35 % des Réunionnais pratiquent une activité sportive de loisir chaque semaine, soit 10 points de moins que dans l’Hexagone. Les Réunionnais les plus aisés se démarquent avec une pratique sportive de loisir plus fréquente que les autres Réunionnais (40 % contre 30 %).

Ces résultats sont comparables à ceux publiés selon la même méthodologie par l’Université de La Réunion (premiers résultats de l’enquête régionale sur les pratiques physiques et sportives à La Réunion), mais qui prend en compte toutes les pratiques et toutes les activités y compris les balades et la baignade. Celle-ci conduit à un taux de pratique régulière de 67 %.

De plus, l’activité largement la plus représentée est bien la « marche/balade », qui concerne 53 % des pratiquants (au moins une fois dans l’année). Cette pratique demeure toutefois elle aussi nettement en retrait par rapport au niveau national (66 %).

Les résultats paraître) du baromètre national sur les pratiques sportives 2022-2023 sont convergents avec ceux de l’enquête sur les pratiques physiques et sportives pour La Réunion (49 % de pratique régulière en
moyenne une fois par semaine, 58
% au moins une fois dans l’année). 

Concernant les licences sportives, sont retenues uniquement dans la publication les licences annuelles dans 89 fédérations unisports sur les 119 existantes au total. À La Réunion, comme dans les autres régions françaises, les fédérations affinitaires, scolaires et para-sportives ne sont pas retenues, car elles ne permettent pas de connaître le sport pratiqué. De plus, les pratiques de comptabilisation des licences de certaines fédérations multisports sont variables.

Sur ce champ de l’étude, le taux de licences annuelles en 2022, s’élève à 114 pour 1 000 habitants à La Réunion, contre 157 en moyenne dans toute la France. La Réunion est le premier DOM, mais derrière toutes les régions de l’Hexagone.

Concernant le nombre total de licences par habitant, y compris fédérations scolaires et affinitaires, on dénombre 149 944 licences sportives à La Réunion, soit 172 licences pour 1 000 habitants contre 224,4 en France.

Pour en savoir plus

Ramaye C., « Peu de licences sportives en club à La Réunion », Insee Flash La Réunion 272, avril 2024.
Clément A., Casteran-Sacreste B., Mauroux A., Brunet L., Jollivet J., Levasseur S., « Panorama des licences
sportives dans les fédérations olympiques de Paris 2024
», Insee Première 1992, avril 2024.
Anne C., «
Les licences annuelles des fédérations sportives en 2022 », Injep Fiches repères 2023/05,
septembre
2023.
Autain M., Didier M., Lefèvre B., Mauroux A., Raffin V., Vicard A., «
Les pratiques physiques et sportives en France », Injep, mars 2023.
Merceron S., Thibault P., «
Enquête Santé à La Réunion en 2019 Un Réunionnais sur dix déclare être en mauvaise santé », Insee, mai 2021.

Pratique du sport à La Réunion : le Département demande à l’INSEE d’actualiser ses chiffres

La Réunion : Au pied du podium de la pratique sportive

En 2020, à La Réunion, seulement 50 % des 15 ans ou plus déclarent pratiquer une activité physique ou sportive régulière, c’est-à-dire au moins une séance par semaine en moyenne. Cette part est nettement moindre qu’au niveau national (65 %). L’île se place ainsi en dernière position des régions de France quant à la pratique sportive régulière de ses habitants. De fait, le nombre de licenciés dans les clubs sportifs est aussi nettement moins élevé : 114 licences pour 1 000 habitants en 2022 contre 157 au niveau national. Comme ailleurs en France, le football et le tennis sont les sports les plus prisés. En troisième place vient le handball, mieux positionné à La Réunion qu’ailleurs en France.

Entre 2017 et 2022, le nombre de licences sportives diminue plus fortement à La Réunion qu’au niveau national.

Comme ailleurs, les femmes détiennent seulement un tiers des licences et plus de la moitié sont délivrées à des sportifs de moins de 20 ans.

Une moindre pratique du sport que dans les autres régions françaises

En 2020, seulement 50 % des Réunionnaises et Réunionnais de 15 ans ou plus pratiquent régulièrement une activité physique ou sportive, c’est-à-dire en moyenne au moins une séance par semaine. Cette part est bien plus faible que la moyenne nationale (65 %) et inférieure à celle de l’ensemble des départements et régions d’outre-mer (54 %).

La Réunion est la dernière région française en termes de pratique sportive régulière de sa population.

À La Réunion, comme dans l’Hexagone, les activités physiques les plus pratiquées, qu’elles soient régulières ou occasionnelles sont la marche, la course à pied et l’athlétisme (hors balade). Les Réunionnais les plus aisés se démarquent avec une pratique sportive de loisir plus fréquente que les autres Réunionnais (40 % contre 30 % en 2019) [Merceron S., Thibault P., 2021 ; pour en savoir plus (5)].

La plupart des activités physiques ou sportives peuvent se pratiquer de manière autonome en dehors de toute structure. Toutefois, certains sports s’organisent autour de clubs et de fédérations qui délivrent des licences sportives, nécessaires pour participer à des compétitions officielles. En 2022, 99 110 licences annuelles sportives ont été délivrées par 1 200 clubs de l’île. Là également, La Réunion figure parmi les régions les moins sportives avec 114 licences pour 1 000 habitants contre 157 en France (figure 1).

Comme ailleurs, football et tennis dans le top 3 mais aussi des spécificités locales

Comme ailleurs, le football est le sport le plus prisé. En 2022, 20 180 licences ont été délivrées par cette fédération à La Réunion, soit une licence sur cinq (figure 2). Avec deux fois moins de licences (10 140), le tennis est le deuxième sport comptant le plus grand nombre de licenciés sur l’île, comme en moyenne au niveau national. À la 3e marche du podium à La Réunion, se trouve le handball avec 6 120 licences, sport un peu plus souvent pratiqué à La Réunion puisqu’il se situe au 6e rang national.

Ensuite, avec 5 970 licences, la natation est le 4e sport le plus prisé de l’île avec une part de licences pour
1 000 habitants deux fois supérieure à celle de l’Hexagone. Il en est de même pour l’athlétisme (5e sport le plus prisé de l’île et 10e dans l’Hexagone). Particularité de l’île, la fédération de karaté et disciplines associées apparaît dans le top 10 régional, en 7e position, alors qu’elle n’est qu’au 16e rang au niveau national.

Par ailleurs, certains sports qui rassemblent moins de licenciés sont plus représentés à La Réunion en lien avec la géographie et les espaces naturels de l’île. Il en va ainsi du surf qui réunit, grâce à l’environnement et malgré le risque requin, 690 licenciés, soit 5 % de l’ensemble des licences françaises et un taux de licences 3,6 fois supérieur à la moyenne nationale. C’est tout de même moins qu’en Nouvelle-Aquitaine, dont l’environnement se prête également à la pratique de ce sport et où le taux de licences de surf est 5,8 fois supérieur à la moyenne nationale. Le vol libre comptabilise un nombre de licences pour 1 000 habitants 2,7 fois plus élevé que celui de la France. Ce taux est comparable à celui de la région Auvergne-Rhône-Alpes (2,8). Les reliefs, microclimats et montagnes de l’île sont en effet propices à ce sport.

Par ailleurs, les arts martiaux comme le kick boxing, le muay thaï et les disciplines associées sont également plus pratiquées dans la région. En 2022, 1 740 licences ont été délivrées par cette fédération qui se hisse ainsi au 15e rang des fédérations réunionnaises (contre la 33e place au niveau national).

La Réunion se positionne aussi très bien par rapport au niveau national pour les fédérations de squash, de canoë- kayak, de sport automobile, d’haltérophilie, de lutte et de danse. À l’inverse, elle se classe moins bien par rapport aux autres régions pour les fédérations de tir, de tennis de table, d’équitation, de badminton ou de judo.

Le nombre de licences sportives baisse entre 2017 et 2022

Entre 2017 et 2022, le nombre de licences sportives délivrées à La Réunion diminue de 9 %, une baisse plus marquée que dans l’Hexagone (-2 %). La crise sanitaire a en effet entraîné une baisse du nombre de licences en 2020 et 2021, qui n’a pas été rattrapée en 2022. Les sports davantage touchés sont ceux pratiqués en intérieur et les sports individuels de contact : le squash (-59 %), l’aïkido (-54 %), le taekwondo (-31 %). Certains sports qui se pratiquent en extérieur sont également en retrait comme le motocyclisme (-42 %). C’est même le cas du football (-32 %), qui est pourtant le sport le plus prisé : 9 340 licences de moins sont délivrées en 2022 par rapport à 2017, alors que le nombre de licences stagne sur la période au niveau national.

Peu de femmes et beaucoup de jeunes dans les pratiques sportives en club

Les femmes ne détiennent que 34 % des licences sportives en 2022 malgré une hausse de 3,4 points entre 2017 et 2022. Le taux de licences sportives des femmes est ainsi inférieur de moitié à celui des hommes (74 contre 158 pour 1 000), comme dans toutes les autres régions Elles pratiquent le plus souvent le tennis, la natation et l’équitation alors que les hommes ont plus souvent des licences de football, tennis et handball.

Par ailleurs, en lien avec la jeunesse du territoire, les licenciés sportifs sont encore plus jeunes à La Réunion qu’ailleurs : 54 % des licenciés ont moins de 20 ans et seulement 10 % sont âgés de 55 ans ou plus (contre respectivement 51 % et 15 % dans l’Hexagone). Le taux de licences pour 1 000 habitants décroît avec l’âge : de 310 licences entre 5 et 14 ans à 160 de 15 à 19 ans, puis 100 entre 20 et 49 ans, etc.

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